sam
Well-known member
Salâm salâm
Question:
Quelle est la différence entre la
philosophie (Hikmât) et la gnose ('irfân) ?
Réponse:
Pour donner une certaine cohérence à la question, nous allons d’abord parler de la Hikmât et la philosophie et développer l’Irfân à la fin. Nous terminerons par la raison et ses différentes extensions et niveau. En effet, ceux qui emploient cette notion ne l’entendent pas de la même manière. Chaque groupe de penseurs et de personne perçoit le concept de raison à sa manière.
PHILOSOPHIE
Plusieurs définitions sont présentées selon que les avis divergent. Raison pour laquelle on ne saurait se contenter d’une définition. En effet, il faut d’abord voir quelle projection chaque philosophie offre sur la connaissance, comment l’y accéder et l’objectif final. En guise d’exemple, si nous définissons la philosophie comme la connaissance de la réalité des choses, il faut voir par quel moyen on passe pour accéder à la réalité des choses. Peut-on arriver aux réalités des choses en s’appuyant sur les raisonnements philosophiques ? En d’autres termes, avec la philosophie peut-on atteindre le rang que les prophètes ont atteint après l’avoir demandé à Dieu ?
Il est clair qu’une science essentiellement fondée sur les notions abstraites, rationnelles, sur les raisonnements et la nature des choses ne peut traduire la philosophie définie comme la connaissance de la réalité des choses. Donc si nous regardons bien, c’est en s’intéressant à une seule philosophie que nous verrons quelles définitions nous devons avoir de la philosophie dans cet ordre particulière de la pensée et le but que nous aurons réellement atteint avec cette conception philosophique.
Le mot « Philosophie » ou « Philosophia » se compose de deux éléments : philo qui signifie « amour » et Sophia qui veut dire « savoir ». on dit que Pythagore est celui qui a employé ce mot pour la première fois. Lorsqu'on lui demanda s’il était savant, il répondit : « Non ! Mais j’aime le savoir (philosopher) ». Donc à l’origine la philosophie signifiait l’amour du savoir ». La philosophie qui a abouti sur la philosophie occidentale et la civilisation occidentale est marquée par une évolution historique particulière. L’ensemble de leurs efforts intellectuels porte sur l’importance qu’ils accordent à l’argument rationnel, partiel qui remplace la révélation et les perceptions spirituelles de l’être divin de l’homme. Il cherche le but de l’univers et de l’homme dans la raison au sens occidental du terme. A cet effet, la philosophie au sens particulier du mot renvoie à tout effort rationnel et mental pour saisir les réalités de l’univers par le raisonnement.
Si nous avons une telle conception de la philosophie - comme quelque chose qui cherche seulement à saisir logiquement les phénomènes – il est évident que nous n'accéderons jamais à la vérité de l’univers (Dieu) et nous ne refléterons jamais son image comme l’affirment ceux qui ont une définition de la philosophie allant dans ce sens. En effet, pour tendre vers la vérité de l’univers, il faut une autre méthode plus élevé de connaissance au-delà de l’esprit. C’est pour cela que certains retiendront quand il faut désigner la connaissance de l’univers par « philosophie », préférant plutôt le mot « Hikmât » qui est un terme coranique.
HIKMAT
Avant d’aborder la question de Hikmât, nous rappelons que la philosophie telle que nous l’avons est une notion générale pour désigner les pensées et différents courants idéologiques dans l’histoire. Donc parfois Hikmât que nous allons désigner par « philosophie divine » est vu par ceux qui s’en intéresse comme une forme de philosophie, bien que son domaine va au-delà d’une simple perception mentale. Nous dirons alors que la philosophie divine se distingue de la philosophie ordinaire par son origine absolue et divine. Elle est présentée dans le coran comme un don de Dieu. Aux Imâms, aux Prophètes et à certaines figures élevées de l’histoire. Parmi les gens connus comme philosophes, il y en a qui en avaient profité de la philosophie divine (au sens évoqué) qu’ils ont acquis d’une autre manière que le raisonnement philosophique logique.
Par exemple, Sheikh Shahabûdîn Sohravardî qui a donné à ses œuvres le titre de « Hikmât » disait que ne peut comprendre son livre que ceux qui guidés vers la lumière divine par les religieux qui sont les représentants de Dieu sur terre. Il écrit en effet ; « Nul ne peut percer le secret de ce livre que s’il consulte celui qui a atteint le rang de représentant de Dieu (calife de Dieu) et qui maîtrise la science de ce livre ». Il déclare également au sujet du titre de Hakîm (celui qui connait la philosophie divine) : « ne peut porter dignement le nom de Hakîm que celui qui perçoit les choses supra-naturelles et y trouve de l’engouement ».
