
Imam Ja’far ibnou Muhammad (as)
Un grand tort à l’Imam
Imam Ja’far b. Muhammad as-Sadiq (as) est né le 17 Rabi ul-Awwal de l’an 80 après l’hégire et il est décédé le 25 Shawwal de l’an 148. Il est considéré par beaucoup comme le maître de la jurisprudence et un colosse dans le domaine de la loi islamique. Il est révéré pour son savoir, sa sagesse, sa piété et son humilité. Il est considéré comme le maître de tous les professeurs de connaissance islamiques car, si vous regardez plusieurs des grands savants de l’histoire islamique, beaucoup d’entre eux étaient des étudiants d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Sa vie demande donc une analyse approfondie car, non seulement sa vie touche chacun de nos vies, mais elle touche aussi la vie de tout Musulman aujourd’hui.
Les Imamis nomment leur école de pensée l’école « Ja’fari » ainsi appelé en son honneur. Est-ce que cela veut dire qu’il est plus important que les autres Imams? Non. Cela veut plutôt dire que l’épanouissement ainsi que la cristallisation de la connaissance islamique eut lieu à son époque. Imam Ja’far as-Sadiq (as) est tout comme Imam Hassan al-Askari (as) ou comme Imam al-Jawad (as) ou comme Imam Hussein (as). La différence en termes de capacités vis à vis du savoir réside dans le fait qu’il avait eu plus de liberté que tous les autres de répandre. C’est pourquoi on parle aujourd’hui de « Ja’fari » madhhab.
A diverses occasions, lorsque vous lisez des ouvrages de fiqh aujourd’hui, vous entendrez les gens dire: « C’est le point de vue d’Abu Hanifa… C’est le point de vue de Malik b. Anas… C’est le point de vue d’Imam as-Shafi’i… C’est le point de vue d’Imam Ahmed b. Hanbal… » et malheureusement, vous entendrez rarement: « C’est le point de vue de Ja’far as-Sadiq. » Depuis son décès jusqu’à aujourd’hui, on a causé du tort à Imam Ja’far as-Sadiq (as) au point que les plus grandes oeuvres sur le savoir d’Imam Ja’far asSadiq (as) ont été écrites par des non-Musulmans plutôt que des Musulmans. Si vous regardez les textes islamiques, Imam al-Bukhari, par exemple, dans son célèbre Sahih alBukhari, sur plus d’un millier de narrations dans Sahih al-Bukhari, il n’y en a pas une d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Il y a des récits d’Imran b. Hussein, Imran b. Hattan, Samara b. Jundub et Marwan b. Hakam mais pas un récit d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Même plus tard, lorsque des écrivains du vingtième siècle tel que Dr Ahmed Amin dans son livre, Duhal Islam, ont écrit sur la jurisprudence, il a écrit à propos d’Abu Hanifa, de Malik, d’Imam ash-Shafi’i et d’Ahmad b. Hanbal et il dit: « … et j’ai entendu que Ja’far as-Sadiq aussi avait des positions quant à la jurisprudence mais je n’en ai vu aucune. » Même Ahmed Ati’a avait un livre qui était une encyclopédie entière et un dictionnaire de la religion de l’Islam intitulé Qamoos al-Islami dans lequel il consacre quatre cent vingt pages à Imam ash Sahfi’i et seulement sept lignes à Imam Ja’far as-Sadiq (as) et au bout de ces sept lignes, il écrit: « … et il y avait quelqu’un appelé Ja’far as-Sadiq. Je pense qu’ils l’appellent Sadiq parce qu’il ne mentait pas. »
On voit donc que dans l’histoire islamique, une injustice a été commise à l’égard d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) où on tentait de cacher et d’éclipser son savoir pour donner plus de notoriété à ses étudiants. Pourquoi? Parce qu’ils savaient que si les gens apprenaient qu’il avait enseigné tant d’étudiants, ils se concentreraient sur le professeur plutôt que les étudiants. Il existe de grands ouvrages sur Imam Ja’far as-Sadiq (as) dans la littérature occidentale. Etan Kohlberg, par exemple, a écrit un extraordinaire ouvrage sur Imam Ja’far as-Sadiq (as) qui regarde les quatre cents disciples d’Imam Ja’far asSadiq (as) et les oeuvres qu’ils ont créées. Il existe une thèse de doctorat à l’Université de Strasbourg en France dont on a à présent fait un livre intitulé Ja’far as-Sadiq: le grand philosople et homme de sciences musulman. Ainsi, lorsque nous analysons la vie d’Imam Ja’far as-Sadiq (as), notre objectif est d’amener Imam Ja’far as-Sadiq (as) dans la position élévée qu’il mérite plus qu’aucun de ses étudiants.
Son enfance
Imam Ja’far as-Sadiq (as) est né en l’an 80 après l’hégire, le 17 Rabi ul-Awwal. Il est donc né le même jour que Prophète Muhammad (saw). Imam Ja’far as-Sadiq (as) a eu l’honneur d’être né le même jour que le Prophère (saw). Son amour du savoir et de l’apprentissage a débuté avec son grand-père qui est notre quatrième Imam. Imam Zayn ul-Abideen (as) était le professeur d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Imam Ja’far as-Sadiq (as) avait quinze ans lorsqu’Imam Zayn ul-Abideen (as) décéda. Ainsi, les quinze premières années d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) s’écoulèrent sous le guidage et les enseignements d’Imam Zayn ul-Abideen (as). Il avait vu Imam Zayn ul-Abideen (as) écrire Saheefa asSajjadiyah; il l’avait vu écrire Risalat ul-Huqooq et dans ce livre, il y a un chapitre qui a eu un impact profond sur l’amour d’enseigner d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Dans le Risalat ul-Huqooq, Imam Zayn ul-Abideen (as) avait écrit sur les droits de votre professeur.
