Hermeneutique
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Salem,
Je reprends quelques activités sur ce forum. Afin d'eviter tout débat stérile avec ma personne, je vais me contenter désormais de faire parler uniquement les documents. Il appartiendra à chaque personne de les lire tranquillement pour faire sa propre conclusion. Je vais commencer par ce document établi par un chercheur français, dont je ne vois pas, à priori, l'interet d'etre subjetif. Je continuerai incha Allah avec des extraits de nos 4 livres-references- chiites que vous connaissez certainement, cad: Al-Kafi , AlTahzeeb , AlIsTibSar et man la YahDuruhu Alfaqeeh.
La question principale ici est: mais d'ou vient la notion de marjaiyya chez les chiites? Qui l'a instaurée? Est-Elle issue de hadiths du prophete et ou de nos 12 saints imans (as)?
L'histoire va parler incha Allah à travers les documents que je vous exposerai petit à petit. Merci à l'avance de les lire avec un oeil. objectif.
Voici un long extrait du document que vous pouvez consulter google en tapant en mots clés: LES AUTORITÉS RELIGIEUSES
DANS LE CHIISME DUODÉCIMAIN CONTEMPORAIN.
===
Arch. de Sc. soc. des Rel., 2004, 125, (janvier-mars 2004) 63-78
Sabrina MERVIN
......selon les doctrines, le douzième imam « disparut », entra en occultation, en
874. Vivant, mais caché, il continua, dans un premier temps, à communiquer ses
prescriptions aux fidèles par l’intermédiaire de quatre agents : ce fut la période de
l’occultation mineure. Puis, à partir de 941, il cessa d’avoir recours à des agents, et
le lien avec ses adeptes fut rompu : on entra dans la période de l’occultation
majeure, qui se poursuit actuellement. Les croyances chiites veulent que, au terme
de cette période, l’imam attendu, le Mahdî ou Qâ’im, reviendra sur terre pour y
restaurer la justice, avant la fin des temps et le jugement dernier.
Ainsi, à partir de 941, la communauté des croyants se retrouva sans guide,
aussi bien pour les affaires spirituelles que pour les affaires temporelles. Selon le
hadîth chiite, « Toute bannière élevée avant le soulèvement du Qâ’im appartient à
un rebelle contre Dieu (tâghût) », tout pouvoir politique était considéré comme
inique, illégitime (8). Or, le temps passant, il devenait de plus en plus difficile, pour
la communauté, de se passer d’autorité, de référence. Des questions centrales
restaient sans réponse : à qui verser les impôts religieux ? Qui peut diriger la prière
du vendredi ou lancer le jihâd ? Qui détient le pouvoir de statuer, de juger, d’arbitrer
les conflits et de faire appliquer les peines, en l’absence de l’imam ? Peu à peu,
les oulémas procédèrent à une élaboration doctrinale, afin de s’attribuer les fonctions
et les pouvoirs de l’imam, et d’agir en son nom en tant que son délégué (nâ’ib
al-imâm) (9). En outre, ils impulsèrent un processus de rationalisation, voire
d’idéologisation des doctrines qui s’effectua par étapes successives, au moyen,
notamment, de l’introduction de différents concepts clefs. C’est ce long processus
qui allait permettre à Khomeini de concevoir sa théorie de wilâyat al-faqîh, « le
pouvoir politico-charismatique » ou « guidance » du théologien-juriste, sur laquelle
est fondé l’État islamique en Iran (10).
L’ouverture de la « porte de l’ijtihâd », selon l’expression en vigueur, est le
volet principal de ce processus. L’exercice de l’ijtihâd consiste à extraire les prescriptions
du droit islamique des quatre sources de ce droit, c’est-à-dire, d’une part,
des textes sacrés que sont le Coran et la sunna et, d’autre part, d’une série de
méthodes et de techniques que l’on regroupe autour des concepts de consensus
(ijmâ‘) et de raisonnement analogique (qiyâs) chez les sunnites, et de raison (‘aql)
chez les chiites. C’est dire qu’il s’agit d’élaborer les normes de la loi sacrée, la
charî‘a. Le fait d’exercer l’ijtihâd permet donc de répondre à de nouvelles questions,
de réagir à de nouvelles situations et, plus largement, d’introduire le
changement dans les normes tout en revenant aux textes. Il s’oppose au taqlîd, le
conformisme juridique, consistant à reproduire les normes établies par les anciens.
