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Comprendre le chiisme.

Salam 'alaykum,

nuruddin a dit:
Il existe un désaccord parmi les chiites hors d'Iran quant au transfert de l'incarnation du Velayet-e-faqih de l'ayatollah Komeiny à Ali Khamenei après sa mort en 1989. Au Liban par exemple, le cheikh Mohammed Hussein Fadlallah, leader spirituel du mouvement Hezbollah, s'est proclamé en 1995 marja'a taqlid (source d'imitation), ce qui équivaut à une contestation ouverte du principe du Velayet-e-faqih au nom d'une tradition pluraliste et non-hiérarchique de l'islam chiite, contestation soutenue par de nombreuses communautés chiites hors d'Iran, et probablement in petto par une partie des théologiens en Iran même.

Il est à noter que le haut dignitaire chiite iranien l'Ayatollah Montazeri, à l'origine du concept de Velayat-e-faghih, a également pris ses distances avec l'interprétation qui en a été donnée notamment depuis 1989.

La seule contestation dont j'ai eu connaissance est celle de l'ayatollah montazéri. Mais bon cette personnalité est aussi contestable.


le cheikh Mohammed Hussein Fadlallah, leader spirituel du mouvement Hezbollah,

Petite remarque: il n'est pas le leader spirituel du Saint mouvement.

Salam.
 
As Salam 'aleykoum

Vouloir instaurer la cite ideale....un reve dangereux,


Le roi philosophe.


Platon a rêvé d’une société utopique dans laquelle la cité serait gouvernée par un roi philosophe assisté de sages désintéressés, détachés des biens matériels et dévoués à la multitude à laquelle il ne veulent que du bien.

Après tout, pourquoi ne pas donner le pouvoir aux philosophes? Rien de mieux qu'une société gouvernée par les meilleurs, par ceux qui ont accédé à la sagesse, laquelle permet d'agir d'une manière droite et juste conduisant au bien de tous. Seuls les philosophes savent ce qu’il convient de faire «pour qu’un État soit éminemment bien gouverné ». Selon Platon, l’harmonie de l’ensemble social ne peut être réalisé que par un philosophe. Comme il le précise dans La République : au bas de l’échelle sociale, la classe des producteurs constitué par des «caractères de bronze» : des hommes à qui la nature n’a donné qu’un courage et un intellect restreints. À l’échelon intermédiaire «les caractères d’argent», gardiens voués à la défense de la cité. Au sommet «les caractères d’or», les philosophes capables d’assurer l’harmonie de l’ensemble. Les philosophes doivent être les rois à moins que les rois soient philosophes. Par l’étude ils ont prouvé qu’ils avaient dépassé les désirs corporels que connaissent les travailleurs et les excès d’affectivité qui sont le lot des gardiens. Ils peuvent donc grâce à l’organisation d’une égalité géométrique et harmonique qui assigne chacun à sa place, sauvegarder l’unité de la cité et lui éviter l’arbitraire de la domination. La mission du philosophe est de connaître le Juste en soi. Pour préserver la cité de la décadence il faut connaître le juste. Le philosophe doit donc gouverner la cité pour qu’elle soit harmonieuse.

Le plus grand paradoxe vient du fait que l’État parfait doit être constitué par le sage parfait et que le sage parfait ne peut exister que dans l’État parfait. On ne peut définir la justice à l’intérieur de l’individu qu’en se référant à la justice de l’état, et on ne peut définir la justice de l’état que par rapport à la justice dans l’individu. Ainsi, la question générale de la justice est abordée de façon telle que l’on définisse à la fois l’injustice dans l’état et l’injustice dans l’âme. Des deux façons nous voyons que l’injustice est une maladie. Morale et politique sont donc fondées en même temps parce que « nous sommes en droit de convenir que les mêmes catégories qui sont dans l’état existent, identiques, à l’intérieur de l’âme de chaque individu» (La République Livre IV 441d). C’est sans doute pour cette raison que celui qui est apte à se gouverner lui même est apte à gouverner la société.

Toutefois, en vieillissant, et après avoir connu bien des déboires dans le domaine politique Platon a revu sa copie et, dans Les Lois, ouvrage qu’il écrit postérieurement à la lettre 7, il nous propose non plus une cité idéale mais une cité, qui selon lui, éviterait le pire. Marqué par l'expérience de Sparte, cité militaire, Platon en arrive à une organisation très autoritaire de la société avec des enfants précocement soustraits à l'influence de leurs parents et à une stratification sociale rigoureuse: gouvernants, guerriers et producteurs avec cependant une certaine évolution possible au niveau individuel puisque les enfants doués, pris en charge par l'État, peuvent être sélectionnés et intégrer la classe des gouvernants. Il n'est pas étonnant que certains aient vu en Platon un ancêtre des totalitarismes.

Contexte historique
Parmi les écrits de Platon dont l'authenticité n'est pas unanimement admise, la Septième lettre, mérite une attention particulière. Si la paternité de cette lettre n’est pas établie, quoique généralement reconnue, elle reflète en tous cas la pensée du milieu platonicien de l’époque. Elle est destinée aux parents et aux amis de Dion de Syracuse, ce disciple sicilien dont Platon espérait qu'il pourrait un jour mettre fin à la tyrannie de Denys et instaurer une véritable république.

De 388 à 387, Platon se rend en Sicile. Là règne à Syracuse un Grec de modeste origine, Denys 1er l’ancien ; il tient les Carthaginois en échec et est devenu le maître absolu de la Sicile. Platon pense qu’il pourra convertir le tyran à ses idées politico-philosophiques. Pendant son séjour, il se lie d’amitié avec Dion, le beau-frère de Denys, qui se pique de philosophie et admire les philosophes socratiques. Le philosophe se brouille assez vite avec le tyran qui embarque Platon de force sur un bateau spartiate. Celui-ci doit faire escale à Egine, alors en guerre contre Athènes, et Platon est vendu comme esclave. Heureusement, Annicéris, qu’il avait rencontré à Cyrène, le reconnaît, le rachète et le libère. Platon rentre à Athènes.

