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Le don des langues

Hussein.fr

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Salam alaykoum,

Puisque Khadija_imane nous a fait une biographie d’un auteur que j’apprécie beaucoup ; René Guénon, j’en profite pour le faire découvrir un peu plus et je vous propose un extrait tiré d’aperçu sur l’initiation qui nous parle du don des langues.

Ce don des langues n’est pas seulement le don de parler plusieurs langues, comme le dit R Guénon, mais également et surtout celui d’avoir la capacité de parler à son prochain de la meilleure façon afin de « l’éclairer » sur lui-même et sur la façon dont il doit procéder pour progresser dans la connaissance spirituelle.

Ceci bien entendu suppose que de l’autre côté la personne qui écoute soit réceptive et comprenne ce qu’on veut lui dire, et pour cela elle doit avoir un lien étroit et je dirais personnel avec la personne qui lui parle, sous peine de ne comprendre qu’un sens tout à fait anodin et sans importance, voir même contraire dans les cas les plus extrême tels que les polythéistes.

On sait, par exemple que les Imams (as) parlaient à chacun selon son entendement et sa compréhension et ceci dans un sens bénéfique pour la personne qui le reconnaissait en tant qu’Imam et guide divin, alors qu’un autre ne trouvait dans les paroles de l’Imam que propos banals et presque sans intérêts ou bien y voyait-il seulement des propos savants.

On peut déduire de ceci que la Vérité ne vient pas de l’extérieur mais bien du dedans et que seul celui qui cherche véritablement et sincèrement la Vérité, en dehors de tout préjugés, la trouve en lui-même car elle trouve résonance en nous pour peu que l’on puisse trouver quelqu’un pour la faire résonner.
Pour aller plus loin et élargir le sujet, on peut dire que c’est le disciple qui fait le Maître, le Maître lui n’est qu’un miroir du divin reflétant la Vérité ; Verbe immuable et éternelle, qu’il soit connu ou inconnu il reste un Maître même sans disciple.

Voici ce que dit R Guénon sur le don des langues et il nous parle également des langues comme formes traditionnelles.

"A ce point de vue, on peut dire que celui qui possède véritablement le « don des langues », c'est celui qui parle à chacun son propre langage, en ce sens qu'il s'exprime toujours sous une forme appropriée aux façons de penser des hommes auxquels il s'adresse."
plus loin il dit...
"Le même enseignement se rencontre dans l'ésotérisme islamique : Mohyiddin ibn Arabi dit que « le vrai sage ne se lie à aucune croyance », parce qu'il est au delà de toutes les croyances particulières, ayant obtenu la connaissance de ce qui est leur principe commun ; mais c'est précisément pour cela qu'il peut, suivant les circonstances, parler le langage propre à chaque croyance. Il n'y a d'ailleurs là, quoi que puissent en penser les profanes, ni « opportunisme » ni dissimulation d'aucune sorte ; au contraire, c'est la conséquence nécessaire d'une connaissance qui est supérieure à toute les formes, mais qui ne peut se communiquer (dans la mesure où elle est communicable) qu'à travers des formes, dont chacune, par là même qu'elle est une adaptation spéciale, ne saurait convenir indistinctement à tous les hommes. On peut, pour le comprendre, comparer ce dont il s'agit à la traduction d'une même pensée en des langues diverses : c'est bien toujours la même pensée, qui, en elle-même, est indépendante de toute expression ; mais, chaque fois qu'elle est exprimée en une autre langue, elle devient accessible à des hommes qui, sans cela, n'auraient pu la connaître ; et cette comparaison est d'ailleurs rigoureusement conforme au symbolisme même du « don des langues ».
Celui qui en est arrivé à ce point, c'est celui qui a atteint, par une connaissance directe et profonde (et non pas seulement théorique ou verbale), le fond identique de toutes les doctrines traditionnelles, qui a trouvé, en se plaçant au point central dont elles sont émanées, la vérité une qui s'y cache sous la diversité et la multiplicité des formes extérieures. La différence, en effet, n'est jamais que dans la forme et l'apparence ; le fond essentiel est partout et toujours le même, parce qu'il n'y a qu'une vérité, bien qu'elle ait des aspects multiples suivant les points de vue plus ou moins spéciaux sous lesquels on l'envisage, et que, comme le disent les initiés musulmans, « la doctrine de l'Unité est unique » (3) ; mais il faut une variété de formes pour s'adapter aux conditions mentales de tel ou tel pays, de telle ou telle époque, ou, si l'on préfère, pour correspondre aux divers points de vue particularisés qui sont déterminés par ces conditions ; et ceux qui s'arrêtent à la forme voient surtout les différences, au point de les prendre même parfois pour des oppositions, tandis qu'elles disparaissent au contraire pour ceux qui vont au delà. Ceux-ci peuvent ensuite redescendre dans la forme, mais sans plus en être aucunement affectés, sans que leur connaissance profonde en soit modifiée en quoi que ce soit ; ils peuvent, comme on tire les conséquences d'un principe, réaliser en procédant de haut en bas, de l'intérieur à l'extérieur (et c'est en cela que la véritable synthèse est, comme nous l'avons expliqué précédemment, tout l'opposé du vulgaire « syncrétisme »), toutes les adaptations de la doctrine fondamentale. C'est ainsi que, pour reprendre toujours le même symbolisme, n'étant plus astreints à parler une langue déterminée, ils peuvent les parler toutes, parce qu'ils ont pris connaissance du principe même dont toutes les langues dérivent par adaptation ; ce que nous appelons ici les langues, ce sont toutes les formes traditionnelles, religieuses ou autres, qui ne sont en effet que des adaptations de ' la grande Tradition primordiale et universelle, des vêtements divers de l'unique vérité."