......
C’est dans ce mouvement d’ouverture que réside une différence essentielle
entre l’histoire des doctrines chiites et celle des doctrines sunnites. En effet, même
si cette théorie doit être modulée et affinée aujourd’hui, les historiens admettent
que le droit islamique sunnite est théoriquement figé, depuis la fixation de ses
quatre écoles (malékite, hanéfite, hanbalite et chaféite), au XIe siècle. Depuis cette
date en effet, les juristes ont eu une large tendance au conformisme, hormis les
exceptions notoires de grands savants de l’islam tels Ghazâlî (m. 1111), Ibn
Taymiyya (m. 1328) ou Suyûtî (m. 1505). Cette situation a perduré jusqu’au XVIIIe
siècle, lorsque quelques oulémas commencèrent à prôner l’exercice de l’ijtihâd.
Puis, le mouvement s’est intensifié, à partir de la fin du XIXe siècle, quand des
modernistes revendiquèrent la réouverture de sa porte, afin de mettre l’islam en
accord avec l’esprit du siècle. On considère ainsi que c’est le choc avec la culture
envahissante de l’Europe qui incita des oulémas réformistes à réagir et à entamer
une réflexion sur la question.
Au même moment, en Iran,
le souverain safavide Shah Tahsmap nommait le juriste al-Muhaqqiq al-Karakî
(m. 1534) représentant de l’imâm (11).
Ce courant du chiisme duodécimain, appelé
usûlî, se renforça au XIIIe siècle ; il devint majoritaire, et les doctrines s’affinèrent
(12).
Selon cettethéorie, les croyants doivent se conformer aux avis émis par le marja‘, pour tout ce
qui concerne les questions afférant au droit islamique : d’où un nouveau sens du
terme taqlîd, qui désigne désormais, pour les chiites, le fait de se conformer aux
prescriptions d’un marja‘ vivant, et non pas, comme c’est le cas chez les sunnites,
de se conformer aux écrits des anciens oulémas d’une école juridique donnée. Les
prescriptions, parallèlement, s’étaient élargies à tous les domaines de la vie sociale
et politique. Ainsi les oulémas pouvaient-ils s’arroger certaines fonctions de
l’imam, comme celle de déclarer le jihâd : ce que fit Ja‘far Kâshif al-Ghitâ’
(m. 1812), lorsqu’il autorisa Fath ‘Alî Shah à mener la guerre sainte contre les
Russes (14). Si, par ce geste, le clerc cautionna la politique du prince, d’autres
cessèrent ensuite de composer avec le pouvoir, quitte à s’opposer à lui. La fatwâ
que promulgua Muhammad Hasan al-Shîrâzî fut une première étape. Après cela,
des clercs s’investirent dans les affaires politiques et, notamment, participèrent au
mouvement constitutionnaliste (1906-1911) visant à restreindre le pouvoir du Shah.
Après les travaux d’al-Ansârî, d’autres oulémas précisèrent la doctrine, quant
aux modalités du taqlîd et aux critères de choix du marja‘, et mirent en place le
fonctionnement de l’institution. Plus tard, des écrits tendirent à montrer qu’elle
datait des débuts du chiisme et dressèrent des listes de marja‘, à partir des plus
anciens. Même si l’idée a été reprise par des chercheurs, il s’agit bien là d’une
« tradition inventée » (15).
