Assalamou 'alaikoum;
Pourquoi l'Algérie, dirigée encore par les "généraux" issus de l'armée française, échappe-t-elle au soit-disant "printemps arabe", qui a permis aux USA et à l'Occident du G8-2, de renouveler ses "adjudants de quartier", pour ne pas dire les "califes locaux", et permettre à l'entité sioniste, "Israël", de consolider ses implantations et avoir le soutien des monarchies arabes, et leurs financements, pour mener des "guerres intestines" qui devraient permettre de mettre en place le Grand Moyen Orient, si cher à BUSH, RICE et Kissinger..., en vue de diviser le monde en arabe, et islamique en "petits états", comme au Soudan, et prévus pour la Syrie, facilement manipulables et surtout, tenus à merci, pendant que leurs ressources sont dilapidées ?
Algérie : Confession du Général-major X : « Je ne demande même pas pardon »
KalimaDZ dans ACTUALITE le 2 janvier 2013 17 h 49 min
A mon compatriote algérien, que j’ai trahi, que j’ai volé, et dont j’ai compromis l’avenir, je fais cette confession, sur les crimes innommables que nous avons commis, mes pairs et moi. Ou devrais-je dire mes compères. Je suis appelé à quitter cette vie à très brève échéance. Mon identité sera connue après ma mort.
Lorsque nous interrompîmes l’arrêt du processus électoral, en 1992, des hommes d’une grande rigueur intellectuelle, même s’ils étaient viscéralement opposés à l’islamisme, ont eu le courage d’aller à contre-courant de la psychose ambiante. Ils nous ont dénoncés sans nuances.
Ils ont été trop rares malheureusement, et leurs voix ont été étouffées par les millions de lâches.
Le complot qui fut la suite logique de l’interruption du processus électoral, en 1992 n’a été possible que parce que trop de consciences se sont tues.
Il est difficile d’en expliquer les ressorts cachés qui l’ont animé, et ce qu’il en a résulté.
Je ne m’approfondirais pas trop sur le sujet, et je me limiterai à en dire les vérités les plus cruciales, parce que le sujet est trop complexe pour être abordé d’une manière aussi superficielle que celle que je m’impose dans cette confession.
Dans les dossiers qui seront bientôt rendus publics, se trouvent des informations très fouillés sur les évènements qui ont découlé de cet évènement, sur les pratiques de ceux qui l’ont piloté.
Mais mes aveux, et tout ce que pourront entreprendre les Algériens pour se libérer n’auront de sens que si ce mouvement parvient à se situer dans un ensemble bien plus vaste que celui de notre seul pays. Sinon cela ne servirait à rien. Parce que le mal est bien plus diffus qu’on ne croit.
Si les Algériens parviennent à se libérer, sans intégrer l’évidence que la cause de leur malheur est bien plus importante que le piètre régime qui les a colonisés, alors ils tomberont de Charybde en Scylla.
Il importe, avant de revenir sur les pénibles circonstances qui ont plongé notre pays dans le malheur, qu’ils soient situés dans leur contexte, que les mécanismes qui les meuvent, et qui sont au cœur même de la nature humaine soient mis en lumière.
On a souvent tendance, lorsqu’on stigmatise un régime prédateur, de faire comme s’il était la conséquence d’abus, et de dysfonctionnements endogènes. Et pour bien accentuer toute sa monstruosité, on s’évertue à le comparer aux démocraties occidentales.
Pour toutes les âmes simples, il n’y a pas photo, comme on dit. D’un côté un régime atroce, une association de malfaiteurs, qui concentre entre ses mains l’ensemble des pouvoirs, qui opprime ses concitoyens et qui les dépouille, qui érige des façades d’Institutions, juste pour faire semblant, et de l’autre, des Etats démocratiques, avec de vraies élections, de vrais élus du peuple, un partage des pouvoirs entre de vraies Institutions, le respect des Droits de l’Homme, une presse libre, et tutti quanti.
Dans la réalité, malheureusement, cette vision des choses procède d’une simplification à l’emporte-pièce, qui enferme les multitudes dans une impasse de l’esprit.
L’Allégorie de la caverne de Platon est très significative à cet égard. Parce que les peuples se sont adaptés à la vie qu’ils subissent, où dont ils rêvent, jusqu’à être convaincus que c’est la seule possible qu’ils ont.
Il ne vient pas à l’idée du plus grand nombre de chercher à comprendre ce qui est au delà du visible.