La distinction entre la philosophie et Hikmât au sens précis du terme est de vigueur dans le monde islamique dès le début. Ce qui fait que beaucoup de savants ont fait la part des choses entre la philosophie telle que définit en Grèce et la philosophie divine (Hikmât ilahî), la connaissance du coran et l’école Ahl-ul-bayt (As). Vue sous cet angle, la philosophie est essentiellement un fruit de la lutte et n’a rien à voir avec la Hikmât. En bref, nous dirons en ce qui concerne la philosophie et Hikmât que la Hikmât est autre chose que la philosophie même si elle est parfois exposée avec le langage philosophique.
IRFANE
Comparé à la philosophie et Hikmât, l’Irfân présente une définition claire. Sans toutefois, percer sa réalité finale on peut se référer aisément à certains indices et comprendre sa signification et ce qui la distingue de la philosophie. En effet, l’Irfân manifestement concerne les perceptions internes et illuminations qu’on n’acquiert en allant à l’école ou en procédant au raisonnement logique. En d’autres termes, l’Irfân est une manière de connaître Dieu par la voie de perception interne de l’âme à laquelle on accède grâce à la purification de l’âme et à la sérénité intérieure. L’Irfân a deux aspects : théorique et pratique. L’Irfân théorique est composée d’une série de perception interne à laquelle on accède grâce l’illumination et la découverte intérieure du monde de l’existence. Une série d’attitudes harmonisées et rédigés par des personnes remplissant les conditions et ayant fait cette expérience. L’Irfân pratique consiste à mettre en application le code pratique requis pour combattre les passions concupiscentes de l’âme et atteindre l’élévation spirituelle et la perfection quasi absolue du monothéisme grâce aux orientations d’un maître qui connait le parcours. L’initié qui suit les recommandations du vieux maître et évolue dans la voie avec sincérité et volonté accède ainsi aux réalités.
LA RAISON ET SES ASPECTS
La raison, le discernement ou le savoir sont des termes que les gens emploient généralement. Dieu est le savant par excellence, la raison supérieure et la source de la raison en générale. Tous les hommes affirment qu’ils sont dotés de faculté de raison. Nous devons donc nous attarder sur les différents usages de ce mot. D'une part, si la religion dit que la raison est la substance abstraite la plus aimée des créatures, que Dieu a parfait ceux qu’Il aime, il est important de saisir la nature de cette substance qui donne à notre existence la valeur et de bien connaître ses différents aspects. En effet, si chaque notion est normalement employée, les frontières de l’ignorance se rétréciront.
Nous savons qu’au début, l’islam avait un ennemi nommé Abou al Hekam (détenteur de la Hikmât). Il s’agit d’abou Hekam Amrou ibn Hisham ibn Mouguira Makhzoumi qui comme dit Molawi aimait beaucoup tout ce qui tournait autour du rationnel. Avec tout cela, le Prophète (As) le surnomma Abou Jahl pour dévoiler la nature de ce qu’il croyait être le discernement alors qu’il nageait dans l’ignorance et les ténèbres. Il est connu dans l’histoire sous ce surnom. Après cette introduction, nous énumérerons à présent les différentes formes de raisons.
La raison ou 'aql dans la science du Kalam renvoie aux concepts intellectuels que l’entendement pratique général de l’homme appréhende. Dans le raisonnement en logique (logique aristotélicienne) la raison équivaut aux vérités qu’on obtient en partant du raisonnement. En psychologie on le désigne par capacité de perception. Mais en philosophie primaire, la raison prend un sens particulier et elle est considérée comme l’une des premières répartitions de l’existence qui n’a aucun rapport avec l’esprit de raisonnement. Ici la raison a un autre sens que ce que l'on connaît. Elle fait allusion aux choses abstraites, c’est-à-dire les choses qui n’ont rien à voir avec le concret. On les désigne techniquement par « substances séparées » ou « les êtres illuminés ». Définir ainsi la raison marque une différence avec la raison prise comme faculté de perception. Certains ont répartit la raison, en raison pratique et raison théorique. En effet, les fruits de la raison se retrouvent souvent dans l’être et le néant, tantôt dans les devoirs et tantôt dans les interdits.
La première est la raison théorique, la seconde la raison pratique. La raison pratique à son tour a deux niveaux, l’un qui ne s’intéresse qu’à la manière de gérer les choses de la vie ici-bas : la raison calculatrice ou partielle qui s’emploie à combler les jouissances. L’autre est la raison certaine qui éradique les fausses passions. Cette raison a des niveaux selon le degré de foi et de certitude. Les prophètes et les guides pieux incarnent le plus haut degré de cette raison grâce à laquelle ils perçoivent directement les réalités de l’univers. Tous les prophètes ont été envoyés pour éveiller ce genre de raison ou discernement dissimilé dans la nature intrinsèque de chaque être humain.
L’imam Ali (As) disait :
« Dieu a suscité les prophètes pour réveiller l’impulsion spirituelle endormie en eux »
Si l’Imâm faisait allusion à la raison telle que définie par la philosophie grecque, l’homme aurait grâce
à la civilisation occidentale atteint le degré de perfection des prophètes. C’est plutôt le contraire que nous vivons.
SOURCE: ISLAMQUEST.NET
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