Selon cette doctrine, tout croyant doit suivre les prescriptions d’un marja‘,
énoncées par celui-ci dans un traité pratique de droit islamique, ainsi qu’à ses
fatwâ. S’il opte pour un marja‘ selon des règles établies, elles ne sont pas contraignantes
et son choix s’opère donc, au bout du compte, en toute liberté. Les
ancrages ethniques, claniques, locaux et familiaux constituent bien évidemment des
facteurs influents, mais pas forcément décisifs. En outre, il arrive que des adeptes
d’un marja‘ en suivent un autre, pour certaines questions : ainsi, par exemple, dans
les années 1980, bon nombre de chiites suivaient Kho’i (m. 1992) pour les questions
religieuses classiques, et Khomeini (m. 1989) pour les affaires politiques.
Kho’i étant par ailleurs très rigoriste en matière de voile, puisqu’il prescrivait aux
femmes de se cacher le visage, il leur laissait le loisir de suivre un autre marja‘, sur
ce point précis ; certaines se référaient donc à Khomeini en la matière (16). Enfin,
le croyant doit régler ses impôts religieux au marja‘ qu’il suit. Ainsi, il lui verse la
zakât, un impôt commun aux grandes branches de l’islam, mais aussi le khums,
spécifique au chiisme, se montant au cinquième de ce qui lui reste lorsqu’il a
dépensé ce qu’il lui faut pour vivre.
............etc...
Sabrina MERVIN
CNRS
74
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
(32) LAMBTON, 1964 ; Martin, op. cit., pp. 263-264 ; ABDUL-JABAR, op. cit., pp. 82-84 ;
AL-HASANÎ, 1993.
(33) Hânî Fahs, réponses écrites à un questionnaire, Beyrouth, 1999.
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75
LES AUTORITÉS RELIGIEUSES DANS LE CHIISME DUODÉCIMAIN CONTEMPORAIN
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MOMEN Moojan, An Introduction to Shi’i Islam, New Haven-Londres, Yale University Press, 1985.
RA’ÛF ‘Âdil, Muhammad Muhammad Sâdiq al-Sadr, marja‘iyyat al-maydân, mashrû‘uhu al-taghyyurî
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Oxford University Press, 2001, pp. 230-246.
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Princeton University Press, 2002.
ZEGHAL Malika, « État et marché des biens religieux en Islam », Critique internationale, no 5, automne
1999, pp. 75-95.
ZEGHAL Malika, « Religion and Politics in Egypt: the ulema of al-Azhar, radical islam and the State
(1952-1994)», IJMES, 31, 1999, pp. 371-399.
76
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
Résumé
Face aux pouvoirs politiques en place, les oulémas chiites ont adopté une attitude
de réserve, voire de contestation, car ils considèrent que seul l’imam est à même
d’exercer l’autorité spirituelle et politique sur la communauté des croyants. À partir
du XIe siècle, ils élaborèrent des doctrines leur permettant d’élargir leur autorité religieuse,
jusqu’à l’institution de la marja‘iyya. Depuis la fin du XIXe siècle, celle-ci s’est
développée et organisée en une autorité religieuse supra-étatique et transnationale,
plus ou moins centralisée, dont l’indépendance par rapport à l’État repose sur l’autonomie
financière des clercs. Ceux-ci constituent une élite religieuse soucieuse d’assurer
sa cohésion et sa reproduction. Cependant, la vulgarisation du savoir, promue
notamment par la République islamique d’Iran, a amené de nouveaux acteurs. Quant à
la marja‘iyya, elle fait l’objet de débats qui tendent à l’organiser.
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Je reprends quelques activités sur ce forum. Afin d'eviter tout débat stérile avec ma personne, je vais me contenter désormais de faire parler uniquement les documents. Il appartiendra à chaque personne de les lire tranquillement pour faire sa propre conclusion. Je vais commencer par ce document établi par un chercheur français, dont je ne vois pas, à priori, l'interet d'etre subjetif. Je continuerai incha Allah avec des extraits de nos 4 livres-references- chiites que vous connaissez certainement, cad: Al-Kafi , AlTahzeeb , AlIsTibSar et man la YahDuruhu Alfaqeeh.