Hussein.fr

Salam alaykoum
 
Salam agha : )

On sait, par exemple que les Imams (as) parlaient à chacun selon son entendement et sa compréhension et ceci dans un sens bénéfique pour la personne qui le reconnaissait en tant qu’Imam et guide divin, alors qu’un autre ne trouvait dans les paroles de l’Imam que propos banals et presque sans intérêts ou bien y voyait-il seulement des propos savants.

On peut déduire de ceci que la Vérité ne vient pas de l’extérieur mais bien du dedans et que seul celui qui cherche véritablement et sincèrement la Vérité, en dehors de tout préjugés, la trouve en lui-même car elle trouve résonance en nous pour peu que l’on puisse trouver quelqu’un pour la faire résonner.
Pour aller plus loin et élargir le sujet, on peut dire que c’est le disciple qui fait le Maître, le Maître lui n’est qu’un miroir du divin reflétant la Vérité ; Verbe immuable et éternelle, qu’il soit connu ou inconnu il reste un Maître même sans disciple.

Ca fait plaisir de te croiser aussi ici...

Comme je le sous-entendais dernièrement dans un autre post, le passage ci-dessus ne pose-t-il pas la question de la mise par écrit de l'enseignement des Imams ?
En effet, si les vérités les plus essentielles sont aussi les plus relatives, comment aborder un savoir figé, systématisé et enfermé dans des livres ?
 
Salam,

"A ce point de vue, on peut dire que celui qui possède véritablement le "don des langues", c'est celui qui parle à chacun son propre langage, en ce sens qu'il s'exprime toujours sous une forme appropriée aux façons de penser des hommes auxquels il s'adresse"

Le verset 4 de la sourate Abraham (14) ne dit pas autre chose, me semble-t-il :

Chaque prophète envoyé par nous ne s'exprimait, pour l'éclairer, que dans la langue du peuple auquel il s'adressait.[...]

Comme je le sous-entendais dernièrement dans un autre post, le passage ci-dessus ne pose-t-il pas la question de la mise par écrit de l'enseignement des Imams ?
En effet, si les vérités les plus essentielles sont aussi les plus relatives, comment aborder un savoir figé, systématisé et enfermé dans des livres ?

