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Analyse des versets du Coran traitant du lien conjugal

Alya Rouah

Banni
Banni
Les principes fondateurs du statut de la femme dans l’Islam et les liens qui unissent la femme et l’homme au sein du mariage


1. Vous dites que l’Islam est une religion qui préserve la dignité de l’être humain. Pourquoi alors l’Islam est discriminatoire envers la femme ?

Sache que l’Islam reconnaît l’égalité entre l’homme et la femme sur deux plans :

· Sur le plan ontologique : l’essence de l’homme et de la femme est la même. Tous deux sont créés à partir d’une même âme primordiale. Allah dit : « C’est Lui qui vous a créés d’un seul être dont Il a créé son complément afin qu’il pût trouver sa sérénité auprès de lui. » (7 :189)

« Ô humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé. » (49 : 13)

· Sur le plan social : la femme est libre, autrement dit, comme l’homme, la femme dispose d’elle-même comme bon lui semble, mais honnêtement. Allah dit : « Les femmes qui ont perdu leurs maris sont tenues d’observer une période de viduité de quatre mois et dix jours. Passé ce délai, vous n’êtes plus responsables de la manière dont elles disposeront honnêtement d’elles-mêmes. Dieu est bien Informé de ce que vous faites. » (2 :234)

2. Je voudrais beaucoup plus de précisions sur le plan social. Quelle relation instaure l’Islam entre l’homme et la femme ?

L’Islam invite l’humanité à régler les relations humaines dans deux cercles : celui de l’humanité toute entière, et celui de la famille.

3. Commençons alors par le cercle le plus large.

L’Islam stipule que la diversité dans l’humanité marquée d’une part par la différence sexuelle mâle-femelle, et d’autre part, par les choix d’organisation peuples-tribus, sont l’œuvre de Allah qui voulait par cela favoriser le désir de faire connaissance. Allah ne dit-Il pas : « Ô humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé. » (49 : 13)

De plus, l’Islam insiste sur la solidarité et la pratique collective du bien sans distinction homme-femme. Allah dit : « Les croyants et les croyantes sont solidaires les uns des autres. Ils incitent à la pratique du bien, déconseillent la pratique du mal, accomplissent la Prière, s’acquittent de l’Aumône purificatrice et obéissent à Dieu et à Son Prophète. A ceux-là, Dieu fera miséricorde, car Il est Omnipotent et Sage. » (9 :71)


Bref, l’Islam bâtit la société humaine sur trois principes sans distinction homme-femme, à savoir :

· L’entre-connaissance
· La solidarité
· L’accomplissement collectif du bien.
 
1. Si vous permettez, j’aimerais savoir ce qu’il en est au sein de la famille, et précisément la relation homme-femme.

L’Islam insiste sur la complémentarité entre l’homme et la femme. Autrement dit, l’accomplissement de l’homme ne peut se réaliser sans la femme, et l’accomplissement de la femme ne peut se réaliser sans l’homme. Cette complémentarité est voulue afin que chacun d’eux trouve la sérénité auprès de l’autre. Allah dit : « « Et Il est de Ses signes d’avoir créé de vous et pour vous des êtres complémentaires afin que vous trouviez auprès d’eux votre sérénité. » Mais, pour que cette complémentarité puisse mener à cette sérénité, l’Islam appelle l’homme et la femme au sein de la famille, je veux dire dans la relation conjugale, à la construire sur cinq valeurs : l’amour, la recherche constante de proximité, la bonté, la tendresse et le commun accord. A propos des quatre premières valeurs, Allah dit : « Et Il est de Ses signes d’avoir créé de vous et pour vous des êtres complémentaires afin que vous trouviez auprès d’eux votre sérénité, et d’avoir suscité entre elles et vous amour, recherche constante de proximité, bonté et tendresse. En vérité, il y a en cela des signes certains pour ceux qui raisonnent. » (30 :21)», alors qu’à propos de la cinquième valeur, Allah dit : « Les mères qui veulent parfaire l’allaitement de leurs bébés les allaiteront deux années entières. Le père de l’enfant est tenu de pourvoir à la nourriture et à l’habillement de la mère d’une manière convenable. Mais à l’impossible nul n’est tenu, et un enfant ne doit pas être une source d’ennuis pour la mère ni pour le père. La même obligation incombera, le cas échéant, aux héritiers du père. Si les parents décident d’un commun accord de sevrer leur enfant, cela n’implique aucun inconvénient. De même qu’aucune faute ne vous sera imputée, si vous mettez votre enfant en nourrice, à condition que vous acquittiez la rétribution convenue. Craignez Dieu, et sachez qu’Il voit parfaitement ce que vous faites ! » (2 :233)