La question principale ici est: mais d'ou vient la notion de marjaiyya chez les chiites? Qui l'a instaurée? Est-Elle issue de hadiths du prophete et ou de nos 12 saints imans (as)?
L'histoire va parler incha Allah à travers les documents que je vous exposerai petit à petit. Merci à l'avance de les lire avec un oeil. objectif.
Voici un long extrait du document que vous pouvez consulter google en tapant en mots clés: LES AUTORITÉS RELIGIEUSES
DANS LE CHIISME DUODÉCIMAIN CONTEMPORAIN.
===
Arch. de Sc. soc. des Rel., 2004, 125, (janvier-mars 2004) 63-78
Sabrina MERVIN
LES AUTORITÉS RELIGIEUSES
DANS LE CHIISME DUODÉCIMAIN CONTEMPORAIN
.....DANS LE CHIISME DUODÉCIMAIN CONTEMPORAIN
......selon les doctrines, le douzième imam « disparut », entra en occultation, en
874. Vivant, mais caché, il continua, dans un premier temps, à communiquer ses
prescriptions aux fidèles par l’intermédiaire de quatre agents : ce fut la période de
l’occultation mineure. Puis, à partir de 941, il cessa d’avoir recours à des agents, et
le lien avec ses adeptes fut rompu : on entra dans la période de l’occultation
majeure, qui se poursuit actuellement. Les croyances chiites veulent que, au terme
de cette période, l’imam attendu, le Mahdî ou Qâ’im, reviendra sur terre pour y
restaurer la justice, avant la fin des temps et le jugement dernier.
Ainsi, à partir de 941, la communauté des croyants se retrouva sans guide,
aussi bien pour les affaires spirituelles que pour les affaires temporelles. Selon le
hadîth chiite, « Toute bannière élevée avant le soulèvement du Qâ’im appartient à
un rebelle contre Dieu (tâghût) », tout pouvoir politique était considéré comme
inique, illégitime (8). Or, le temps passant, il devenait de plus en plus difficile, pour
la communauté, de se passer d’autorité, de référence. Des questions centrales
restaient sans réponse : à qui verser les impôts religieux ? Qui peut diriger la prière
du vendredi ou lancer le jihâd ? Qui détient le pouvoir de statuer, de juger, d’arbitrer
les conflits et de faire appliquer les peines, en l’absence de l’imam ? Peu à peu,
les oulémas procédèrent à une élaboration doctrinale, afin de s’attribuer les fonctions
et les pouvoirs de l’imam, et d’agir en son nom en tant que son délégué (nâ’ib
al-imâm) (9). En outre, ils impulsèrent un processus de rationalisation, voire
d’idéologisation des doctrines qui s’effectua par étapes successives, au moyen,
notamment, de l’introduction de différents concepts clefs. C’est ce long processus
qui allait permettre à Khomeini de concevoir sa théorie de wilâyat al-faqîh, « le
pouvoir politico-charismatique » ou « guidance » du théologien-juriste, sur laquelle
est fondé l’État islamique en Iran (10).
L’ouverture de la « porte de l’ijtihâd », selon l’expression en vigueur, est le
volet principal de ce processus. L’exercice de l’ijtihâd consiste à extraire les prescriptions
du droit islamique des quatre sources de ce droit, c’est-à-dire, d’une part,
des textes sacrés que sont le Coran et la sunna et, d’autre part, d’une série de
méthodes et de techniques que l’on regroupe autour des concepts de consensus
(ijmâ‘) et de raisonnement analogique (qiyâs) chez les sunnites, et de raison (‘aql)
chez les chiites. C’est dire qu’il s’agit d’élaborer les normes de la loi sacrée, la
charî‘a. Le fait d’exercer l’ijtihâd permet donc de répondre à de nouvelles questions,
de réagir à de nouvelles situations et, plus largement, d’introduire le
changement dans les normes tout en revenant aux textes. Il s’oppose au taqlîd, le
conformisme juridique, consistant à reproduire les normes établies par les anciens.