En 367, Denys 1er l’ancien meurt et son fils aîné, Denys II le jeune, monte sur le trône. Il a trente ans et très peu d’expérience dans les affaires publiques. Dion rappelle aussitôt Platon en lui représentant les possibilités qui s’offrent à lui de réaliser des réformes politiques en appliquant les idées qui lui sont chères. Platon accourt immédiatement. Denys l’accueille fort bien et semble se montrer un élève docile, mais, très vite, il voit en Dion et Platon des rivaux possibles. Il exile Dion puis Platon qu’il avait retenu quelque temps prisonnier, mais promet de les rappeler.

En 361, Platon est, à nouveau, invité par Denys. Il se rend à Syracuse pour la troisième fois. Une nouvelle brouille éclate rapidement. Il est probable que Platon plaida la cause de Dion auprès de Denys, mais celui-ci, loin de rappeler Dion, confisque ses biens, contraint la femme de ce dernier à épouser le gouverneur de Syracuse. Platon, pour sa part, est assigné à résidence puis relâché et autorisé à rentrer à Athènes.

Vers 357, Dion a levé une armée et s’embarque avec des amis de Platon pour prendre Syracuse par surprise. Il y parvient et instaure une dictature, mais ne réussit pas à réaliser le rêve de Platon. Il est assassiné en 354.

Cet échec devait être pour Platon une cause de tristesse comparable à la mort de Socrate. Sa lettre aux parents et amis de Dion est pour lui une occasion d'évoquer les limites de l'écrit pour ce qui est de la transmission du savoir essentiel qu’est la philosophie qui n’est pas une matière comme les autres dont on transmettrait un contenu, et de préciser ce qu’il pense des rapports entre la science et l’opinion. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler ce qu’il a affirmé dans la république et qu’il dit à nouveau dans cette lettre : « les maux ne cesseront pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes n'arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher réellement. »
 
Seferi a dit:
salam alaykoum,

je pense qu'il serait prudent de raison garder et d'éviter les extrêmes d'un côté comme de l'autre. Cela ne nous empêche pas bien entendu de dialoguer avec des arguments sincères, respecteux et constructifs...

salam seferi,


Mea culpa.
Entièrement d'accord, on doit pouvoir discuter de tout, c'est la forme qui doit être surveillée, pas le contenu.
J'avais jamais eu écho de cette interview, c'est moins le texte que son auteur qui m'a littéralement consumé. Mais les états d'âme n'ont jamais fait avancer la roue de l'histoire...
Mettons cela sur le compte de ma "naïveté".

ma'a salama
 
Pour Nuruddin,

Vouloir instaurer la cité idéale...un rêve dangereux (une affirmation donc, de vous?)

J'ai envie d'écrire plutôt ceci : vouloir instaurer la cité idéale,...une réalité...coranique :

"Nous avons effectivement envoyé Nos Messager avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice. Et Nous avons fait descendre le fer, dans lequel il y a une force redoutable, aussi bien que des utilités pour les gens, et pour qu'Allah reconnaisse qui, dans l'Invisible, défendra Sa Cause et celle de Ses Messagers. Certes, Allah est Fort et Puissant. (Coran 57/25)

La cité idéale est une société qui repose sur ces trois "termes coraniques", qui, on s'en doute, évoquent, pour chacun, un symbole.Ils sont, en outre, "descendus" dans un ordre bien précis.
Le Livre symbolisant la Culture, la Sagesse (sur le plan intellectuel et éducatif), la Balance symbolisant la Justice( égalité et vérité), l'Ethique, et le Fer, la Puissance (militaire("redoutable") et industrielle ("utilités pour les gens")).

Pourquoi ces trois "concepts" doivent-ils impérativement se trouver dans l'ordre énoncé par le Coran?
Le Livre en premier, pce qu'Il est le commencement de tout, le Fer, lui, ne doit pas être disposé juste derrière le Livre car il le détruirait , en l'asservissant (les deux dernières guerres mondiales n'en sont qu'un triste exemple),c'est donc la Balance qui jouera le rôle de "Gardien", et de "pondérateur" afin d'empêcher toute forme d'extrémisme.

(pour plus de détails, je vous invite à lire l'analyse réalisée par Ali Shariati, ayant comme titre "The Visage of Mohammed"(psb).

Pour revenir un instant à votre texte, vous parlez de roi-philosophe, il manque une "catégorie d'hommes" à celle-là, les Prophètes!
En outre, et avec tout le respect que j'ai pour les philosophes, je n'ai pas l'impression qu'ils aient été très "utiles" à leurs concitoyens, qui, confinés dans leur misère quotidienne, ne saisissaent pas un iota (c'est le cas de le dire) de leurs cogitations hermeneutico-dialectiques (j'sais pas si le mot existe) sur fond d'acrobaties intellectuelles.(Et vice-versa).

p.s., navrée de m'être qque peu emportée.

ma'a salama
 
Salam alaykoum,


Azedine a dit:
Quand un pays ne sert pas les intérêts des pays occidentaux, il est alors taxé d'anti-démocratique, de pays violant les droits de l'homme, de pays menaçant la paix dans le monde, de pays soutenant le terrorisme, etc... Par contre s'il sert ses intérêts, alors il devient un pays "ami", même si ce dernier ne respecte pas les principes démocratiques et les droits de l'Homme. Cela a été toujours la même logique des pays occidentaux et à leur tête l'Amérique.

Vous avez tout à fait raison sur ce plan étant donné que le clan occidental soucieux de vendre ses valeurs soi-disant universelles nous montre tous les jours comment son ethnocentrisme l'empêche d'accepter la légitimité de système fonctionnant autrement. Cependant, ce ne sont pas du tout là les réserves qu'émet l'auteur de l'entretien à l'égard du régime iranien. Il se montre même très critique envers les français par exemple. Ses reproches sont tout autres et s'appuient plus sur une illégitimité en amont du gouvernement islamique, du point de vue de la genèse même de l'idée, plutôt qu'une illégitimité en aval que lui rétorquent les puissances occidentales prétextant les droits de l'homme.