2. Je reconnais que ce sont de beaux principes. Mais l’Islam met la vie de la femme sous le contrôle de son mari.

Je pense que nous aurons l’occasion de reparler de ce que vous appelez « contrôle de la femme par son mari ». Mais sachez que l’Islam distingue deux sphères dans la vie de la femme :
· La sphère conjugale : celle-ci est liée à la relation conjugale, aux enfants et aux dépenses.
· La sphère privée : hors des obligations liées à la sphère conjugale, la femme est libre. Allah dit : « « Les femmes qui ont perdu leurs maris sont tenues d’observer une période de viduité de quatre mois et dix jours. Passé ce délai, vous n’êtes plus responsables de la manière dont elles disposeront honnêtement d’elles-mêmes. Dieu est bien Informé de ce que vous faites. » (2 :234) Le mari n’a donc pas à s’ingérer dans les affaires de sa femme concernant cette sphère.


3. Merci de m’avoir donné cette vision globale de ce que l’Islam propose à l’humanité comme relation entre les humains en général et entre les hommes et les femmes en particulier. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi l’Islam est injuste envers la femme.

Vous avez dit « injuste ». J’aimerais bien analyser ce principe. Cela nous permettra de comprendre la position de l’Islam par rapport aux différentes questions de la société. S’il y a un principe ignoré et mal compris dans les sociétés actuelles, c’est bien la justice. Appliquons le principe aux devoirs et aux droits. La justice veut que chacun ait autant de droits que de devoirs qu’il assume. C’est le principe de la proportionnalité. En d’autres mots, si, par exemple, l’homme assume plus de devoirs que la femme, il devrait avoir plus de droits, mais si la femme assume plus de devoirs que l’homme, alors, elle devrait avoir plus de droits. Reste un troisième cas : si l’homme et la femme assument les mêmes devoirs, alors ils devraient avoir les mêmes droits. Vous voyez bien que la justice mène bien à l’égalité.
 
Mais est-ce que le principe de la justice s’applique à tous les droits ?

Non, le principe de proportionnalité ne peut s’appliquer aux droits fondamentaux, car dans ce cas, le principe cesse d’être une justice. C’est pourquoi, l’Islam applique l’égalité absolue dans ce champ au lieu de la proportionnalité. Il reste à dire que les droits fondamentaux sont, entre autres, le droit à la vie, à la dignité, au savoir, au travail, à l’autonomie économique, au traitement égal devant la Justice, et à la participation à tous les aspects de la vie et à toutes les échelles sans exception.

Mais vous venez vous-même de reconnaître que le traitement n’est pas égalitaire dans le domaine des droits non fondamentaux.

Oui, le traitement dans ce cas n’est pas égalitaire, car l’égalité dans ce cas est une injustice. On ne doit pas donner les mêmes droits non-fondamentaux à deux personnes qui font le même travail avec la même qualité, si l’un travaille huit heures par jour, alors que l’autre ne fait que quatre heures. Chacun a droit à un salaire différent de l’autre. Bien sûr, si les deux personnes font le même travail, ils ont droit au traitement égal, qui serait un droit fondamental, à savoir recevoir la même rémunération pour chaque heure de travail.

Si c’est le cas, pourquoi traiter la femme différemment de l’homme pour la simple raison qu’elle est une femme ?

Le principe de justice n’a aucun lien avec la différence sexuelle. Le traitement peut être égalitaire ou différentiel selon la règle de proportionnalité devoirs-droits, qui ne prend pas en considération la différence sexuelle. Autrement dit, le principe s’applique de la même manière et avec les mêmes règles dans les trois cas : homme-homme, femme-femme, femme-homme. Ceci vous permettrait de comprendre que le traitement différentiel était instauré dans certains cas juridiques, non en raison d’une différence de genre, mais tout simplement pour des raisons liées à un contexte historique bien précis.

