Ancien post de l'émir sur LA GRANDE SCISSION DE L'ISLAM
Assalamou 'alaykoum
Afin que cette discussion puisse continuer et à la demande de certains frères, j'ai recopié, de l'ancien forum, les trois derniers messages de ce poste du 16 Avr 2004, "Comprendre et débattre sur la grande scission de l'islam".
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Titre du post : comprendre et débattre sur la grande scission de l'islam
Auteur : l'émir
Date : 16 Avr 2004
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Réponse de : Abduh
Date : 08 Mai 2004
Bismil-Lâhir-Rahmânir-Rahîm
was-salâtou 'alâ habîbil-Lâh wa âlihil-at-hâr
was-salâmou ‘alaykoum wa rahmatoul-Lâh
Tout en vous souhaitant la bienvenue, en vous remerciant pour vos compliments et encouragements, et en vous présentant mes meilleurs v½ux à l'occasion de la naissance de notre Saint Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, je vais tenter, avec l'aide de Dieu le Très-Haut, de commencer à répondre à vos questions intéressantes et pertinentes.
La plupart des textes du Nahdj al-balâgha sont sûrement de l'Imam 'Alî, que Dieu ennoblisse son visage, mais il serait sans doute aventureux de garantir une authenticité à 100%. Ainsi, les savants imamites considèrent en général que le Kâfî de Kolaynî est d'une authenticité plus sûre que le Nahdj , or le Kâfî n'est lui-même pas d'une authenticité à 100%.
Mais on peut aussi considérer les choses d'une autre manière. Allâmah Tabâtabâ'î, l'auteur du tafsîr al-Mîzân , répondit ainsi à Henry Corbin, qui lui faisait part des doutes de certaines personnes quant à l'authenticité de certains textes du Nahdj : "Peu importe qui tenait la plume, c'était en tout cas l'Imam qui parlait". (C'est ainsi que le récit m'a été rapporté, le propos n'est donc peut-être pas littéralement exact).
Cela dit, il y a de nombreuses travaux sur les sources du Nahdj , qui sont généralement concluants et aboutissent à des sources tout à fait solides.
Enfin, il faut savoir que le Nahdj al-balâgha est loin de constituer la totalité ou la majeure partie des propos de l'Imam 'Alî, que Dieu ennoblisse son visage, car le sharîf Râdî n'y a réuni de ses propos que ceux qui lui paraissaient les plus remarquables au point de vue de l'éloquence (comme le titre l'indique d'ailleurs).
Il y a de nombreuses ouvrages sunnites et shiites qui épluchent les biographies des rapporteurs de hadiths, mais comme je l'ai écrit ailleurs, la méthode fondamentale de "tri" des hadiths qui a été explicitement enseignée par les Gens de la Demeure prophétique, par qui nous vient la Paix, n'est pas d'en étudier les chaînes de transmission (même si cela peut aider dans une certaine mesure, mais assez limitée), mais de confronter le contenu des hadiths au Coran, à la Sounnah établie et à l'intelligence ('aql ), en rapportant aussi les hadiths qui sont ambigus à ceux qui sont formels, comme nous devons aussi le faire pour les versets du Coran (cf. Coran, 3.7)
1) Déjà ces savants n'admettent pas l'impeccabilité des Prophètes et professent sans problème que le Prophète David, que la Paix soit avec lui, aurait envoyé un de ses généraux se faire tuer pour pouvoir lui piquer sa femme et autres "juiveries" du même genre. Alors, pourquoi iraient-ils admettre l'impeccabilité d'un "imam", terme qui s'applique pour eux à tout "savant" de haut rang (Imam Mâlik, Imam Ghazzâlî, etc.)
2) Ces savants ne participaient qu'aux cercles les plus extérieurs d'enseignement des Imams, car ce qu'ils recherchaient était essentiellement le fiqh . L'Imam faisait par exemple un cour de fiqh dans la mosquée devant un grand nombre d'élève. Puis, un petit groupe l'accompagnait jusqu'à chez lui et entendait des enseignements plus profonds. Puis un groupe encore plus petit pouvait entrer chez lui et profiter d'enseignements encore plus secrets. Enfin, l'Imam emmenait parfois des compagnons comme Komayl dans le désert et lui confiait des enseignements que s'il ne pouvait trouver un c½ur capable de supporter certains des enseignements reçus et qu'il ne pouvait non plus supporter de les taire, il n'avait qu'à creuser un trou dans le désert et les confier à ce trou… Eh bien, les savants sunnites qui étudièrent chez certains des Imams n'ont jamais participé qu'aux cercles les plus extérieurs.
