Le 10ème jour de Ashoura est-il un jour de jeûne,
de fête ou de deuil ?
de fête ou de deuil ?
Au nom de Dieu le Clément, le Très Miséricordieux. Que la paix soit sur notre bien aimé Muhammad, ainsi que sur sa famille que Tu as purifié dans Ton Livre, le Saint Coran par le verset : « O vous, les Gens de la Maison! Allah veut seulement éloigner de vous la souillure, et vous purifier totalement. » (S33, v33).
Examinons avec l'aide de Dieu, quelques hadiths à ce sujet du point de vue chiite et ensuite sunnite.
Les Hadiths à ce sujet dans le chiisme
Selon les sources chiites, la majorité des hadiths interdisent expressément le jeûne le 10ème jour du mois de Muharram, le jour d’Achoura, car ils considèrent cela comme une pure innovation introduite par les pires ennemis de l'Islam.
L’imam Dhafar Sadiq (as) a dit : “C’est un jeune sur lequel il n’y a pas de preuve, ni dans le Livre de Dieu, ni dans la sounnah (du Prophète Muhammad). Cette dérive provient de la sounnah de la famille de Ziyad (les Bani Ommeyya) après avoir tué al-Husseïn (as) (le petit-fils du Prophète).” (Al Kafi, volume 4 page 146)
Les Imams nous enseignent que ce jeûne fut inventé pour fêter le massacre d’al-Housseïn (as) et de sa famille à Karbala, le dixième jour du mois de Muharram.
Les Hadiths à ce sujet dans le sunnisme
Certains savants sunnites, dont Ibnu Baz, soutiennent que le jeûne d’Achoura est une "sunnah" du Prophète (saw) et ils ajoutent que le Prophète (saw) jeûnait ce jour-là et encourageait également les musulmans à le faire. Ils argumentent que ce jour de jeûne prend son origine le jour où Dieu a sauvé le Prophète Moussa (as) et son peuple de Pharaon et qu’il faut donc jeûner ce jour pour remercier Dieu.
Dans le Sahih al-Boukhari nous trouvons un premier Hadith qui dit que le Messager de Dieu a dit : “Celui qui souhaite jeûner le jour de Ashoura peut le faire.” (Sahih al-Bukhari, hadith 2000)
يَوْمَ عَاشُورَاءَ: إِنْ شَاءَ صَامَ
Dans un autre Hadith rapporté d’après Aïcha, celle-ci dit : “ Le Messager d'Allah (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) avait ordonné de jeûner le jour d'Achoura. Mais quand le jeûne du mois de Ramadan a été prescrit, celui qui voulait jeûner (Achoura) jeûnait, et celui qui ne voulait pas ne jeûnait pas. ” (Sahih al-Bukhari, hadith 2001)
كَانَ رَسُولُ اللهِ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ أَمَرَ بِصِيَامِ يَوْمِ عَاشُورَاءَ، فَلَمَّا فُرِضَ رَمَضَانُ، كَانَ مَنْ شَاءَ صَامَ وَمَنْ شَاءَ أَفْطَرَ
Dans un autre Hadith d’après Aïcha, elle dit : “ Durant la période de l'ignorance (Jahiliyyah), les Quraysh jeûnaient le jour d'Achoura. Le Messager d'Allah (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) jeûnait également ce jour. Lorsqu'il est arrivé à Médine, il l'a jeûné et a ordonné aux autres de le faire. Cependant, une fois que le jeûne de Ramadan a été prescrit, il a abandonné le jeûne d'Achoura. Dès lors, celui qui souhaite jeûner ce jour peut le faire, et celui qui ne souhaite pas n'est pas tenu de le faire. ” (Sahih al-Bukhari, hadith 2002)
كَانَ يَوْمُ عَاشُورَاءَ تَصُومُهُ قُرَيْشٌ فِي الْجَاهِلِيَّةِ، وَكَانَ رَسُولُ اللهِ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ يَصُومُهُ، فَلَمَّا قَدِمَ الْمَدِينَةَ صَامَهُ وَأَمَرَ بِصِيَامِهِ، فَلَمَّا فُرِضَ رَمَضَانُ تَرَكَ يَوْمَ عَاشُورَاءَ، فَمَنْ شَاءَ صَامَهُ وَمَنْ شَاءَ تَرَكَهُ
Suite à l'analyse de ces trois hadiths rapportés par Bukhari dans son Sahih, il est à noter que le jeûne du jour d'Achoura a bien été autorisé, mais il n'a jamais été recommandé ou rendu obligatoire après la mise en place du jeûne du mois béni de Ramadan. Le Prophète (saw) lui-même a d'ailleurs abandonné cette pratique, démontrant qu'elle n'était plus une sunnah, contrairement à ce que prétendent certains savants sunnites tels qu'Ibnu Baz