Les principales contestations de H. Khomeyni sont très précises :

"H. K. - Je ne vous surprendrai pas en répondant que le fondement de ma démarche est d'ordre religieux. Je m'appuie sur des textes islamiques selon lesquels nul musulman, excepté les saints innocents, ne doit se mêler du gouvernement des choses. Or le temps des saints innocents est révolu ; dès lors, parler de gouvernement islamique est impossible et vouloir en créer un est, tout simplement, une imposture ! En outre, pour nous, les chiites, la fin du temps des saints innocents revêt une dimension particulière : vous n'êtes pas sans savoir que le chiisme comporte un aspect messianique. Selon notre foi, le religieux doit rester à l'écart du politique jusqu'à la venue du douzième Imam - l'Imam caché (hazrat-é hojjat). Par conséquent, j'insiste sur ce point : toute tentative du clergé visant à former un gouvernement est inacceptable (…). Un gouvernement islamique devant être, par définition, un gouvernement divin, seul un homme divin serait à même d'exercer le pouvoir. Et comme il ne peut y avoir d'homme divin sur Terre, l'idée de gouvernement islamique est irrecevable (…). Même une centaine d'ayatollahs Khomeiny ne sauraient être placés sur un pied d'égalité avec un seul saint innocent ! C'est un blasphème que de vouloir se comparer à Abraham, à Jésus et à Moïse. Encore une fois, de telles affirmations n'auraient pas été émises si l'ayatollah Khomeiny n'avait pas imposé son autorité dans une effervescence révolutionnaire qui l'a quelque peu grisé, lui et son entourage."

Et je suis donc surpris de constater que de tous les désaccords avec ces thèses manifestés dans ce post personne ne répond explicitement avec des arguments précis à ces critiques…



shariatienne a dit:
Moi je n'oublierai jamais qu'un million de martyrs sont tombés pas pour du "pain", certes, mais par amour pour l'islam.

Il est certain que l'on ne peut réduire la foi à des considérations d'intérêts mais je me demande alors de quoi se plaignent aujourd'hui les millions de personnes ayant survécu à ces martyrs et qui ont l'islam mais qui ne semblent pas avoir assez de pains.
En outre, il serait intéressant de voir ce qu'aurait dit à ce propos un Shariati si sensible à la dimension sociale de la question.

Pour revenir un instant à votre texte, vous parlez de roi-philosophe, il manque une "catégorie d'hommes" à celle-là, les Prophètes!
En outre, et avec tout le respect que j'ai pour les philosophes, je n'ai pas l'impression qu'ils aient été très "utiles" à leurs concitoyens, qui, confinés dans leur misère quotidienne, ne comprenaient pas un iota (c'est le cas de le dire) de leurs cogitations hermeneutico-dialectiques (j'sais pas si le mot existe) sur fond d'acrobaties intellectuelles.

Platon ne prône sans doute pas un système reposant sur la notion de Prophète avec un message révélé mais sa pensée n'en est pas si éloignée, notamment dans La République où il décrit un schéma ontologique basé sur la participation à la lumière originelle de l'Idée de Bien (équivalente de la lumière divine) ainsi que sur sa contemplation précisément très proche du rapport que la gnose shiite établit en Dieu et l'Imam manifesté. Le mystique iranien Sohrawardi décrit très bien cette proximité dans son Archange empourpré. Dans le système platonicien, le statut du roi-philosophe est quasiment l'équivalent du statut de roi-prophète selon les théoriciens de la vision politique islamique. D'ailleurs, dans sa conception de la Cité Idéale, Farabî s'inspira très largement de Platon…

Mais bon, tout ça est une parenthèse pas rapport au sujet principal du post.

Bien à vous.
 
Salam 'alaykum,

Séféri a dit:
Vous avez tout à fait raison sur ce plan étant donné que le clan occidental soucieux de vendre ses valeurs soi-disant universelles nous montre tous les jours comment son ethnocentrisme l'empêche d'accepter la légitimité de système fonctionnant autrement. Cependant, ce ne sont pas du tout là les réserves qu'émet l'auteur de l'entretien à l'égard du régime iranien. Il se montre même très critique envers les français par exemple. Ses reproches sont tout autres et s'appuient plus sur une illégitimité en amont du gouvernement islamique, du point de vue de la genèse même de l'idée, plutôt qu'une illégitimité en aval que lui rétorquent les puissances occidentales prétextant les droits de l'homme.

Merci de m'avoir corrigé, je vais essayer d'y répondre avec ce que je connais, inch'Allah.


"H. K. - Je ne vous surprendrai pas en répondant que le fondement de ma démarche est d'ordre religieux. Je m'appuie sur des textes islamiques selon lesquels nul musulman, excepté les saints innocents, ne doit se mêler du gouvernement des choses. .
Au regard de l'histoire des Imams d'Ahl-ul-Beït:as: , notamment à la période des Imams Baqir et As-Sadiq:as: , ceux-ci avaient formé de grandes personnalités savantes, d'une profonde érudition et qui pouvaient, pour la plupart des questions ,remplacer l'Imam.
C'est surtout au temps de notre dernier Imam, l'Imam Mahdi:as: , que la question de la wilaya el faqih tire son origine:
Ishaq ibn Yacoub posa des questions à Mohammad ibn Uthman Améri, représentant de l'Imam Mahdi:as: et l'une de ses questions était de savoir à qui s'adresser après la grande occultation ? Et l'Imam a répondu qu'il fallait suivre nos transmetteurs de hadiths.


Selon notre foi, le religieux doit rester à l'écart du politique jusqu'à la venue du douzième Imam - l'Imam caché (hazrat-é hojjat)

J'aimerai bien connaître ses arguments pour affirmer cela.( comme un hadith, par exemple)


Un gouvernement islamique devant être, par définition, un gouvernement divin, seul un homme divin serait à même d'exercer le pouvoir. Et comme il ne peut y avoir d'homme divin sur Terre, l'idée de gouvernement islamique est irrecevable (…).

C'est un point de vue tout à fait personnel: je pense qu'à un certain degré, l'Imam Khomeïni:rahimahul a pu être un homme divin et par conséquent exercer le pouvoir. Mais bien sûr, l'homme divin dans sa plénitude ne peut-être que l'Imam Mahdi:as: qui formera un gouvernement parfait et qui mènera l'humanité vers sa perfection.


Même une centaine d'ayatollahs Khomeiny ne sauraient être placés sur un pied d'égalité avec un seul saint innocent ! C'est un blasphème que de vouloir se comparer à Abraham, à Jésus et à Moïse.

Il n'a jamais affirmé ou ne s'est comporté comme tel, au contraire il les a toujours pris pour ses Maîtres:as: et comme modèles à suivre.