Imam Ja’far as-Sadiq (as) dans sa jeunesse, alors qu’il étudiait auprès d’Imam Zayn ul-Abideen (as), lut à propos des droits du professeur. Imam Zayn ul-Abideen (as) dit: « Le premier droit du professeur dans l’Islam est que vous les regardiez quand ils parlent; puis, purifiez votre coeur pour eux quand ils enseignent; ne parlez jamais plus fort que vos professeurs; lorsque vos professeurs répondent à une question, ne les interrompez pas; si quelqu’un dit du mal de vos professeurs derrière leur dos, vous devez défendre vos professeurs. »
En d’autres termes, Imam Zayn ul-Abideen élucidait les propos de son grandpère, Amir al-Mu’mineen, quand il dit: « Quiconque m’enseigne une seule lettre devient mon maître. »
Dans les droits du professeur, quand on dit: « Regardez vos professeurs quand ils parlent… », il s’agit d’un point important à comprendre car parfois, lorsque nos professeurs parlent, nous regardons ailleurs, nous bavardons au téléphone ou nous envoyons des messages de nos Blackberries. « Purifiez votre coeur à leur égard… » 30% de notre apprentissage vient de l’intelligence alors que 70% vient de notre attitude. Si nous entrons en classe et qu’à l’intérieur, nous ne voulons pas écouter notre professeur, alors nous n’apprendrons jamais mais si nous purifions notre coeur pour notre professeur, cela fait une différence. « Ne parlez jamais plus fort que vos professeurs. » La manière dont certains de nos étudiants parlent aux professeurs est effroyable. Certains sont grossiers et arrogants. « Ne les interrompez pas et si quelqu’un s’en prend à votre professeur derrière son dos, assurez-vous de le protéger. »
Vous voyez donc qu’un professeur peut bâtir ou détruire la vie d’un être humain. Les étudiants de Socrates l’aimaient tant qu’ils étaient prêts à sacrifier leur vie pour lui quand il fut emprisonné. Umar b. Abdul Aziz mit fin au fait de maudire Ali b. Abi Talib (as) grâce à son professeur. Mu’awiya, fils de Yazid, aimait Imam Zayn ul-Abideen (as) grâce à son professeur. Un professeur peut avoir un impact important sur la vie d’un être humain.
Ainsi, Imam Ja’far as-Sadiq (as) avait appris l’importance d’enseigner d’Imam Zayn ul-Abideen (as). Il étudia ensuite auprès de son père, Imam Muhammad al-Baqir (as) au point qu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) disait: « Quand j’avais onze ans, mon père m’apprit l’astronomie et la philosophie; il m’apprit la pensée grecque, la théologie et la jurisprudence. » Tous ces sujets, Imam Ja’far as-Sadiq (as) parvint à l’apprendre auprès d’Imam Muhammad al-Baqir (as). Ainsi, dès le plus jeune âge, Imam Ja’far as-Sadiq (as) aimait apprendre. Il aimait acquérir le savoir, le sauvegarder, s’améliorer avec son savoir et le répandre.
Les circonstances qui ont aidé à répandre son savoir
Il y avait une lutte pour le pouvoir dans l’empire islamique. Lorsqu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) est né, les Omeyyades régnaient sur l’empire islamique. Il n’était pas possible pour Imam Ja’far as-Sadiq (as) d’enseigner à ce moment-là car les Omeyyades n’auraient permis à aucun des fils de Fatima Zahra (as) de répandre leur connaissance jusque là. Les gens étaient fatigués et lassés de l’hypocrisie des Omeyyades car ils les observaient et se disaient: « Vous êtes supposés représenter Dieu sur terre mais vous êtes hypocrites. Vous nous parlez de religion alors que vous ne la pratiquez pas du tout. »
La communauté voyait certains de ces Omeyyades mener une vie des plus antiislamiques qui soit. Walid b. Abdul Malik, par exemple, avait une copine. Cette copine était constamment avec lui. Un jour, ils étaient tous les deux tellement ivres qu’il lui dit: « As-tu jamais voulu conduire la prière de ta vie? – Que veux-tu dire? demanda t-elle. – Je veux que tu conduises la prière, dit-il. – Mais je suis une femme. (Qu’elle soit saoûle n’était bien sûr pas un problème pour elle.) – Ce n’est pas grave, dit-il. Va mener ces hommes et regarde-les. Pas un d’entre eux ne peut dire quelque chose contre nous. » Elle partit et mena la prière, saoûle.
Un autre exemple eut lieu un jour où Yazid II des Bani Ummayah a décidé de faire appel à des ouvriers pour construire une piscine chez lui. Il leur dit: « Je ne veux pas d’eau dans le bassin; je ne veux que de l’alcool. Mettez autant d’alcool que vous pouvez. »
Les gens étaient donc frustrés à l’époque d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Ils voyaient cette famille régner sur l’empire islamique mais tous leurs actes étaient des actes d’hypocrites. Les Omeyyades ont même tué Zayd, l’oncle d’Imam Ja’far as-Sadiq (as).