Dans un autre hadith du Sahih d’al-Bukhari, Ibn Abbas rapporte que : “ Lorsque le Prophète (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) est arrivé à Médine, il a vu les Juifs jeûner le jour d'Achoura. Il a demandé : 'Qu'est-ce que c'est ?' Ils ont répondu : 'C'est un jour vertueux. C'est le jour où Dieu a sauvé les enfants d'Israël de leur ennemi, donc Moïse l'a jeûné.' Le Prophète a dit : 'Je suis plus proche de Moïse que vous.' Ainsi, il l'a jeûné et a ordonné de jeûner ce jour. ” (Sahih al-Bukhari, hadith 2004)
قَدِمَ النَّبِيُّ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ الْمَدِينَةَ، فَرَأَى الْيَهُودَ تَصُومُ يَوْمَ عَاشُورَاءَ، فَقَالَ: مَا هَذَا، قَالُوا: هَذَا يَوْمٌ صَالِحٌ، هَذَا يَوْمٌ نَجَّى اللهُ بَنِي إِسْرَائِيلَ مِنْ عَدُوِّهِمْ، فَصَامَهُ مُوسَى. قَالَ: فَأَنَا أَحَقُّ بِمُوسَى مِنْكُمْ، فَصَامَهُ وَأَمَرَ بِصِيَامِهِ
Ce hadith nous informe que, lors de l'arrivée du Prophète (saw) à Médine, il a remarqué que les juifs jeûnaient en ce jour particulier. Interrogés sur la raison de ce jeûne, ils ont expliqué que c'était en commémoration du jour où Dieu avait sauvé les Bani Israël. Ainsi, le jeûne du jour d'Achoura serait en réalité associé à un événement de la tradition juive.
Dans un autre hadith toujours du Sahih al-Bukhari, Abu Moussa rapporte : “ Les Juifs considèrent le jour d'Achoura comme une fête. Le Prophète (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) a dit : 'Alors jeûnez-le, vous aussi. ” (Sahih al-Bukhari, hadith 2005)
انَ يَوْمُ عَاشُورَاءَ تَعُدُّهُ الْيَهُودُ عِيدًا، قَالَ النَّبِيُّ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ: فَصُومُوهُ أَنْتُمْ
Analysons maintenant ces Hadith pour savoir exactement ce qu'il en est de cette tradition attribuée au Prophète (saw)
À partir de ces Hadith issus du Sahih d'al-Bukhari, considéré comme la référence sunnite la plus authentique en matière de hadith, nous pouvons dégager trois points majeurs.
- Ashoura est un jour béni chez les juifs.
- Pour les juifs c’est un jour de jeûne prescrit et c’est également une fête chez les juifs.
- D’après l’un des hadiths cités, le Prophète Muhammad (saw) serait arrivé à Médine justement le jour d’Ashoura et aurait vu les juifs jeûner.
Cependant, l'Histoire nous montre que le Messager de Dieu n'est pas arrivé à Médine le 10 Muharram du calendrier hégirien, soit le jour d’Ashoura pour les musulmans. En réalité, son arrivée à Médine a eu lieu le 12ème jour du mois de Rabi’ul Awal en 622. Sur le plan technique, l’année hégirienne devrait ainsi débuter en Rabi’ul Awal et c'est seulement sous le règne d'Omar ibn Khattab que Muharram a été établi comme le premier mois de l’année hégirienne pour les musulmans.
En conclusion, soit ce hadith n'est pas authentique, soit la date d'Ashoura évoquée par les juifs ne correspond pas du tout au mois de Muharram du calendrier musulman.
En examinant le calendrier hébraïque, on remarque que le jour de Kippour est non seulement une fête importante pour les juifs, mais également un jour béni et un jour de jeûne. Il intervient le dixième jour du premier mois du calendrier hébraïque, Tishri, parfois désigné sous le nom d'Ashoura. Pour la communauté juive, ce jour symbolise la repentance, et le jeûne y est strictement observé. Le jeûne débute une demi-heure avant la tombée de la nuit qui précède le jour de Kippour et se termine à la tombée de la nuit suivante, s'étalant ainsi sur près de 24 heures.
