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Notre rapport aux compagnons (2), le bâton de Omar, le rapport à la virilité et sa symbolique.

Sasori

Well-known member
Salam alékoum,

Extraits : "Bref, alors de quoi allons-nous parler ? Et bien comme à l’accoutumée, nous allons traiter des perceptions tirées de certains récits sur le personnage élaboré dans les textes traditionnels.
Car c’est sur base des perceptions que se façonne tout un modèle de référence de valeurs et de comportements.
Ce qui fait que, par exemple, des actions jugées violentes ou misogynes dans certains contextes, seront valorisées dans d’autres avec pour légitimation (parfois inconsciente) le modèle tiré des récits traditionnels.

1.Fierté, dignité ou musulman discret ? Le faux chantage !

La conversion à l’islam de Omar Ibn Al Khattab est censée symboliser :
– La fierté et la dignité, pour avoir proclamé publiquement sa conversion lorsque les premiers arabo-musulmans se cachaient de crainte d’être violentés par les Mecquois.
Cette histoire narrée avec effervescence dans une séance de motivation collective donnerait envie à n’importe quel musulman (non chiite de préférence) de lancer un takbir le poing levé en l’air.
Par ce comportement, Omar a illustré une action concrète se traduisant d’elle-même comme du courage et par la fierté d’appartenir à sa nouvelle famille de l’Islam.
Il n’est dès lors pas étonnant qu’avec un ancrage pareil se créent des concepts de dénigrement lorsque des croyants désirent être discrets, ou souhaitent « faire preuve d’humilité » dans leur pratique, et que d’autres les qualifient de manière sarcastique de « musulmans discrets ».
Être discret pose-t-il problème ? Oui, si vous lui imposez comme critère de vérification « la honte d’être soi-même » : « si tu es discret, c’est que tu as honte de ce que tu es… »

Le second raccourci n’a pas tardé à arriver par le biais de certains prédicateurs et leaders de la communauté : musulman discret = musulman soumis (à qui ? à quoi ?).
J’entends déjà certains : Soumis ?! Mais que dirait Omar Ibn Al Khattab s’il était encore parmi nous !

Le problème ici n’est pas de savoir la raison de l’utilisation d’une expression maladroite dans un contexte donné mais la récupération systématique qui en est faite pour appuyer les discours pré existants qui véhiculent l’image qu’une « entité » (à savoir la représentation du Pouvoir en terre non musulmane) désire que les musulmans soient soumis, invisibles et écrasés.
Et s’il existe en France des associations qui stimulent le paradigme identitaire qu’est devenue la religion, il n’est pas surprenant de retrouver des personnes faisant des parallèles avec la situation des juifs durant la seconde guerre mondiale pour renforcer des ancrages négatifs pouvant conduire à moyen terme à des fractures et des replis identitaires.

On retrouve comme antonyme de « discret » des termes comme « bruyant, voyant, sans-gêne, etc. ». Je ne crois pas que la fierté se traduise par la capacité à faire du bruit ou faire de l’exhibition. Même si certains fauteurs de troubles sont actuellement les champions pour ce type de stratégie. Ce sujet étant assez long et faisant appel à d’autres facteurs bloquants (présupposés sensibles, complotismes, etc.), nous l’aborderons dans le chapitre des leviers psychologiques (notamment sur le rapport à l’autre et la prophétie auto-réalisatrice).

Aussi, « fier » et « digne » ne s’opposent pas à « discret »."

"Cette preuve de zèle est présentée comme une preuve d’amour. Un amour tel pour le Prophète qu’il serait prêt à en découdre avec n’importe quelle personne qui oserait émettre ne serait-ce qu’un doute ou un désaccord. Effectivement, s’il existe et s’il a existé des personnes qui, de par leur expériences personnelles et leur environnement, ont fini par croire qu’une preuve d’ amour pour une cause et/ou une personne se traduit par la volonté de neutraliser tous ceux qui n’éprouvent pas le même affect ou ne la traduisent pas de la même manière, cela devient un problème lorsque ce comportement est valorisé.

