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lA’tollah Mohammad Taqî Misbâh Yazdî

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Ayatollah Taqî Misbâh Yazdî et l'Irfan

PRIMORDIALITE DE LA GNOSE
EN ISLAM

par l’Ayatollah Mohammad Taqî Misbâh Yazdî

Officiellement maître à penser du nouveau Président de la République islamique d'Iran et membre influent du Conseil des Gardiens de la RII, Mohammad Taqi Misbah Yazdi est né à Yazd, Iran, en 1934. A Qom, de 1952 à 1960, il assista aux cours donnés par l’Imam Khomeyni tandis que, dans le même temps, il étudiait l’exégèse du Coran et la philosophie d’Ibn Sina et de Molla Sadra avec l’Allameh Mohammad Husayn Tabataba'i. Il suivit également durant approximativement quinze ans les séminaires de jurisprudence islamique de l’Ayatollah Bahjat. Les préoccupations socio-politique de l’Ayatollah Misbah s’affirmèrent par une active participation au soulèvement islamique contre le régime des Pahlavi. Quand l’Imam Khomeyni fut condamné à l’exil, il l’accompagna avec de nombreux autres de ses étudiants dont Shahid Beheshti et fut à l’origine de débats sur les perspectives islamiques relatives aux problèmes sociaux comme le Jihad et le système politique islamique. Avec l’Ayatollah Dr. Mohammad Beheshti, l’Ayatollah Ahmad Jannati, et l’Ayatollah Ali Quddusi, il fut l’un des directeurs de la Madrasah Haqqani où durant 10 ans il enseigna les études coraniques, la philosophie et l’éthique. Il fut par ailleurs pendant plusieurs années le chef de l’autorité judiciaire de la République Islamique d’Iran. Dès 1975, il créa, dirigea ou enseigna dans différents instituts dont le département pédagogique de l’Institut Dar Rah-i Haqq, la Fondation culturelle Baqir al-`ulum, le bureau pour la coopération entre la Hawzah et l’Université (Daftar-i Hamkari Hawzah va Danishgah). Il est aujourd’hui le directeur de l’Institut pédagogique et de Recherches Imam Khomeyni du centre islamique de Qom. Il a été élu en 1990 au Conseil des Experts de la Guidance (majlis-i khibrigan-i Rahbari) pour la province du Khouzistan et il a été réélu pour la province de Téhéran qu’il représente actuellement. Il est l’auteur de nombreux travaux sur la philosophie islamique (on citera ses Instructions philosophiques, une introduction à la philosophie islamique contemporaine), la philosophie comparée, la théologie, l’éthique et l’exégèse du Coran.


Les êtres humains qui vivent dans ce monde peuvent être comparés à des astéroïdes lancés dans l’espace, chacun d’eux est mu par une puissance et une énergie secrètes qui lui permet d’accéder à un royaume infini et transcendant. Toutefois, l’attrait des plaisirs charnels peut les précipiter dans la prison du monde naturel en provoquant en eux un mouvement de décadence et de dégradation . Par ailleurs, les désirs et tendances sataniques et égoïstes, qui se rencontrent sous une forme concrète dans les cultures et civilisations matérialistes, accélèrent cette dégradation et cette chute. Rares sont ceux qui bénéficient d’une perception intuitive des réalités spirituelles et dont les cœurs s’ouvrent aux messages divins, qui sont préservés des misérables désirs et appétits bestiaux et s’élèvent vers les horizons célestes et lumineux, qui progressent sur le chemin qui mène vers la véritable source de toute félicité, beauté, pouvoir, harmonie, et perfection. Mais parmi ceux qui se brisent brutalement contre la terre comme des météorites, se rencontrent parfois quelques insatisfaits. Prisonniers de la matière, ils commencent à se dégager, suivant un sens contraire à leur mouvement de chute, pour le royaume transcendant et céleste.
Nous sommes actuellement témoins de la réaction d’un groupe d’individus désespérés par la décadence de la culture occidentale, en quête de valeurs spirituelles. A la recherche d’une source d’eau pure, malheureusement, en majorité, ils succombent victimes d’embûches qui les jettent dans un précipice encore plus profond duquel ils essayent de s’échapper mais qui les mènent insensiblement à leur ruine. Au lieu du nectar de la sagesse, c’est un poison qui se répand sur leurs lèvres.