Le calendrier hébraïque est luni-solaire, combinant des années solaires et des mois lunaires. Tous les quatre ans, il compte 13 mois dans la tradition juive. Ce système est nettement différent du calendrier islamique, qui est strictement lunaire et se compose toujours de 12 mois.
Tishri est le premier mois du calendrier hébraïque, et le Yom Kippour a lieu le dixième jour de ce mois.
Essayons maintenant de faire correspondre les dates pour vérifier l'information contenue dans les hadith de Bukhari. Nous savons que le Messager (saw) est arrivé à Médine le 12ème jour du mois de Rabi’ul Awal de la première année de l’hégire, soit le 24 septembre de l'année 622 du calendrier grégorien. En comparant cette date à celle du calendrier hébraïque, nous trouvons qu'elle correspond au 11 Tishri 4383. Cela est très proche du 10 Tishri, date à laquelle les juifs jeûnent et célèbrent leur Ashoura.
Cela démontre, sur une base scientifique, que ce jour ne correspondait pas au 10ème jour de Muharram. Une fois encore, cette tradition du jeûne le 10ème jour de Muharram apparaît comme une pure invention, bien éloignée d'une véritable tradition prophétique.
Avant que Dieu ne légifère le jeûne du mois de Ramadan, le jeûne d'Ashura avait été rendu obligatoire par le Prophète (saw). Cependant, ce jeûne ne correspondait pas au 10ème jour de Muharram, mais à l'Ashoura des juifs, c'est-à-dire à Yom Kippour, situé entre le 10ème et le 11ème jour du mois de Tishri. Les musulmans s'appuyaient alors sur le calendrier juif pour déterminer la date exacte chaque année. Cette affirmation est d'ailleurs corroborée par le livre "Fath ul-Bari" d'Ibn Hadjar al Asqalani, en son volume 4 page 248. Ce livre, étant l'un des commentaires les plus renommés et exhaustifs du Sahih al-Bukhari, cite le hadith suivant : “... pendant des années, les musulmans demandaient aux juifs quand correspondait leur jour d’Ashoura …”.
Cette analyse démontre que le jeûne établi le 10ème jour du mois de Muharram, jour tragique du massacre de l’Imam al-Husseïn (as) et de nombreux membres de sa famille à Karbala, n'est rien d'autre qu'une invention des Bani Oumayya (les Omayyades). Ceci corrobore le hadith chiite mentionné précédemment. Il est évident que ce jeûne ne découle pas d'une tradition prophétique, et la célébration de ce jour en tant que jour de fête pour les musulmans est tout aussi discutable.
Bien au contraire, quiconque aime Dieu et Son Prophète (saw), doit considérer ce jour comme un jour de tristesse et de deuil par respect pour le Prophète (saw) et ceux qu’ALLAH nous a ordonner d’aimer dans le Coran à savoir le père d'al-Husseïn (as) et sa mère Fâtimah az-Zahra, que la paix soit sur eux.
Dieu dit : « Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les Proches." » (Sourate al-Chûrâ, 42 : 23)
Note importante : Les exégètes sunnites interprètent que "les Proches" mentionnés dans ce verset font référence à Ali, Fâtimah, al-Hassan et al-Housseïn (as).
La tragédie qui s'est déroulée à Karbala le 10ème jour du mois de Muharram demeure l'un des moments les plus sombres de l'histoire de l'Islam. Ce jour-là, le petit-fils bien-aimé du Prophète (saw), al-Husseïn (as), fut assiégé dans le désert par des dizaines de milliers de soldats. Lui, sa famille, y compris un bébé de quelques mois, souffrirent de la soif pendant plusieurs jours. Un par un, il vit les membres de sa famille ainsi que ses fidèles compagnons être brutalement tués et mourir en martyrs. Dans la suite tragique des événements, al-Husseïn (as) lui-même fut décapité, sa tête hissée sur une lance, tandis que son corps était piétiné par des chevaux. Les femmes survivantes de sa famille, dont sa sœur Zeynab, fille de Fâtimah az-Zahra, et sa propre fille Sukayna, furent ensuite enchaînées. Traitées comme des criminelles, elles furent humiliées en étant conduites de ville en ville, de Karbala à Kufa, puis de Kufa à Damas, sous le règne cruel de l'instigateur de cette atrocité, Yazid fils de Muawiyya, descendant d'Abu Sofian. Durant ce périple de plusieurs centaines de kilomètres, elles furent exhibées comme des trophées de guerre, menées par le cortège macabre portant la tête d'al-Hussein (as) sur une lance.