Au Yémen aujourd’hui, il y a environ neuf millions de nos frères zaydis. Ils suivent Bibi Fatima (as) et ses enfants qui sont devenus des juristes et qui ont mené des révoltes pour établir la justice. Ils suivent et rapportent les hadiths de Zayd, fils d’Imam Zayn ulAbideen (as) et frère d’Imam Muhammad al-Baqir (as). Zayd avait assisté à la tyrannie grandissante et à l’hypocrisie des Bani Ummayah durant des années. Il dit alors aux gens: « Ecoutez-moi! Je sais qu’on raconte beaucoup de choses à propos (de la personnalité) des Omeyyades. Laissez-moi aller voir en personne. » Zayd se rendit au palais de Hisham b. Abdul Malik et lorsqu’il est entré, il vit Hisham assis à côté d’un poète chrétien du nom d’al-Akhtal. Zayd entendit le poète maudire le Prophète. Zayd se leva et dit: « Comment pouvez-vous maudire mon grand-père? Vous dites être le calife et vous laissez ce Chrétien maudire le Prophète? – Présentez-vous, dit Hisham b. Abdul Malik. – Je suis Zayd, fils de Zayn ul-Abideen. – Vous êtes le fils de cette esclave de Sindh, n’est-ce pas? – Et alors? – Zayn ul-Abideen ne pouvait pas te trouver une autre mère qu’une esclave. – Il y a un Prophète de Dieu appelé Isma’il et sa mère est une esclave du nom de Hajar. Quelle honte y a t-il à cela? – Sors d’ici ou je vais en finir avec toi et tous ceux qui te soutiennent. »
En quittant le palais, Zayd décida qu’il ne permettrait jamais à un tel homme de régner tant qu’il était en vie. Zayd causa donc une révolte qui entamait la chute des Omeyyades. Les Omeyyades régnèrent sur l’Islam pendant quatre-vingt neuf ans. Le début de leur chute était du à Zayd. Il mena une armée et affronta le chef de l’armée des Omeyyades, Yusuf al-Thaqafi, le père de Hajjaj. Finalement, Zayd a été tué et ils pendirent son corps nu à un arbre pendant quatre ans. Puis, ils brûlèrent son corps et jetèrent ses cendres dans les rivières d’Iraq.
L’empire omayyade se mit à vaciller alors que les gens étaient frustrés. La bannière qu’ils hissaient clamait « al-Rida min Aal Muhammad » qui voulait dire que le commandement devrait revenir à Aal Muhammad. Les gens qui hissèrent ce slogan se mirent à adresser des lettres à Imam Ja’far as-Sadiq (as).
Abu Muslim al-Khorasani et Abu Salama al-Khallal furent les premiers à écrire à l’Imam. Imam Ja’far as-Sadiq (as) se tourna vers le gens qui lui apportèrent la lettre. Ils dirent: « Imam! Imam! Il y a un mouvement qui s’est créé pour destituer les Omeyyades et ils veulent qu’Aal Muhammad prenne le pouvoir. Imam! C’est une occasion pour vous! » Imam prit la lettre et la brûla. L’homme dit: « Imam? Qu’est-ce qui ne va pas? Les Bani Hashim reviendront [au pouvoir]. – Cela n’arrivera pas, je vous dis. Ces gens qui hissent la bannière sont mes cousins. Je les connais. Ils utilisent notre nom pour convaincre tous ceux qui nous soutiennent. Je te promets qu’ils ne vous laisseront pas toucher à leur gouvernement. » Les gens étaient surpris et les premiers à s’opposer à Imam Ja’far as-Sadiq (as) étaient ses propres cousins, Abdullah b. Hassan II b. Imam Hassan et ses deux fils Muhammad et Ibrahim. Ils dirent à Imam Ja’far as-Sadiq (as): « Que voulez-vous dire? C’est une occasion pour nous. Nous allons destituer les Omeyyades et prendre le pouvoir.
– Je vous assure que nous n’aurons aucun pouvoir. Ces Saffah et Mansur al-Dawaniqi sont ceux qui prendront le pouvoir. »
Plus tard, les Omeyyades furent remplacés par les Banu Abbass. Les Abbassides étaient les descendants d’Abbass, l’oncle du Prophète (saw). Ils étaient donc les cousins d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Personne n’a créé d’ennuis à Imam Muhammad al-Baqir (as) jusqu’à Imam Hassan al-Askari (as) autant que les Banu Abbass, bien qu’ils étaient leurs cousins. Imam Muhammad al-Baqir (as), Imam as-Sadiq (as), Imam al-Kadhim (as), Imam ar-Ridha (as), Imam al-Jawad (as), Imam Ali al-Hadi (as) et Imam Hassan al-Askari (as) ont tous été tués par leurs cousins.
Ainsi, Imam Ja’far as-Sadiq (as) dit aux descendants d’Imam Hassan: « Je vous jure que vous ne goûterez pas au pouvoir. Ces gens prétendent qu’ils veulent que les Aal Muhammad règnent sur les Musulmans mais ce n’est pas nous, ils font référence à euxmêmes. » Et ce fut ce qu’il advint. Aussiôt que les Omeyyades furent déchus, les gens dirent: « Donnez le pouvoir à Imam Ja’far as-Sadiq (as) » et les Banu Abbass répondirent: « Vous plaisantez? Nous représentons Aal Muhammad. Pas eux. Nous sommes les fils d’Abbass, ils sont les fils d’Abu Talib; nous avons autant de droit à ce pouvoir. »
Les Banu Abbass étaient tellement traîtres que les Omeyyades semblaient doux à côté de leur traîtrise. Lorsqu’al-Mansur al-Dawaniqi prit le pouvoir, la seule différence entre lui et les Omeyyades était que les Omeyyades dépensaient plus d’argent pour les Musulmans et dépensaient excessivement pour eux-mêmes. Al-Mansur al-Dawaniqi était connu pour être le plus avare des califes en 1400 années de l’histoire islamique. La seule fois où il donnait de l’argent aux pauvres était s’ils récitaient une poésie que personne n’avait entendue auparavant. Mais même là, l’argent qu’il donnait était équivalent au poids du papier sur lequel la poésie était écrite. Il disait aux gens: « Vous les gens! Je suis votre calife, et non Ja’far as-Sadiq. Laissez-le et venez à moi et je vous donnerai de l’argent. »
Lorsque les gens venaient dans sa cour, il disait: « Je vous donnerai de l’argent si vous me récitez un poème mais je vous paierai seulement si on n’a jamais entendu ce poème avant. Si on l’a déjà entendu avant, vous n’aurez rien du tout; et si on ne l’a jamais entendu avant, je vous donnerai une somme d’argent équivalent au poids du papier sur lequel vous l’avez écrit. » Il cachait ensuite deux personnes derrière un rideau. Ils étaient des spécialistes de la grammaire arabe. Ils pouvaient mémoriser les poésies rapidement. Ainsi, même si quelqu’un venait réciter un poème, ces deux-là le mémorisaient pendant qu’il le clamait, puis ils sortaient de leur cachette et répétaient le poème comme s’ils l’avaient déjà entendu auparavant et qu’il n’était pas nouveau.