3) Enfin, et surtout, pourquoi des milliers de Compagnons ont entendu du Prophète le Coran et les Hadiths, et n'ont pas hésité à agir de manière complètement contraire. Ce n'était d'ailleurs pas une nouveauté: les Compagnons de Moïse ont bien vu tous les miracles fait par Moïse, ont traversé avec lui les flots séparés, puis n'ont pas hésité à prendre le veau d'or pour divinité, et cela malgré l'opposition d'Aaron. "Ton plus grand ennemi, c'est ton ego qui se trouve entre tes flancs", disait le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Ecouter les "cours" ou "discours" d'un Prophète ou d'un Imam est une chose, se soumettre entre ses mains est une autre chose, et avoir foi en lui est encore tout autre chose…
1) Pour l'Imamat, les sources sont: a) la raison ; b) le Coran.
La raison, parce qu'il est totalement irrationnel qu'un simple chef d'entreprise s'absente ne fût-ce qu'un mois sans désigner quelqu'un pour gérer l'affaire en son absence, comme le fit Moïse en désignant Aaron pour le remplacer. Alors quelqu'un qui a peiné pendant 23 ans pour établir une entreprise qui n'est même pas la sienne, mais celle de Dieu, et dont le bénéfice n'est pas de ce monde, mais la vie éternelle, pourrait ainsi partir définitivement sans se préoccuper de ce qui arriverait à cette entreprise et sans désigner un remplaçant pour en continuer la gestion de manière parfaite? D'autant plus qu'il savait fort bien, comme le montre le Coran, comment les entreprises précédentes avaient été déviées de leur lancée initiale?
Quant au Coran, il s'agit du verset 2.124: "Et lorsque son Seigneur éprouva Abraham par des paroles et qu’il s’en acquitta pleinement. [Dieu] dit : « En vérité, Je t’établis comme Imam pour les gens. » — Il dit : « Et de ma descendance ? » — [Dieu] dit : « Mon engagement ne concerne pas les injustes. » Ce verset établit d'une part l'Imamat dans la lignée d'Abraham et invalide d'autre part l'Imamat de tout injuste jusqu'au jour de la Résurrection. Or, qui est plus injuste que quelqu'un qui a adoré des idoles ne serait-ce qu'une fois dans sa vie. Loqmân ne dit-il pas, dans le Coran: "O mon fils, ne donne pas d'associé à Dieu, car donner un associé à Dieu est une immense injustice " (31.13) Or, Abou Bakr, 'Omar et 'Othmân avaient tout trois adoré des idoles, ce qui les disqualifie ipso facto pour l'Imamat. Seul 'Alî n'avait jamais adoré la moindre idole.
2) Pour l'infaillibilité (dans la connaissance de la religion) et l'impeccabilité (dans son application), la source est la raison, car il est naturel de douter de quelqu'un que l'on a vu se tromper ou mal agir et l'on ne peut se fier totalement à une telle personne après cela. Or, Dieu nous demande de nous fier et de nous soumettre totalement aux Prophètes qui apportent une nouvelle Révélation et aux Imams qui l'interprètent correctement et la préservent de la déviation. Dieu étant Juste et Sage, il ne peut exiger de l'homme qu'il se fie et se soumette à quelqu'un dont il a constaté qu'il n'est pas à 100% fiable. C'est pourquoi, en Sa sagesse et Sa justice, Dieu préserve de l'erreur (doctrinale et pratique) les Guides (Prophètes ou Imams) auxquels Il nous demande de nous soumettre et qu'Il nous demande de suivre totalement en toutes choses.
Je n'ai pas lu le livre de Hishâm Djaït et n'en dirai donc rien. Pour ce qui est des Compagnons, il n'y a pas de dogmatisme historique dans l'imamisme et il y a donc diverses positions défendues par diverses personnes, positions que j'ai résumées ailleurs en disant qu'il y avait principalement:
1. la position shiite bienveillante selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat en croyant agir dans l'intérêt de l'islam et des musulmans (autrement dit des musulmans ayant commis une "erreur bien intentionnée").
Cette thèse m'a personnellement séduit un certain temps, mais elle ne tient finalement pas historiquement la route et ne peut être soutenue que par des personnes faisant fi des faits de l'histoire au profit d'un préjugé de bonne intention (hosno z-zann ) en faveur de ces Califes, ce qui est tout à l'honneur de ces shiites, mais est une attitude plus "morale" que "scientifique".
2. la position shiite modérée (et peut-être la plus répandue) selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat pour divers intérêts personnels (autrement dit, des "musulmans ayant péché par intérêt").