......
C’est dans ce mouvement d’ouverture que réside une différence essentielle
entre l’histoire des doctrines chiites et celle des doctrines sunnites. En effet, même
si cette théorie doit être modulée et affinée aujourd’hui, les historiens admettent
que le droit islamique sunnite est théoriquement figé, depuis la fixation de ses
quatre écoles (malékite, hanéfite, hanbalite et chaféite), au XIe siècle. Depuis cette
date en effet, les juristes ont eu une large tendance au conformisme, hormis les
exceptions notoires de grands savants de l’islam tels Ghazâlî (m. 1111), Ibn
Taymiyya (m. 1328) ou Suyûtî (m. 1505). Cette situation a perduré jusqu’au XVIIIe
siècle, lorsque quelques oulémas commencèrent à prôner l’exercice de l’ijtihâd.
Puis, le mouvement s’est intensifié, à partir de la fin du XIXe siècle, quand des
modernistes revendiquèrent la réouverture de sa porte, afin de mettre l’islam en
accord avec l’esprit du siècle. On considère ainsi que c’est le choc avec la culture
envahissante de l’Europe qui incita des oulémas réformistes à réagir et à entamer
une réflexion sur la question.
Les doctrines chiites connurent le mouvement inverse. Alors que la porte de
l’ijtihâd se fermait chez les sunnites, les chiites s’employèrent à l’ouvrir de plus en
plus largement et à octroyer des pouvoirs croissants aux oulémas. Al-Tûsî
(m. 1067) donna la première impulsion à ce mouvement, que poursuivirent les
savants de Hilla Ibn Idrîs (m. 1201), al-Muhaqqiq (m. 1277), al-‘Allâma (m. 1325),
puis d’autres du Jabal ‘Âmil (l’actuel Liban-Sud), Zayn al-Dîn al-‘Âmilî dit « le
l’ijtihâd se fermait chez les sunnites, les chiites s’employèrent à l’ouvrir de plus en
plus largement et à octroyer des pouvoirs croissants aux oulémas. Al-Tûsî
(m. 1067) donna la première impulsion à ce mouvement, que poursuivirent les
savants de Hilla Ibn Idrîs (m. 1201), al-Muhaqqiq (m. 1277), al-‘Allâma (m. 1325),
puis d’autres du Jabal ‘Âmil (l’actuel Liban-Sud), Zayn al-Dîn al-‘Âmilî dit « le
Second Martyr » (m. 1557) et son fils Hasan (m. 1602).
Au même moment, en Iran,
le souverain safavide Shah Tahsmap nommait le juriste al-Muhaqqiq al-Karakî
(m. 1534) représentant de l’imâm (11).
Ce courant du chiisme duodécimain, appelé
usûlî, se renforça au XIIIe siècle ; il devint majoritaire, et les doctrines s’affinèrent
(12).
L’institution de la marja‘iyya, pilier de l’autorité religieuse
Un pas décisif fut franchi avec la systématisation de la référence à un savant
habilité à exercer l’ijtihâd, en matière de prescriptions religieuses. Elle fut mise en
oeuvre par Murtadâ al-Ansârî (m. 1864), qui institua la fonction de marja‘, « référence
à suivre », ou « source d’imitation » pour les croyants (13).
habilité à exercer l’ijtihâd, en matière de prescriptions religieuses. Elle fut mise en
oeuvre par Murtadâ al-Ansârî (m. 1864), qui institua la fonction de marja‘, « référence
à suivre », ou « source d’imitation » pour les croyants (13).