Si je comprends à quoi vous voulez en venir, vous êtes en train de me dire que la femme est l’égale de l’homme, et que s’il y a un traitement différentiel, c’est seulement à cause de conditions historiques particulières ?

Oui, vous avez exactement saisi le fond de l’Islam sur ce point.
 
Avant de revenir sur les questions sociales, j’aimerais savoir si l’homme est spirituellement supérieur à la femme.

Non, vous trouverez dans le Coran l’affirmation que l’homme et la femme sont égaux, mais différents. A propos de cette différence, Allah dit « L’être humain masculin n’est pas pareil à l’être humain féminin. » (3 : 36). Cette différence naturelle ne peut aucunement justifier une discrimination envers la femme. Cela étant dit, sachez que la femme et l’homme proviennent du même être primordial et ont par essence les mêmes compétences spirituelles. C’est pourquoi la femme peut être plus élevée spirituellement et vice-versa. En effet, le Coran annonce que le meilleur est le plus pieux, sans distinction homme-femme. Allah dit :

· « Quiconque, homme ou femme, aura fait le bien tout en étant croyant, alors bien certainement, Nous lui assurerons une vie heureuse. Et Nous les récompenserons en fonction des meilleures de leurs œuvres. » (16 : 97)
· « Les croyants et les croyantes sont solidaires les uns des autres. Ils incitent à la pratique du bien, déconseillent la pratique du mal, accomplissent la prière, s’acquittent de la zakât et obéissent à Dieu et à Son Prophète. A ceux-là, Dieu fera miséricorde car Il est Omnipotent et Sage. Dieu a promis aux croyants et aux croyantes des jardins sous lesquels coulent des ruisseaux, pour l’éternité, ainsi que de magnifiques demeures situées dans les jardins d’Eden. Et leur satisfaction d’avoir été agréés par le Seigneur sera bien plus grande encore, et c’est là, pour eux, le suprême bonheur ! » (9 : 71-72)
· « Musulmans et musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, ceux et celles qui sont véridiques, ceux et celles qui patientent, ceux et celles qui craignent respectueusement Dieu, ceux et celles qui pratiquent la charité, ceux et celles qui jeûnent, ceux et celles qui gardent leur chasteté, ceux et celles qui invoquent souvent Dieu, Dieu leur a préparé un pardon et une magnifique récompense. » (33 : 35)
· « En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé. » (49 : 13)

J’aimerais bien vous croire. Mais donnez-moi au moins un exemple.

D’accord. Le Coran propose à tous les croyants, jusqu’à la fin des temps, de prendre pour exemple à suivre la femme de Pharaon qui a accepté le message de Moïse. N’est-ce pas là une déclaration que l’état spirituel de Assia, la femme de Pharaon, est tellement élevée, qu’elle est devenue un modèle pour toute l’humanité, hommes et femmes ? Par cela nous ne pouvons que comprendre, sans aucune ambiguïté ni hésitation, que cette femme dépasse de loin beaucoup d’hommes, même les plus élevés spirituellement, puisqu’elle est leur modèle. Allah dit : « « Mais aux fidèles Dieu donne l’exemple de la femme de Pharaon lorsqu’elle dit : « Seigneur ! Réserve-moi, auprès de Toi, une demeure au Paradis ! Protège-moi de Pharaon et de ses manœuvres et délivre-moi des êtres iniques. » (66 :11)

Maintenant, je vois plus clair. Mais je suis toujours perplexe devant le verset 34 de la sourate 4, où il est dit : « « Les hommes ont la charge et la direction des femmes en raison des avantages que Dieu leur a accordés à certains d’entre eux sur certaines d’entre elles, et en raison aussi des dépenses qu’ils effectuent pour assurer leur entretien.» (4 : 34).