Cette thèse qui m'a aussi retenu un certain temps, mais à mon sens, elle ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'une bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
3. la position shiite dure selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat parce que leurs passions les avaient fait dévier de la voie droite de l'islam (autrement dit des "renégats ex-musulmans").
A mon sens, et après plusieurs années d'études, cette position ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'un reste de bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
4. la position shiite la plus radicale et la plus minoritaire, mais à mon sens la plus lucide et la plus fondée historiquement, est que ces premiers Califes n'ont jamais eu le moindre atome de foi en leur c½ur et qu'ils étaient dès le début des mécréants de la contre-initiation qui ne se sont extérieurement "soumis" que par hypocrisie pour essayer par tous les moyens de faire échouer la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, "de l'intérieur". Ils firent ainsi, avec leurs complices, dont leurs filles, plusieurs complots et tentatives pour faire prendre le Prophète par ses ennemis, pour l'assassiner et pour l'empoisonner, stratagèmes qui furent tous déjoués par Dieu. Devant la réussite de la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, il ne leur resta plus, comme dernière solution, que de s'emparer du Califat pour dévier l'islam de la voie que le Prophète lui avait assigné et qu'il avait confié à l'Imam 'Alî fils d'Abou Tâlib, que la Paix soit avec lui, déviant ainsi l'islam "au nom de l'islam", comme le feront après eux quasiment tous les dirigeants musulmans de toutes les dynasties, y compris la plupart des présidents modernes, qui furent ainsi tous de fidèles continuateurs de la "Sonnah de Abou Bakr et Omar".
Il n'y eut donc historiquement que deux Califes bien guidés, l'Imam 'Alî et son fils l'Imam Hassan, que la Paix soit avec eux, leurs trois prédécesseurs n'étant, aux yeux de l'histoire comme de Dieu, que des ennemis de la religion de Dieu, lointains héritiers de Caïn semblables à Paul de Tarse, fidèle disciple du rabbin Gamaliel. Et parmi ces trois, le Sâmiri, dajjâl de son temps, qui érigea le veau d'or du Califat parmi les musulmans n'est autre que 'Omar Ibn al-Khattâb, et les c½urs de la plupart des Compagnons du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, s'emplirent malheureusement d'amour pour ce veau d'or et le préférèrent à 'Alî, tout comme le firent auparavant les c½urs de la plupart des Compagnons de Moïse, que la Paix soit avec lui, qui préférèrent le veau d'or à Aaron. Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avait d'ailleurs bien annoncé que sa communauté referait pas à pas les mêmes erreurs que les communautés des Prophètes précédents.
A l'appui de cette thèse qui, je le rappelle, est minoritaire parmi les Imamites, mais que je considère pour ma part comme la plus solide, il convient de méditer certains passages du Coran comme les versets suivants:
Coran 4.51-53: "N'as-tu pas vu ceux qui ont reçu une part du Livre, croient dans le Djibt et le Tâghût et disent à ceux qui sont mécréants: "Ceux-là sont mieux guidés que ceux qui ont la foi"? Ceux-là, Dieu les maudit, et tu ne trouveras pour qui Dieu maudit point de secours. Auraient-ils donc part au royaume — ils n'en donneraient alors pas la moindre miette aux gens — ou bien sont-ils donc jaloux des gens pour ce que Dieu leur a donné de par Sa bonté? Nous avions pourtant déjà donné à la famille d'Abraham le Livre et la Sagesse et leur avions donné un immense royaume!"
Les "gens" dont il est question sont la famille de Mohammad à qui Dieu donna de par Sa bonté la même chose qu'à la famille d'Abraham ("le Livre, la Sagesse et un immense royaume"). Le Djibt, le Tâghût et ceux qui croient en eux tout en ayant reçu une part du Livre, qui se sont emparés du royaume sans en donner la moindre miette à la famille de Mohammad tant ils étaient jaloux du fait que Dieu leur avait donné la même chose qu'à la famille d'Abraham, ceux-là sont Abou Bakr, 'Omar et ceux qui les ont aidé à usurper ce qui ne leur revenait pas. Remarquez au passage que le Djibt et le Tâghût sont comparés par leurs partisans "qui ont reçu une part du Livre" (donc qui sont en partie "musulmans" et non pas de "purs mécréants") à "ceux qui ont la foi": cela montre qu'il n'est pas question ici des idoles de pierre ou de bois, mais bien d'"idoles humaines".