Peut-être par l'élaboration d'un langage "symbolique" (expressions imagées, à l'aide de symboles)...qu'il soit confiné dans le coeur ou sur du papier, il semblerait qu'il puisse permettre la préservation du "mystère" actif du message (de l'enseignement)...J'espère ne pas être HS :icon_roll...
 
Salam alaykoum,

Merci Khadija-imane pour ce lien sur R Guénon.

Comme je le sous-entendais dernièrement dans un autre post, le passage ci-dessus ne pose-t-il pas la question de la mise par écrit de l'enseignement des Imams ?
En effet, si les vérités les plus essentielles sont aussi les plus relatives, comment aborder un savoir figé, systématisé et enfermé dans des livres ?

Effectivement cher Seferi, il se pose la question de savoir si la Vérité peut s’écrire sans se figée et se transmettre sous forme de livre à d’autres générations. Un Livre (le St Coran) et des hadiths peuvent-ils transmettrent aux générations suivantes la tradition extérieure mais également la gnose, c'est-à-dire les secrets permettant d’accéder à une actualisation de la Parole divine qui est intemporel par définition.
C’est là bien entendu un paradoxe et on en revient à la question : un écrit temporel et fixé à un moment donné peut-il donner à lui seul l’accès à la Parole intemporel et de là nous permettre de trouver le divin qui est en chacun de nous. La question peut se résumer ainsi : ce qui est intemporel et sans forme peut-il devenir temporel et formel, sans perdre sa signification la plus profonde ? Le support des écrits suffit-il ?

En ce qui concerne la tradition extérieure on peut effectivement la transmettre, car la lecture se fait littéralement, d’une façon horizontale, en ce qui concerne la connaissance ésotérique, c'est-à-dire une lecture verticale, les choses ne sont pas si simples.

A chaque époque les gens (du livre) qui ont essayé de retrouver le message originel d’une tradition (religieuse bien sûr) se sont trouvés devant le même problème comment réactualiser la Parole d’un Livre Saint ou les paroles de personnes inspirées par Dieu ? On sait par l’histoire sainte, et il suffit pour cela de consulter le nom des différents prophètes qui se sont succédés, que ce sont les hommes nommés par Dieu qui transmettent la Science sacrée et non les écrits. Ils sont les dépositaires de la Science divine et la source sans cesse renouvelée de la connaissance.
Autre chose encore, le Saint Prophète n’a pas trouvé ou reçu un livre (le Coran) qu’il aurait donné aux autres, cette révélation, il l’a reçu en lui-même et non du dehors. Ceci montre que la Vérité est en nous-même et nulle par ailleurs.

Pour en revenir à la question, la réponse est clairement que l’écrit ne suffit pas à une réalisation spirituelle. Et les chiites ont répondu depuis longtemps à cela en disant que seul un Imam est à même de garder et de transmettre intégralement la Parole divine en traversant les époques fussent-elles troublées. De là en découle la nécessité d’une transmission orale, d’une présence humaine, pour transmettre la Parole divine et permettre à ceux qui en sont capables d’actualiser cette Parole, fut-elle ou non reconnu par la masse des hommes cette présence est indispensable. Seul l’Imam (le Pôle) est à même de ne pas figé la Parole, car cette Parole vit en lui et se renouvelle à chaque instant. Un hadith qui est connu de tous dit que la terre ne peut jamais être privé d’un Imam, car le monde humain s’effondrerait.

Lorsque le St Prophète est mort le Coran n’était pas encore sous la forme que nous connaissons actuellement, certains groupes se lamentaient du manque de la mise par écrit, les autres étaient patients car ils avaient l’Imam (Ali (as)) avec eux : le Coran parlant.

La plupart des hommes n’étant capable que de répéter, transformer la Parole en systèmes philosophiques ou autres, en lois extérieurs et donc de figer les écritures saintes dans le temps et non de les actualiser, c'est-à-dire les intérioriser.

L’homme temporel fige les écrits, et au lieu de faire vivre en lui les symboles qui lui permettrait de retrouver le chemin de la Vérité, il recouvre le texte de son mental et ne lui donne pas la « Parole », sûr de son bon droit l’homme se saisit du Coran et l’emprisonne dans des carcans temporels. On sait par expérience historique que l’homme en général, a par passion, ou par nature dirais-je, tendance à soumettre les choses et à ne pas se soumettre (à Dieu). Les causes étant multiples : orgueil, pouvoir, avidité, etc.

