Dans la douceur poudreuse des jours d’antan, en ces instants nébuleux tissés de foi et de destin, l’écho des sandales contre le sable porte jusqu’à nous un récit d’une valeur incommensurable. L’histoire, narrée avec la solennité de ceux qui l’ont vécue, nous entraîne dans les méandres d’un moment des plus sacrés où l’âme de Qobâ fut touchée par une vision prophétique.
Les pieux convertis de Qobâ, animés par une ferveur ardente, manifestèrent auprès du Prophète leur profond désir de voir ses mains dessiner l’avenir de leur communauté. Cet élan spirituel les poussa à solliciter de lui, avec une respectueuse déférence, la pose de la première pierre d’un sanctuaire destiné à la louange du Divin.
La réponse du Prophète fut imprégnée de la sagesse et de la portée symbolique qui caractérisent les gestes des envoyés célestes consistant à laisser son chameau déterminer le lieu de ce premier édifice de l’islam. Il invita ses proches compagnons à l’accompagner dans une démonstration de foi itinérante. Parmi eux, deux figures, Abû Bakr et ‘Omar, qui prirent chacun leur tour place sur le dos du chameau. Néanmoins, la bête demeura impassible, un refus silencieux scellé dans le sable et le temps.
Ce fut alors le tour de ‘Alî, le fidèle Lieutenant, homme d’action et de confiance du Prophète, qui fut appelé à monter à son tour. Son pied à peine posé sur l’étrier, un miracle se dessina : le chameau, autrefois rebelle, se redressa avec une soumission soudaine et révérencieuse. Le Prophète, observateur attentif des signes divins, lui donna alors libre cours, choisissant de ne pas guider ses pas.
Tel un vaisseau de prophétie, le chameau entama une procession solennelle autour d’une parcelle élue, avant de s’agenouiller humblement là où les fondations du futur seraient érigées. Le lieu ainsi désigné par la volonté divine fut marqué par le Prophète. Définissant la Qiblah avec une précision céleste, il déposa la pierre de fondation du masjid, qui se dresse encore aujourd’hui, témoignant dans ses pierres et son espace de la solidité de la foi et de l’engagement inébranlable de ceux qui le fondèrent.
Ce sanctuaire, immortalisé dans les vers sacrés du Coran, trouve sa mention dans la sourate al-Tawbah verset 108 : « Car une Mosquée fondée dès le premier jour, sur la piété, est plus digne que tu t’y tiennes debout [pour y prier]. On y trouve des gens qui aiment bien se purifier, et Allah aime ceux qui se purifient. », lien indélébile entre le texte divin et l’empreinte humaine sur la terre. Cette édification, plus qu’un acte de construction, fut une affirmation de foi, un pacte renouvelé entre le ciel et la terre, entre le Prophète et sa communauté, entre le créateur et les créés. Voilà, gravé dans le marbre de l’histoire et le cœur des fidèles, le récit de la première pierre de Qobâ.
Suite : Chapitre 7 : Alî Ibn Abi Taleb, la Fondation de la Mosquée de Médine