Et si d’aventure quelqu’un cherchait à les convaincre qu’ils sont enchainés à une logique qui n’est pas la vie, et que leur vision de celle-ci n’est que partielle, il prêcherait dans le désert. On le traiterait de farfelu, ou de théoricien du complot.
En fait, il n’y a pas un seul régime prédateur au monde qui aurait pu exister et prospérer s’il n’avait été aidé par ces mêmes démocraties occidentales à prendre le pouvoir ou à le garder. J’en sais quelque chose moi-même, puisque nous n’aurions jamais pu parvenir à nos fins sans la bénédiction de ces Puissances.
Il existe entre elles et nous des relations très subtiles, souvent destinées à entretenir le change. Où il est de bon ton, pour nous, de ne pas rater une occasion pour les stigmatiser, de les traiter d’impérialistes, de leur demander de faire acte de repentance pour la colonisation, et pour elles, de nous rappeler à l’ordre, de temps à autre, de dénoncer certaines de nos pratiques les plus excessives, et de faire semblant de s’indigner pour des actes que nous avions commis, alors qu’ils savaient ce qui allait se passer avant même qu’il n’ait eu lieu.
Ce fut le cas, par exemple lorsque nous avions interrompu le processus électoral, où lorsque nous fîmes assassiner le Président Boudiaf. Jamais nous ne serions passés à l’action, si nous n’avions eu le feu vert. Tacite ou implicite. C’est comme ça que ça se passe.
Tous les régimes despotiques ne parviennent à prendre le pouvoir et le garder qu’avec la bénédiction active des puissances occidentales qui les contrôlent.
Cette vérité est tellement évidente qu’elle en est devenue improbable.
Ces dirigeants d’Etats qui se disent de Droit ont à notre endroit, et à celui de nos peuples, une attitude purement et exclusivement mercantile. Nous sommes pour eux des clients particulièrement fructueux, puisqu’en plus de leur permettre d’engranger de gros dividendes, nous leur sommes utiles en bien des choses.
Nous alimentons secrètement leurs campagnes électorales, leurs comptes en Banque secrets, nous permettons à leurs clientèles de venir se servir chez nous, nous commandons à leurs cabinets d’experts privés des études de toute sorte, que nous leur payons grassement, et nous leur servons de pions pour leurs grandes parties d’échecs, dont les gains sont nos propres ressources naturelles.
Tout est bon dans le mouton.
Nous servons même à leurs politiques intérieures, à leur donner l’occasion d’agiter l’épouvantail de nos migrants, et nous leur permettons de montrer à leurs peuples qu’ils ne sont pas si mal lotis que ça, comparés aux nôtres.
Les gens, de manière générale, sont convaincus que les oligarchies n’existent que dans nos pays. Rien de plus faux.
Les vraies oligarchies, les vraies ploutocraties, les plus puissantes, puisqu’elles tiennent le monde entier sous leur coupe, et conduisent l’humanité entière à sa perte, sont dans le monde qu’on dit développé.
Les sociétés occidentales sont conditionnées bien plus laborieusement que les nôtres.
Enchaînées par des dynamiques de consommation dévastatrices, elles ne parviennent plus à discerner les évidences de la domination financière.
Elles se croient vraiment libres, démocratiques, vivant dans des Etats de Droit, puissants et fondés sur des valeurs humanitaires. Et sans le savoir, sans même ressentir le besoin de se poser des questions pourtant lancinantes, ces sociétés ignorent qu’elles sont devenues des foules abruties par un besoin effréné de consommer plus, toujours plus, jusqu’à menacer d’épuiser les ressources de toute la planète, jusqu’à compromettre de façon irréversible l’avenir des générations futures.
La notion même de progrès y est totalement dévoyée, puisque celui-ci ne répond plus à des besoins normaux, si je peux dire, mais à des besoins superficiels, artificiels, créés par la classe qui dirige le monde.
C’est une course folle, et totalement imbécile, vers des victoires à la Pyrrhus, comme ce surarmement dont presque personne n’a vraiment idée, comme la massification du luxe inutile, le gaspillage de la nourriture, l’exploitation effrénée des hydrocarbures, des forêts, des mers.
Les premières civilisations humaines sont nées il y a moins de 5000 ans, mais depuis, l’Homme n’a cessé de se fourvoyer dans des voies qui ne pouvaient mener qu’à des guerres, à des carnages, des bouleversements humains.