Toutefois, il est important de saisir cette nuance : ce comportement de zèle n’est pas enseigné comme modèle. Il est plutôt « justifié » lorsqu’il est évoqué («oui mais il faut comprendre qu’il aimait tellement le Prophète que…(…) ) .
Néanmoins, de par la représentation de SUPER HUMAIN du personnage de Omar Ibn Al Khattab, il finit par devenir naturellement un modèle lorsqu’une personne se retrouve dans cette confusion : « amour du Prophète = négation de l’autre (l’autre étant celui qui n’aime pas le Prophète de la même manière) ».

Et comment peut-on entrer dans cette confusion ?
Par exemple, durant son cheminement spirituel, au moment où se pose la question suivante : « comment doit-on aimer le Prophète ? Et comment vérifie-t-on qu’il s’agit réellement d’amour (« légiféré », comme dirait un salafi) ? »
A partir de là, vous pourrez vous orienter vers le modèle de référence et son récit. Vous aurez dans ces modèles des tas d’exemples concrets qui donneront une définition spécifique des valeurs dites « islamiques ».
Parmi eux, les réactions « zélotes » imputées à Omar Ibn Al Khattab et qui lorsqu’elles ne sont pas recadrées, peuvent faire office de modèle à suivre pour celui ou celle pour qui cela fera sens.

« Négation de l’autre ? Carrément… ? »
La menace de sortir le sabre n’était pas anodine à cette époque. Le sabre met fin à l’existence, pas seulement au débat.

Derrière le bâton de Omar Ibn Al Khattab s’est renforcé au fil du temps tout un symbole : la limite à ne pas franchir.
Et que se passe-t-il si cette limite est franchie ? Le bâton est là pour vous ramener à l’ordre ou pour vous aider à retrouver vos esprits !
Cet ancrage se retrouve encore dans certaines cultures où le bâton et autres objets contondant font encore office de support pédagogique pour certains enseignants et/ou parents.

Bien entendu, ce qu’il faut bien comprendre, en faisant attention à ne pas généraliser, c’est le processus par lequel certains croyants dans certaines cultures peuvent arriver lorsqu’ils n’ont pas d’autres modèles de référence pédagogique que ceux qui leur ont été enseignés, et le symbole qu’est devenu le bâton de Omar peut la justifier.

Cela se vérifie dans certains discours lorsque les croyants parlent de leur situation difficile : « Ah si Omar Ibn Al Khattab était encore là (…). ».
À votre avis, pourquoi Omar et non pas Abu Bakr ou Ali par exemple ? Parce qu’il avait le bâton pour remettre les choses à leur place (sous-entendu mettre fin au débat par la force).

De nos jours, à l’ère des conversations numériques, le « bâton » n’est plus matérialisable mais il apparait symboliquement sous la forme du fameux « point à la ligne » ou « point finale ».
« C’est ainsi, les choses sont comme ça, point à la ligne (ou point finale) !»
Le point, comme le sabre, met fin à la phrase, la discussion et toute possibilité d’une suite.
La rigidité du bâton est devenue un pattern pour celui qui voit en lui une preuve de d’affirmation de soi, de fierté mais également de…

Virilité ! Le rapport aux femmes et la valeur du mâle dominant

On peut trouver comme définition de la virilité ceci :

  • Ensemble des caractéristiques physiques masculines, chez l’homme adulte.
    Synonyme : solidité
  • Vigueur sexuelle masculine.
    Synonyme : vigueur
  • Caractère propre au sexe masculin ; courage, fermeté, énergie.
(source : Linternaute)

  • Ensemble des caractères physiques de l’homme adulte ; ce qui constitue le sexe masculin : Les attributs de la virilité.
  • Capacité d’engendrer ; vigueur sexuelle.
  • Mâle énergie, courage.
(source : Larousse)