Encore une fois, de telles affirmations n'auraient pas été émises si l'ayatollah Khomeiny n'avait pas imposé son autorité dans une effervescence révolutionnaire qui l'a quelque peu grisé, lui et son entourage."

Ce n'est pas lui qui s'est imposé, mais c'est tout un peuple qui l'a porté au pouvoir.


Salam
 
salam Seferi,


Mon indignation n'était aucunement une invitation à refuser la réalité de la société iranienne , ou à s'agripper aux tombes des martyrs, la tête enfouie dans le sable.

Il s'agissait de rappeler que le régime dictatoriale du shah n'a pas été renversé à la suite d'un mouvement intellectuel, démocratique, laïque, mais bien par fidélité et attachement aux valeurs prônées par l'Islam. C'est l'Islam qui a été le moteur et aujourd'hui nous voilà à contester sa légitimité à gouverner.
H.K. connaît tellement bien ses concitoyens qu'il sait qu'il ne peut s'adresser à eux qu'en parraînant sa démarche par la religion.Chassons l'Islam au nom de l'Islam.
Ce qui nous donne cette excellente entrée en matière :

H. K. - Je ne vous surprendrai pas en répondant que le fondement de ma démarche est d'ordre religieux. Je m'appuie sur des textes islamiques selon lesquels nul musulman, excepté les saints innocents, ne doit se mêler du gouvernement des choses. Or le temps des saints innocents est révolu ; dès lors, parler de gouvernement islamique est impossible et vouloir en créer un est, tout simplement, une imposture ! En outre, pour nous, les chiites, la fin du temps des saints innocents revêt une dimension particulière : vous n'êtes pas sans savoir que le chiisme comporte un aspect messianique. Selon notre foi, le religieux doit rester à l'écart du politique jusqu'à la venue du douzième Imam - l'Imam caché (hazrat-é hojjat). Par conséquent, j'insiste sur ce point : toute tentative du clergé visant à former un gouvernement est inacceptable.

Je ne sais pas pourquoi mais je ne peux m'empêcher de penser, à la lecture de ce paragraphe, qui vous parle beaucoup, me semble-t-il, aux kharijites (au temps de la bataille de Siffine), qui, pretextant l'usurpation du pouvoir par certains (dont l'Imam Ali), s'empressèrent d'en installer un autre, criminel celui-là.


Ceci dit, je n'ignore aucunement les "dysfonctionnements" que peut connaître la R.I.I., cette dernière compte, rappelons-le, 70 millions d'êtres humains,y compris ses dirigeants.
La critique n'est pas le monopole de ceux qui, dans un élan révolutionnariste, se mettent à jeter l'anathème sur les gouvernants de ce pays et de leur système.
L'Imam Khomeiny, dans son testament parle d'indulgence.




ma'a salama








 
Seferi a dit:
Platon ne prône sans doute pas un système reposant sur la notion de Prophète avec un message révélé mais sa pensée n'en est pas si éloignée, notamment dans La République où il décrit un schéma ontologique basé sur la participation à la lumière originelle de l'Idée de Bien (équivalente de la lumière divine) ainsi que sur sa contemplation précisément très proche du rapport que la gnose shiite établit en Dieu et l'Imam manifesté. Le mystique iranien Sohrawardi décrit très bien cette proximité dans son Archange empourpré. Dans le système platonicien, le statut du roi-philosophe est quasiment l'équivalent du statut de roi-prophète selon les théoriciens de la vision politique islamique. D'ailleurs, dans sa conception de la Cité Idéale, Farabî s'inspira très largement de Platon…
Bien à vous.


salam,

Je reviens à cette excellente analyse, "the visage of Muhammed", où le Dr Shariati précise que l'histoire a retenu trois catégorie de personnes :
1) Les césars-2)Les philosophes-3)Les prophètes.
Si les premiers incarnent(aux yeux du peuple) la terreur, la soif de pouvoir, la folie, les seconds sont, eux, considérés comme des hommes "à part", soit ils se retirent de la vie sociale pour s'adonner à la réflexion,à la contemplation, soit ils déambulent dans les palais des "césars". Les Mystères de la création n'ont plus de secret pour eux, en revanche, ils ignorent tout de la situation des gens "d'en-bas"(de la pyramide).Seuls les Prophètes, issus du peuple, inspirent à ce dernier(le peuple) l'espoir de jours meilleurs, parce qu'ils connaissent leurs souffrances pour les avoir vécues.

Vous citez Platon, n'est-ce pas lui qui fit la prière suivante : "Je remercie Dieu de m'avoir fait naître grec et non pas non-grec, homme libre, et non pas esclave, homme et non pas femme."





ma'a salama
 
salam alaykoum,

javanmard a dit:
Le pouvoir iranien a produit une génération entière d'athées et de blasphemateurs. Mohammad Iqbal, le fameux poète et philosophe et père spirituel du Pakistan disait de ce genre de religieux qu'ils sont "des croyant qui créent des incroyants."

Un peu facile et réducteur...

Il y a un lien certain entre la parodie de shi'isme qui est au pouvoir et les "Ashura parties" où de jeunes Iraniens et Iraniennes se rencontrent lors de fêtes masquées durant l'Ashura. Oui c'est dégoûtant!

Tout ça ne vole malheureusement pas plus haut que des iraniens qui dénonceraient la perversion des occidentaux qui dans leurs soirées se livreraient systématiquement aux pires débauches...

Même s'il est certain qu'il y a des problèmes et qu'il faut en parler, on reste là enfermé dans une forme de pensée unique qui n'a jamais fait grandir personne.
 
salam alaykoum

azedine a dit:
Au regard de l'histoire des Imams d'Ahl-ul-Beït:as: , notamment à la période des Imams Baqir et As-Sadiq:as: , ceux-ci avaient formé de grandes personnalités savantes, d'une profonde érudition et qui pouvaient, pour la plupart des questions ,remplacer l'Imam.

Oui, je le conçois tout à fait, ce fut effectivement le cas pour des questions juridiques touchant le rituel...


C'est surtout au temps de notre dernier Imam, l'Imam Mahdi:as: , que la question de la wilaya el faqih tire son origine:

Je vous rappelle seulement qu'une dizaine de siècles se sont écoulés entre l'occultation de ce dernier Imam et la théorisation de la walayat el faqih.