Toutes ces civilisations se sont distinguées par une constante essentielle. Les hommes ou les groupes d’hommes qui ont pris le contrôle de leurs semblables n’ont trouvé qu’un seul moyen de se maintenir à leur tête : Celui qui leur permet d’exploiter d’autres hommes. Plus la multitude aurait de possibilités de voler, de coloniser, de réduire en esclavage, et de pressurer d’autres peuples, et plus elle aurait le sentiment d’avoir accédé à la grandeur, à la suprématie, à la supériorité.
Et plus elle consommerait de biens, plus elle se satisferait de ses dirigeants.
Avec le temps, et le peu de vrai développement qui se trouvait dans le faux progrès humain, les oligarchies ont conduit elles-mêmes des mouvements de société qui les ont habillées d’oripeaux démocratiques, et de professions de foi humanistes, sans en changer la véritable essence prédatrice.
Des succédanés de démocraties sont nés, des monarchies se sont mises au goût du jour, des dictatures du prolétariat se sont substituées, juste un moment, aux aristocraties, avant de faire régner la terreur.
Mais le substrat est resté le même.
Tous ces systèmes sont restés des bidules entre les mains de profiteurs, et de manipulateurs. Avec le temps, elles se sont complexifiées à un tel point qu’elles en sont devenues presque automatiques.
Elles en sont arrivées à fonctionner par elles-mêmes, quels que soient les individus qui les constituent. Mais un seul pouvoir, le seul vrai, celui de l’argent, les distinguera toutes.
L’être humain a besoin de consommer quelques kilos de viande par an. Je me rappelle moi-même, quand j’étais enfant, que nous ne mangions de viande qu’une fois par semaine, en petite quantité. Mon père était pourtant dans une situation financière relativement aisée, dans notre petite dechra. Mais tout le monde trouvait indécent de consommer de la viande tous les jours. Les bêtes nous faisaient vivre parce qu’elles produisaient pour nous, leur lait, leurs œufs, leur laine, et même leurs excréments qui nous servaient de combustible.
Aujourd’hui, dans les pays développés, la consommation de viande est d’environ 90 kg par individu et par an.
Pour répondre à cette demande, désormais intransigeante, il existe, dans le seul domaine du bovin, un cheptel de près d’un milliard et demi de têtes, élevés dans des conditions qui feraient dégoûter de la viande ceux qui pourraient les voir. Un chiffre qui va sans doute doubler au cours des vingt prochaines années, avec la croissance des pays émergent. Plus de 60% des cultures céréalières sont destinées à leur alimentation. De quoi nourrir largement le milliard d’être humains qui souffre de la malnutrition.
La production de cette alimentation du bétail bovin nécessite l’occupation de 80% des terres agricoles de la planète. En plus d’un volume effarant de la pêche qui finit en farine animale pour nourrir ce même bétail.
Tout ce gâchis ne sert qu’à nourrir moins de 10% de la population mondiale.
J’ai voulu te donner ces exemple, combien significatifs, pour te dire que ces occidentaux, tellement férus de beaux principes, et qui baignent dans leurs confortables convictions, ne savent pas, ou refusent de savoir, que pour ne pas se passer de leur Mac Do ou de leur rôti de veau, il faut sacrifier la vie d’un milliard de leurs semblables, qui ne connaissent même pas le goût de la viande, ni même celui de l’eau pure.
Ils ne savent pas qu’au moment où ils dégustent leur viande quotidienne c’est leur frère humain qu’ils privent de sa pitance de blé, de maïs ou de soja.
Et ce qui est encore plus stupide est qu’ils ne savent pas qu’ils n’ont pas besoin de toute cette viande, mais qu’ils ont été formatés pour l’acheter.
Parce que c’est dans l’intérêt des oligarchies qui les manipulent.
Parce que plus ils mangent de viande, et plus leurs oligarchies sont riches, et plus elles sont riches, plus elles sont puissantes.
Et ce n’est là qu’un seul parmi les nombreux autres supports de ces oligarchies qui tiennent le monde. Eradication des grandes forêts, agriculture intensive, pêche intensive, industrie du médicament, de la semence, des ressources hydrocarbures, des minerais, de l’automobile, de l’armement, et la liste est encore très longue.
L’Homme est resté un primitif qui s’ignore, au milieu d’une technologie de guerre des étoiles. Un homme préhistorique qui dispose des moyens technologiques pour éradiquer la vie sur terre, et qui ne sait même pas pourquoi il déploie des stratégies d’une infinie complexité pour avoir plus d’argent, et plus de pouvoir.