Si vous le permettez, je vais d’abord corriger les erreurs de traduction. Malheureusement, le Coran souffre, dans sa traduction, de trois problèmes :
  • La difficulté, si ce n’est l’impossibilité, de trouver l’équivalent français des termes arabes. En effet, souvent, si ce n’est toujours, le mot français comporte des nuances, alors que le mot arabe correspondant comporte d’autres nuances. Pour remédier à ce problème, il faut traduite le sens et préciser en annotation les nuances du mot arabe et signaler les nuances du mot français que le mot arabe ne contient pas.
  • Le manque d’une connaissance profonde de la religion. Les traducteurs du Coran n’ont pas fait de véritables études religieuses.
  • Les traducteurs du Coran que j’ai pu lire jusqu’à présent montrent par leur traduction de grandes lacunes dans la langue arabe allant jusqu’à attribuer au mot arabe un sens qui n’existe dans aucun dictionnaire. De plus, leurs traductions révèlent une mauvaise compréhension de la phrase, ce qui dévoile un manque de maîtrise inacceptable de la grammaire, et des modes d’expression de l’arabe.
Donnez-moi alors votre traduction.

Avant cela, je vais vous donner quelques traductions pour que vous voyiez à quel point on discrédit l’Islam par de mauvaises traductions du Coran :

· « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. » (Complexe Roi Fahd ibn ‘Abdel ‘Aziz Al-Saoud, Royaume d’Arabie Saoudite, 2004)
· « Les hommes sont les gardiens des femmes, parce que Allah a fait que les uns surpassent les autres, et parce qu’ils dépensent leurs biens. Ainsi, les femmes vertueuses sont celles qui sont obéissantes et gardent les secrets de leurs maris avec la protection d’Allah. » (Mirza Tâhir Ahmad, Londres, 1998)
· « Les hommes assument les femmes à raison de ce dont Dieu les avantage sur elles et de ce dont ils font dépense sur leurs propres biens. Réciproquement, les bonnes épouses sont dévotieuses et gardent dans l’absence ce que Dieu sauvegarde. « (Jacques Berque, Paris, 1990)
· « Les hommes ont autorité sur les femmes, en vertu de la préférence que Dieu leur a accordée sur elles, et à cause des dépenses qu’ils font pour assurer leur entretien. Les femmes vertueuses sont pieuses ; elles préservent dans le secret ce que Dieu préserve. » (Denise Masson, Paris, 1967)
· « Les hommes ont la charge et la direction des femmes en raison des avantages que Dieu leur a accordés sur elles, et en raison aussi des dépenses qu’ils effectuent pour assurer leur entretien. (En revanche,) les épouses vertueuses demeurent toujours fidèles à leurs maris pendant leur absence et préservent leur honneur, conformément à l’ordre que Dieu leur a prescrit. » (Chiadmi, Paris, 2004)

Je vois bien le rôle dangereux que peut jouer une traduction quand elle déforme le message du texte d’origine. Je me réjouis de connaître la traduction qui respecte le message coranique.

Allah dit : « Les hommes ont la charge et l’entretien des femmes en raison du plus qu’ont les uns par rapport aux autres, et en raison aussi des dépenses qu’ils effectuent pour assurer leur entretien. Les femmes vertueuses sont humbles et obéissantes à Allah ; et en l’absence de leur mari, elles préservent ce qui doit être préservé conformément aux prescriptions divines. » (4 : 34)
 
A première vue, le texte n’est pas choquant en comparaison avec les autres traductions. Mais dites-moi, que signifie « en raison du plus qu’ont les uns par rapport aux autres » ?

Avant de répondre à votre question, j’aimerais bien restituer de quoi parle le verset, car ceci nous permettra de mieux comprendre l’expression qui vous intéresse dans le verset.

Je vous écoute.

Le verset ne parle pas d’une supériorité de l’homme sur la femme, ni d’une domination. Le verset stipule tout simplement que le rôle de l’homme est d’entretenir sa femme, alors que le rôle de la femme est de préserver ce qui doit être préservé, conformément à l’enseignement divin, à savoir la dignité de son mari, ses enfants, et enfin ses biens. De même, l’homme a l’obligation de préserver la dignité et les enfants de sa femme. Quant aux biens de la femme, l’homme n’a pas l’obligation de les préserver, tout simplement car il n’a aucun droit à les exploiter. En revanche, l’épouse, elle, utilise les biens de son mari, puisque c’est son droit, ce qui justifie que Allah lui recommande d’être juste quand elle en fait usage.

Cela confirme malgré tout votre discours sur la justice et l’égalité que la femme n’est pas l’égale de l’homme, puisqu’elle est confinée dans un rôle de préservation, alors que lui, il a le privilège d’avoir le rôle de protection. N’est-ce pas un statut inférieur pour la femme ?

J’apprécie de discuter avec vous, car cela montre que vous donnez l’importance nécessaire à chaque mot, et vous saisissez bien le sujet. Mais permettez-moi de revenir sur le principe de justice. Ce verset s’inscrit dans un contexte historique différent de notre époque. La femme ne travaillait pas. De plus, les conditions sociologiques, économiques, politiques et culturelles, ne le permettaient qu’exceptionnellement, et sous des conditions très strictes. Le Coran donne les meilleures lois possibles dans ses conditions tout en proposant progressivement des lois pour libérer la femme afin qu’elle soit l’égale de l’homme sur le plan social, comme elle l’est sur le plan ontologique.

Revenons à cette différence de rôles « entretien » et « préservation ». Si la femme ne travaille pas, elle n’a donc pas les moyens de vivre. Il faut bien une solution : soit lui donner du travail, soit la prendre en charge. Vu le contexte historique, il est bien clair que la première solution était totalement impossible. Il ne restait que la deuxième solution. Mais n’oubliez pas que ce verset donne déjà à la femme un droit qu’elle n’avait pas. Le verset mentionne deux raisons pour lesquelles l’homme doit prendre en charge sa femme. Laissons pour le moment la première, et regardons la deuxième. Allah dit : « et en raison des dépenses qu’ils effectuent pour assurer leur entretien. » Ceci montre bien que c’est l’homme qui doit dépenser, tout simplement parce que c’est lui qui en avait les moyens.

Je vois bien. Cela ressemble au chômeur pris en charge par l’Etat en attendant de trouver un travail. C’est un droit du chômeur. De même, à l’époque de la Révélation coranique, la femme ne travaillait qu’exceptionnellement. Et donc, dans ces circonstances, être prise en charge par son époux est un droit et non pas une discrimination, autrement dit ce n’est pas une domination, mais plutôt une protection et une préservation de la dignité de la femme.

Merci d’avoir fait ce parallélisme. Mais n’oublions pas que l’Islam a donné par principe à la femme le droit au travail et à la séparation stricte des biens. De plus, la femme qui voulait travailler était protégée et traitée sur le même pied d’égalité que l’homme. Donc, l’Islam a créé les conditions pour libérer la femme de cette prise en charge.

Pouvez-vous revenir à l’expression « en raison du plus qu’ont les uns par rapport aux autres » ?

C’est ce que dit exactement l’expression coranique. Donc, le verset ne parle pas de tous les hommes, ni de toutes les femmes, mais de certains parmi eux. Deuxièmement, « les uns », ne concerne pas les hommes uniquement, mais également les femmes. De même pour « les autres ». L’expression devient alors « en raison du plus qu’ont certains hommes sur certains femmes et en raison du plus qu’ont certaines femmes sur certains hommes ». Donc, cette loi ne concerne qu’une catégorie d’homme et qu’une catégorie de femmes.

Quel est alors ce « plus » ?

Certains croient que ce « plus » est la capacité de maîtriser ses émotions. D’autres croient que c’est la capacité d’utiliser mieux sa raison. Ils croient aussi que les hommes sont supérieurs aux femmes dans ces deux domaines. Je ne trouve, ni dans le Coran, ni dans les paroles ou les actes du Prophète, aucune des deux justifications précédentes. L’histoire de la Reine de Saba’ citée dans le Coran suffit pour démontrer que cette manière de penser est contraire à l’esprit du Coran. Dans la Sourate 27 (versets 15-35), Allah dit :

· « Nous avons fait don d’une part de Notre science à David et à Salomon, et ils dirent : « Louange à Dieu qui nous a favorisés par rapport à beaucoup de Ses fidèles serviteurs ! »
· Et quand Salomon hérita de David, il dit : « Ô humains ! Nous avons été initiés au langage des oiseaux, sans compter tous les autres bienfaits dont nous avons été gratifiés. C’est là, en vérité, une insigne faveur !
· Les armées de Salomon composée de djinns, d’hommes et d’oiseaux furent rassemblées et placées en rangs devant lui.
· Et lorsqu’elles arrivèrent à la vallée des fourmis, l’une de celles-ci s’écria : « Ô fourmis ! Regagnez vos demeures de peur que Salomon et ses armées ne vous écrasent sans s’en apercevoir. »
· Ces paroles firent sourire Salomon qui dit : « Seigneur ! Permets-moi de rendre grâce des bienfaits dont Tu nous a comblés, mon père, ma mère et moi-même. Fais que toutes mes actions Te soient agréables et admets-moi, par un effet de Ta grâce, parmi Tes saints serviteurs. »
· Puis, passant les oiseaux en revue, il dit : « Pourquoi ne vois-je pas la huppe ? Serait-elle absente ?
· Mais l’absence de la huppe fut de courte durée. « Je viens d’apprendre, dit-elle, des choses que tu ne connaissais pas et je t’apporte un renseignement sûr au sujet du peuple de Saba.
· J’ai découvert que c’est une femme disposant de grandes ressources et ayant un magnifique trône qui règne sur eux ;
· et j’ai découvert qu’elle et son peuple adorent le Soleil au lieu d’adorer Dieu, car Satan a embelli leurs actions à leurs yeux et les a détournés du droit chemin, en sorte qu’ils errent sans direction.
· Que ne se prosternent-ils devant Dieu qui dévoile les secrets des Cieux et de la Terre, qui sait ce que vous dissimulez et ce que vous divulguez ?
· Dieu en dehors de qui il n’y a point de divinité, le Maître du Trône sublime !
· « Nous allons voir, dit Salomon, si tu dis la vérité ou si tu es une menteuse.
· Emporte ma lettre que voici. Lance-la vers eux et mets-toi en retrait pour voir ce que sera leur réponse. »
· « Ô dignitaires, dit la reine, une illustre missive vient de me parvenir.
· Elle est de Salomon. En voici la teneur : « Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
· Ne soyez pas hautains avec moi, venez à moi soumis à Allah. »
· « Ô dignitaires, ajouta la reine, conseillez-moi dans cette affaire ; je ne prendrai aucune décision avant de connaître votre avis. »
· « Nous sommes, répondirent-ils, un peuple fort et d’une puissance redoutable. Mais la décision t’appartient. Vois donc toi-même les ordres que tu veux bien nous donner ! »
· « En vérité, dit-elle, lorsque les rois s’emparent d’une cité, ils y sèment la ruine et asservissent les plus honorables de ses habitants. C’est ainsi qu’habituellement ils se comportent.
· Aussi vais-je leur envoyer un présent et attendre la réponse que me rapporteront les messagers. »

La Reine de Saba finit par accepter d’abandonner l’adoration du Soleil pour adorer Allah tout seul. De plus, elle a pu conserver son pouvoir et protéger son peuple.

Ce récit montre bien que Allah dessine un portrait très positif de la Reine de Saba. Relativement au pouvoir qu’elle exerçait, le Coran donne l’image d’une femme qui gouverne son peuple par des décisions prises après consultation des sages. Il affirme clairement qu’elle connaissait bien les enjeux des luttes de pouvoir. De plus, il montre bien qu’elle n’a pas perdu ses capacités de gouvernance devant un danger extérieur imminent.

N’est-ce pas la une preuve flagrante que l’Islam ne voit aucunement la femme comme un être inférieur, mais à l’égale de l’homme, elle peut gouverner et être à la tête d’un pouvoir fort. En fin de compte, une telle femme ne peut qu’avoir une grande capacité à maîtriser ses émotions et à bien utiliser son intelligence.
 
Je ne comprends pas où vous voulez en venir.

Je veux dire que ce « plus » n’est pas de l’ordre du naturel, mais de l’ordre social.

Donnez-moi un exemple.

Certains disent que la femme doit obéir à l’homme parce que l’homme maîtrise mieux ces émotions, vu qu’il n’est pas sous l’effet des hormones qui rend la femme instable durant les règles et la grossesse, ce qui diminue ses capacités à utiliser son intelligence pour prendre les bonnes décisions. Je pense que ce type d’argumentation est faux, parce que vous voyez bien que dans de nombreux couples, c’est la femme qui prend les bonnes décisions, et que c’est grâce à elle que la vie conjugale est réussie. Signalons aussi un fait très important, c’est que ces arguments sont avancés par des hommes et non par l’Islam. Je le répète : ni le Coran, ni les paroles du Prophète, ni ses actes, n’avancent de tels arguments.

Si ces arguments, qui sont d’ordre naturels, sont faux, quels sont alors les arguments d’ordre social ?

Je vous donne un exemple. Vu que dans le contexte historique lié à ces versets, le pouvoir politique et économique appartenait à l’homme, c’est bien lui qui devait assumer les besoins de la femme, en attendant que celle-ci partage avec l’homme ces deux pouvoirs.

Cela veut dire que la prise en charge de la femme par l’homme n’est pas une loi éternelle, mais temporaire.

Exactement.

Alors dans ces conditions, la femme doit être soumise à l’homme.

Pas du tout. Même dans ces conditions, la femme n’est pas soumise à l’homme. Mais elle a le devoir de préservation. Ce sont deux choses différentes. De plus, la préservation est liée uniquement à la sphère conjugale, et non à sa sphère privée, c’est-à-dire son rapport avec la sphère publique et sociale.

C’est tout ce que vous avez à dire ?

Pour le moment, oui. Mais récapitulons tout de même les points essentiels de notre discussion :

· L’homme et la femme sont égaux ontologiquement, spirituellement et socialement.

· L’homme et la femme sont différents. Mais cette différence naturelle ne justifie en aucun cas une discrimination envers la femme.

· La diversité marquée par la différence sexuelle mâle-femelle est un bienfait de Allah afin de favoriser le désir de faire connaissance et créer les conditions d’une complémentarité utile.

· L’homme et la femme sont complémentaires, c’est-à-dire que l’accomplissement de l’humanité de l’un ne peut se réaliser sans l’interaction avec l’autre.

· La complémentarité est voulue pour que chacun trouve la sérénité auprès de l’autre.

· La complémentarité ne peut mener à la sérénité mutuelle que si la relation conjugale se base sur cinq valeurs : l’amour, la recherche constante de la proximité auprès de l’autre, la bonté, la tendresse et le commun accord.

· Hormis les obligations liées à la sphère conjugale, la femme est libre de disposer d’elle-même, mais honnêtement, comme c’est d’ailleurs le cas pour l’homme.

· La femme est l’égale de l’homme, mais parfois il y a un traitement différentiel. Si c’est le cas, ce n’est point pour violer le principe d’égalité, mais pour protéger les droits de la femme et préserver sa dignité, car le contexte social, économique, politique ou culturel ne permet pas mieux que cela. Cependant, cela ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux, ni au projet de l’Islam de faire évoluer le contexte afin de pouvoir appliquer l’égalité complète.

· La prise de décision doit être en principe d’un commun accord. Mais, en cas de désaccord, qui devrait être en principe une exception, si la femme accepte la décision de l’homme, cela devrait être en raison d’un « plus » qu’a son mari et qui la rassure. Autrement dit, l’Islam déconseille à la femme de se marier à un homme si elle n’est pas concrètement convaincue qu’il a les compétences intellectuelles, psychologiques, morales, et pratiques, pour prendre les bonnes décisions en cas de désaccord, de les mener à leurs fins et d’en assumer les conséquences, que ce soit en cas de réussite ou d’échec. C’est pourquoi l’Islam stipule dans les conditions du mariage la compatibilité entre l’homme et la femme qui prévoient de se marier ensemble.

· La femme a le droit de contester devant une instance juridique une décision prise par son mari si elle estime que celui-ci souffre d’une incompétence, ou qu’il ne préserve pas les intérêts de la famille, ou enfin, qu’il a toujours tendance à imposer ses décisions sans prendre en considération ses avis à elle. Le cas échéant, la femme est en droit de ne pas respecter ou appliquer la décision de son mari, si elle juge qu’elle présente un danger pour elle ou pour sa famille, tant que la décision du juge n’est pas rendue.

· Enfin, mentionnons que lorsque la relation conjugale se réalise selon la volonté divine et que la femme trouve satisfaction et sérénité auprès de son époux, le fait que l’homme prenne en charge les décisions concernant le foyer conjugal et l’éducation des enfants et en assume pleinement les responsabilités, n’est pas vécu par la femme comme une contrainte, mais au contraire, comme un soutien, un soulagement de sentir le partage des responsabilités inhérentes à la bonne conduite du ménage, et une libération du souci que peuvent entraîner les situations difficiles liées au quotidien ou à l’avenir des membres de sa famille, et en particulier celui de leurs enfants.
 

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