Ishaq ibn Yacoub posa des questions à Mohammad ibn Uthman Améri, représentant de l'Imam Mahdi:as: et l'une de ses questions était de savoir à qui s'adresser après la grande occultation ? Et l'Imam a répondu qu'il fallait suivre nos transmetteurs de hadiths.

Absolument, mais ici le verbe suivre reste très flou et prête à ambiguïté. Il s'agit d'une fidélité sur le plan du rituel où chaque jour de nouvelles questions s'imposent.

J'aimerai bien connaître ses arguments pour affirmer cela.( comme un hadith, par exemple)

Je n'ai pas non plus ces hadith, mais ces reserves me semblent aller de soi. Puisque le lien nécessaire entre la guidance politique et la notion d'infaillibilité fut le principe même de la nécessité d'un modèle infaillible après la mort du Prophète (saa).



C'est un point de vue tout à fait personnel: je pense qu'à un certain degré, l'Imam Khomeïni:rahimahul a pu être un homme divin et par conséquent exercer le pouvoir. Mais bien sûr, l'homme divin dans sa plénitude ne peut-être que l'Imam Mahdi:as: qui formera un gouvernement parfait et qui mènera l'humanité vers sa perfection.

Vous avez raison de préciser que c'est un point de vue personnel.



Il n'a jamais affirmé ou ne s'est comporté comme tel, au contraire il les a toujours pris pour ses Maîtres:as: et comme modèles à suivre.

Très certainement, et je ne doute absolument pas de ses intentions. Mais il y a quelque chose de risqué à agir au nom des morts (les Prophètes) ou des absents (l'Imam Mahdi (as)), dans la mesure où est toujours tenté de se dire que c'est bien ce qu'ils auraient fait alors qu'on en a au fond aucune idée.

Ceci dit pour lever toute ambiguïté je tiens à préciser que le but de mon propos n'est pas de souligner l'illégitimité du gouvernement iranien (d'autant plus que je ne me sens pas concerné) qui a de nombreux aspects positifs, notamment le fait de pouvoir offrir un cadre de vie assez sain se préservant du culte du Dieu-consommation avec son Prophète-séduction qui sévit en occident. Il y a certainement des problèmes dans ce régime mais il y en a partout. Ce qui me dérange c'est que, explicitement ou pas, on a tendance à assimiler l'islam shiite à la walayat al faqih, comme si l'identification allait de soi. Cette dernière est un projet s'inscrivant dans une histoire particulière ( je rappelais plus haut les dix siècles qui ont séparé son apparition de l'occultation de l'Imam), elle est une tentative de réponse par des hommes faillibles à des problèmes apparus avec le temps. C'est donc un projet de réponse relatif face à des circonstances relatives. Et c'est en cela même qu'il s'inscrit dans la finitude. On peut être d'accord avec ce projet pour telle ou telle raison, ce qui me gêne plus c'est de le voir absolutisé jusqu'à être quasiment identifié à l'essence même du shiisme.


shariatienne a dit:
Mon indignation n'était aucunement une invitation à refuser la réalité de la société iranienne , ou à s'agripper aux tombes des martyrs, la tête enfouie dans le sable.

Il s'agissait de rappeler que le régime dictatoriale du shah n'a pas été renversé à la suite d'un mouvement intellectuel, démocratique, laïque, mais bien par fidélité et attachement aux valeurs prônées par l'Islam. C'est l'Islam qui a été le moteur et aujourd'hui nous voilà à contester sa légitimité à gouverner.

Oui, j'entends bien ce que vous voulez dire et vous n'avez sans doute pas tord.

Ceci dit, je n'ignore aucunement les "dysfonctionnements" que peut connaître la R.I.I., cette dernière compte, rappelons-le, 70 millions d'êtres humains,y compris ses dirigeants.
La critique n'est pas le monopole de ceux qui, dans un élan révolutionnariste, se mettent à jeter l'anathème sur les gouvernants de ce pays et de leur système.

Entièrement d'accord, il suffit selon moi d'accepter justement que, de part et d'autre, nous avons affaire à des humains, même avec les meilleurs qualités du monde, et donc par définition critiquables car faillibles. C'est là vraiment l'unique sens de mon intervention.

les seconds sont, eux, considérés comme des hommes "à part", soit ils se retirent de la vie sociale pour s'adonner à la réflexion,à la contemplation, soit ils déambulent dans les palais des "césars". Les Mystères de la création n'ont plus de secret pour eux, en revanche, ils ignorent tout de la situation des gens "d'en-bas"(de la pyramide).

Malgré tout le respect que je dois à Shariati, cela s'appelle un cliché.

Vous citez Platon, n'est-ce pas lui qui fit la prière suivante : "Je remercie Dieu de m'avoir fait naître grec et non pas non-grec, homme libre, et non pas esclave, homme et non pas femme."

Pardonnez-moi mais je doute que vous ayiez vraiment besoin de ce type d'argument. Platon était probablement aussi homosexuel et il était jaloux d'Alcibiade... Dans la catégorie des "oui mais X a dit que..." on n'aurait pas finit de discutailler... Nous ne parlons pas de l'homme, que je ne présente pas du tout comme un modèle, mais de systèmes, dont je soulignais seulement la proximité conceptuelle.

que Dieu vous garde.
 
Malgré tout le respect que je dois à Shariati, cela s'appelle un cliché.


salam,

Lorsqu'une idée est souvent véhiculée, elle n'est pas nécessairement un cliché, elle est peut-être tout simplement une réalité.


ma'a salama
 
walayat el faqih?

Salam aleykoum wa ramatulah

Pardonnez mon ignorance mais pourrait on m'expliquer "walayat el faqih" :icon_conf??
J'ai vu cette expression dans plusieurs posts et je me permets de vous le demandez parce que parfois j'ai l'impression d'etre à coté de la plaque.

Barakallahoufikoum

Wasalam aleykoum wa rahmatulah
 
Platon était un aristocrate, l'aristocratie méprise les classes ouvrières, tous les philosophes sont des "ordures" : Mon syllogisme me "pèterait à la figure avant que je ne clique sur "envoyer la réponse", c'est certain.