Juste un besoin irrépressible.
Un besoin inséminé.
Connaître cet aspect des choses est impérieux pour les peuples qui luttent pour leur libération, parce qu’ils ne changeront rien à leurs situations s’ils ne s’impliquent pas dans un mouvement plus vaste, plus radical, qui nécessite l’engagement de l’humanité toute entière.
Il est devenu urgent d’évacuer le prêt-à-penser, et de changer de mode de vie, si les hommes veulent conquérir le droit à la vraie vie. Sinon, dans l’absolu, leurs révolutions ne seraient qu’une incantation de circonstance, et même de la perte de temps, puisque le contexte qui a permis à leurs régimes de prendre le pouvoir restera le même, et que les mêmes fruits vénéneux continueront de pousser sur les mêmes buissons épineux.
Seules une prise de conscience planétaire, et une union sacrée de tous les humains, où qu’ils se trouvent, et quel que soit leur niveau de vie, pourront sauver l’Homme de lui-même.
J’en ai la profonde conviction.
Ce ne sera pas facile. Parce que les hommes n’ont plus la capacité de penser par eux-mêmes, encore moins de penser aux générations futures.
Seule une véritable révolution culturelle, et un nouveau socialisme, à visage humain cette fois-ci, pourraient ouvrir une nouvelle perspective à l’Homme.
Un socialisme qui hâterait l’avènement d’un âge d’or pour toute l’humanité.
Les adeptes de la bienpensance, lorsqu’ils te parlent des valeurs de la démocratie, insistent particulièrement sur certains mécanismes dont ils croient aux vertus absolues. Ils évoquent la séparation des pouvoirs, et oublient que celle-ci n’est que formelle.
Le pouvoir législatif est composé de gens qui ont été désignés par les forces de l’argent, bien souvent.
Le pouvoir exécutif, désigné dans les mêmes conditions, et redevable aux mêmes forces, prend garde à ne jamais sortir du cadre général qui lui a été imparti par celles-ci. Il influe fortement sur le Législatif et le Judiciaire, par des mécanismes savants qui lui permettent de mener la barque démocratie à sa convenance, ou plutôt à celle des vrais maîtres du jeu.
Dans cette vaste mise en scène, où ne manquent ni les professions de foi démocratiques ni la musique qui va avec, tout le monde oublie de relever que le plus important des pouvoirs, le seul vrai et tout-puissant, celui de l’argent, n’est mentionné nulle part.
Dans le savant échafaudage du mythe démocratique, on dit avoir consacré la séparation entre les pouvoirs législatifs, judiciaire et exécutif, mais personne n’a pensé, et pour cause, que le pouvoir financier n’est pas un serpent de mer.
C’est cette entité, ô combien réelle, et ô combien englobante, qui décide des règles du jeu, et de la conduite à tenir dans la gestion des affaires publiques, des relations entre Etats, et des stratégies internationales qui sont mises en place en fonction des intérêts bien compris de la caste qui veille au grain. A une dimension planétaire.
C’est précisément ce pouvoir là, qui est entre les mains d’une poignée d’hommes, que la révolution culturelle devra désigner aux peuples en ennemi qu’il faudra réduire.
C’est pourquoi je crois que seul un vrai socialisme, embrassé par l’humanité entière, pourra s’approprier ce pouvoir immense, le neutraliser, le contrôler, et le mettre au service des peuples.
Le jour où les peuples saisiront l’importance du pouvoir financier, et qu’ils en prendront totalement le contrôle, dans une vision non plus étriquée, de peuples qui se bouffent les uns les autres, mais de justice et d’équité, alors ils pourront s’atteler à construire un monde plus juste, débarrassé de ses vampires.
J’entrevois donc la crise de notre pays depuis un angle qui dépasse largement ses frontières, mais je t’ai promis des explications, et je ne m’y dérobe pas.
Avant même que le FIS ne soit officiellement reconnu, nous l’avions abondamment infiltré. Nous n’avions pas pu lui refuser l’accès à la scène politique, mais nous avons cherché à le contrôler avant même qu’il soit né, et nous y avons pleinement réussi.
Lors des élections communales, en 1990, il avait réussi à prendre les deux tiers des communes, dans tout le pays. C’est ce que nous voulions. Nous l’y avions même aidé.