La tendance ascendante à s’extirper de la culture matérialiste n’est pas seulement limitée à ces individus isolés. Aujourd’hui, nous sommes également témoins de l’expansion de mouvements sociaux pro-islamiques dans le monde, y compris dans les sociétés les plus décadentes et les plus faibles spirituellement. Ce phénomène a été accéléré par la victoire d’une grande révolution islamique. Celle-ci, guidée par un grand gnostique, s’est appuyée sur le peuple et, à la lumière des enseignements islamiques, a survécu à toutes les forces sataniques et s’est avancée avec impétuosité et fermeté malgré toute une série d’obstacles dressés sur son passage. Bien que ce ne soit pas la première fois qu’un mystique ait eu à conduire un mouvement social, il n’est pas aisé de citer d’autres exemples de mouvements d’une telle profondeur, grandeur et constance. De ce point de vue, cet événement peut encore représenter une puissante référence pour une analyse du rôle que jouent les inclinations spirituelles, spécialement celles afférentes à la mystique islamique, lesquelles sont à l’origine d’une évolution positive dans la vie des êtres humains.

De tous temps, ont existé dans le monde musulman des tendances identifiées au travers de la gnose (‘irfan) et du soufisme (tasawwuf), lesquelles ont atteint leur apogée dans beaucoup de pays tels que l’Iran ou la Turquie entre les IVème et VIIIème siècle de l’Hégire. Aujourd’hui, encore, subsistent de nombreuses branches du soufisme à travers le monde musulman. De plus, des tendances similaires se rencontrent parmi les adeptes d’autres croyances et ce fait amène à s’interroger afin de savoir si ce qui est appelé “ mystique islamique ” existe vraiment ou si les musulmans n’on fait que l’emprunter aux autres tendances et, en fin de compte, si ce que l’on appelle la mystique islamique n’est pas en réalité la mystique des musulmans et non la mystique de l’Islam. Nous pouvons aussi nous demander si la mystique islamique est un produit de l’Islam, si elle est identique à la mystique que nous rencontrons aujourd’hui parmi les musulmans ou si elle a fait l’objet de changements et d’altérations ?

Il y a différentes façons de répondre à ces questions. Certains ont nié radicalement l’existence de la mystique en Islam, la considérant comme une hérésie qui doit être extirpée. D’autres ont soutenu qu’elle est étrangère aux enseignements de l’Islam mais compatible avec eux. Dans la même perspective, d’aucuns ont prétendu que l’irfân est une innovation louable, comme le monachisme dans le christianisme, au sujet duquel le Coran dit :
Et le monachisme qu’ils inventèrent, qui ne leur a pas été prescrit, mais qui fut afin de complaire à Dieu Al Hadîd, 57 : 27. Finalement, un troisième groupe soutient que la mystique est un aspect intégral de l’Islam, de fait, rien de moins que son essence même et son esprit qui prend sa source, comme tous les éléments de la Foi, dans le Sacré Coran et la Tradition du Prophète (…). Ceux-ci, par conséquent, rejettent la thèse selon laquelle la mystique islamique aurait été empruntée à une quelconque autre religion ou école de pensée, en affirmant que l’existence de similitudes entre la mystique islamique et les autres croyances ne constitue pas une preuve de ce qu’elle aurait été empruntée à ces religions ou philosophies, de même que l’existence de similitudes entre les principes de l’Islam et ceux des autres doctrines révélées ne saurait prouver que ceux-ci ont été empruntés aux autres religions.
Nous pensons que la dernière position est la plus exacte. Nous devons cependant souligner qu’affirmer la légitimité de la mystique islamique ne signifie pas approuver tout ce qui se pratique dans le monde musulman sous le couvert de la mystique et du soufisme, comme toutes les pratiques et croyances rencontrées parmi les groupes que se déclarent musulmans ne peuvent être a priori considérées comme islamiques. S’il en était ainsi, nous serions alors contraints de conclure que, ou l’Islam est un amalgame de croyances et valeurs hétéroclites, ou bien nous sommes en présence de versions contradictoires de l’Islam. En tous les cas, quoique nous admettions l’existence de la mystique islamique comme telle, dont les plus anciens représentants furent investis par le Prophète (…) et ses légitimes successeurs, nous ne contestons pas la présence d’éléments allogènes dans le système doctrinal des mystiques musulmans, et nous considérons comme contestables les croyances et pratiques de beaucoup de sectes soufies.