Selon cettethéorie, les croyants doivent se conformer aux avis émis par le marja‘, pour tout ce
qui concerne les questions afférant au droit islamique : d’où un nouveau sens du
terme taqlîd, qui désigne désormais, pour les chiites, le fait de se conformer aux
prescriptions d’un marja‘ vivant, et non pas, comme c’est le cas chez les sunnites,
de se conformer aux écrits des anciens oulémas d’une école juridique donnée. Les
prescriptions, parallèlement, s’étaient élargies à tous les domaines de la vie sociale
et politique. Ainsi les oulémas pouvaient-ils s’arroger certaines fonctions de
l’imam, comme celle de déclarer le jihâd : ce que fit Ja‘far Kâshif al-Ghitâ’
(m. 1812), lorsqu’il autorisa Fath ‘Alî Shah à mener la guerre sainte contre les
Russes (14). Si, par ce geste, le clerc cautionna la politique du prince, d’autres
cessèrent ensuite de composer avec le pouvoir, quitte à s’opposer à lui. La fatwâ
que promulgua Muhammad Hasan al-Shîrâzî fut une première étape. Après cela,
des clercs s’investirent dans les affaires politiques et, notamment, participèrent au
mouvement constitutionnaliste (1906-1911) visant à restreindre le pouvoir du Shah.
Après les travaux d’al-Ansârî, d’autres oulémas précisèrent la doctrine, quant
aux modalités du taqlîd et aux critères de choix du marja‘, et mirent en place le
fonctionnement de l’institution. Plus tard, des écrits tendirent à montrer qu’elle
datait des débuts du chiisme et dressèrent des listes de marja‘, à partir des plus
anciens. Même si l’idée a été reprise par des chercheurs, il s’agit bien là d’une
« tradition inventée » (15).
Selon cette doctrine, tout croyant doit suivre les prescriptions d’un marja‘,
énoncées par celui-ci dans un traité pratique de droit islamique, ainsi qu’à ses
fatwâ. S’il opte pour un marja‘ selon des règles établies, elles ne sont pas contraignantes
et son choix s’opère donc, au bout du compte, en toute liberté. Les
ancrages ethniques, claniques, locaux et familiaux constituent bien évidemment des
facteurs influents, mais pas forcément décisifs. En outre, il arrive que des adeptes
d’un marja‘ en suivent un autre, pour certaines questions : ainsi, par exemple, dans
les années 1980, bon nombre de chiites suivaient Kho’i (m. 1992) pour les questions
religieuses classiques, et Khomeini (m. 1989) pour les affaires politiques.
Kho’i étant par ailleurs très rigoriste en matière de voile, puisqu’il prescrivait aux
femmes de se cacher le visage, il leur laissait le loisir de suivre un autre marja‘, sur
ce point précis ; certaines se référaient donc à Khomeini en la matière (16). Enfin,
le croyant doit régler ses impôts religieux au marja‘ qu’il suit. Ainsi, il lui verse la
zakât, un impôt commun aux grandes branches de l’islam, mais aussi le khums,
spécifique au chiisme, se montant au cinquième de ce qui lui reste lorsqu’il a
dépensé ce qu’il lui faut pour vivre.
............etc...
Sabrina MERVIN
CNRS
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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
Résumé
Face aux pouvoirs politiques en place, les oulémas chiites ont adopté une attitude
de réserve, voire de contestation, car ils considèrent que seul l’imam est à même
d’exercer l’autorité spirituelle et politique sur la communauté des croyants. À partir
du XIe siècle, ils élaborèrent des doctrines leur permettant d’élargir leur autorité religieuse,
jusqu’à l’institution de la marja‘iyya. Depuis la fin du XIXe siècle, celle-ci s’est
développée et organisée en une autorité religieuse supra-étatique et transnationale,
plus ou moins centralisée, dont l’indépendance par rapport à l’État repose sur l’autonomie
financière des clercs. Ceux-ci constituent une élite religieuse soucieuse d’assurer
sa cohésion et sa reproduction. Cependant, la vulgarisation du savoir, promue
notamment par la République islamique d’Iran, a amené de nouveaux acteurs. Quant à
la marja‘iyya, elle fait l’objet de débats qui tendent à l’organiser.
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