L’homme qui veut retrouver cette Parole ou la réactualiser n’a plus d’autre choix que de « retrousser les manches » et d’aller à contre courant, et parfois même de son propre camp pour réactualiser une Parole figée par de savants théologiens et philosophes au fil des siècles.

Actualiser ne veut pas dire matérialiser dans notre temps ou bien figé à nouveau d’une autre façon, car se serai alors une temporalisation, actualiser signifie que cette Parole intemporelle doit à nouveau résonner en chacun de nous, comme elle a raisonné lorsqu’il fut demandé à chacun de nous : "Ne suis-je pas votre seigneur ? Elles dirent : oui, certes, nous attestons..." (Coran VII, Verset 172), dut-on aller chercher la science jusqu’en Chine, pour paraphraser un hadith.
C’est cela la finalité de l’actualisation : « oui nous l’attestons. »

Certains ont dit : il faut reconduire la Parole descendue à son sens premier et ainsi retrouver le sens véritable, sans doute est-ce vrai puisqu’ils le dise, mais encore faut-il connaître parfaitement la langue arabe et avoir étudier le Coran pendant plusieurs années, sous la conduite d’un maître. A ce moment là effectivement la parole temporelle peut-elle s’intérioriser et devenir à nouveau Verbe divin.

Il n’y a bien sûr pas de solution toute faite pour aborder les écritures saintes, on peut les considérer comme support pour la méditation, et ils ne rendent pas la recherche personnelle (de l’Imam) inutile bien au contraire, c’est la recherche, par l’intellect et l’intuition, qui guide la compréhension des choses, et doit aboutir à la connaissance de Soi. L’Imam n’est d’ailleurs pas autre que le Soi.
Je dirais simplement qu’il faut aborder les choses avec sincérité et ne pas se laisser décourager par l’ampleur de la tâche.

Le verset 4 de la sourate Abraham (14) ne dit pas autre chose, me semble-t-il :
Chaque prophète envoyé par nous ne s'exprimait, pour l'éclairer, que dans la langue du peuple auquel il s'adressait.[...]

Vous avez raison Shariatienne c'est clairement dans le Coran. C'est un don qui
fait que l'on est capable de transmettre la Parole de Dieu où que l'on soit, et quelque soit les coutumes locales.

« Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d'eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n'obéis pas à celui dont Nous avons rendu le coeur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier. » Coran XVIII 28

Salam alaykoum
 
Pour en revenir à la question, la réponse est clairement que l’écrit ne suffit pas à une réalisation spirituelle. Et les chiites ont répondu depuis longtemps à cela en disant que seul un Imam est à même de garder et de transmettre intégralement la Parole divine en traversant les époques fussent-elles troublées. De là en découle la nécessité d’une transmission orale, d’une présence humaine, pour transmettre la Parole divine et permettre à ceux qui en sont capables d’actualiser cette Parole, fut-elle ou non reconnu par la masse des hommes cette présence est indispensable. Seul l’Imam (le Pôle) est à même de ne pas figé la Parole, car cette Parole vit en lui et se renouvelle à chaque instant. Un hadith qui est connu de tous dit que la terre ne peut jamais être privé d’un Imam, car le monde humain s’effondrerait.


Salam et merci cher frère pour cette réponse très riche.

Mais alors je me pose une unique question.
Les hadiths disent que le Coran est l'Imam muet et l'Imam est le Coran parlant, dans le sens où il faut en tout temps un homme qui donnera vie au Coran en l'interprétant. C'est justement celà même qui empêche au Coran de devenir une parole figée, limitée, car sa profondeur et son infinité son perpétuellement sollicitées par la Parole vivante de l'Imam.