Avant de nous embarquer dans un débat à propos de la mystique islamique, il conviendrait de préciser les termes ‘irfân (mystique ou gnose) et tasawwuf (soufisme) afin d’éviter les malentendus et confusions. Le mot ‘irfân, qui correspond à celui de ma’rifah, signifie littéralement “ savoir ”. Comme terme technique, il en est venu néanmoins à désigner une forme particulière de connaissance, obtenue non au travers de l’expérience, la raison ou l’éducation, mais par le moyen de la perception intuitive, directe. De plus, ce terme est arrivé à recouvrer les théories qui peuvent résulter de telles perceptions. Ces compréhensions intuitives qui sont généralement obtenues par la réalisation de pratiques, actions, ascèse et orientations par les aspirants sont connues sous le terme de “ gnose opérative ” (‘irfan amalî), en contraste avec les positions théoriques auxquelles nous avons déjà fait allusion, que recouvre la “ gnose spéculative ” (‘irfan nazharî) laquelle se rencontre souvent combinée avec une forme de raisonnement logique, comme par exemple dans le cas de la philosophie illuminative (Falasafat-ul Ishrâq).
Très probablement le terme tasawwuf dérive du mot sûf ou “ laine ”, et signifie porter une robe de bure comme symbole d’une vie austère, libre de tout luxe et de tout plaisir charnel. Dans cette optique, tasawwuf est un terme qui a une plus grande affinité avec la “ mystique opérative ” tandis que le terme ‘irfân est plus intimement associé à la “ mystique spéculative ”.

Ainsi, dans la sphère de la mystique, peuvent être distingués au moins trois éléments :premièrement, une catégorie spécifique d’actions qui selon ses défenseurs, garantit à l’aspirant une compréhension intuitive, immédiate et directe de Dieu, Ses noms, Ses Attributs et ses Manifestations. Secundo, les états de conscience particuliers qu’un aspirant expérimente et les perceptions spirituelles que finalement il obtient Tercio, les théories et affirmations qui sont fondées sur ces expériences spirituelles mais qui sont plus ou moins bien comprises d’individus qui peuvent ne pas avoir un attrait particulier pour la voie de la mystique pratique.

Néanmoins, ces théories et affirmations sont adaptées à l’essence secrète et à la conscience des authentiques mystiques. Les précédentes assertions montrent en clair qu’un véritable mystique est quelqu’un qui s’est engagé dans une série de pratiques et exercices particuliers qui le conduisent à une compréhension directe, intuitive et profonde de Dieu, Ses attributs et Actions, tandis que la mystique spéculative n’est qu’un témoignage et une interprétation qui peuvent bien être incomplets et déficients d’autant qu’à la base d’une interprétation ouverte et libérale, nous pouvons appliquer le terme “ mystique ” à toutes les voies qui sont suivies dans le but de chercher la “ Vérité ”, la libération spirituelle, les états de conscience et les perceptions spirituelles auxquelles elle conduit. Interprétée de cette manière, elle peut inclure la mystique bouddhiste, hindoue et les traditions mystiques de quelques tribus sibériennes et africaines. Interprétée pareillement dans un sens large, le concept de “ religion ” peut être appliqué au bouddhisme et à des formes diverses d’adoration des éléments de la nature.

Il serait aussi approprié de mentionner brièvement deux autres termes qui sont en relation avec le présent sujet : hikmah et falasafah. Le mot d’origine purement arabe, hikmah, signifie littéralement “ connaissance vraie ”. Il est généralement utilisé pour désigner les formes opératives de la connaissance, et le Coran aussi l’utilise de cette manière (Al-Isrâ’ 17:39) . Ce terme en est venu à désigner la Métaphysique et aussi la philosophie et l’éthique pratiques. Quant à la terminologie de l’éthique, elle se réfère à une faculté de l’âme qui ressortit à l’application de la raison et aussi au point médian entre le nécessaire et le possible. En d’autres termes, elle ne ressortit pas aux philosophies hérétiques ni sceptiques. Quant à Falasafah, il dérive du grec et se réfère à toutes les tentatives rationnelles et intellectuelles pour comprendre les lois et principes universels et abstraits […]