  • Qui appartient à l’homme, en tant que mâle.
Quand il se dresse face à quelque « vieille écorce », chêne, frêne, ou hêtre, […] Arsène André éprouve une virile volupté. Sa chair se durcit, son col se gonfle, le sang lui afflue aux tempes à coups précipités — (Jean ROGISSART, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème FAYARD, Paris, 1958)

  • Relatif à l’homme adulte ; qui présente ou réclame des qualités de force, d’endurance, de résistance que l’on prête plus spécialement aux hommes.
  • Un métier viril.
  • Âge viril. Le parfum viril de son tabac.
  • Un bras viril la soutient. (Hugo)
  • Qui est digne d’un homme, qui est fier, ferme, énergique et digne.
(source : Wikipedia)
Ce qui ressort des différentes définitions est en rapport avec la force, la fermeté, la puissance du mâle dans le sens de la domination.
Dans une époque de conquêtes et de duels, la virilité se mesurait par le courage et la force brute.
Dans l’inconscient collectif, cela résonne également comme quelque chose de dur, et ce qui est dur est rigide, et ce qui est rigide ne peut faire preuve de souplesse (et d’ouverture).
Il faut que ce soit sec, rigide et imperméable…à quoi ? A ce qui peut être pris comme faiblesse (contraire de « la force »).
La faiblesse étant le caractère que l’on pouvait donner aux femmes dans certaines régions du monde dans les temps anciens (et encore maintenant dans certaines croyances), on y retrouve ce qui peut être aloué à la féminité : douceur, sensibilité, etc.
Ainsi faire preuve de douceur, de sensibilité, c’est faire preuve de faiblesse et c’est n’être pas être viril.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les conservateurs réussiront à créer un raccourci entre la souplesse et l’ouverture d’esprit…et… le laxisme.
Ainsi, ce qui fera office d’ouverture d’esprit sera perçu comme un laxisme et un risque de perte de contrôle (domination du mâle) de l’Ordre (représenté par la fermeté et le bâton).

Oui, derrière le symbolisme du bâton de Omar et sa rigidité se cache la satisfaction d’un critère de sécurité. Derrière la peur de la souplesse et de l’ouverture se cache la peur de la liberté sans contrôle, le chaos et l’anarchie…

Et peut-être commencez-vous à comprendre la raison pour laquelle le bâton de Omar ne s’est toujours pas fissuré.

Dans un monde où les femmes étaient une valeur marchande, la virilité se traduisait par leur possession, leur domination et les héritiers mâles qu’ils pouvaient engendrer à travers elles.
Cette vision est encore répandue dans certaines contrées mais également en Europe (et pas spécialement chez les croyants) où des hommes se référent aux gens de certaines époques lointaines, ce qui n’a plus lieu d’être.
Et, synchronicité, à l’heure où j’écris ces mots, une vidéo d’une dame algérienne fait le buzz sur internet."

"Ce qui est important, ce n’est pas de jouer l’avocat de la défense ou de l’accusation, mais de savoir de quoi l’on parle lorsque l’on propage des croyances et ce que cela produit concrètement comme schéma de pensés. Car lorsque demain, un jeune ou moins jeune finit par croire que le comportement rigide et ferme est une preuve de fierté, qu’il pense que la bâton (dans son sens symbolique) est l’arme des gens dignes, qu’il se persuade sans oser l’avouer qu’être viril, c’est de démontrer son autorité vis-à-vis des femmes, que s’ouvrir aux paradigmes différents c’est faire preuve de laxisme, ce n’est pas Omar ibn Al Khattab que vous aurez en face de vous.
Mais une personne persuadée de suivre la bonne direction, une contrefaçon qui ne s’écoute pas lui-même mais un ou des héros qu’il s’est construit lui-même sur base de récits et de discours d’un passé qu’il ne connaîtra jamais."

https://trw2016.wordpress.com/2017/...ar-le-rapport-a-la-virilite-et-sa-symbolique/

Barak Allahou fikoum.
 

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