Ou encore les versets 3-5 de la sourate 66 qui évoquent 'Aïsha et Hafsa et qui sont à rapprocher du verset 10 de la même sourate. Je compte revenir à l'occasion sur ces versets pour en faire une analyse détaillée.
Pour moi, il est clair que oui, même en admettant l'hypothèse la plus favorable. En effet, il suffit de rapprocher ces trois points:
a) un verset du Coran: Coran 33.57: "Ceux qui font du tort à Dieu et à Son messager, Dieu les maudit en ce monde et dans l'autre et leur a préparé un tourment avilissant"
b) un hadith irréfutable et irréfuté: "Fâtima est une partie de moi, celui qui lui fait du tort me fait du tort"
c) les propos de Fâtima: "J'en jure par Dieu, vous m'avez tous deux [Abou Bakr et Omar] fait du tort"
Dans les trois éléments, c'est le même verbe âdhâ qui est traduit par "faire du tort"
Mais pour ce qui est de mon propre point de vue, les "services rendus à l'islam" restent à prouver et je n'ai pour ma part vu de ces gens-là que des "sévices portés à l'islam".
Tout dépend du degré de validité que l'on accorde aux diverses sources de hadiths et d'histoire. A mon sens, leur perception correspond à l'idée que j'ai finalement adoptée. Mais il existe d'autres positions, comme je l'ai mentionné. La question est donc discutable et je suis tout à fait prêt à la discuter.
Là, c'est autre chose. J'en profite pour résumer un hadith de l'Imam 'Alî, que la Paix soit avec lui, à qui un de ses compagnons fait remarquer combien ils sont en petit nombre et qui s'interroge alors: n'y aurait-il que ce petit nombre qui mériterait d'être sauvé et d'entrer au Paradis? L'Imam lui dit alors qu'il n'en est pas ainsi, mais qu'il convient de considérer trois catégories de gens:
a) ceux qui savent qui nous sommes et qui sont avec nous. Ceux-là, leur affaire est claire et ils sont sauvés.
b) ceux qui savent qui nous sommes et qui sont contre nous. Ceux-là aussi, leur affaire est claire et ils sont damnés.
c) enfin, la masse des gens, qui ne comprennent pas bien ce qui se passe ni ne savent ce que nous sommes et qui n'arrivent donc pas à se prononcer pour quelque parti que ce soit. Ceux-là, leur affaire revient à Dieu qui les jugera en fonction de leurs actes.
Je pourrais donner par la suite, si Dieu veut, l'intégralité de ce long et très bel entretien.
"L'amour de ce bas monde est la clé de toute erreur" (hadith prophétique) et aussi "Ton plus grand ennemi est ton ego qui se trouve entre tes flancs" (hadith prophétique également). Comme les Médinois l'ont dit eux-mêmes, puisque les Mekkois avaient eu la Prophétie, ils voulaient avoir le Califat… On n'échappe pas si facilement à une mentalité tribale, même avec la meilleure volonté du monde.
Que Dieu nous aide tous à cheminer dans la voie droite de l'humanité, qu'Il vous bénisse pour vos questions et qu'Il me pardonne pour les déficiences de mes réponses, que j'ai voulues aussi impartiales qu'il m'est possible de le faire sans renoncer à exprimer mes convictions intimes.
J'ai changé le titre (Abduh)
Assalamou 'alaykoum
Afin que cette discussion puisse continuer et à la demande de certains frères, j'ai recopié, de l'ancien forum, les trois derniers messages de ce poste du 16 Avr 2004, "Comprendre et débattre sur la grande scission de l'islam".
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Titre du post : comprendre et débattre sur la grande scission de l'islam
Auteur : l'émir
Date : 16 Avr 2004
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Réponse de : Abduh
Date : 08 Mai 2004
Bismil-Lâhir-Rahmânir-Rahîm
was-salâtou 'alâ habîbil-Lâh wa âlihil-at-hâr
was-salâmou ‘alaykoum wa rahmatoul-Lâh
Tout en vous souhaitant la bienvenue, en vous remerciant pour vos compliments et encouragements, et en vous présentant mes meilleurs v½ux à l'occasion de la naissance de notre Saint Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, je vais tenter, avec l'aide de Dieu le Très-Haut, de commencer à répondre à vos questions intéressantes et pertinentes.
premiérement j'aimerais savoir si le najh oul balagha attribué à l'imam 'ali (que dieu
ennoblisse son visage) a été authentifié comme étant intégralement prononcé par notre
saint imam?
