Salâm salâm,
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Salâm salâm,
Très cher membre,
Non, bien évidement, je ne suis pas mythologue, et si vous ne voyez pas ce que vient faire la vidéo avec le sujet, alors, je vous répondrais : "Qu'on ne peut pas plaîre à tout le mone". Cependant, pour moi la vidéo présente une image et l’homme le plus « réaliste » vit d’images, cher membre Neutre. Or, les images ne disparaissent jamais de l’actualité psychique : ils peuvent changer d’aspect ; leur fonction reste la même. La plus abjecte « nostalgie » dérobe la « nostalgie du paradis ». On peut aussi bien analyser les images soudainement libérées par une musique quelconque : et l’on constatera que ces images avouent la nostalgie d’un passé mythisé, transformé en archétype, que ce passé comporte, outre le regret d’un temps aboli, mille autres sens : il exprime tout ce qui aurait pu être et n’a pas été, la tristesse de toute existence qui n’est qu’en cessant d’être autre chose, le regret de ne pas vivre dans le paysage et le temps évoqués par la romance ; en fin de compte, le désir de quelque chose de tout à fait autre que l’instant présent, en définitive, d’inaccessible ou d’irrémédiablement perdu : le « Paradis ».
L’important dans ces images de la « nostalgie du paradis », est qu’elles en disent toujours plus qu’en pourrait exprimer en paroles le sujet qui les a éprouvées. La plupart des humains seraient d’ailleurs incapable de les raconter : non qu’ils soient moins intelligents que les autres, mais parce qu’ils n’accordent pas trop d’importance au langage analytique. De telles images rapprochent pourtant les hommes plus efficacement et plus réellement qu’un langage analytique. En fait, s’il existe une solidarité totale du genre humain, elle ne peut être ressentie et « actuée » qu’au niveau des Images.
On n’a pas assez pris garde à de telles « nostalgies » ; on n’a voulu y reconnaître que des fragments psychiques sans signification : on accordait tout au plus qu’elles pouvaient intéresser certaines enquêtes sur les formes d’évasion psychique. Or, les nostalgies sont parfois chargées de significations qui engagent la situation même de l’homme ; à ce titre, elles s’imposent aussi bien au philosophe qu’au théologien. Seulement, on ne les prenait pas au sérieux ; on les trouvait « frivoles » : l’image du Paradis Perdu lâchée tout à coup par la musique, quel sujet compromettant d’étude. C’est oublier que la vie de l’homme moderne fourmille de mythes à demi oublié, des hiérophanies déchues. La désacralisation ininterrompue de l’homme moderne a altéré le contenu de sa vie spirituelle, elle n’a pas brisé les matrices de son imagination : tout un déchet mythologique survit dans des zones mal contrôlés. D’ailleurs, la partie la plus « noble » de la conscience d’un homme moderne est moins « spirituelle » qu’on est tenté de le croire. Une analyse rapide décèlerait dans cette « noble » et « haute » sphère de la conscience quelques réminiscences livresques, beaucoup de préjugés d’ordres divers (moral, social, esthétique, etc.), quelques idées toute faites sur le « sens de la vie », la « réalité ultime », etc. Que l’on se garde d’aller chercher là ce qu’est devenu, par exemple, le mythe du Paradis Perdu, l’image de l’Homme Parfait, le mystère de la femme et de l’Amour, etc. Tout cela, entre bien d’autres choses, se trouve — combien sécularisé, dégradé et maquillé !...Même dans la « situation historique » la plus désespérée (dans les guerres), des hommes et des femmes ont chanté des romances, écouté des histoires (sont allés jusqu’à sacrifier une part de leur maigre ration pour se les offrir) ; ces histoires ne faisaient que relayer des mythes, ces romances étaient chargées de « nostalgies ».
Toute cette portion, essentielle et imprescriptible, de l’homme qui s’appel l’imagination baigne en plein symbolisme, et continue de vivre des mythes et des théologies archaïques. Il ne tient qu’à l’homme moderne, de « réveillez » cet inestimable trésor d’images, pour les contempler dans leur virginité et assimiler à leur message. La sagesse populaire a maintes fois exprimé l’importance de l’imagination pour la santé même de l’individu, pour l’équilibre et la richesse de sa vie intérieure. Certaines langues modernes continuent de plaindre celui qui « manque d’imagination », comme un être borné, médiocre, triste, malheureux. Les psychologues, au premier rang desquels C. G. Jung, ont montré à quel point les drames du monde moderne dérivent d’un déséquilibre profond de la psyché, aussi bien individuelle que collective, provoqué en bonne partie par une stérilisation croissante de l’imagination. « Avoir de l’imagination », c’est jouir d’une richesse intérieure. Avoir de l’imagination, c’est voir le monde dans sa totalité ; car c’est le pouvoir et la mission des Images de montrer tout ce qui demeure réfractaire au concept. On s’explique dès lors la disgrâce et la ruine de l’homme qui « manque d’imagination » : il est coupé de la réalité profonde de la vie et de sa propre âme.
Une dernière chose pensez-vous que Gog et Magog soient neutre ?
...lol...
Si vous vous préparez à vous mettre à table, alors, je vous souhaite amicalement une bonne et heureuse heure de table.
Bien à vous, fraternellement votre frère sam le pacifique