Un jour, al-Asmai vint voir al-Mansur al-Dawaniqi et lui dit: « Oh calife! Je suis venu car je veux une donation. – Très bien! Récite un poème et si nous ne l’avons jamais entendu, nous te donnerons de l’argent équivalent au poids du papier sur lequel le poème est écrit. – Êtes-vous prêt? demanda al-Asmai. – Oui, dit al-Mansur al-Dawaniqi. » Il regarda ses deux autres hommes et leur dit: « Êtes-vous prêts? – Oui, dirent-ils.
– Vas-y! Vas-y! dit al-Mansur al-Dawaniqi. » Al-Asmai se mit à réciter un poème avec les mots les plus difficiles de la langue arabe et il les déformait. Al-Mansur al-Dawaniqi le regardait en se disant: « Je n’ai jamais entendu quelqu’un réciter une telle chose. Que se passe t-il? » Il regarda ses deux hommes derrière le rideau et ils étaient tous les deux déroutés aussi. Al-Mansur al-Dawaniqi lui dit: « Très bien! Donne-moi le papier sur lequel tu l’as écrit. – Je ne l’ai pas écrit sur du papier, dit-il. Je l’ai écrit sur ce gros rocher noir là-bas. » Ce jour-là, al-Mansur al-Dawaniqi ne ferma pas l’oeil car il a failli perdre toute sa fortune cette nuit-là. Le rocher pesait une tonne.
Al-Mansur était aussi un assassin sans pitié, emprisonnant et tuant plusieurs des descendants d’Imam Hassan (as) qui se révoltaient contre lui. Ainsi, Imam Ja’far as-Sadiq (as) vit al-Mansur al-Dawaniqi établir son règne et il vit qu’il était plus sage de ne pas se révolter contre lui ouvertement. Il se concentra plutôt à enseigner l’Ecole d’Ahlulbayt aux gens.
Au début, al-Mansur al-Dawaniqi n’appréciait pas l’enseignement prodigué par Imam Ja’far as-Sadiq (as).
Al-Mansur al-Dawaniqi était un jour assis dans sa loge royale durant le hajj. La famille Barmaki était d’un côté et a-Rabi’i de l’autre. Al-Mansur al-Dawaniqi empêchait les pélerins d’atteindre le Hajr ul-Aswad. Il vit quelqu’un marcher vers le Hajr ul-Aswad. Le Hajr ul-Aswad a une telle affection pour l’Ahlulbayt que lorsqu’ils marchent vers lui, il s’ouvre à eux. Ainsi, al-Mansur al-Dawaniqi se tourna vers celui qui était près de lui et dit: « Qui est cet homme qui marche là-bas? – Il est le dieu des gens d’Irak. – Que veux-tu dire? – Ils l’appellent Ja’far b. Muhammad; ils disent qu’il est as-Sadiq et que c’est un homme de piété. – Intéressant! Je n’ai jamais rencontré cet homme avant. » Les récits disent que tout à coup, un homme vint voir al-Mansur al-Dawaniqi et lui dit: « Nous avons un cas juridique et nous ne savons pas le résoudre. – De quoi s’agit-il? demanda al-Mansur al-Dawaniqi. – Nous avons trouvé un corps inerte. Nous voulons savoir quel est le prix du sang de ce corps et la somme à payer aux héritiers et nous ne savons pas qui sont les héritiers. – Et bien! Je ne sais pas comment répondre à cela. Vous autres! Vous êtes des savants. Répondez. – Nous n’en savons rien. – Qui saura alors? – Ja’far b. Muhammad doit savoir. – Appelez-le alors. »
Imam Ja’far as-Sadiq (as) vint. Al-Mansur al-Dawaniqi lui dit: « J’ai entendu que vous étiez un savant. – Je ne suis pas des ignorants. – Nous avons trouvé un corps dont la tête a été tranchée. Quel en est le prix du sang? – Cent dinars.
– Comment pouvez-vous répondre si rapidement? – Car le Coran dit qu’il y a cinq étapes dans la vie d’un homme. Il y a l’étape du sulala, puis du nufta; puis l’étape du mudhga et l’étape du idham et l’étape de la mort… Parce qu’il y a cinq étapes, cela équivaut à vingt dinars par étape et jusqu’à la mort, cela fait cent dinars. – Et qu’en est-il de l’héritage? – S’il n’y a pas d’héritiers, vous payez l’argent comme sadqa. »
Mansur regarda les gens autour de lui et dit: « Auriez-vous été capable de répondre comme Ja’far as-Sadiq? – Non, dirent-ils. – Le savoir de cet homme, ça doit être quelque chose! »
Al-Mansur al-Dawaniqi remarqua qu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) avait une canne. Cette canne était passée des mains du Prophète (saw) à Imam Ali (as) qui la donna à Imam al-Hassan (as) qui la donna à Imam Hussein (as) et elle finit par venir aux mains d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Al-Mansur al-Dawaniqi lui dit: « Je veux cette canne. – Tenez. Prenez-la. – Vous me la donnez facilement. – Si ça fait partie des choses qui ont de l’importance pour vous, alors, prenez-les. – Je vous autorise à enseigner car vous êtes un savant mais n’enseignez pas près de moi. Allez à Kufa et enseignez là-bas. »
Ce fut la plus grosse erreur d’al-Mansur al-Dawaniqi car, en autorisant Imam Ja’far as-Sadiq (as) à enseigner à Kufa, il redonna vie à l’école d’Amir al-Mu’mineen à Masjid al-Kufa. Personne n’avait enseigné ainsi depuis le temps d’Amir al-Mu’mineen.