La plupart des textes du Nahdj al-balâgha sont sûrement de l'Imam 'Alî, que Dieu ennoblisse son visage, mais il serait sans doute aventureux de garantir une authenticité à 100%. Ainsi, les savants imamites considèrent en général que le Kâfî de Kolaynî est d'une authenticité plus sûre que le Nahdj , or le Kâfî n'est lui-même pas d'une authenticité à 100%.
Mais on peut aussi considérer les choses d'une autre manière. Allâmah Tabâtabâ'î, l'auteur du tafsîr al-Mîzân , répondit ainsi à Henry Corbin, qui lui faisait part des doutes de certaines personnes quant à l'authenticité de certains textes du Nahdj : "Peu importe qui tenait la plume, c'était en tout cas l'Imam qui parlait". (C'est ainsi que le récit m'a été rapporté, le propos n'est donc peut-être pas littéralement exact).
Cela dit, il y a de nombreuses travaux sur les sources du Nahdj , qui sont généralement concluants et aboutissent à des sources tout à fait solides.
Enfin, il faut savoir que le Nahdj al-balâgha est loin de constituer la totalité ou la majeure partie des propos de l'Imam 'Alî, que Dieu ennoblisse son visage, car le sharîf Râdî n'y a réuni de ses propos que ceux qui lui paraissaient les plus remarquables au point de vue de l'éloquence (comme le titre l'indique d'ailleurs).
deuxiemement est ce que le oussoul kafi de koulaini ainsi que l' ensemble des ecrits
attribués aux saints imams ont egalement subi l' éxamen de l'authentification par les
methodes actuelles? (méme chose pour les deux sahihs sunnites)?
Il y a de nombreuses ouvrages sunnites et shiites qui épluchent les biographies des rapporteurs de hadiths, mais comme je l'ai écrit ailleurs, la méthode fondamentale de "tri" des hadiths qui a été explicitement enseignée par les Gens de la Demeure prophétique, par qui nous vient la Paix, n'est pas d'en étudier les chaînes de transmission (même si cela peut aider dans une certaine mesure, mais assez limitée), mais de confronter le contenu des hadiths au Coran, à la Sounnah établie et à l'intelligence ('aql ), en rapportant aussi les hadiths qui sont ambigus à ceux qui sont formels, comme nous devons aussi le faire pour les versets du Coran (cf. Coran, 3.7)
troisiemement de nombreux savants sunnites ont étudié sous l'égides des saints imams
pourquoi n'ont ils pas adhérer totalement aux chiismes surtout aux concepts d'imamat et
d'impeccabilité?
1) Déjà ces savants n'admettent pas l'impeccabilité des Prophètes et professent sans problème que le Prophète David, que la Paix soit avec lui, aurait envoyé un de ses généraux se faire tuer pour pouvoir lui piquer sa femme et autres "juiveries" du même genre. Alors, pourquoi iraient-ils admettre l'impeccabilité d'un "imam", terme qui s'applique pour eux à tout "savant" de haut rang (Imam Mâlik, Imam Ghazzâlî, etc.)
2) Ces savants ne participaient qu'aux cercles les plus extérieurs d'enseignement des Imams, car ce qu'ils recherchaient était essentiellement le fiqh . L'Imam faisait par exemple un cour de fiqh dans la mosquée devant un grand nombre d'élève. Puis, un petit groupe l'accompagnait jusqu'à chez lui et entendait des enseignements plus profonds. Puis un groupe encore plus petit pouvait entrer chez lui et profiter d'enseignements encore plus secrets. Enfin, l'Imam emmenait parfois des compagnons comme Komayl dans le désert et lui confiait des enseignements que s'il ne pouvait trouver un c½ur capable de supporter certains des enseignements reçus et qu'il ne pouvait non plus supporter de les taire, il n'avait qu'à creuser un trou dans le désert et les confier à ce trou… Eh bien, les savants sunnites qui étudièrent chez certains des Imams n'ont jamais participé qu'aux cercles les plus extérieurs.
3) Enfin, et surtout, pourquoi des milliers de Compagnons ont entendu du Prophète le Coran et les Hadiths, et n'ont pas hésité à agir de manière complètement contraire. Ce n'était d'ailleurs pas une nouveauté: les Compagnons de Moïse ont bien vu tous les miracles fait par Moïse, ont traversé avec lui les flots séparés, puis n'ont pas hésité à prendre le veau d'or pour divinité, et cela malgré l'opposition d'Aaron. "Ton plus grand ennemi, c'est ton ego qui se trouve entre tes flancs", disait le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Ecouter les "cours" ou "discours" d'un Prophète ou d'un Imam est une chose, se soumettre entre ses mains est une autre chose, et avoir foi en lui est encore tout autre chose…
et quelles sont les sources de ces deux critéres?