Une analyse circonstanciée des versets du Coran, des dits du Prophète (…) et des membres de sa Demeure (…) démontrerait que ceux-ci sont les piliers du royaume de la mystique spéculative et de nombreuses instructions et règles de conduite de la quête spirituelle. Nous pouvons par exemple signaler les versets qui traitent de l’unité de l’Essence, des Attributs et Actes divins dans la sourate A-Tawhid, au début de la sourate Al-Hadîd et à la fin de la sourate Al-Hashr, de même que ceux qui affirment la présence de Dieu dans tout l’univers, son contrôle complet sur toutes les créatures et le fait que consciemment et inconsciemment celles-ci adorent Dieu et lui rendrent hommage. Il y a aussi des versets relatifs à la tradition islamique du pèlerinage spirituel et à la recherche contemplative, qui abordent des questions comme la méditation, le recueillement, le souvenir et la concentration perpétuelle en Dieu, les prières et veillées nocturnes, la prière de l’Aube, la psalmodie des Noms de Dieu, les pleurs et les transes à l’écoute et à la lecture des versets du Coran, l’humilité profonde, la soumission complète à Dieu, la pureté de l’intention dans les observances religieuses, la réalisation de bonnes œuvres pour l’amour de Dieu et afin de devenir pieux et d’obtenir sa Grâce, la foi et la confiance constantes en Dieu, la soumission totale à la Volonté divine. De tels thèmes sont en outre abordés à d’innombrables reprises dans les dits, oraisons et suppliques du Prophète (…) et des Imams (…).

En réponse à ces versets explicites du Coran et également aux déclarations sans équivoque du Prophète (…) et des Imams (…), des positions extrêmes ont été adoptées. Un groupe de gens a interprété de telles déclarations d’une façon superficielle et littérale au point d’affirmer que Dieu expérimente différents états de l’Etre et que physiquement Il “ monte ” et “ descend ”. Ce groupe a dépouillé les versets, traditions et récits coraniques de leur sublime signification spirituelle, leur déniant en même temps une quelconque forme de mystique.

Un autre groupe, influencé par diverses causes sociales, a adopté des éléments étrangers et importés de sources non-islamiques et de cette façon développé des croyances dont on peut dire qu’elles n’ont pas leurs racines dans le Coran ni dans les traditions prophétique et, de fait, dans beaucoup de cas, contredisent les affirmations claires et dépourvues d’ ambiguïtés formulées par eux. Relativement à la pratique, ils ont créé leurs propres règles et codes ou les ont emprunté à des religions non-islamiques, et, d’autre part, ils ont soutenu que les obligations religieuses ne sont pas obligatoires pour le mystique qui est arrivé à la complète union avec Dieu.
Aujourd’hui, les commentateurs qui adoptent une attitude indistinctement favorable à tous les mystiques et soufis, développent des explications et interprétations justifiant toutes les pratiques mais pour être justes ils sont bien obligés d’admettre qu’au moins certaines des affirmations exprimées et des postions prises par les membres de groupes antérieurs ne peuvent être justifiées rationnellement . […]

Affirmer la légitimité de la mystique islamique ne signifie pas évidemment que nous tolérons et appuyons ces jugements dogmatiques, superficiels, puérils et préjudiciables et fermons nos yeux devant tous les points de vue valables et positifs. On doit chercher la vérité dans la voie de l’impartialité et de la justice et rejeter les deux extrêmes, soit l’affirmation inconditionnelle et la condamnation préjudiciable et irréfléchie, en suppliant Dieu qu’Il nous aide à découvrir la vérité et qu’Il guide nos pas sur la voie. […]

Un des points fondamentaux de la controverse entre les défenseurs et les contempteurs de la mystique est de savoir si les principes présentés par les mystiques, actuellement, à travers le discernement intuitif intérieur, peuvent être soumis au jugement rationnel afin que, par exemple, la raison puisse les déclarer non fondés Cela est important parce que certains mystiques tiennent des propos qui défient une quelconque explication rationnelle, alléguant que ce sont là des résultats du discernement intuitif. rencontrés au delà de la raison et, en conséquence, hors de sa sphère.

