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Dieu et la linguistique

Seferi

<font color="#9932CC">Membre d'honneur</font>
As-salam' aleykom wa rahmatulah wa barakatuh,

Pour ceux que cela intéresse, il existe un forum de discussion acharite. J'ai ouvert un fil de discussion qui a malheureusement été fermé, je ne sais pour quelle raison. Je vous mets ci dessous le lien pour voir ce tread :

http://forumislam.com/f/index.php/topic,22547.0.html

Lorsque la couleur rouge intervient dans mes posts, elle censure la phrase "je jure devant Dieu" ; l'évocation de l'omniprésence de Dieu posant problème apparemment.

Nous aurons bientôt le plaisir d'accueillir un membre de l'équipe du forumIslam.com inchAllah. Ce dernier m'ayant contacté pour répondre à mon invitation lorsque cela lui sera possible. Je prie les membres participants de ce tread de lui laisser la place qui lui revient : celle d'intervenant expliquant son dogme. Il n'est nullement question ici de polémique. De plus, une soeur membre de ce même forum vient de s'inscrire sur al-imane afin de mieux nous connaitre, je lui souhaite la bienvenue et espère qu'elle se manifestera prochainement inchAllah.

Allah ma'akom.

Salam wa rahmatulah wa barakatuh.​

Salam Yateem,

J'ai trouvé leur attitude assez amusante. Il est vrai qu'il est un peu triste de se formaliser ainsi sur une expression de la langue française, comme tu le précisais très bien toi-même. Ils auraient peut-être également besoin d'une petite initiation aux théories de linguistique...

Mais, il y a quand même dans cette vision quelque chose d'assez pertinent, dans le fond de l'idée, et ce surtout dans une perspective shiite. En effet, développant une métaphysique se basant sur une théologie négative où Dieu demeure un pur mystère totalement indicible et indescriptible et qui a donc l'Imam comme mode de manifestation de Sa Lumière, le shiisme n'est pas en totale contradiction avec ce type d'assertion.

Si, encore une fois, on ne tient pas compte de la simple idée d'expression courante, l'ambiguïté de l'expression "devant Dieu" devient encore plus manifeste quand on dit "derrière Dieu"...Théoriquement la possibilité de la première expression devrait également rendre possible la deuxième, or celle-ci semble bien plus improbable...

Perso, je trouve ces questions aussi amusantes que fascinantes. Me demander par exemple comment avoir le fameux honneur d'être à la droite de Dieu... Aurait-Il une droite et une gauche...?
 
Wa salam' aleykom wa rahmatulah cher frère Seferi,

On vous trouve toujours au moment où on ne vous y attend pas... mais c'est certainement là que se trouve votre force de captivation des esprits...:icon_lol:
J'ai trouvé leur attitude assez amusante. Il est vrai qu'il est un peu triste de se formaliser ainsi sur une expression de la langue française, comme tu le précisais très bien toi-même. Ils auraient peut-être également besoin d'une petite initiation aux théories de linguistique...
Cette remarque me fait penser à la discussion sur le cannibalisme : déficience de symbolisation (ou plutôt des (ir)représentations), lol. Je plaisante bien évidemment...

Mais, il y a quand même dans cette vision quelque chose d'assez pertinent, dans le fond de l'idée, et ce surtout dans une perspective shiite. En effet, développant une métaphysique se basant sur une théologie négative où Dieu demeure un pur mystère totalement indicible et indescriptible et qui a donc l'Imam comme mode de manifestation de Sa Lumière, le shiisme n'est pas en totale contradiction avec ce type d'assertion.

C'est tout à fait juste... mais, comme je le faisais remarquer, l'expression ne choque personne chez les Musulmans étant donné que justement Dieu nous est (in)connu comme ne pouvant être décrit.

Si, encore une fois, on ne tient pas compte de la simple idée d'expression courante, l'ambiguïté de l'expression "devant Dieu" devient encore plus manifeste quand on dit "derrière Dieu"...Théoriquement la possibilité de la première expression devrait également rendre possible la deuxième, or celle-ci semble bien plus improbable...

Il serait intéressant de savoir si cette ambiguité peut se retrouver dans la langue arabe (je ne pense pas). Si cela est propre à la langue française, alors Allah:swt: ne peut être "qualifié" par le Français dans nombre de cas :

- comment traduire Allahou akbar ? Dieu est grand ? Hum... est le plus grand ? à la limite (lol) mais dans le sens du superlatif car si l'on emploie "Dieu est plus grand", le comparatif ne peut être approprié. Et l'argument reste le même ; Dieu a-t-Il une hauteur, une mesure, un degré ? Sur quelle échelle ?