Lorsqu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) était à Kufa, neuf cents cercles de classes étaient administrés et chaque professeur disait: « J’ai entendu Ja’far b. Muhammad dire… »
La première chose qu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) fit en tant que professeur, c’était de mettre en pratique ce qu’il prêchait. Vous pouvez enseigner mais si vous ne mettez pas en pratique ce que vous prêchez, personne ne vous écoutera. Un lundi, Imam Ja’far as-Sadiq (as) dirait: « Aime pour les autres ce que tu aimes pour toi-même. » Un mardi, il dirait: « Fais face à l’oppresseur et soutiens les opprimés. » Le mercredi, il dirait: « Nous, les Ahlulbayt, ne reprenons pas ce que nous avons donné. »
Un jeudi, lorsqu’il entra à la mosquée, il y avait un homme dans la mosquée. Mualla b. Khunais raconte: « Je vis un homme à la mosquée et il y avait mille pièces d’or près de lui. Quand il a fini sa salat, il regarda près de lui et il n’y avait plus de pièce. Il se mit en colère et se mit à crier: « Où sont mes pièces d’or? » Il n’y avait personne à la mosquée et Imam Ja’far as-Sadiq (as) venait d’arriver. Lorsqu’Imam entra dans la mosquée, cet homme le regarda et lui dit: « Vous avez pris mes pièces d’or. – Je vous promets que ce n’est pas moi, mon frère. C’est sûrement quelqu’un d’autre, lui dit Imam Ja’far as-Sadiq (as). – Non! C’est vous! Les pièces étaient là. Vous êtes le seul à la mosquée.
– Mon frère! Je vous dis que ce n’est pas moi mais si vous avez besoin des pièces de toute urgence, je peux m’arranger pour qu’on vous les donne. » [La veille, Imam Ja’far as-Sadiq (as) avait dit: ‘Nous, les Ahlulbayt, ne reprenons pas ce que nous avons donné.’] Imam Ja’far as-Sadiq (as) se tourna vers quelqu’un et lui demanda: « Pouvez-vous me trouver un millier de pièces d’or? – Oui » Il apporta mille pièces d’or et les donna à cette personne. L’homme dit: « Merci. Et à présent, laissez-moi. Vous autres, vous volez les Musulmans. » Alors qu’il sortait de la mosquée, il vit son sac avec mille pièces d’or à la porte de la mosquée. Il courut après l’Imam et alors qu’il courait, il demanda à quelqu’un: « Qui est cet homme? – Ja’far b. Muhammad, répondit-il. – Quel Ja’far b. Muhammad? Ja’far b. Muhammad as-Sadiq? [Il y avait deux Ja’far b. Muhammad à l’époque.] – Oui. » Il rattrape Imam Ja’far as-Sadiq (as) et dit: « Je vous en prie! Pardonnez-moi! Je ne savais pas que c’était vous et j’ai eu tort de vous accuser. J’ai trouvé mon sac à la porte de la mosquée. Voici vos milles pièces d’or. – Nous, les Ahlulbayt, ne reprenons pas ce que nous avons donné, répondit l’Imam. »
Ainsi, le premier aspect de son enseignement était qu’il mettait en pratique ce qu’il prêchait. Aujourd’hui, nous avons des professeurs qui disent à la communauté de rester unis alors qu’ils sont la cause de désunion. Ils disent aux gens de ne pas insulter les autres Musulmans alors qu’ils sont auteurs d’insultes.
Etudiants qui ont étudié auprès d’Imam as-Sadiq (as)
La plupart des narrateurs de hadiths d’Imam Sadiq (as) n’étaient pas des résidents de Médine; ils étaient plutôt de différentes régions tels que Kufa, la Mecque, Sana, Wasit, Qum, Ispahan, Basra, Mashhad, Halab, Rayy, Damas, Yémen, Daylam, Taef, Kabul et Andalus avec une grande majorité d’Iraq et plus particulièrement de la ville de Kufa. Ces gens qui vivaient dans diverses régions du monde musulman durant les 34 ans de fonction d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) pouvaient se rendre à Médine et écouter les hadiths de l’Imam (as). Ces séances avaient lieu essentiellement durant la période de hajj car les gens qui allaient au pélerinage faisaient un court arrêt à Médine et ils pouvaient rencontrer l’Imam (as) durant cet arrêt et écouter ses dires. Le nombre de narrateurs de hadiths d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) est de 3224.
Le plus célèbre et le premier des étudiants d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) était Nu’man b. Thabit, plus connu sous le nom de Abu Hanifa. 31% du monde musulman suit Abu Hanifa dans le domaine du fiqh. Si vous allez en Inde ou au Pakistan et si vous leur demandez : »Qui est votre maître en fiqh? », ils vous diront que leur maître est Abu Hanifa. Si vous leur demandez: « Savez-vous qui est est le professeur d’Abu Hanifa? », beaucoup vous diront: « Nous ne savons pas. » Abu Hanifa disait: « Si je n’avais pas passé mes deux ans avec Ja’far as-Sadiq, j’aurais été perdu. » Il a étudié sous la tutelle d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) pendant deux ans. Plusieurs livres ont été écrits à propos d’Abu Hanifa, mais plusieurs d’entre eux ne mentionnent même pas Imam Ja’far as-Sadiq (as). Abu Hanifa n’as pas étudié que la jurisprudence auprès d’Imam Ja’far as-Sadiq (as), il a aussi étudié les sciences. Grâce aux enseignements d’Imam Ja’far as-Sadiq (as), Abu Hanifa donna dix mille dinars à Zayd, l’oncle de l’Imam, lorsque Zayd dénonça les Omeyyades. Lorsqu’al-Mansur al-Dawaniqi était calife, Abu Hanifa refusait de conduire la prière pour al-Mansur al-Dawaniqi par respect pour Imam Ja’far as-Sadiq (as). Ils jetèrent Abu Hanifa en prison à cause de son amour pour Imam Ja’far as-Sadiq (as). Si vous allez voir les Hanafis (les adeptes d’Abu Hanifa) et si vous leur demandez: « Savezvous qui a enseigné à Abu Hanifa? », beaucoup vous diront qu’ils ne savent pas.