Mais alors que devient cette Parole vivante quand, avec l'occultation, les propos des Imams deviennent à leur tour, à l'image du Coran, un corpus de livres clos et figé ? S'il faut un Imam pour que la Parole écrite soit vivifiée à tout instant, en l'absence de celui-ci comment faire en sorte que les Paroles écrites des Imams passés soient elles-mêmes vivantes et non enfermés dans des mots ?

Il me semble alors capital et indispensable d'être dans le souci de l'Imam du Temps justement pour que ce corpus prenne vie, car lui seul lui insuffle l'Esprit. L'enseignement des Imams sur les moyens de rester relié à l'Imam du Temps pendant l'occulation sont très riches et cette relation intérieure me semble essentielle en tant que donatrice de vie aux Paroles sacrées.


Par ailleurs, dans le cadre de ce contact, les seuls relais possibles me semblent être, d'une part, le maitre spirituel, lui-même dans la sainte vision, et, d'autre part, le 'Aql purifié, premièer créé et décrit par les Infaillibles comme l'Imam intérieur.
 
Salam alaykoum,

Mais alors je me pose une unique question.
Les hadiths disent que le Coran est l'Imam muet et l'Imam est le Coran parlant, dans le sens où il faut en tout temps un homme qui donnera vie au Coran en l'interprétant. C'est justement cela même qui empêche au Coran de devenir une parole figée, limitée, car sa profondeur et son infinité son perpétuellement sollicitées par la Parole vivante de l'Imam.

Mais alors que devient cette Parole vivante quand, avec l'occultation, les propos des Imams deviennent à leur tour, à l'image du Coran, un corpus de livres clos et figé ? S'il faut un Imam pour que la Parole écrite soit vivifiée à tout instant, en l'absence de celui-ci comment faire en sorte que les Paroles écrites des Imams passés soient elles-mêmes vivantes et non enfermés dans des mots ?

Il me semble alors capital et indispensable d'être dans le souci de l'Imam du Temps justement pour que ce corpus prenne vie, car lui seul lui insuffle l'Esprit. L'enseignement des Imams sur les moyens de rester relié à l'Imam du Temps pendant l'occultation sont très riches et cette relation intérieure me semble essentielle en tant que donatrice de vie aux Paroles sacrées.

Par ailleurs, dans le cadre de ce contact, les seuls relais possibles me semblent être, d'une part, le maître spirituel, lui-même dans la sainte vision, et, d'autre part, le 'Aql purifié, premier créé et décrit par les Infaillibles comme l'Imam intérieur.

Si l’on peut admettre des intercesseurs, personne, pas même un prophète ne peut parcourir le chemin à notre place. C’est à chacun de retrouver la Parole de Dieu en lui et comme tu le dis par « le Aql purifié », je dirais l’intuition intellectuelle, la compréhension intérieure.
Nous t'avons fait descendre le Livre, pour les hommes, en toute vérité. Quiconque se guide [le fait] pour son propre bien; et quiconque s'égare, s'égare à son détriment. Tu n'es nullement responsable [de leurs propres affaires]. Coran XXXIX-41

Les Imams, certes ne sont plus apparents, mais l’Imam est de toute façon toujours occulté, puisque c’est en l’homme qu’il est occulté.
Des prophètes sont venus, des imams sont venus, et beaucoup de gens les ont côtoyé pendant des semaines, des mois, voir des années et qu’en ont-ils tiré : pour un grand nombre rien ou très peu de chose. Il y en a même qui sont allés jusqu’à tuer des prophètes, des imams, au nom de la religion, de leur religion extérieure, on comprend par cela que ce n’est pas une question de présence extérieure qui donne le résultat.

A l’heure actuelle soyons persuadé que l’occultation est une miséricorde divine, et j’en vois au moins une raison, c’est qu’elle évite une sécularisation de la Parole divine et des paroles d’un Imam qui serait présent et visible. Elle évite la récupération de cette Parole par des hordes de gens avides de pouvoir et gonflées d’orgueil, (pour prendre l’exemple le plus criant, il n’y a qu’à rappeler Kerbala et sa horde de « musulmans » qui ont tué un Imam petit fils du Prophète (saw) pour montrer à quel point certains sont près à tout pour le pouvoir, mais les exemples ne manquent pas à travers l’histoire sainte (Le veau d’or, est un exemple de récupération de la quête spirituelle).
Ainsi, avec l’occultation toute compréhension véritable se passe intérieurement, cette intériorisation et méditation d’une parole s’est toujours passé ainsi, mais à notre époque c’est encore plus probant.

