Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Rendre compte à soi-même pour le salut dans ce monde–ci et dans l’Autre monde
La responsabilité de l’action
Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, dit dans Son Noble Livre :
((A Dieu appartient ce qui est dans les cieux et ce qui est sur terre. Et de toutes vos pensées, celles que vous exprimez tout haut et celles que vous cachez, vous aurez à rendre compte à Dieu qui pardonnera à qui il voudra et châtiera qui Il voudra. Dieu est puissant sur toute chose)) (Coran II, 284).
Pour tout ce que les homme entreprennent comme actions dans leur vie en public ou en privé, il auront à répondre au sujet de leurs motivations, que celles-ci soient affichées ou cachées. Il auront à en rendre compte devant Dieu, le Très-Haut, qui les interrogera sur tous ce qu’ils auront fait, sur leurs responsabilités et comment elles ont été présente dans leurs actions. Il en est ainsi car l’homme est responsable devant Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, de toutes ses actions dans ce bas-monde. Dieu, à Lui la Grandeur, le surveille en tout. Dieu est celui qui connaît le mystère et ce qui est plus discret que le mystère. Il entend les suggestions insidieuses des cœurs, Il voit à partir de Son Trône ce qui est caché sous les sept terres.
A la lumière de tout cela, l’homme qui croit en Dieu doit être persuadé qu’il sera, tôt ou tard, conduit devant Dieu. Il doit donc s’étudier soi-même, étudier son histoire depuis le moment où il a été chargé par Dieu de remplir ses responsabilités légales. Il doit se demander s’il a exécuté les prescriptions de Dieu, s’il Lui a obéi en appliquant Ses ordres et en évitant Ses interdits. Il doit chaque jour se demander au sujet de ses revenus, d’où ils viennent, au sujet de sa manière d’échanger avec les gens qui font partie de ses subordonnés, qu’ils soient les siens, les membres de sa famille ou ceux dont il est responsable de diriger leurs affaires et leur travail, où d’autres personnes qui travaillent sous sa direction comme dans un service en relation avec le vie des gens, ou comme dans une usine, dans une ferme ou dans un commerce. Il doit toujours se demander s’il avait été précis dans son travail, s’il avait pu assumer ses responsabilités dans ses comptes avec les autres avec lesquels il avait contracté des accords dans tel ou tel domaine de l’action ou du travail.
Se connaître soi-même
Il est donc indispensable pour l’homme de se connaître soi-même. Et comme nous prétendons connaître les autres plus que nous ne nous connaissons nous-mêmes, on suppose qu’une personne se renseigne auprès d’une autre sur son ami en vue de connaître ses idées, sa situation, ses relations, ses qualités, ses avantages et ses inconvénients. L’autre lui répond dans les détails, car il le connaît bien, puisqu’il passe avec lui la majeure partie de son temps, il est au courant de tous ce qu’il fait. Mais si une personne demande à cette même personne quelle est sa pensée, comme voit-elle la doctrine, que pense-t-elle du Message et du Messager, quels sont les motivations de ses actions, quels sont ses avantages et ses inconvénients, quelles sont ses erreurs lorsqu’elle parle, lorsqu’elle agit et lorsqu’elle se comporte envers les autres, comment échange-t-elle avec les membres de sa famille, avec ses voisins et ses subordonnés, fonctionnaires et travailleurs, ainsi que sur sa sensibilité politique. Cette personne pourrait-elle donner sa réponse sur le coup ? Il est certain que, pour répondre à toutes ces questions, on a besoin d’un certain temps pour penser. Pourquoi ? Car cette personne est renseignée sur les autres plus qu’elle ne l’est sur elle-même. Car elle demande des comptes aux autres plus qu’elle ne le fait à elle-même. Un homme qui ne se connaît pas dans ce bas-monde, comment pourrait-il se connaître dans l’Autre monde lorsqu’il sera conduit devant Dieu, dès que retentira l’appel disant :
((Arrêtez-les, ils vont être interrogés)) (Coran XXXVII, 24).
Les actions dans la balance !