Précision : La position "shariatienne" à l'égard des philosophes est, ici, toute relative!

Il s'agit d'observer le contexte de la discussion, qui est celui de démontrer que les seuls êtres à s'être véritablement tournés vers les moustaz'afîn ont toujours été les prophètes et leurs partisans.

La philosophie est une branche trop importante que pour la résumer à cet aspect (pas très positif, je le concède) de la chose.

Je précise qu'Ali Shariati "incrimine" tout aussi bien Socrates qu' Ibn al-Kindî et même Molla Sadra (Aïe)


ma'a salama
 
Salam 'alaykum,


Séféri a dit:
Très certainement, et je ne doute absolument pas de ses intentions. Mais il y a quelque chose de risqué à agir au nom des morts (les Prophètes) ou des absents (l'Imam Mahdi (as)), dans la mesure où est toujours tenté de se dire que c'est bien ce qu'ils auraient fait alors qu'on en a au fond aucune idée.

Vous savez, du moins je le pense, que bien des personnes (à un certain stade de pièté) du plus simple au grand savant ont pu avoir cette merveilleuse chance de voir ou de rencontrer l'Imam Mahdi:as: . Ceci basé sur de nombreux récits et témoignages. Et donc là ou je veux en venir, est que l'Imam Khoméïni:radiallah a pu bénéficier de cette noble rencontre...


Séféri a dit:
Ce qui me dérange c'est que, explicitement ou pas, on a tendance à assimiler l'islam shiite à la walayat al faqih, comme si l'identification allait de soi. Cette dernière est un projet s'inscrivant dans une histoire particulière ( je rappelais plus haut les dix siècles qui ont séparé son apparition de l'occultation de l'Imam), elle est une tentative de réponse par des hommes faillibles à des problèmes apparus avec le temps. C'est donc un projet de réponse relatif face à des circonstances relatives. Et c'est en cela même qu'il s'inscrit dans la finitude. On peut être d'accord avec ce projet pour telle ou telle raison, ce qui me gêne plus c'est de le voir absolutisé jusqu'à être quasiment identifié à l'essence même du shiisme.

Je pense que si certains savants et notamment pas des moindres ont présenté cette question comme appartenant au chiisme c'est que en toute logique il doit y avoir des traces dans les textes islamiques (voir la thèse de l'Imam Khoméïni : "Pour un gouvernement islamique"). Si je vous ai bien compris en soulignant la faillibilité des hommes qui seraient à l'origine de cette question, est-ce que l'on n'est pas en droit de se dire que pour les autres questions, ce serait la même chose ?
Et puis, je pense derrière cette question de la wilaya-el-faqih, il y aurait une sagesse: à savoir la "nivellation du terrain" pour la venue de l'Imam Mahdi:as: .

Salam.
 
Muhammad Ahmad a dit:
Salam aleykoum wa ramatulah

Pardonnez mon ignorance mais pourrait on m'expliquer "walayat el faqih" :icon_conf??
J'ai vu cette expression dans plusieurs posts et je me permets de vous le demandez parce que parfois j'ai l'impression d'etre à coté de la plaque.

Barakallahoufikoum

Wasalam aleykoum wa rahmatulah

Assalam;

Le velayat-e faqih est l’exercice du pouvoir par le Guide de la révolution islamique ; partant de l’idée que le pouvoir politique est nécessairement injuste, seul un homme intègre et savant en matière de religion, un marja' (référence religieuse d'un Imam reconnu et compétent), est capable d’assumer le pouvoir sans se corrompre.
Des clercs comme l’ayatollah Modjtahed-Shabestari ou des laïcs comme Abdolkarim Soroush ont remis en cause l’hégémonie exercée par les islamistes sur les sphères religieuse et politique.
Malgré la fécondité de leur critique et le succès populaire qu’ils ont rencontré, les nouveaux intellectuels religieux se sont heurté à la solidité du pouvoir islamiste.
Ils se trouvent aujourd’hui passablement essoufflés.
 
Assalam;

En sus de ma réponse ci-dessus voici une référence, qui nous met au coeur du débat.

http://www.gongfa.com/yilangxianfa.htm

Elle est en Anglais.

En français, cette étude canadienne, quoique universitaire est à mon sens trop partisane, et donc à lire avec la plus extrême attention et avec un esprit cirtique.
http://www.csis-scrs.gc.ca/fr/publications/commentary/com39.asp

L'analyse faite ci-après, même si elle se fait sur l'Islam chiite Irakien, est en soi intéressante, en ce sens qu'elle nous montre les limites et les critiques à ce type de gouvernement, mis en face du défit du protectorat et de l'agression US.

Lisez:

http://www.strategicsinternational.com/13.pdf

Quelques extraits, qui permettront de poser le problème dans un cadre de CONTRAINTE.

Géostratégiques N°7 -Avril 2005 a dit:
ETAPE II : DIFFUSION DU MESSAGE SUR LA SOUVERAINETE, LA DEMOCRATIE ET L’ISLAM
Les Américains ont mis plusieurs mois à se rendre compte de l’importance de Sistani, Il a fait face à l’Autorité temporaire de la coalition (ATC) à plusieurs occasions, en commençant par la promulgation de sa fatwa du 25 juin 2003, aujourd’hui célèbre, par laquelle il a dénié à l’ATC toute légitimité pour rédiger la Constitution33. Il a finalement obtenu gain de cause, les Etats-Unis ont dû accepter le retour de l’ONU en Irak, et ses commentaires sur la Loi administrative transitoire (LAT).