1) Pour l'Imamat, les sources sont: a) la raison ; b) le Coran.
La raison, parce qu'il est totalement irrationnel qu'un simple chef d'entreprise s'absente ne fût-ce qu'un mois sans désigner quelqu'un pour gérer l'affaire en son absence, comme le fit Moïse en désignant Aaron pour le remplacer. Alors quelqu'un qui a peiné pendant 23 ans pour établir une entreprise qui n'est même pas la sienne, mais celle de Dieu, et dont le bénéfice n'est pas de ce monde, mais la vie éternelle, pourrait ainsi partir définitivement sans se préoccuper de ce qui arriverait à cette entreprise et sans désigner un remplaçant pour en continuer la gestion de manière parfaite? D'autant plus qu'il savait fort bien, comme le montre le Coran, comment les entreprises précédentes avaient été déviées de leur lancée initiale?
Quant au Coran, il s'agit du verset 2.124: "Et lorsque son Seigneur éprouva Abraham par des paroles et qu’il s’en acquitta pleinement. [Dieu] dit : « En vérité, Je t’établis comme Imam pour les gens. » — Il dit : « Et de ma descendance ? » — [Dieu] dit : « Mon engagement ne concerne pas les injustes. » Ce verset établit d'une part l'Imamat dans la lignée d'Abraham et invalide d'autre part l'Imamat de tout injuste jusqu'au jour de la Résurrection. Or, qui est plus injuste que quelqu'un qui a adoré des idoles ne serait-ce qu'une fois dans sa vie. Loqmân ne dit-il pas, dans le Coran: "O mon fils, ne donne pas d'associé à Dieu, car donner un associé à Dieu est une immense injustice " (31.13) Or, Abou Bakr, 'Omar et 'Othmân avaient tout trois adoré des idoles, ce qui les disqualifie ipso facto pour l'Imamat. Seul 'Alî n'avait jamais adoré la moindre idole.
2) Pour l'infaillibilité (dans la connaissance de la religion) et l'impeccabilité (dans son application), la source est la raison, car il est naturel de douter de quelqu'un que l'on a vu se tromper ou mal agir et l'on ne peut se fier totalement à une telle personne après cela. Or, Dieu nous demande de nous fier et de nous soumettre totalement aux Prophètes qui apportent une nouvelle Révélation et aux Imams qui l'interprètent correctement et la préservent de la déviation. Dieu étant Juste et Sage, il ne peut exiger de l'homme qu'il se fie et se soumette à quelqu'un dont il a constaté qu'il n'est pas à 100% fiable. C'est pourquoi, en Sa sagesse et Sa justice, Dieu préserve de l'erreur (doctrinale et pratique) les Guides (Prophètes ou Imams) auxquels Il nous demande de nous soumettre et qu'Il nous demande de suivre totalement en toutes choses.
quatriémement apres avoir lu l'ouvrage de l'historien hichem djait , "LA GRANDE
DISCORDE" nous comprenons que les compagnons ayant combattu l'imam 'ali (que dieu
ennoblisse son visage) et meme les compagnons ayant été du coté de mou'awiya n'avait
entre leurs mains toutes les donnés du probleme. quelle est la perception actuelle des sa
vants chiites sur les compagnons et notamment sur abou bakr (radhi allah ou ranhou)et
aicha(radhi allah ou ranha) ?
Je n'ai pas lu le livre de Hishâm Djaït et n'en dirai donc rien. Pour ce qui est des Compagnons, il n'y a pas de dogmatisme historique dans l'imamisme et il y a donc diverses positions défendues par diverses personnes, positions que j'ai résumées ailleurs en disant qu'il y avait principalement:
1. la position shiite bienveillante selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat en croyant agir dans l'intérêt de l'islam et des musulmans (autrement dit des musulmans ayant commis une "erreur bien intentionnée").
Cette thèse m'a personnellement séduit un certain temps, mais elle ne tient finalement pas historiquement la route et ne peut être soutenue que par des personnes faisant fi des faits de l'histoire au profit d'un préjugé de bonne intention (hosno z-zann ) en faveur de ces Califes, ce qui est tout à l'honneur de ces shiites, mais est une attitude plus "morale" que "scientifique".
2. la position shiite modérée (et peut-être la plus répandue) selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat pour divers intérêts personnels (autrement dit, des "musulmans ayant péché par intérêt").