Il est impératif de prendre conscience que nous évoquons ici al-Husseïn (as), le fils d'Ali (as) et le précieux petit-fils du Messager de Dieu (saw). Afin de bien comprendre l'estime et la valeur d'al-Husseïn (as) aux yeux du Prophète (saw), il convient de se référer à certains hadiths renommés, compilés par Ibnou Kathir, reconnu dans le monde sunnite comme un historien, juriste et exégète de premier plan.
L'Imam 'Alî (as), cité par l'imam Ahmad Ibn Hanbal, a dit : « Un jour le Messager de Dieu est entré chez moi, alors que je dormais (...) Fâtimah, al-Hassan et al-Hussaïn (as) étaient là. Il dit alors à Fâtimah (as) : Moi, toi, ces deux-là et ce dormeur, nous occuperont ensemble une même place le Jour de la Résurrection ». Cité par Ibn Kathîr
Ibn Sâbit, cité par l'imam Ahmad Ibn Hanbal, témoigne : « Al-Hussaïn Ibn 'Alî entra un jour dans la mosquée. Jâbir Ibn 'Abdulâh dit alors: Celui qui aimerait voir le Maître de la Jeunesse du Paradis, qu'il regarde celui-ci (al-Hussaïn). C'est ce que j'ai entendu du Prophète (saw) ». Cité par Ibn Kathîr
Lorsque le Prophète (saw) entendait al-Hassan ou al-Hussaïn (as) pleurer, il disait à sa fille Fâtimah : « Pourquoi cet enfant pleure-t-il ? Ne sais-tu pas que ses pleurs me font mal ? » Cité par 'Abbas Mahmoud al-'Aqqad
Al-Tarmadi, citant Ya'lî Ibn Marrah, rapporte ce témoignage : - Le Prophète (saw) dit : « Hussaïn fait partie de moi et je fais partie de Hussaïn. Dieu aime qui aime al-Hussaïn. Al-Hussaïn (as) est un descendant béni (sibt). ». Cité par Ibn Kathir
Le père de Ach'ath Ibn Samih a dit : - J'ai entendu le Messager de Dieu dire : « Mon fils - c'est-à dire al-Hussaïn (as) - sera assassiné sur une terre dénommée Karbalâ'. Quiconque l'y verra, qu'il le soutienne ». Cité par Ibn Kathir
Abû Hurayrah, cité par l'imam Ahmad Ibn Hanbal, témoigne : - Le Prophète (saw), regardant al-Hassan, al-Hussaïn et Fâtimah (as) (leur mère), dit : « Je serai en guerre contre quiconque aura été en guerre contre vous et en paix avec quiconque aura été en paix avec vous ». Cité par Ibn Kathir
L'imam Ahmad Ibn Hanbal rapporte le témoignage suivant d'Abî Hurayrah : - Le Prophète(saw) a dit : « Celui qui aime al-Hassan et al-Hussaïn (as), m'aura aimé. Et celui qui les déteste m'aura détesté ». Cité par Ibn Kathir
Selon al-'Izâr Ibn Harith: - Un jour, alors que 'Amr Ibn al-'Aç était à l'ombre de la Ka'ba, et qu'il vit venir al-Hussaïn (as), il dit : « Voici parmi les habitants de la terre le plus aimé des habitants du Ciel ». Cité par Ibn Kathir
Ibn Kathir, s'exprimant au sujet du jour de l'Ashoura du 10 Muharram, a déclaré : 'Chaque Musulman devrait ressentir une profonde affliction face à l'assassinat d'al-Hussaïn (as). Il est en effet l'un des Musulmans les plus nobles, parmi les plus érudits des Compagnons, et le fils de la fille la plus chérie du Prophète (saw). Par-dessus tout, il était un serviteur dévot, courageux et d'une grandeur d'âme exceptionnelle.
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Ô Allah, accorde Ta bénédiction et Ta paix à al-Hussein, le fils purifié d'Ali et Fatima. Illumine nos cœurs avec l'amour et la guidance qu'il a incarnés. Protège-nous du mal et guide-nous sur le chemin de la vérité, tout comme al-Hussein est resté ferme dans la vérité face à l'oppression. Ô Seigneur, donne-nous la force de sacrifier et de défendre la vérité comme l'a fait al-Hussein et permets-nous de suivre ses nobles enseignements. Amin.
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