La dynamique de la renaissance Chiite en Irak .
Ne bloquant jamais ou insistant sur des positions peu réalistes, il a, par exemple, accepté la tenue d’élections pour l’Assemblée Nationale alors qu’il ne le voulait pas au début. La tenue des élections du 30 janvier 2005 était donc un succès pour lui même et pour les Américains. Sistani laissera la politique quotidienne aux politiciens de l’Alliance irakienne unifiée victorieuse, mais co-rédigera certainement la future Constitution de l’Irak et s’assurera aussi que les voix des sunnites soient entendues. (Un autre coauteur ou même le principal rédacteur seront les Etats Unis). La relation entre l’Etat et l’Islam constituera l’un des problèmes essentiels lors de la rédaction de la Constitution. Il sera intéressant de voir quelle terminologie sera mise en oeuvre pour qualifier le nouvel Etat, puisque n’importe quelle expression mettant côte à côte les termes « république islamique » et l’Irak (comme le Pakistan et récemment l’Iran) seraient inacceptables pour les Américains. Mais le terrain pour l’islamisation de l’Irak a été déjà mis en place au lendemain de la chute de Saddam Hussein quand les groupes chiites ont comblé la vacance du pouvoir alors qu’il était évident dès le début que Sistani et ses partisans avaient une vision islamique pour l’Irak qu’ils n’abandonneront jamais. L’Islam va devenir la source de législation, comme cela a déjà été affirmé dans les conclusions finales de la conférence commandité par les Etats-Unis à Londres en décembre 2002: « Al-Islam masdar al-tachri’ » (l’Islam est la source de la législation). Les traductions officielles ont essayé de dissimuler cette déclaration certainement islamiste en employant des termes moins dérangeants pour les oreilles occidentales laïques. Après les élections du 30 janvier 2005, un porte-parole de la Hawza réitéra que l’Islam devrait être consacré comme base à la législation dans la Constitution et d’autres
sources proches de Sistani mirent en garde les officiels « contre la séparation
de l’Etat et de la religion ».
Comme l’a défini la mardja’iyya, Sistani n’aura aucun problème avec un gouvernement séculier qui n’agit pas contre l’Islam. Le clergé ne régnera pas en Irak, mais insistera sur la conformité légale des lois et Sistani s’attend à ce que n’importe quel futur gouvernement observe ses fatwas sur les questions sociales. Cette position est très similaire à celle proclamée dans la Constitution iranienne de 19.06.37. Son éducation et sa lignée spirituelle (Khoei,Borujerdi) confirmeraient cette hypothèse. Cela ne signifie pas que Sistani rejette la démocratie, deuxième source de sa vision politique pour l’Irak. Les élections libres et justes par le peuple devraient avoir comme conséquence un parlement pluraliste et représentatif, ce qui inclut des minorités ethniques et religieuses. Mais on doit se demander si la mardja’iyya et les islamistes chiites simplifient le concept de démocratie : règle de la majorité et le peuple comme source de pouvoir et de législation, dans les deux cas le résultat serait le même, les chiites régneront puisqu’ils constituent la majorité et tiendront donc les rênes du pouvoir. « Comme corollaire à la démocratie, les islamistes domineront naturellement » écrit Faleh Abd al–Jaber « le pluralisme est-il en faveur des droits civiques et humains ». Néanmoins Sistani semble avoir un intérêt particulier pour la démocratie et les résultats des élections obligent la liste irakienne unie à trouver des alliés, à réaliser des compromis et à coopérer avec toutes les parties.
En même temps Sistani et d’autres représentants cherchaient des alliances avec les Kurdes et les Sunnites et avaient déclaré leur bonne volonté pour coopérer. Comme pour les élections, Le soutien moral de Sistani au gouvernement pendant la rédaction de la Constitution est crucial. Inutile de dire que le gouvernement ne serait ni anti-clérical ni ne manifesterait une volonté de décréter une législation contraire à l’Islam.
ETAPE III : GAGNER DU TERRAIN
Théologiquement, le rôle apolitique que Sistani envisage pour le clergé ne touche naturellement pas à la question d’autorité ni à celle de ses confrères. Ce rôle, cependant, permet au clergé du rang inférieur d’occuper des postes politiques. Ceci s’applique à Muqtada Sadr et Abdul Aziz Hakim sur qui Sistani n’a de toute façon aucun moyen d’arrêter les activités politiques. Mais concernant Nadjaf et la Hawza al-Ilmiya, Sistani est assuré que le jeu est fait par les règles de la mardja’iyya et non par celles de Muqtada ou de Téhéran. Par conséquent, la seule vraie menace pour lui demeure Muqtada Sadr, qui, semble coopératif au moins pendant un certain temps.
Il s’est avéré que ni Najaf ni Téhéran n’ont intérêt à exploiter les divergences politico-religieuses relatives au système de la république islamique. Pourtant Téhéran ou des personnalités qui lui sont proches ont tenté d’avoir une plus grande influence sur la Hawza de Nadjaf qui regroupe les cinq plus grands Ayatollah installés en Irak. Seul Ayatollah Muhammad Baqir-al Hakim, qui a été accueilli par des milliers de ses disciples à son retour en Irak, a failli réussir en ce sens. Muhammad Baqir a été personnellement choisi par Khomeiny pour diriger la révolution islamique en Irak au moment opportun et il a accepté le système iranien du velayat-efaqih. Cependant, en mai 2003, Hakim a
pris ses distances vis-à-vis du système iranien et rejoint la Hawza en tant que professeur pour prétendre au rang de mardja et Grand Ayatollah mettant la conduite du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak aux mains de son plus jeune frère Abdul Aziz. Sa mort horrible en août 2003 a fait oublier la signification de cet acte. Hakim était un proche ami et un grand partisan du Chef suprême Ali Khamenei vis-àvis de qui, il se posait en émule. En introduisant les principes du système iranien à l’école de Najaf sa popularité chuta en Irak. D’autre part, ce sera le prix à payer pour Téhéran pour placer un fin connaisseurs des affaires iraniennes au sein de la Hawza.
En même temps, Téhéran a tenté d’exercer une emprise sur Muqtada Sadr. Le grand Ayatollah Kazim Al-Haeri a déclaré par exemple que les fatwas de Muqtada avaient la même valeur que celles de n’importe quel vénéré Ayatollah. Le raisonnement qui sous-tend ce mouvement était double : l’emprise de Téhéran sur Muqtada, qui n’est qu’un religieux mineur, devait permettre à Al-Haeri de disposer d’une certaine base de pouvoir en Irak et jouir d’un soutien pour rejoindre la Hawza. Néanmoins Haeri et Muqtada sont tombés en disgrâce et le rapport entre Al-Haeri, natif de Nadjaf et qui semble être un des grand Ayatollahs et la Hawza ne s’est pas entièrement clarifié.
Muqtada Sadr, comme son père avant lui, soutient ouvertement le principe du velayat-e faqih bien qu’il doute qu’il accepterait Khamenei en tant que chef suprême. La tendance xénophobe de Muqtada qui inclut les Iraniens et tous les non Arabes et non Irakiens et même les exilés irakiens en général, serait surprenante. Peu après l’invasion de l’Irak, Muqtada a menacé Sistani à cause de son origine iranienne et l’aurait certainement
expulsé d’Irak sans l’intervention des membres armés des tribus sympathisantes. Muqtada aurait été également été impliqué dans le meurtre
de Majid Al-Khoei dans la mosquée de Nadjaf
. Les partisans de Muqtada ont tenté de prendre en main l’administration de la mosquée, la tombe de l’Imam Ali et le somptueux trésor de la mosquée. La seconde tentative non planifiée organisée pour faire main basse sur ces lieux saints de l’Islam chiite a été déclenchée par Paul Bremer qui a fermé le journal de Muqtada et déclaré (dans un langage proche de Saddam Hussein) « to go after him ».
Le siège de quatre mois de Nadjaf en été 2004 par l’armée d’Al-Mahdi de Muqtada, finalement expulsée par les troupes américaines, était un succès total - pour Sistani qui devait subir un traitement médical à Londres et retourner opportunément signer et sceller un contrat de coopération avec Muqtada. Cela permit aux troupes américaines de venir, au lieu des tribus arabes, restaurer l’autorité de Sistani à Nadjaf.
(Le mandat d’arrêt contre Muqtada est tombé entre temps dans l’oubli).
C’était le dernier défi à l’autorité de Sistani, qui est bien avisé de ne pas chercher trop d’influence et de garder le cap sur une Mardjaîya apolitique, afin que les fidèles acceptent la supériorité spirituelle et théologique de Sistani, mais qui lorgnent vers Muqtada s’agissant du leadership politique5. Les partisans de ce dernier ont à plusieurs reprises exprimé leur mécontentement quant au comportement des Ayatollahs durant la crise de l’été 2004, mais sans évoquer le nom de Sistani.
Le cadre des chiites irakiens a été défini comme placé entre les deux pôles des radicaux de la classe inférieure de Muqtada et par les vieilles institutions honorables du haut clergé de Sistani. Sistani doit maintenir ses relations avec Muqtada mais doit aussi prendre en compte les Américains et l’Iran.
 