Je dirais que tant qu’un seul homme peut faire vivre cette Parole elle est vivante, et peut-être transmise à ceux qui en on la capacité.
L’occultation n’est somme toute que le passage d’une forme traditionnelle à une autre. On sait que les changements d’état ou de tradition se font toujours dans les ténèbres et dans la mort apparente, mais cette mort contient forcément en elle-même les germes d’une renaissance prochaine. L’hiver étant l’aspect visible de ce que peut-être un changement de ce type, tout semble sans vie et arrêté, mais dès que revient la douceur tout renaît.
On pense aussi pour l’occultation à cette parole du VIeme Imam (as) : « l’Islam a commencé expatrié et redeviendra expatrié comme il était au début. Bienheureux ceux qui s’expatrient pour la foi ».

C’est l’égo qui est l’obstacle à la connaissance de soi et de l’Imam, vaincre son égo c’est assurément triompher de tous les voiles qui nous cachent la Réalité.
J’entends par égo non pas quelque chose d’abstrait, mais notre personnalité (qui est un concept créé par nous-même) qui se croit auto-suffisante en ce monde, qui n’a d’autre vue que son bien et sa satisfaction « ici-bas » et qui se laisse sollicité par les choses extérieures, comme si elles pouvaient lui donner un bonheur sans fin, alors qu’elles ne font qu’alimenter ses désirs.

L’intuition intellectuelle se développe quand l’homme prend enfin en charge sa quête, le plus souvent d’ailleurs après une crise intérieur, l’homme se trouve en sorte seul et est amené à réfléchir sur le sens de la vie, ce qui ne veut pas dire qu’il est forcément seul extérieurement, mais que c’est à lui et lui seul à mener à bien cette recherche et de dépasser ou de vaincre ce qui l’empêche de trouver sa véritable nature. Cette démarche de recherche aboutit à une sorte de solitude, et il y a un décalage d’autant plus grand avec les autres dès lors que nous sommes pris par notre recherche et nos méditations. Nos aspirations changent au fur et à mesure que nous commençons à entrevoir le véritable sens de la vie et nos attentes ne sont plus les mêmes vis-à-vis de cette vie.

L’homme qui donne vie au Coran et aux paroles des Imams, qui les fait vivre, ce sont ceux qui recherchent sincèrement, ceux qui soumettent leur égo, ceux qui cherchent et côtoient les gens avancés dans la voie.

Quand on fait un bilan, On constate que les gens se sont laissés porter à chaque fois par la religion. Dès que disparaissait leur prophète la quête spirituelle était confisquée par des hommes de pouvoir. Ou bien on laissait à de savantes personnes le soin de régler les choses de Dieu pour la masse des gens. Les gens se sont laissés porter par la religion quand celle-ci était forte, mais ceci à ses limites et le courant a fini par les faire dériver dans le monde du polythéisme au départ puis de l’idôlatrie et de l’athéisme par la suite. Ceux qui sont croyants se sont contentés de répéter ce qu’on leur disait sans questions et sans vérifier par eux-mêmes. L’islam a normalement supprimé cette irresponsabilité devant la quête, puisque chaque musulman est responsable devant Dieu, mais dans les faits c’est évidemment faux.

A présent, je pense que celui qui veux véritablement entreprendre une quête de lui-même et de l’Imam doit s’appuyer (si Dieu le veut) sur des hommes qui n’ont d’autre ambition que la réalisation spirituelle : des maîtres, ou pour le moins des hommes décidés et avancés dans la voie, extérieurement connus ou inconnus.

Malraux disait que le 21eme siècle serait religieux ou ne serait pas, moi je dirais plutôt que le 21eme siècle sera religion intérieure ou ne sera pas.