Un des thèmes qui est à l’origine de la controverse précitée est la conception mystique de la wahdat-ul wujud, ou “ unicité de l’existence ”, présentée sous les formes suivantes : premièrement, rien n’a jamais existé, ni ne doit jamais exister si ce n’est Dieu et ce qui se présume comme créature n’est rien autre qu’une illusion et une fantaisie (panthéisme). Secundo, rien n’existe en dehors de l’Essence divine ou de la sphère de la Connaissance divine. Par là même, dans cette version, on accepte une forme de multiplicité dans l’unité. La troisième version du concept, plus générale, est qu’au terme de sa quête le pèlerin spirituel réalise un état de fana’ (annihilation ou dissolution en Dieu du moi individuel) de telle sorte que rien sinon un nom ne reste de lui. La quatrième version, plus modérée, est que finalement le pèlerin arrive à un état où il ne peut voir rien si ce n’est Dieu, de telle sorte que tout s’évanouit en Dieu. Plus précisément, il perçoit les choses s’évanouissant en Dieu, à l’exemple de ce que l’on aperçoit quand les lumières les plus faibles disparaissent dans la lumière brillante du soleil. Quand de telles déclarations sont faites, généralement leurs opposants s’en tiennent à leurs arguments rationnels tandis que leurs défenseurs pour finir soutiennent que de telles réalités se rencontrent dans un royaume qui échappe à la raison, et, par conséquent, se refusent à répondre aux objections soulevées par leurs critiques. La question fondamentale qui résulte d’une telle position est de savoir s’il existe des réalités que la raison est incapable de capter et, en fin de compte, de contester ou d’approuver. Ce que l’on peut dire très brièvement relativement au problème mentionné est que, bien que la raison traite toujours de concepts, ce n’est pas sa fonction de justifier la connaissance des entités concrètes ni de découvrir la nature essentielle d’une quelconque référence externe, encore moins l’Existence de Dieu. Les postulats de la logique sont que ce qui est évident pour soi même ne peut être contredit et soumis à des références objectives à travers les concepts. Prétendre que de tels postulats de la logique sont faux implique une contradiction. […] Néanmoins, relativement au concept de wahdat-ul wujûd, on peut dire que nier l’existence de tout ce qui n’est pas Dieu , et de la multiplicité de l’existence , n’est pas seulement violer les lois de la raison mais c’est aussi contredire la connaissance empirique directe sur laquelle celle-ci fonde ses actions et réactions [l’auteur semble ici s’opposer explicitement à l’Imam Khomeyni dont la conception de l'unicité de l'existence se voulait absolue]. Donc, on peut se demander les discernements mystiques, quand la preuve la plus tangible pour la justifier est directe, individuelle et de perception immédiate ? … , cette interprétation du concept de l’ ”unicité de l’existence est totalement inacceptable. Il existe, cependant, une interprétation de cette idée exposée dans la théosophie ou philosophie transcendantale (Al-Hikmat-ul muta'âliia’) de Molla Sadra, suivant laquelle l’existence des créatures est contingente et dépendance par rapport à Dieu. En réalité, elle est pure contingence et dépendance et se caractérise par une complète absence d’indépendance.

Nous pouvons ainsi fondés notre réponse d’une autre manière: Est-il approprié de considérer le jugement rationnel comme supérieur à la connaissance illuminative pour l’expérience personnelle ? Est-il possible de nier à partir du jugement de la logique la validité de la connaissance obtenue à travers les perceptions directes, laquelle est une forme de connaissance La réponse à donner est que la connaissance pure, immédiate et sans intermédiaire n’est autre que la perception directe de la réalité et ne peut être écartée. Néanmoins la perception directe est accompagnée d’une interprétation intellectuelle. Cette interprétation intellectuelle qui est pour elle-mêmes une forme de connaissance peut être, en effet, erronées et ce sont ces interprétation qui sont au travers de l’analyse logique et non les perceptions directes et immédiates pour elles m^mes. Dans le cas de la conception mystique de l’ ”unicit de l’existence ” … ce qui est en réalité perçu par le mystique est que l’existence en soi est une propriété exclusive de Dieu seul. Cependant, le mystique interprète cela dans le sens que Dieu seul possède l’Existence réelle et, en conséquence, consiste à nier l’existence réelle d’une quelconque autre créature.

