salâm salâm,
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Salâm salâm,
Très chères sœurs,
L'anéantissement est le « Ta’wîl », c'est-à-dire, le sens ésotérique de versets coraniques concernant la Résurrection
Ce propos de notre Prophète :
« Celui qui meurt, déjà s’est levée sa résurrection »,
est à mettre en référence aux versets qui suivent :
« Lorsque le Ciel se fendra » (82/1)
C’est-à-dire lorsque se fend le ciel de celui qui meurt, ce ciel qui est la « mère du cerveau »,
« et lorsque les étoiles tombent » (82/2)
C’est-à-dire lorsque tombent les sens externes du mourant,
« et lorsque le soleil se reployera » (81/1)
Ce soleil qui est son cœur,
« et lorsque la terre sera secouée de tremblements » (99/1)
Cette terre qui est son corps,
« et lorsque les bêtes sauvages sauront rassemblées » (81/5)
Ces bêtes sauvages qui sont ses facultés, principalement l’appétit irascible,
« et lorsque les montagnes seront réduites en poussière » (89/22)
C’est-à-dire les montages qui sont les os de son squelette, etc.
Un autre verset vient en témoignage de ce ta’wîl, et c’est celui-ci :
« Vous voilà venus, tout seuls » (6/94), ce qui veut dire : vos âmes immatérielles, telles qu’elles sont en elle-même, accomplissent leur retour toutes seules, séparées des organes du corps physique, comme le dit cet autre verset : « Au jour de la Résurrection, tous viendront à Lui, chacun seul » (19/95). Cette « solitude » réfère à l’âme qui est la seule à posséder conscience et connaissance.
L’anéantissement qui est le deuxième degré du tawhîd correspondant à l’expérience du fanâ’, qui n’est que le passage vers une troisième forme, celle qui opère l’anéantissement de cet anéantissement. Le premier tawhîd va du monde visible à Dieu. Le second va du moi personnel à Dieu. Il en est un troisième qui va de Dieu à Dieu, ne sort pas de Dieu, mais s’accomplit dans la divinité même, il est l’anéantissement de l’anéantissement. Cette voie des « Unitifs » est jalonnée par les étapes de l’intériorisation du tawhîd, laquelle aboutit non pas à la destruction ni à l’annihilation de la personne du mystique, mais au fanâ’ qui abolit l’opacité d’un être qui n’était qu’« à soi-même », parce que son « moi » qui est la « montagne » absorbait la totalité de l’être investi en lui. L’éclatement de la lune auquel fait allusion le verset qorânique, c’est cela : l’éclatement triomphal de l’âme hors de la Ténèbre, c’est-à-dire, hors de la prison du corps terrestre où elle était captive, parce que cette Ténèbre elle l’a investie de sa propre Lumière. Mais pour qu’elle irradie ainsi dans la Ténèbre, il faut qu’éclate à l’extérieur d’elle-même la lumière cachée en elle.
Libère toi de la prison de ton corps, et profite de l’instant entre ces deux néants.
Etre seul à seul avec Dieu c'est cela connaître l’instant des deux néants. Cet « éclatement de la Lune » dont le sens s’entrevoit désormais, est bien le signe de l’Heure imminente, parce qu’il s’agit d’un seul et même événement, celui dont les littéralistes étaient incapables de percevoir l’unité, parce qu’il ne pouvait prendre conscience de la profondeur réelle à laquelle il se produit. Le Retour, la Résurrection, l’Heure imminente, cela concerne non pas le retour des parcelles d’un corps matériel anéanti, venant recomposer un individu qui ne pourrait en tout état de cause être numériquement identique au premier, mais concerne l’Esprit, le vivant éternel dont l’identité persiste à travers toutes les existences, et qui est cette Lumière dont le degré d’être impliquait la nécessité qu’elle fût conjointe un certain temps avec la Ténèbre du corps terrestre. Elle retourne, ressuscite à son monde, après achevé sa croissance, comme il appartient à une lumière de grandir, comme pourrait croître un corps qui ne serait fait que de lumière. Ainsi se trouve annoncée et préparée la réalisation intérieure qui correspond au septième sens ésotérique.
Bien à vous, votre frère sam.