Cette thèse qui m'a aussi retenu un certain temps, mais à mon sens, elle ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'une bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
3. la position shiite dure selon laquelle les trois premiers Califes auraient été des musulmans sincères qui auraient usurpé le Califat parce que leurs passions les avaient fait dévier de la voie droite de l'islam (autrement dit des "renégats ex-musulmans").
A mon sens, et après plusieurs années d'études, cette position ne tient pas non plus historiquement la route et relève encore d'un reste de bienveillance plus morale que scientifique envers ces personnages.
4. la position shiite la plus radicale et la plus minoritaire, mais à mon sens la plus lucide et la plus fondée historiquement, est que ces premiers Califes n'ont jamais eu le moindre atome de foi en leur c½ur et qu'ils étaient dès le début des mécréants de la contre-initiation qui ne se sont extérieurement "soumis" que par hypocrisie pour essayer par tous les moyens de faire échouer la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, "de l'intérieur". Ils firent ainsi, avec leurs complices, dont leurs filles, plusieurs complots et tentatives pour faire prendre le Prophète par ses ennemis, pour l'assassiner et pour l'empoisonner, stratagèmes qui furent tous déjoués par Dieu. Devant la réussite de la mission du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, il ne leur resta plus, comme dernière solution, que de s'emparer du Califat pour dévier l'islam de la voie que le Prophète lui avait assigné et qu'il avait confié à l'Imam 'Alî fils d'Abou Tâlib, que la Paix soit avec lui, déviant ainsi l'islam "au nom de l'islam", comme le feront après eux quasiment tous les dirigeants musulmans de toutes les dynasties, y compris la plupart des présidents modernes, qui furent ainsi tous de fidèles continuateurs de la "Sonnah de Abou Bakr et Omar".
Il n'y eut donc historiquement que deux Califes bien guidés, l'Imam 'Alî et son fils l'Imam Hassan, que la Paix soit avec eux, leurs trois prédécesseurs n'étant, aux yeux de l'histoire comme de Dieu, que des ennemis de la religion de Dieu, lointains héritiers de Caïn semblables à Paul de Tarse, fidèle disciple du rabbin Gamaliel. Et parmi ces trois, le Sâmiri, dajjâl de son temps, qui érigea le veau d'or du Califat parmi les musulmans n'est autre que 'Omar Ibn al-Khattâb, et les c½urs de la plupart des Compagnons du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, s'emplirent malheureusement d'amour pour ce veau d'or et le préférèrent à 'Alî, tout comme le firent auparavant les c½urs de la plupart des Compagnons de Moïse, que la Paix soit avec lui, qui préférèrent le veau d'or à Aaron. Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avait d'ailleurs bien annoncé que sa communauté referait pas à pas les mêmes erreurs que les communautés des Prophètes précédents.
A l'appui de cette thèse qui, je le rappelle, est minoritaire parmi les Imamites, mais que je considère pour ma part comme la plus solide, il convient de méditer certains passages du Coran comme les versets suivants:
Coran 4.51-53: "N'as-tu pas vu ceux qui ont reçu une part du Livre, croient dans le Djibt et le Tâghût et disent à ceux qui sont mécréants: "Ceux-là sont mieux guidés que ceux qui ont la foi"? Ceux-là, Dieu les maudit, et tu ne trouveras pour qui Dieu maudit point de secours. Auraient-ils donc part au royaume — ils n'en donneraient alors pas la moindre miette aux gens — ou bien sont-ils donc jaloux des gens pour ce que Dieu leur a donné de par Sa bonté? Nous avions pourtant déjà donné à la famille d'Abraham le Livre et la Sagesse et leur avions donné un immense royaume!"
Les "gens" dont il est question sont la famille de Mohammad à qui Dieu donna de par Sa bonté la même chose qu'à la famille d'Abraham ("le Livre, la Sagesse et un immense royaume"). Le Djibt, le Tâghût et ceux qui croient en eux tout en ayant reçu une part du Livre, qui se sont emparés du royaume sans en donner la moindre miette à la famille de Mohammad tant ils étaient jaloux du fait que Dieu leur avait donné la même chose qu'à la famille d'Abraham, ceux-là sont Abou Bakr, 'Omar et ceux qui les ont aidé à usurper ce qui ne leur revenait pas. Remarquez au passage que le Djibt et le Tâghût sont comparés par leurs partisans "qui ont reçu une part du Livre" (donc qui sont en partie "musulmans" et non pas de "purs mécréants") à "ceux qui ont la foi": cela montre qu'il n'est pas question ici des idoles de pierre ou de bois, mais bien d'"idoles humaines".