Les Nobles Versets affirment que l’homme sera soumis au jugement de Dieu, le Très-Haut, qui dit à ce propos :
((Et de toutes vos pensées, celles que vous exprimez tout haut et celles que vous cachez, vous aurez à rendre compte à Dieu qui pardonnera à qui il voudra et châtiera qui Il voudra)). Nous lisons dans un autre Verset la Parole divine qui dit : ((ش vous qui croyez ! Craignez Dieu ! Que chacun considère ce qu’il a préparé pour demain !)).Qu’a-t-elle préparé pour l’Autre monde ? Quel sera son crédit auprès de Dieu en matière de bonnes actions et de bonnes paroles. Il ne s’agit pas de son crédit bancaire, mais de son crédit auprès de Dieu, quel est son crédit en matière de biens licites et d’obéissance auprès de Dieu, le Très-Haut ?
L’homme doit donc penser à son crédit en matière de biens licites, Comment aura-t-il utilisé ces biens pour se rapprocher de Dieu ? Mais le problème de certains parmi ceux que tu leur demandes de participer à une bonne action, à une action charitable, est qu’ils se sentent perdants. Dieu affirme que l’homme n’est qu’un gérant des biens. Ce qu’il dépense n’est pas sa propre propriété. Il est un simple gérant qui doit dépenser l’argent en fonction des directives qui lui sont données par le tuteur. C’est pour cette raison que vous devez ne pas oublier Dieu. Prenez-Le en considération. Craignez Dieu et ouvrez-vous à la place que vous occuperez lorsque vous serez conduits devant Lui, (
(le Jour où nulle âme ne pourra rien pour une autre âme : Le pouvoir, en ce Jour, reviendra tout entier à Dieu)) (Coran LXXXIII, 19).
((Craignez Dieu ! Dieu est parfaitement informé de ce que vous faites. Ne ressemblez pas à ceux qui oublient Dieu ; Dieu fait qu’ils s’oublient eux-mêmes. Ceux-là sont les pervers. Les hôtes du Feu et ceux du Paradis ne sont pas égaux. Les hôtes du Paradis sont les heureux)) (Coran, LIX, 18-20).
Le Messager de Dieu (P) a dit :
« Jugez-vous vous-mêmes avant d’être jugés /par Dieu/. Pesez-vous vous-mêmes avant d’être pesés et apprêtez-vous à la Grande Parade ». Il ne s’agit pas de se peser à l’aide d’une balance qui nous indique que notre poids est de 80 ou 90 kilos. Il s’agit au contraire de se peser à l’aide de la balance de l’obéissance à Dieu. C’est la balance précise du Jour du Jugement. Le Messager de Dieu (P) a dit aussi :
« L’homme ne peut nullement se considérer comme pieux que lorsqu’il se juge soi-même comme le lui fait son associé. Il doit savoir d’où viennent sa nourriture, sa boisson et son vêtement. Il doit savoir si tout cela est ou n’est pas licite ».
Se Juger soi-même et se corriger
L’Imâm ‘Alî (p) a dit :
« Jugez-vous vous-mêmes selon vos actions. Exigez de vous-mêmes de s’acquitter de vos obligations. Prenez de votre vie qui passe pour donner à votre vie qui subsiste, et préparez-vous à la Résurrection ». Il a dit aussi :
« Juge-toi pour toi car les autres sont jugés par des juges autres que toi ». Et aussi :
« L’homme se doit de trouver une heure pendant laquelle rien ne l’occuperait pour se juger lui-même ». L’Imâm al-Kâzim (p) a dit :
« Il ne fait pas partie de nous celui qui ne se juge pas lui-même chaque jour. S’il trouve qu’il a fait du bien, il doit demander à Dieu de lui permettre d’en faire davantage et en remercier Dieu ; s’il trouve qu’il a fait du mal, il doit s’en repentir et en demander pardon à Dieu ».
Tous ces Versets prouvent la nécessité pour l’homme de toujours demander des comptes à soi-même, pour se corriger et rester toujours sur la bonne voie, surtout si cet homme est un dirigeant dont la fonction est en rapport avec la vie des autres, sur le plan religieux, politique ou social. L’homme doit donc étudier ses points faibles tout comme il étudie ses points forts afin de se retrouver demain comme Abraham (p) lorsqu’il a prié le Seigneur en disant :
((Ne me couvre pas de honte le Jour où ils seront ressuscités)) (Coran XXVI, 87),
((Le Jour où ni bien ni fils à rien ne serviront, mais seulement de venir à Dieu d’un cœur intègre)) (Coran XXVI, 88-89).
Sermon du Vendredi prononcé par son Eminence l'Ayatollah al-'Uzmâ Muhammad Hussein Fadlallah