25% des Musulmans suivent le deuxième étudiant d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) connu sous le nom de Malik b. Anas. Si vous allez au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, demandez-leur: « Quel homme suivez-vous en fiqh? » Ils vous répondront: « Nous suivons Malik b. Anas. Demandez-leur: « Savez-vous qui était le professeur de Malik b. Anas? » Beaucoup d’entre eux ne savent pas que le professeur de Malik b. Anas était Imam Ja’far as-Sadiq (as). Malik b. Anas disait: « Aucun oeil n’a vu et aucune oreille n’a entendu un homme de savoir tel que Ja’far as-Sadiq. » Il disait: « C’est comme si je voyais Imam Ja’far as-Sadiq (as) devant moi maintenant. » Il disait aussi: « Il était tout le temps dans un des trois états: ou bien il était en jeûne, ou bien il était en prière, ou bien il enseignait ou lisait le Coran. Je jure par Allah que Ja’far b. Muhammad n’a jamais discuté de religion que s’il était en état de taharat. » Imam Ja’far as-Sadiq (as) ne prêchait jamais sans avoir fait le wudu’ avant le sermon. Il disait: « Comment puis-je faire un sermon portant sur le Prophète alors que je n’ai pas fait le wudu’? » Malik était de Médine.
Jabir b. Hayyan était le troisième étudiant d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Il maîtrisait la chimie. Si vous allez sur Google ou si vous tapez son nom sur Wikipedia, vous verrez que c’est l’homme qui a traduit Pythagore, Platon, Aristote et Socrate dans le monde islamique; c’est l’homme qui a écrit sur la cristallisation, la distillation et l’évaporation dans le monde islamique. 400 de ses traités sont à Paris. Cet homme instruit le monde à propos de la chimie. Lorsque vous lisez sa biographie, vous lirez que « Jabir b. Hayyan [était] le Père de la chimie. » Demandez au monde: « Savez-vous qui était le professeur de Jabir? » Lorsque Jabir b. Hayyan parlait de chimie, il disait: « Mon maître Ja’far as-Sadiq m’a appris à propos du calcium… et il m’a appris à propos de l’évaporation… et la distillation… et la cristallisation… et tout ce qui a trait à la chimie, je l’ai appris avec mon maître Ja’far as-Sadiq. »A Paris, lorsqu’ils parlent de Jabir b. Hayyan, on ne fait aucunement référence à Ja’far as-Sadiq, et cela est de notre faute. Nous n’avons pas soutenu les gens pour qu’ils écrivent à propos du maître de Jabir.
Ja’far al-Barmaki était un des hommes de pouvoir dans l’empire islamique. Lorsque sa fille Hassana tomba malade, on demanda qui était la meilleure personne à consulter concernant sa maladie. On répondit: « Ja’far as-Sadiq a un célèbre étudiant du nom de Jabir b. Hayyan al-Tartusi as-Sufi Abu Musa. » On amena Jabir à la maison familiale de Barmiki. Dès qu’il vit Hassana, il dit: « Je sais ce qu’elle a. – Qu’est-ce donc? – Elle manque de calcium. Et mon maître Ja’far as-Sadiq m’a appris que cela cause une fragilité osseuse; il faut donc augmenter son calcium pour qu’elle soit plus forte. »
Suite à cet incident, Jabir épouse la fille des Barmiki. Ils lui donnèrent le Jama’ alUmawi. Aujourd’hui, c’est un célèbre site touristique connu sous le nom du palais des Omeyyades en Syrie. Après les Omeyyades, il a été donné aux Abbassides et il fut ensuite
offert à Jabir. Jabir commençait chacune de ses leçons par: « Mon maître Ja’far as-Sadiq m’a appris que… »
Le quatrième étudiant d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) était un homme du nom de Hisham b. Hakam. Il y a deux Hisham dans l’histoire et on les appelle les « Hishamayn » et ce sont de grands disciples d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Un d’entre eux était Hisham b. Hakam. Ce Hisham a appris comment débattre avec les athées en passant par Imam Ja’far as-Sadiq (as). Hisham dit: « A chaque fois qu’un athée débattait avec moi, j’allais demander à Imam Ja’far as-Sadiq (as). Il me donnait une réponse et j’allais la donner à l’athée qui devenait Musulman. »
Il raconte qu’un jour un athée est venu le voir et lui dit: « Hisham! Crois-tu en Dieu? – Oui, dit Hisham. – Est-ce que ton Dieu peut tout faire? – Oui – Si ton Dieu existe, peut-Il faire tenir tout l’univers dans un oeuf sans que l’oeuf ne devienne plus grand ou l’univers plus petit? » Hisham alla voir Imam Ja’far as-Sadiq (as). L’Imam le regarda et lui dit: « Hisham! Qu’est-ce qu’il y a? – J’ai une question à laquelle je ne peux pas répondre, dit Hisham. – Tu as l’air de venir d’un voyage. Va te reposer et reviens me voir demain. » Il revint le lendemain et Imam Ja’far as-Sadiq (as): « Vas-y! Pose-moi ta question maintenant. – Un athée m’a dit: ‘Si Dieu existe, peut-Il faire tenir tout l’univers dans un oeuf sans que l’oeuf ne devienne plus grand ou l’univers plus petit?’ – Rends-moi service. Va sur le toit de la maison et jette un regard sur tout et reviens. » Hisham se rendit sur la terrasse; il regarda autour de lui et revint. Puis, l’Imam lui demanda: « Hisham, combien de sens avons-nous en tant qu’humains? – Cinq, dit Hisham. – Donne-les moi. – Je peux voir, je peux toucher, je peux goûter, je peux sentir et je peux entendre. – Quelle est la plus petite source de tes sens, Hisham? – Les plus petites sources des perceptions sensorielles sont mes yeux. – Que vois-tu avec tes yeux? Qu’as-tu vu quand tu étais en haut de la maison? – J’ai vu des arbres, des gens et des bâtiments. – Si Allah peut faire tenir tout ça dans tes yeux, pourquoi ne pourrait-il pas faire tenir l’univers dans l’oeuf? »
Quand vous allez à New York et que vous regardez tous ces gratte-ciels, vous êtes-vous jamais demandé comment Allah fait tenir l’image de tout un bâtiment dans un oeil?
