Salâm salâm
Pierre Lory nous explique l'idée de l'origine et du retour. Selon la mystique en
Islâm, pour les religieux le Paradis est promis, pour les mystiques le Paradis est goûté.
Conférence de Pierre Lory : "La mystique en Islam"
CANAL-U.TV
Selon la voie mystique, les actions vertueuses permettent ainsi d'atteindre un Paradis spirituel. Les mystiques le connaissent dans le coeur, mais les religieux ou ascètes ne peuvent y parvenir. Ces derniers ne sauraient jouir que d'un Paradis matériel. Le religieux, par ses actes d'observances, ne conserve que l'espoir de parvenir au Paradis après sa mort, alors que le mystique y goûte de son vivant. Pour le mystique, le Paradis et l'Enfer sont une réalité effective. Les Paradis et Enfers qui te sont promis, si tu es conscient, seront dès à présent connus de toi.
Selon Ibn Arabî, le « chemin » qui conduit du Principe à l’ultime frontière de la création (« le plus bas de l’abîme » : asfal sâfilîn, Cor. 95 : 5) reconduit de cette limite extrême au lieu originel (symbolisé dans la même sourate "Le Figuier" par le « Pays sûr » - (al-balad al-amîn) dont les âmes ont la nostalgie.
On retrouve
'al-balad al-amîn' (Le Pays sûr) également dans la Sourate Abraham
Abraham dit : "Mon Seigneur ! Fais de cette Cité, un lieu sûr.
Préserve-nous, moi et mes enfants, d'
adorer des idoles, ô mon Seigneur, elles ont
égaré un grand nombre d'hommes. (Sourate 14 : 35)
Sourate Les Troupeaux
Abraham dit à son père Azar : "Prendras-tu
des idoles pour divinités ? Je te vois,
toi et ton peuple, dans un égarement manifeste".
Ainsi avons-nous
montré à Abraham le royaume des Cieux et de la Terre pour qu'il soit au nombre de ceux qui croient fermement. (Sourate 6 : 75).
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A titre de réflexion, la question que tout croyant se poserait est de savoir si ce 'Pays sûr'
(al-balad al-amîn), serait le royaume des Cieux et de la Terre que Dieu a montré à Abraham.
Selon Mollâ Sadrâ les Cieux de l'âme sont l'« ésotérique » des Cieux visibles, chaque Ciel ayant son Logos créateur, lequel est son Esprit, comme nous l'apprend la (Sourate 19 ; verset 19) parlant du Logos qui fut projeté en Marie et qui était un Esprit de Dieu. Ces Cieux sont les plans et degrés des théophanies, les demeures spirituelles « auxquelles il est réservé au cœur de l'
homme de s'élever, de l'un à l'autre, par toute une succession d'expériences et d'intermédiaires : mort après mort, vie après vie, naissance après naissance.
Comme l'a dit le Christ, Jésus fils de Marie : « N'
entrera pas dans le royaume des Cieux quiconque n'est pas né
deux fois ». Cette référence à un texte de l'Évangile de Jean (3 : 3). Quand l'âme transparente par la purification devient semblable à l'eau, alors elle naîtra comme une matière pure pour recevoir l'Esprit et sa lumière dans le Royaume des Cieux.
Il y a également ce passage ou le Christ enseigne : « En vérité, en vérité, je te le dis : à
moins de
naître à nouveau, nul ne peut
voir le Royaume de Dieu. Jean, 3/3 ».
Toujours selon Molla Sadra, il est réservé au cœur de l'homme de s'élever. Or, le Livre de Dieu, dans la Sourate Marie (verset 56-57) cite :
« Mentionne Idrîs dans le Livre ; ce fut un juste et un prophète ; nous l'avons élevé à une place sublime »
Le mystique ibn 'Ajiba explique ce haut rang en disant : « Ce haut rang ou cette station haute peut vouloir dire le Paradis (…) ». D'ailleurs « Idrîs a été élevé sans être mort comme ce fut le cas de Issa (Jésus) lui aussi élevé ». Il est à souligner que Élie et Khezr n'ont également pas franchi la mort terrestre.
Souvenons-nous de la transfiguration de Jésus sur le Mont Thabor suivi de l'apparition du
prophète Élie et Moïse. Où se trouvaient Élie et Moïse ? Sur une terre sûre ? Un Pays inaccessible ?
En comparaison, on remarque que dans la Sourate le Figuier, la Cité sûre est mentionné juste
après le Mont Sinîn. Or le lieu d'apparition, d'Élie et de Moïse, est cité juste après le Mont Thabor.
Cheikh Jamel Tahiri l'un des responsables du Centre Zahra France se pose la question :
Qu’est-ce que la cité sûre (Baladou-l-amine) ?