madjid a dit:
Assalam;

Le velayat-e faqih est l’exercice du pouvoir par le Guide de la révolution islamique ; partant de l’idée que le pouvoir politique est nécessairement injuste, seul un homme intègre et savant en matière de religion, un marja' (référence religieuse d'un Imam reconnu et compétent), est capable d’assumer le pouvoir sans se corrompre.
Des clercs comme l’ayatollah Modjtahed-Shabestari ou des laïcs comme Abdolkarim Soroush ont remis en cause l’hégémonie exercée par les islamistes sur les sphères religieuse et politique.
Malgré la fécondité de leur critique et le succès populaire qu’ils ont rencontré, les nouveaux intellectuels religieux se sont heurté à la solidité du pouvoir islamiste.
Ils se trouvent aujourd’hui passablement essoufflés.

Salam aleykoum cher frère

BArakallhou fik cher frère pour ta réponse

Dieu swt te garde mon frère

Salam aleykoum wa rahmatullah wa barakatuh
 
comparaison n'est pas raison

As Salam 'aleykoum

merci a toutes vos interventions. voila un fil interessant.

Pour faire rebondir la discussion, j'aimerai proposer une comparaison qui m'est venu a l'esprit. Je ne suis pas sur de ce qu'elle vaut mais la voici:

Le Velayat al faqih est-elle a la tradition shiite ce que le sionisme est est a la tradition juive ?

C'est pas un sujet du bac !


Nuruddin
 
Nuruddin a dit:
As Salam 'aleykoum
merci a toutes vos interventions. voila un fil interessant.

Pour faire rebondir la discussion, j'aimerai proposer une comparaison qui m'est venu a l'esprit. Je ne suis pas sur de ce qu'elle vaut mais la voici:

Le Velayat al faqih est-elle a la tradition shiite ce que le sionisme est est a la tradition juive ?

C'est pas un sujet du bac !

Nuruddin
Assalam;

Déjà sans avoir à entrer dans le vif du sujet, la différence est fondamentale, entre velayat el Faqih du chiisme et le sionisme.
En effet, si le chiisme, considère la faillite des systèmes de gouvernement basés sur la force ou au mieux, les lois humaines donc initiées pour servir des intérêts circonstanciels, égoïstes de la majorité ou du titualire du Pouvoir, et ce, dans l'ignorance des Décrets d'Allah, :azwj: sensés être au-dessus des intérêts égoïstes des détenteurs du Pouvoir régalien, et donc donne ce "pouvoir" (velaya) à une autorité à défaut de l'imam (absent, en occultation), à un Conseil de juristes gardiens de la Parole d'Allah, élus par leurs pairs sur la base de leur autorité dans le domaine du droit religieux, un peu le Conseil Constitutionnel des démocraties occidentales, le sionisme au contraire s'en démarque du fait qu'il donne le Pouvoir au PARTI laïc sioniste, qui nie la prééminence du religieux, mais n'en utilise que le côté raciste, exclusioniste de l'Autre, le non juif.
Le sionisme n'utilise l'histoire religieuse que pour rassembler le "peuple juif" dans une référence mythique à un territoire, une histoire, une ethnie.

La différence est fondamentale, et nous pouvons dire au contraire, que le sionisme est justement l'antithèse du "valyat el faqih", en ce sens qu'il sert la corruption et met entre parenthèse la dimension spirituelle et éthique du rôle dévolu au concept du velayat el faqih, qui cherche au contraire à respecter l'éthique, la morale, le respect des minorités et surtout de la JUSTICE transcendentale qui vient d'Allah, et donc est intemporelle et ignore les nations, les ethnies, pour ne considérer que le bonheur de l'HOMME, tant vis à vis des autres composantes de l'humanité, de la société, que vis à vis de Son Créateur détenteur du Jugement Dernier et Seul Connaissant des fins de la présence de l'homme sur Terre.
Le sionisme a au contraire pour objectif immédiat et lointain, le règne d'une minorité ethnique sur l'Humanité et sur les richesses de la terre, au nom du slogan, de "Peuple élu".
 

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