Un autre jour, Hisham vint voir l’Imam et lui dit: « Il y a un athée qui veut vous voir. – Laisse-le venir. » L’athée vint et Imam Ja’far as-Sadiq (as) lui dit: « Pose ta question.
– Ja’far? – Oui. – Montre-moi Dieu. – C’est simple! Regarde le soleil. » Il regarda le soleil, puis détourna son regard. « Qu’est-ce qui ne va pas? dit l’Imam. – Les rayons du soleil m’aveuglent. – Si tu ne peux pas voir la création, comment espères-tu voir le Créateur? »
Alors que les Banu Abbass essayaient de stabiliser leur pouvoir, Imam Ja’far asSadiq (as) contrôlait la situation d’une manière différente.
Un autre athée vint voir Imam Ja’far as-Sadiq (as) et dit: « Je peux être comme votre Dieu! – Que veux-tu dire? demanda l’Imam. – Vous dites que votre Dieu crée. – Oui. – Je peux créer aussi. – Comment? – Donnez-moi de la boue et du compost, donnez-moi la bonne température et le bon environnement, je vais créer des vers. – Vas-y. Fais-le. » La personne alla chercher de la boue et du compost et en rien de temps, les vers remuaient. Imam Ja’far as-Sadiq (as) lui dit: « Alors? Qu’en penses-tu maintenant? – Je suis Dieu, répondit-il. – Tu es Dieu? demanda l’Imam. – Oui. – Et ceux-ci sont tes créatures? – Oui, ce sont mes créatures. – Très bien! Donc, ces vers sont ta création? – Oui, ce sont mes créations. – Laisse-moi te poser trois questions à leur propos car tu sembles bien les connaître. – Allez-y. – Quel est le sexe de tes créations? – Je ne sais pas. – Très bien. Ce n’est pas grave. Quel est le poids de chacun de tes vers? – Je ne sais pas. – Très bien! Tes vers vont dans un sens. Toi, en tant que leur dieu, ordonne-leur d’aller dans un autre sens. – Je ne peux pas. – Je n’ai jamais vu un dieu qui ne sait pas le poids de ses créations ni le sexe de ses créations et qui ne peut pas leur ordonner d’aller dans la direction opposée. » Cette personne rejoignit l’Islam aussitôt en disant: « Je crois en votre Dieu et je ne suis pas Dieu. »
Un autre des étudiants d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) était Sufyan al-Souri. Nos frères soufis disent qu’il y a huit grand Soufis. L’un d’entre eux était Sufyan. Si vous étudiez le soufisme, vous remarquerez deux choses à propos de ce mouvement.
Premièrement, vous touverez toujours des Soufis qui retournent aux Imams d’Ahlulbayt et deuxièmement, beaucoup de Soufis aiment Sufyan al-Souri. Ils disent qu’il était très spirituel. Mais demandez-leur: « Savez-vous qui était son professeur? » Beaucoup d’entre eux vous répondront: « Nous ne savons pas. »
Sufyan a étudié auprès d’Imam Ja’far as-Sadiq (as). Sufyan disait: « Savez-vous d’où me vient ma spiritualité? Elle me vient de Ja’far b. Muhammad. »
Il raconte: « Wallah! Je me souviens d’un jour où j’étais chez lui et il est venu s’asseoir à côté de moi et il s’est mis à pleurer. Je lui dis: ‘Oh Imam! Pourquoi pleurez-vous? – Il m’est arrivé quelque chose hier dont je ne me suis pas remis, répondit-il. – Qu’est-ce qui vous est arrivé? – J’avais des invités et j’ai dit à une de mes domestiques d’apporter à manger. Elle a apporté le repas en même temps que son bébé et la soupe bouillante s’est renversée sur son bébé et son bébé n’a pas survécu. – Imam! Pourquoi pleurez-vous? – Je ne peux pas le croire qu’en tant que maître de la maison, j’effraie autant une de mes employées qu’elle a du se précipiter à cause de moi. Quel genre de maître suis-je à faire peur mes employés? Je suis triste parce que mon employée s’est précipitée pour moi et à cause de ça, elle perdit son enfant.’ Wallah! Je ne croyais pas à l’humilité de cet homme avec un tel savoir et pourtant, il ne pouvait pas dormir tant cet incident le faisait pleurer. »
Ainsi, ces étudiants de célèbres écoles d’Islam, tous, ont étudié auprès d’Imam Ja’far as-Sadiq (as).