Mais alors que devient cette Parole vivante quand, avec l'occultation, les propos des Imams deviennent à leur tour, à l'image du Coran, un corpus de livres clos et figé ?
A ta question unique je répondrais par un propos d’ Ibn Arabi qui rappelait qu'un rite ne doit jamais être pris comme une fin en lui-même et que même pour le pèlerinage où la notion de « quête » de la Réalité divine occupe pourtant une place essentielle, il ne peut s'agir que d'un moyen privilégié, destiné à amener celui qui l'accomplit à prendre conscience de la Présence permanente de cette Réalité immuable et qui « préexiste » au rite lui-même. Je pense que la même chose peut-être dite des écrits qui restent un moyen essentiel pour la prise de conscience d’une Réalité immuable, qui est antérieur à ces écrits et dont la Présence est en nous même.

Tout ce que l’on peut dire ou écrire est une interprétation de la Vérité, car la Vérité Unique ne s’écrit pas et ne se dit pas, elle se vit. Tout est en fait interprétation suivant le point de vue où l’on se place. Un doigt pointant la Vérité c’est ce que sont les écrits saints et les paroles des Imams, mais seul celui qui vit cette Vérité la connaît en réalité.
Le Coran VI -103 dit : « Les regards ne l’atteignent pas
mais Il atteint, Lui, les regards,
Lui, le Subtil, l’Informé. »


On connaît l’histoire de l‘éléphant de Rumî, cet éléphant est dans une pièce noire et chacun touche l’animal et donne son avis (imparfait bien sûr) sur son aspect mais seul celui qui l’a vu en pleine lumière sait vraiment comment il est. On pourrait comparer ce monde à une pièce où il fait noir ou nous essayons d’interpréter la Vérité, mais seul celui qui a réalisé la Vérité la connaît.

Une remarque Shariatienne à propos d’Abraham (as) : en effet, il faut souligner que dans le Coran seul Abraham est appelé « Imam pour les hommes » Coran II 124, ceci montre clairement que son rôle est beaucoup plus large que celui d’un simple prophète puisqu’il vient pour tous les hommes et non pour un peuple déterminé et ce n’est pas un hasard si le St Prophète fait référence à Abraham le Hanif, c’est aussi par cette référence au prophète Abraham (as) que la religion musulmane montre qu’elle est une tradition universelle et non une religion pour un peuple déterminé : les arabes. On trouve également le rappel d’Abraham (as) dans le pèlerinage, l’un des piliers de l’islam ou la plupart des rites sont liés à la vie de ce prophète.
Rappelons qu’Abraham (as) est le pôle du cycle de la prophétie comme le souligne H Corbin dans le T IV p 415 de « En islam iranien »

Salam alaykoum
 
Une remarque Shariatienne à propos d’Abraham (as) : en effet, il faut souligner que dans le Coran seul Abraham est appelé « Imam pour les hommes » Coran II 124, ceci montre clairement que son rôle est beaucoup plus large que celui d’un simple prophète puisqu’il vient pour tous les hommes et non pour un peuple déterminé et ce n’est pas un hasard si le St Prophète fait référence à Abraham le Hanif, c’est aussi par cette référence au prophète Abraham (as) que la religion musulmane montre qu’elle est une tradition universelle et non une religion pour un peuple déterminé : les arabes. On trouve également le rappel d’Abraham (as) dans le pèlerinage, l’un des piliers de l’islam ou la plupart des rites sont liés à la vie de ce prophète.
Rappelons qu’Abraham (as) est le pôle du cycle de la prophétie comme le souligne H Corbin dans le T IV p 415 de « En islam iranien »

Salam Hussein,

Trois notions essentielles à l'Islam, le Monothéisme-le Djihad-le Hajj...trois concepts qui convoquent indéfectiblement à l'idée d'Abraham (as) ainsi que les trois concepts phares du shiisme, l'Imamat-l'Achoura-l'Anticipation...qui en découlent, tels sont les propos avancés par le penseur Ali Shariati.

Votre plume revêt une résonance singulière...merci.
 

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