- et si je dis "Dieu ne peut être injuste", pourtant Dieu peut tout, y compris être injuste dans sa capacité mais il est étrange de mettre le verbe "pouvoir" à la forme négative concernant le " Tout-Puissant".

Bref, il me semble parler pour rien dire... voilà pourquoi je pense effectivement que censurer un terme pour ce qu'il pourrait faire penser à .... personne !! est assez peu pertinent, lol.

Perso, je trouve ces questions aussi amusantes que fascinantes. Me demander par exemple comment avoir le fameux honneur d'être à la droite de Dieu... Aurait-Il une droite et une gauche...?

Voilà notre affaire bien résumée : fascinant et amusant, la fascination provenant justement de l'amusement et non l'inverse mais ceci est une autre histoire...lol;

Toujours ravi de vous lire akhi...

Salam wa rahmatulah wa barakatuh.
 
Yateem a dit:
Cette remarque me fait penser à la discussion sur le cannibalisme : déficience de symbolisation (ou plutôt des (ir)représentations), lol. Je plaisante bien évidemment...

Cette question de la déficience de symbolisation est essentielle. La maladie psychologique émane aussi de cette difficulté de symbolisation, soit l'incapacité à lire le signe en tant que signe, soit renvoyant à autre que lui-même. C'est là la différence entre l'allégorie et le symbole (cf L'imagination symbolique de Durand), et entre l'idole et l'icone. Et quand la Parole divine devient idole, on aboutit à une forme de salafisme intellectuel.

En un moment très jungien, Mircea Eliade reprochera à Freud d'avoir lui-même arreté le mouvement de symbolisation dans la lecture du mythe d'Oedipe. Ainsi, Freud n'aurait pas vu que le désir d'union à la mère est une manifestation dans la culture européenne d'un schème bien plus profond et universel qu'est le désir de retour à l'origine...


Il serait intéressant de savoir si cette ambiguité peut se retrouver dans la langue arabe (je ne pense pas). Si cela est propre à la langue française, alors Allah:swt: ne peut être "qualifié" par le Français dans nombre de cas :

- comment traduire Allahou akbar ? Dieu est grand ? Hum... est le plus grand ? à la limite (lol) mais dans le sens du superlatif car si l'on emploie "Dieu est plus grand", le comparatif ne peut être approprié. Et l'argument reste le même ; Dieu a-t-Il une hauteur, une mesure, un degré ? Sur quelle échelle ?

- et si je dis "Dieu ne peut être injuste", pourtant Dieu peut tout, y compris être injuste dans sa capacité mais il est étrange de mettre le verbe "pouvoir" à la forme négative concernant le " Tout-Puissant".

Bref, il me semble parler pour rien dire... voilà pourquoi je pense effectivement que censurer un terme pour ce qu'il pourrait faire penser à .... personne !! est assez peu pertinent, lol.

Pour le "Allahou akbar", la question de la qualification pose effectivement un vrai problème. Il me semble que l'Imam Jafar as'Sâdeq (as) apporte un très bon éclairage quand à la question demandant "Dieu est plus grand que quoi?" il répond que Dieu n'est pas plus grand que toute chose, car c'est là encore le comparer aux choses, mais Il est plus grand que tout ce que l'on peut dire ou penser de Lui...

Chaque fois que je dis "Dieu est...", Il est déjà bien plus que ça... Le paradoxe de la nomination est que le Nom est aussi bien voile que mode de donation.

Pour en venir à ta question sur l'injustice, prenons la phrase "Dieu peut etre injuste car Dieu peut tout faire". Théroriquement elle devrait être vrai. Mais en vérité le problème ici se situe au niveau de la pertinence de l'attribution. Toute vérité, toute affirmation est vraie uniquement au sein d'un réseau de signification rendant cette attribution possible. Ainsi l'affirmation "X est Y" suppose dores et déja une commune mesure entre X et Y. Etant donné l'abime qui sépare la finitude humaine de l'Infinité divine, il n'est pas plus vrai de dire que Dieu est juste que de dire qu'il peut aussi être injuste car dans les deux car, cette notion de justice et d'injustice est uniquement le fruit de catégories de pensées humaines, fruits de nos projections et attentes. La sourate 18 et son illustration du rapport entre Moïse (as) et Khedr est un bel exemple de ce paradoxe de la justice divine.

Encore une fois, le problème plus général est la difficulté même a pouvoir dire "Dieu est Y" car Y est deja une idée limitée et finie car humaine.

Certains courant irfanîs iraniens du 17ième siecle assumeront ce paradoxe via le recours à la théologie négative ou kataphatique, où il s'agit moins de dire ce qu'est Dieu que de dire ce qu'Il n'est pas.
 
En un moment très jungien, Mircea Eliade reprochera à Freud d'avoir lui-même arreté le mouvement de symbolisation dans la lecture du mythe d'Oedipe. Ainsi, Freud n'aurait pas vu que le désir d'union à la mère est une manifestation dans la culture européenne d'un schème bien plus profond et universel qu'est le désir de retour à l'origine..


Salam,

Comme le précise Blanchot (dans le cadre d'une discussion autour de la thématique de la parole) :

"Jocaste, la mère-épouse, lui (Oedipe) révèle, avec une tranquillité prodigieuse, et précisément sous l'excuse de la généralité, l'insignifiance de l'interdit contre lequel sa singularité doit à la fois se briser et se déterminer jusqu'à la folie, car au tourment déclaré d'Oedipe : "Mais comment ne pas craindre le lit de ma mère?, elle répond en annonçant le désir sans loi, par une recommandation ("vis au hasard") où il faut bien lire une invitation à tout enfreindre, tentation destinée à séduire la loi même afin que la loi à son tour se fasse attrayante, séduisante, trompeuse : souverainement impure. "Que pourrait craindre un homme?...Le mieux est de vivre au hasard, comme on peut. Et ne sois pas dans la crainte d'épouser ta mère; bien des humains ont déjà rêvé qu'ils s'unissaient à leur mère. N'en pas tenir compte rend la vie plus facile à porter." C'est la même Jocaste qui, par une indication destinée à chacun de nous, désigne mystérieusement en Oedipe l'appartenance à la parole-limite, puisqu'il n'y en a pas d'autre pour lui que celle où parle et se fait parole l'horreur ou la terreur :
"Il (Oedipe) est à qui lui parle quand on lui parle d'épouvante." Jocaste : la seule à détenir en son être les mots de vérité, c'est pourquoi elle porte la mort qu'elle engendre, comme si la mort était son véritable enfant avec qui elle s'unit alors de droit, de même qu'à cette mort son fils ne manque pas de s'unir chaque fois que, par inconnaissance, s'unissant à sa mère, il fait retour à l'antériorité d'origine."
 
As-salam' aleykom wa rahmatulah,

Je n'en attendais pas moins de vous et je vous remercie de cette qualité dans vos remarques...

Cette question de la déficience de symbolisation est essentielle. La maladie psychologique émane aussi de cette difficulté de symbolisation, soit l'incapacité à lire le signe en tant que signe, soit renvoyant à autre que lui-même. C'est là la différence entre l'allégorie et le symbole (cf L'imagination symbolique de Durand), et entre l'idole et l'icone.
N'avez-vous pas voulu dire "maladie psychotique" plutôt ? Votre analyse est très juste, même si la déficience de la métaphore paternelle ne fait pas forcément un malade psychotique il me semble.
Et quand la Parole divine devient idole, on aboutit à une forme de salafisme intellectuel.
Je note... mais les salafites sont-ils tous psychotiques ? lol.

En un moment très jungien, Mircea Eliade reprochera à Freud d'avoir lui-même arreté le mouvement de symbolisation dans la lecture du mythe d'Oedipe. Ainsi, Freud n'aurait pas vu que le désir d'union à la mère est une manifestation dans la culture européenne d'un schème bien plus profond et universel qu'est le désir de retour à l'origine...

Il est intéressant de noter "dans la culture européenne" concernant l'universalité tant prônée du complexe d'Oedipe...

Pour le "Allahou akbar", la question de la qualification pose effectivement un vrai problème. Il me semble que l'Imam Jafar as'Sâdeq (as) apporte un très bon éclairage quand à la question demandant "Dieu est plus grand que quoi?" il répond que Dieu n'est pas plus grand que toute chose, car c'est là encore le comparer aux choses, mais Il est plus grand que tout ce que l'on peut dire ou penser de Lui...
Tout à fait, c'est ce que j'essayais de signifier en disant que le terme "grand" devait être pris entant que superlatif... La traduction la plus correcte serait à mon sens " Dieu est au-dessus de tout ce qu'on peut lui attribuer".

Chaque fois que je dis "Dieu est...", Il est déjà bien plus que ça... Le paradoxe de la nomination est que le Nom est aussi bien voile que mode de donation.
Qu'entendez-vous par "mode de donation" ? Barakallahou fik.

Pour en venir à ta question sur l'injustice, prenons la phrase "Dieu peut etre injuste car Dieu peut tout faire". Théroriquement elle devrait être vrai. Mais en vérité le problème ici se situe au niveau de la pertinence de l'attribution. Toute vérité, toute affirmation est vraie uniquement au sein d'un réseau de signification rendant cette attribution possible. Ainsi l'affirmation "X est Y" suppose dores et déja une commune mesure entre X et Y. Etant donné l'abime qui sépare la finitude humaine de l'Infinité divine, il n'est pas plus vrai de dire que Dieu est juste que de dire qu'il peut aussi être injuste car dans les deux car, cette notion de justice et d'injustice est uniquement le fruit de catégories de pensées humaines, fruits de nos projections et attentes. La sourate 18 et son illustration du rapport entre Moïse (as) et Khedr est un bel exemple de ce paradoxe de la justice divine.

A ce propos, il y a une histoire qui parle de ça... (sur ce site peut-être ?) Où un homme demandait si Dieu pouvait créer quelque chose de trop lourd pour qu' IL puisse le porter...
Une partie de la réponse étant que le Créateur n'est nullement comparable à la créature et que Dieu est Unique dans Sa Toute-Puissance et que rien ne peut être puissant en dehors de Lui ... mais la question est digne d'intérêt.

Et votre dernière remarque répond aussi à cette aberration : il ne peut rien y avoir au-delà de l'infini :
Encore une fois, le problème plus général est la difficulté même a pouvoir dire "Dieu est Y" car Y est deja une idée limitée et finie car humaine.
Certains courant irfanîs iraniens du 17ième siecle assumeront ce paradoxe via le recours à la théologie négative ou kataphatique, où il s'agit moins de dire ce qu'est Dieu que de dire ce qu'Il n'est pas.

Très interessant. En effet, ceci est une marque d'humilité que de définir ce que Dieu n'est pas plutôt que de tenter de dire ce qu'Il est...

Que Dieu vous garde mon frère, je vous remercie de vos lumières, barakallahou fik.

Salam wa rahmatulah wa barakatuh.
 
salam,

Yateem a dit:
N'avez-vous pas voulu dire "maladie psychotique" plutôt ? Votre analyse est très juste, même si la déficience de la métaphore paternelle ne fait pas forcément un malade psychotique il me semble.

Oui, la précision est très juste. Mais je t'avouerais que je n'ai pas assez d'éléments dans le domaine de la psychologie pour aller comme je le voudrais dans le détail et la nuance. Pourrais-tu développer stp cette notion de déficience paternelle..?



Il est intéressant de noter "dans la culture européenne" concernant l'universalité tant prônée du complexe d'Oedipe...

Oui. Et c'est là le problème principal que pose l'ethnocentrisme européen. Mais il me semble que, mutatis mutandis, les musulmans se trouvent parfois confrontés aux mêmes paradoxes. La question plus générale est celle-là même des conditions de possibilité d'universalisation d'un système de codes et de valeurs nécessairement relatifs car inscrits dans une histoire.

Tout à fait, c'est ce que j'essayais de signifier en disant que le terme "grand" devait être pris entant que superlatif... La traduction la plus correcte serait à mon sens " Dieu est au-dessus de tout ce qu'on peut lui attribuer".

Absolument.


Qu'entendez-vous par "mode de donation" ? Barakallahou fik.

C'est un terme issu de la pensée phénoménologique. J'aurais pu parlé de manifestation. C'est à dire que le Nom donne à "voir" et à connaitre la chose mais tout en la rendant innacessible, car justement ce n'est qu'un nom. L'ambiguïté dans ces cultures est qu'il y a une certaine croyance en la magie du verbe qui rend le mot quasiment porteur de l'essence de la chose...

A ce propos, il y a une histoire qui parle de ça... (sur ce site peut-être ?) Où un homme demandait si Dieu pouvait créer quelque chose de trop lourd pour qu' IL puisse le porter...
Une partie de la réponse étant que le Créateur n'est nullement comparable à la créature et que Dieu est Unique dans Sa Toute-Puissance et que rien ne peut être puissant en dehors de Lui ... mais la question est digne d'intérêt.

Et votre dernière remarque répond aussi à cette aberration : il ne peut rien y avoir au-delà de l'infini :

Et cette notion d'infinité pose un réel problème car, dans tous les cas, nous ne pouvons que la dé-finir par négation de la finitude. Ainsi, en tant qu'êtres limités nous projettons a posteriori l'idée d'une réalité qui ne le serait pas. Mais finalement, tout cela reste cantonné dans le domain de l'imagination. La question est de savoir si c'est l'idée d'infinie qui est première et le fini pensé par sa négation, ou le contraire, soit que l'idée du fini serait premiere et l'infini construit pas opposition. C'est tout le sens du passionnant débat sur la question de l'idée d'infini chez Descartes (Renée Guénon a totalement loupé Descartes, il est complètement passé à côté de la richesse et de la profondeur de l'idée d'infini chez ce dernier, en un sens etonnament imamite...).

salam.
 
Wa salam wa rahmatulah,

Oui, la précision est très juste. Mais je t'avouerais que je n'ai pas assez d'éléments dans le domaine de la psychologie pour aller comme je le voudrais dans le détail et la nuance. Pourrais-tu développer stp cette notion de déficience paternelle..?

Ce serait trop prétentieux de ma part que de chercher à développer ce concept. J' ai toujours eu des problèmes avec Lacan et mes cours sont assez loins. Je préfère donc laisser la parole à Jacques Lacan pour une définition succinte :

"L'enfant peut alors mobiliser son désir comme désir de sujet vers des objets substitutifs à l'objet perdu. Mais c'est avant tout l'avènement du langage (l'accès au symbolique) qui va devenir signe incontestable de la maîtrise symbolique de l'objet perdu à travers l'accomplissement de la métaphore du Nom-du-Père qui se soutient du refoulement originaire."

Pour plus d'informations, il y a un chapitre assez complet sur la métaphore paternelle ici-même.

Concernant la dficience de cette phase, certaines études montreraient qu'elle est aussi impliquée dans de nombreux cas de psychosomatique où la frustration ne peut que s'inscrire dans le corps vu qu'elle ne peut être symbolisée (pour faire court).

Oui. Et c'est là le problème principal que pose l'ethnocentrisme européen. Mais il me semble que, mutatis mutandis, les musulmans se trouvent parfois confrontés aux mêmes paradoxes. La question plus générale est celle-là même des conditions de possibilité d'universalisation d'un système de codes et de valeurs nécessairement relatifs car inscrits dans une histoire.

Vous me faites replonger dans mes années d'études. Votre réflexion quant à l'universalité de systèmes de codes me fait penser à la notion d'archétypes de Jung. En effet, ces codes et ces valeurs sont inscrites dans une histoire mais l'humanité aussi a une histoire et de par sa définition elle est commune aux êtres humains...

C'est un terme issu de la pensée phénoménologique. J'aurais pu parlé de manifestation. C'est à dire que le Nom donne à "voir" et à connaitre la chose mais tout en la rendant innacessible, car justement ce n'est qu'un nom. L'ambiguïté dans ces cultures est qu'il y a une certaine croyance en la magie du verbe qui rend le mot quasiment porteur de l'essence de la chose...

Je compends mieux. Barakallahou fik.​

Et cette notion d'infinité pose un réel problème car, dans tous les cas, nous ne pouvons que la dé-finir par négation de la finitude. Ainsi, en tant qu'êtres limités nous projettons a posteriori l'idée d'une réalité qui ne le serait pas. Mais finalement, tout cela reste cantonné dans le domain de l'imagination. La question est de savoir si c'est l'idée d'infinie qui est première et le fini pensé par sa négation, ou le contraire, soit que l'idée du fini serait premiere et l'infini construit pas opposition. C'est tout le sens du passionnant débat sur la question de l'idée d'infini chez Descartes (Renée Guénon a totalement loupé Descartes, il est complètement passé à côté de la richesse et de la profondeur de l'idée d'infini chez ce dernier, en un sens etonnament imamite...).

salam.

Merci de vos réflexions akhi. La concision et la subtilité de vos interventions est un bienfait pour ce forum. Jazakoumoullah.

Salam wa rahmatulah wa barakatuh.
 
Salam cher frère,

Yateem a dit:
Ce serait trop prétentieux de ma part que de chercher à développer ce concept. J' ai toujours eu des problèmes avec Lacan et mes cours sont assez loins. Je préfère donc laisser la parole à Jacques Lacan pour une définition succinte :

"L'enfant peut alors mobiliser son désir comme désir de sujet vers des objets substitutifs à l'objet perdu. Mais c'est avant tout l'avènement du langage (l'accès au symbolique) qui va devenir signe incontestable de la maîtrise symbolique de l'objet perdu à travers l'accomplissement de la métaphore du Nom-du-Père qui se soutient du refoulement originaire."

Pour plus d'informations, il y a un chapitre assez complet sur la métaphore paternelle ici-même.

Merci pour ces précieuses informations, même si j'ai du mal à comprendre pleinement cette notion. Ce qui m'intéresse plus particulièrement c'est l'accès au symbolique via l'avènement du langage. Je pensais à Adam (as) apprenant les noms des choses, mais aussi à l'idée même de Révélation dans le Verbe, soit l'Absolu qui se fait connaitre à travers la Parole... Tout ça reste à creuser.


Concernant la dficience de cette phase, certaines études montreraient qu'elle est aussi impliquée dans de nombreux cas de psychosomatique où la frustration ne peut que s'inscrire dans le corps vu qu'elle ne peut être symbolisée (pour faire court).

Pourrais-tu stp développer rapidement cette idée d'une frustration s'inscrivant dans le corps parce que non symbolisée..?

Et plus généralement, comme définirais-tu ici et dans le paragraphe précédent ce qu'on appelle "la symbolisation" ?


Vous me faites replonger dans mes années d'études. Votre réflexion quant à l'universalité de systèmes de codes me fait penser à la notion d'archétypes de Jung. En effet, ces codes et ces valeurs sont inscrites dans une histoire mais l'humanité aussi a une histoire et de par sa définition elle est commune aux êtres humains...

Les archétypes, au sens jungien du terme, seront donc en ce sens relatifs, même si produits par un inconscient collectif..?

Merci et désolé. lol
 
Wa salam wa rahmatulah très cher frère,

Merci pour ces précieuses informations, même si j'ai du mal à comprendre pleinement cette notion. Ce qui m'intéresse plus particulièrement c'est l'accès au symbolique via l'avènement du langage. Je pensais à Adam (as) apprenant les noms des choses, mais aussi à l'idée même de Révélation dans le Verbe, soit l'Absolu qui se fait connaitre à travers la Parole... Tout ça reste à creuser.
Ce questionnement rejoint celui de savoir qui a la primauté : la pensée ou le langage chez l'homme. En effet, lorsque l'on pense on entend des paroles (ne pas confondre langue et langage). En faisant un tour du côté de l'autisme, nous pouvons explorer quelques pistes concernant cette accession au symbolique il me semble...

Pourrais-tu stp développer rapidement cette idée d'une frustration s'inscrivant dans le corps parce que non symbolisée..?

Il faudrait se tourner vers la psychanalyse et le concept d'hystérie de conversion développé par Freud. Mais pour plus d'informations, Caroline Doucet : "La psychosomatique". Pour faire vite, si le sujet n epeut symboliser et "parler" sa frustration, elle s'inscrit dans le corps (ceci suivant une pré-disposition structurelle bien entendu). Voir les ulcères, vomissements ou autre symboles parfois symùptomatique d'un stress ou frustration non évacués...

Et plus généralement, comme définirais-tu ici et dans le paragraphe précédent ce qu'on appelle "la symbolisation" ?

La capacité à développer des représentations. Sans m'étendre sur ce sujet que je maitrise trop peu, la symbolisation serait une possibilité de relativatisation grâce au langage (pensé ou dit). Le principe de la psychanalyse : parler (ou se représenter les choses comme elles sont) est cathartique. Si je ne peux symboliser, ça bloque et cela ne se fait pas dans ma tête (souci, réflexion, insomnie...) mais dans le corps...

Les archétypes, au sens jungien du terme, seront donc en ce sens relatifs, même si produits par un inconscient collectif..?

Non, je me susi mal fait comprendre je pense. Au contraire, je pense qu'il y a une universalité de ces archétypes, adaptables certes à la civilisation concernée, mais universels vu que l'inconscient collectif est, selon moi, la reminiscence de notre paroximité d'avec le Très Haut:swt: .

Merci et désolé. lol

Merci à vous, c'est moi qui suis désolé de ne pas pouvoir vous donner plus...

Allah ma'ak ya akhi !

Salam wa rahmatulah wa barakatuh.
 

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