Il vaut la peine de souligner que les plus grands mystiques ont averti que bien des choses perçues dans les états mystiques sont sataniques et fausses., et , que ces inspirations déviées peuvent être reconnues à travers certains signes, et que pour finir elles peuvent être distinguées par le moyen d’une correcte analyse logique, basée sur le Coran et la Tradition du Prophète (…). Objectivement, l’analyse des différentes perceptions du, discernements et connaissance directe et immdiate, la manière dans lauquelle se reflète dans la conscencde les causes des interprétations erronées et le mode de distinction entre les interprétations correctes et…. , est un topique trop vaste pour être traité dans ce bref article article.

Un autre thème important qui mérité notre attention est la relation qui existe entre la voie mystique (tarîqah) et les principes de la loi musulmane (sharî’ah). D’aucuns soutiennent l’idée que la pratique mystique constitue une voie indépendante vers le dévoilement des réalités spirituelles, qui peut être suivie sans adhésion à la loi musulmane. De plus, ils affirment que cette voie, ou est tolérée par l’Islam qui la considère comme une innovation bénéfique, ou, pour le moins, n’est pas condamnée par lui. Dans le même registre, certains sont allés plus loin au point d’affirmer qu’aucune croyance n’est nécessaire pour obtenir l’illumination spirituelle. D’autres ont prétendu que la croyance en n’importe quelle foi suffit. Adoptant une position plus mesurée, un troisième groupe soutient que l’aspirant doit croire en une des religions révélées. Néanmoins, du point de vue islamique, la voie mystique ne peut être indépendante de la sharî’ah. Au contraire, elle est un aspect plus profond, plus raffiné de celle-ci. Si nous appliquons le terme shar’iah à la loi externe et extérieure de l’Islam, nous pouvons dire que la tarîqah, la voie ésotérique, se réfère à la dimension intérieure des mêmes principes et ne peut être pratiquée que par ceux qui y adhèrent. Par exemple, la loi exotérique expose les règles qui régissent la réalisation des prières rituelles quotidiennes (salât) tandis que les enseignements ésotériques définissent la méthode avec laquelle le croyant peut réaliser une totale concentration, une dissolution de son cœur et de son âme dans la prière et ainsi atteindre aux conditions qui rendent possible la perfection dans la réalisation des observances religieuses. Les enseignements exotériques de l’Islam invitent à l’adoration de Dieu afin que les croyants puissent se libérer et recevoir les bénédictions célestes, tandis que la voie mystique invite les croyants à adorer Dieu avec la seule intention de le satisfaire, et à abandonner tout autre sentiment. C’est ce que nous rencontrons sous la dénomination de “ adoration du Livre ” dans les dits des Gens de la Maison. Un autre exemple se trouve dans la condamnation du polythéisme et de l’idolâtrie : dans les enseignements exotériques, on se réfère à l’explicite et claire adoration des idoles et autres pratiques, mais dans la voie mystique le concept s’étend au point d’inclure beaucoup plus que les formes subtiles de ce péché. Ainsi, n’importe quel amour, crainte, foi et intérêt en quiconque autre que Dieu est considéré comme une idolâtrie puisqu’on leur attribue une indépendance et on ne se livre pas à de telles pratiques sous le Vouloir divin.

Pour conclure, globalement les innovations et sectes sophistiquées, non seulement ne nous aident pas à obtenir le discernement mystique et l’illumination mais en réalité peuvent obstruer la vrai chemin spirituel. Il est donc évident que les pratiques qui ont été clairement et sans équivoque condamnées et interdites par la loi musulmane ne peuvent qu’être nuisibles puisque si, parfois, quelques pratiques peuvent produire temporairement des effets mystiques, leur résultat final ne pourra inexorablement qu’être préjudiciable. Celles-ci peuvent en réalité n’être qu’une ruse satanique qui ne fait qu’élever pour pouvoir mieux précipiter dans une chute finale. Dans cette perspective, on doit prendre soin de ne pas être contaminé par elles. Le vrai chemin alors n’est rien autre que celui ouvert par Dieu et qui est clairement dévoilé dans le Coran.
 

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