Ou encore les versets 3-5 de la sourate 66 qui évoquent 'Aïsha et Hafsa et qui sont à rapprocher du verset 10 de la même sourate. Je compte revenir à l'occasion sur ces versets pour en faire une analyse détaillée.
est ce que les services rendu a l'islam ont été anéanti par le mécontement de la sainte
fatima zahra (que la pais soit sur elles)? en gros est ce que leurs oeuvres sont devenus vaines apres avoir faits des erreurs aprés la mort du prohetes(salla allah 'alayhi wa sallam).
Pour moi, il est clair que oui, même en admettant l'hypothèse la plus favorable. En effet, il suffit de rapprocher ces trois points:
a) un verset du Coran: Coran 33.57: "Ceux qui font du tort à Dieu et à Son messager, Dieu les maudit en ce monde et dans l'autre et leur a préparé un tourment avilissant"
b) un hadith irréfutable et irréfuté: "Fâtima est une partie de moi, celui qui lui fait du tort me fait du tort"
c) les propos de Fâtima: "J'en jure par Dieu, vous m'avez tous deux [Abou Bakr et Omar] fait du tort"
Dans les trois éléments, c'est le même verbe âdhâ qui est traduit par "faire du tort"
Mais pour ce qui est de mon propre point de vue, les "services rendus à l'islam" restent à prouver et je n'ai pour ma part vu de ces gens-là que des "sévices portés à l'islam".
quelle a été la perception des saints imams sur ces compagnons?
Tout dépend du degré de validité que l'on accorde aux diverses sources de hadiths et d'histoire. A mon sens, leur perception correspond à l'idée que j'ai finalement adoptée. Mais il existe d'autres positions, comme je l'ai mentionné. La question est donc discutable et je suis tout à fait prêt à la discuter.
et meme sur ceux qui ont décidés de ne pas se méler aux conflits?
Là, c'est autre chose. J'en profite pour résumer un hadith de l'Imam 'Alî, que la Paix soit avec lui, à qui un de ses compagnons fait remarquer combien ils sont en petit nombre et qui s'interroge alors: n'y aurait-il que ce petit nombre qui mériterait d'être sauvé et d'entrer au Paradis? L'Imam lui dit alors qu'il n'en est pas ainsi, mais qu'il convient de considérer trois catégories de gens:
a) ceux qui savent qui nous sommes et qui sont avec nous. Ceux-là, leur affaire est claire et ils sont sauvés.
b) ceux qui savent qui nous sommes et qui sont contre nous. Ceux-là aussi, leur affaire est claire et ils sont damnés.
c) enfin, la masse des gens, qui ne comprennent pas bien ce qui se passe ni ne savent ce que nous sommes et qui n'arrivent donc pas à se prononcer pour quelque parti que ce soit. Ceux-là, leur affaire revient à Dieu qui les jugera en fonction de leurs actes.
Je pourrais donner par la suite, si Dieu veut, l'intégralité de ce long et très bel entretien.
allez et pour finir ( j'ai encore tellement d'autre question si vous saviez)
si le prophete (salla allah 'alayhi wa sallam) a désigné tres clairement sa succession a
l'imam 'ali (que dieu ennoblisse son visage) pourquoi les medinois notamment les deux
tribus des 'aws et des khazraj se sont-ils empressés de presenter leurs prétendants avant
l'arrivée de abou bakr (radhi allah ou ranhou) et de omar (radhi allah ou ranhou)?
"L'amour de ce bas monde est la clé de toute erreur" (hadith prophétique) et aussi "Ton plus grand ennemi est ton ego qui se trouve entre tes flancs" (hadith prophétique également). Comme les Médinois l'ont dit eux-mêmes, puisque les Mekkois avaient eu la Prophétie, ils voulaient avoir le Califat… On n'échappe pas si facilement à une mentalité tribale, même avec la meilleure volonté du monde.
Dans l'espérance de trouver des reponses à ces questions qui me hantent je vous prie de
bien vouloir m'excuser pour la somme de travail que cela va entrainer ? pour ma part
sachez que cette sollicitation se fait dans le but de cheminer vers la connaissance et le
rapprochement sans aucune intention malsaine ( que dieu m' en soit témoin) et si les
questions posés sont orientés en ce sens sachez que cela est dû uniquement a la
maladresses de mes formulations.
Que Dieu nous aide tous à cheminer dans la voie droite de l'humanité, qu'Il vous bénisse pour vos questions et qu'Il me pardonne pour les déficiences de mes réponses, que j'ai voulues aussi impartiales qu'il m'est possible de le faire sans renoncer à exprimer mes convictions intimes.
J'ai changé le titre (Abduh)