Toutefois, Ja’far as-Sadiq n’était pas un professeur que dans sa classe. Il était aussi un professeur en dehors de sa classe, de même qu’en ses manières et sa discipline. Imam Ja’far as-Sadiq (as) réagissait de vive voix contre al-Mansur al-Dawaniqi lorsqu’il voyait ce qu’il faisait à l’état islamique. Un jour, Imam Ja’far as-Sadiq (as) était près d’alMansur al-Dawaniqi et il vit une mouche qui l’énervait. Al-Mansur essaya de s’en débarasser encore et encore, puis il demanda à Imam Ja’far as-Sadiq (as): « Ja’far b. Muhammad! Pourquoi est-ce que Dieu a créé des mouches? – Allah a créé des mouches pour qu’elles puissent humiliter les oppresseurs. » Imam pouvait garder le silence mais il choisit de ne pas le faire car il savait que cet homme était un oppresseur et là où il y a une oppression, il faut se soulever contre l’oppression.
Certains des propres cousins de l’Imam lui causaient de l’ennui vers la fin de sa vie. Ses propres Shi’as eux-mêmes venaient le voir et lui disaient: « Oh Jafar b. Muhammad! Vous voyez que ces Abbassides oppriment les gens. Pourquoi ne dites-vous rien? Nous sommes avec vous. Nous nous battrons à vos côtés. – Vous voulez vraiment vous battre avec eux? Je n’ai pas assez de Shi’as fidèles pour combattre ces gens, disait-il. – Imam! Je suis là pour vous, dit l’un d’entre eux. Et ce sont vos Shi’as. – Tu es prêt à tout pour moi? – Oui, je suis prêt à tout pour vous.
– Vous voyez ce four? Ouvre-le et assieds-toi à l’intérieur. (signe de soumission inconditionnelle) – Imam? Quand même! » Harun al-Makki passait par là et Imam Ja’far as Sadiq (as) le regarda et lui dit: « Harun? – Oui mon maître ! – Vois-tu ce four d’argile? – Oui. – Va t’asseoir à l’intérieur. – D’accord, dit Harun. » Et il se dirigea aussitôt vers le four, l’ouvrit et s’y installa. Imam regarda la première personne qui était stupéfaite. Il se disait que Harun se faisait brûler dans le four. Puis, l’Imam dit: « Harun! Sors du four. » Harun sortit et s’en alla. Imam dit à l’homme: « Tu as vu? – Dites-moi. – Harun al-Makki ne savait pas que le four était éteint. Il est allé, il l’a ouvert et il y est rentré parce que Ja’far b. Muhammad le lui a demandé. Tu viens me dire: ‘Allons nous battre contre al-Mansur al-Dawaniqi. » Je te demande de faire une chose et tu te défiles? Si j’avais plus de fidèles comme Harun al-Makki, je me serais battu, mais je n’ai pas de gens comme lui. »
En d’autres termes, Imam Ja’far as Sadiq (as) aurait pu se révolter mais ça n’aurait pas été une réussite faute de disciples fidèles. Il décida que la meilleure chose à faire pour lui était de répandre le savoir pendant cette période. La guerre n’aurait pas mené à des résultats positifs alors qu’instruire les étudiants a mené à la renaissance de la foi dans les familles et les communautés.
Mots de sagesse pour ses Shi’as avant de mourir
Aux dernières heures de la vie d’Imam Ja’far as Sadiq (as), il s’est passé certaines choses intéressantes qui sont des leçons pour nous tous.
Imam Ja’far as Sadiq (as) dit à sa femme: « Je veux que tu donnes soixante-dix dinars à mon cousin Hassan. – Imam? Votre cousin qui a essayé de vous poignarder parce que vous ne vous êtes pas battu contre les Bani Abbass? – Oui, donne-lui soixante-dix dinars. – Comment pouvez-vous donner de l’argent à quelqu’un qui a essayé de vous poignarder? – Oh ma femme! Veux-tu que je sois de ceux que Allah méprisera le Jour du Jugement pour n’avoir jamais fait preuve de silat al-rahm?
On dit que la senteur du Paradis sera perceptible à une distance de deux mille ans mais celui qui a désobéi à ses parents ou qui a rompu toute relation avec sa famille ne pourra jamais sentir le Paradis.
Les derniers mots de l’Imam avant qu’il ne décède est un message pour nous tous. Il regarda sa famille et dit: « Dites aux Shi’as que ceux qui négligent leurs prières ne recevront pas notre shifa’at (intercession) le Jour du Jugement. »
Il a utilisé le mot « négliger » plutôt qu' »abandonner », voulant parler de ceux qui considèrent leurs prières comme n’étant pas importantes. Si l’heure de la prière est à 1:00, ils prient à 6:00. Le véritable fidèle « Ja’fari » d’Imam Ja’far as Sadiq (as) est celui qui ne néglige jamais sa prière et s’assure au contraire que sa salat est faite de manière rigoureuse et attentive.
Juste avant de mourir, il dit: « Je promets à ceux de mes adeptes que s’ils accomplissent ma ziyarah à Médine, je demanderai à Allah de pardonner leurs péchés le Jour du Jugement et je m’assurerai qu’ils ne meurent pas dans la pauvreté. »
Un instant après, Imam dit à nouveau: « S’il vous plaît, mes adeptes! Soyez vrais et véridiques et n’allez pas à l’encontre de vos promesses; ainsi, les gens diront: ‘C’est un véritable adepte Ja’fari de Ja’far as-Sadiq’ et si vous faites des choses embarassantes, les gens diront: ‘Regardez Ja’far as-Sadiq. Il ne savait pas comment éduquer ses fidèles. »
Il est essentiel que nous nous considérions comme des « Ja’fari » et que nous honorions le véritable message d’Imam as-Sadiq (as).
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad