Bismil-Lâhir-Rahmânir-Rahîm
Salam Alaykoum.
Chère s½ur Antoinette,
Je suis très heureux de vous retrouver également sur ce forum, j’espère que vous êtes en bonne santé inch’Allah.
J'ai également cette traduction de Nahj al-balâgha qui paraît-il est mauvaise. En effet d'après notre frère Abduh cette traduction est très loin d’être bonne. Je tiens aussi cette info d'un autre frère qui maîtrise également les 2 langues, ce qui n'est pas mon cas.
En ce qui concerne votre question sur la chaîne de transmission concernant le Nahj al-balâgha, il paraît difficile de répondre avec certitude et je crois que personne ne peut vraiment assurer avec le moindre doute que la chaîne est sans faille. Un certains nombres de voix se sont élevés pour émettre l'idée qu’une partie du livre n'était pas des sermons de l'Imam (as).
C’est au IV H / X emes siècle, que le poète Charîf al-Radî, l'un des descendants de l'Imam 'Alî, réunira les sermons, de son glorieux ancêtre dans un ouvrage, Nahj al-balâgha ("La Voie de l’Eloquence").
Beaucoup des sermons compilés étaient connus avant la compilation d’al-Radî. L’historien Masoudi, qui est mort en 340 H, c'est-à-dire 66 ans avant Charif Al-Radî’s, écrit dans son livre Murouj Vol Al-Thahab 2 pp. 431, je cite, « Plus de 480 discours d'Ali ibn Abu Talib ont été mémorisés par un grand nombre de gens. Ceux-ci ont été livrés d’une façon improvisée et les gens leur citaient fréquemment comme étant les mots de l'Imam Ali. »
Il est clair que si 480 discours ont été rassemblés, on devrait avoir un livre plus grand que Nahj Al-Balagha. Ceci explique que Charif Al-Radî a choisit comme titre pour Nahj Al-Balagha : un Choix de Sermons, des Lettres et des Énonciations d'Ali Al-Mu’minin Amir ibn Abu Talib ’.
On trouve également beaucoup de savants qui garantissent son authenticité et réfutent l’idée que dans la compilation, il y a d’autres paroles que celles de l’Imam Ali (as)
Mais voici la réponse édifiante d'un shaykh au sujet de la critique sur l’authenticité, ceci est tiré de H Corbin « en Islam iranien » T1 p173. Avant la réponse du shaykh, je cite quelques lignes de Corbin sur les problèmes de la spiritualité avec l'histoire qui sont liés vous le verrez avec la réponse du shaykh.
"La critique historique commence par faire rentrer l'objet religieux dans l'histoire; elle impose à cet objet religieux une histoire qui n'avait pas été la sienne, un temps qui n'était pas le sien. Le phénoménologue laisse l'objet religieux dire lui-même son histoire, sa propre histoire, dont le temps est le temps propre à la conscience de cet objet. Il sait que la réalité vivante et vécue de l'Imâm doit être cherchée dans les témoignages de ceux qui la vivent ou l'ont vécue, ceux dont la personne de l'Imâm est la propre histoire, tandis qu'ils en sont, eux, l'herméneutique. Contester leur témoignage peut conduire à des résultats que l'on dira scientifiques, mais il faut bien voir que, ce faisant, nous avons introduit de force l'objet religieux dans une histoire et un temps qui, n'étant pas les siens, en altèrent radicalement le sens et l'aspect. Il doit y avoir un moyen permettant de sauver, en toute rigueur de méthode, ce sens et cet aspect authentiques, c'est-à-dire originels. J'ai parlé ici de phénoménologie, mais j'ai dans la mémoire le propos d'un éminent shaykh shî'ite iranien qui, lui, n'avait jamais entendu parler de phénoménologie, mais qui d'emblée frappait la note juste. C'était à propos des critiques mettant en doute l'authenticité d'une partie du corpus des prônes, entretiens et lettres du 1erImâm, connu sous le nom de Nahj al-balâgha. Le shaykh s'exprima ainsi : « Oui, je sais les critiques que l'on fait au sujet de ce livre; mais ce que je sais aussi, c'est que, quel que soit l'homme qui ait tenu la plume pour écrire le texte que nous lisons aujourd'hui, à ce moment-là c'est l'Imâm qui parlait. »
Si donc le chercheur veut entendre l'Imâm parler, au lieu de lui imposer silence en l'introduisant de force dans une histoire qui n'est pas la sienne, il doit l'entendre, lui aussi, à ce moment-là. Or, « ce moment-là» ne peut être rapporté à la datation extérieure de la chronologie continue de l'histoire commune, mais à l'éclosion du phénomène perçu dans la conscience, en un temps qui est le temps qualitatif propre de cette conscience."
Pour compléter je dirais que la Vérité est en nous-même et si un texte que nous lisons résonne comme une vérité, alors c'est une vérité pour nous. Peu importe qui l'a écrit, s'il est prouvé que c'est l'Imam (as) c'est parfait, mais si c'est quelqu'un qui a compris et réalisé au plus profond de lui la Vérité, alors il est comme l'Imam (as) et nous sommes en mesure de tirer un enseignement de ses écrits. Rejetterons nous cette vérité parce qu’elle n’est pas de notre « petit monde » ?
Donnez le St Coran à lire à un incroyant, pour lui c'est un livre comme un autre, il ne résonne pas comme une vérité au fond de lui. Un roman fera plus d'effet. Pour un croyant qui lit le Livre de Dieu, les Paroles de Dieu résonnent en lui, lui parle, lui transmette le Message divin selon sa compréhension. La Vérité est Unique, mais les écrits parlant de la Vérité sont multiples...comme les hommes.
Pour finir voici un petit extrait de Nahj al-Balâgha traduit par H Corbin p 113. Dans ce texte l'Imam Alî (as) s'adresse à Komayl :
"O Komayl ! la Connaissance a plus de prix que les biens matériels; c'est la Connaissance (la gnose) qui veille sur toi, tandis que toi, tu veilles sur les biens matériels. La richesse, on la diminue en la dépensant. La Connaissance, on l'accroît en la prodiguant ss [...]. La Connaissance, c'est ce qui juge; la richesse, ce qui est jugé. O Komayl! le trésor des biens matériels périt, tandis que les gnostiques sont des vivants, d'une vie qui permane avec les siècles des siècles. Leurs personnes physiques disparaissent; d'autres qui leur ressemblent en leur coeur, prennent leur place."
As salamou alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatouh
Allahomma salli 'ala Mohammad waali Mohammad