Nous savions l’incompétence qui distingue ses élus, et l’inanité de leurs discours. Nous avons donc mis en place des mécanismes pour qu’ils se discréditent davantage aux yeux de la population.
Nous avons réduit à leur plus simple expression les budgets alloués à leurs communes, nous pervertissions systématiquement toutes leurs entreprises, et nous faisions tout pour les inciter à recourir à la corruption, au clientélisme et au favoritisme.
Les walis avaient reçu l’instruction de pousser les élus et leurs protégés à se servir, de fermer les yeux sur tous les privilèges indus qu’ils s’octroieraient.
Nous n’eûmes pas à faire trop d’efforts. Les nouveaux élus, malgré leurs professions de foi, se montrèrent particulièrement gourmands.
Les communes FIS étaient devenues, en l’espace de quelques mois seulement, des entités totalement ingérables.
L’incompétence et l’opportunisme des élus islamistes y a été pour beaucoup. Ils ont montré que derrière les discours moralistes se trouvaient des gens comme tout le monde, qui faisaient passer leurs intérêts personnels avant la chose publique.
Les populations commençaient réellement à regretter leur choix.
Au même moment, nous dotions les communes FLN de bien plus de moyens qu’ils n’en demandaient. Nous préparions ainsi un climat qui nous soit favorable pour les élections législatives qui devaient avoir lieu en décembre 1991.
En plus des bâtons que nous avions mis dans les roues des communes FIS, nous avions chargé le gouvernement de mettre en place un mode de scrutin, et un découpage électoral qui devait assurer la défaite du FIS. Dans le même temps, au même moment où nous mettions une sourdine aux discours des leaders du FIS les plus raisonnables, nous amplifions ceux des Savonarole de tout poil, c’est le cas de le dire, qui annonçaient l’avènement d’une République théocratique, avec tout ce que cela suppose de châtiments corporels, de contraintes vestimentaires et autres épouvantails susceptibles de faire peur à ceux de nos compatriotes qui craignaient de perdre le peu de libertés qui leur restaient.
Un leader du FIS avait déclaré que les Algériens devaient se préparer à changer leurs habitudes alimentaires et vestimentaires. Nous relayâmes cette opportune sortie, et nous l’amplifiâmes, jusqu’à créer une clameur publique.
Le premier leader du FIS, porté par l’enthousiasme de ses fidèles, et questionné par un journaliste qui lui demandait s’il ne craignait pas, en cas de victoire du FIS, une fuite massive des élites algériennes, lui répondit que s’il le fallait, l’Algérie importerait des bateaux entiers de cadres et d’enseignants de tout le monde musulman, et que les cadres algériens qui menaçaient de partir n’avaient qu’à plier bagages, que ce serait un bon débarras. Nos médias, et particulièrement la presse que nous avions créée de toute pièce, mit beaucoup de zèle à relayer ce genre de déclarations, et même d’en rajouter.
Nous pensions donc que la situation était mûre. Nous étions convaincus que les Algériens ne voteraient pas FIS. Parce que nous avions mesuré combien il s‘était déprécié à leurs yeux, et combien nous l’y avions aidé.
Mais nous n’avions pas tenu compte du plus important. Que si les Algériens étaient déçus, voire effrayés par le FIS, ils l’étaient bien plus par nous.
Ils nous exécraient tellement qu’ils auraient voté pour quiconque leur promettait de nous chasser, de nous juger, de nous dresser des gibets.
Ils auraient voté pour le diable en personne, s’il pouvait les aider à se débarrasser de nous.
Et c’est ce que le FIS leur promit.
Ce fut donc un vote sanction.
Mais le FIS tomba dans le même aveuglement que nous. Lui non plus ne comprit pas que la majorité des électeurs n’avait pas voté pour lui, mais contre nous.
Et donc, malgré notre mode de scrutin, notre découpage électoral, notre action psychologique, le résultat des élections fut un coup de massue pour nous. Dès le premier tour, sur 231 sièges, le FIS en remporta 188, obtenant ainsi la majorité absolue à lui seul. Le FLN ne remporta que 15 sièges. C’est dire dans quelle considération on nous tenait.
Ce fut le branle-bas de combat au sein du régime. Nos amis occidentaux qui nous avaient fait confiance, et que nous avions assuré que le FIS ne passerait pas ont même commencé à prendre langue avec certains leaders islamistes. Ils voulaient rattraper leur erreur de jugement, et ne pas insulter l’avenir.
Fort heureusement pour nous, ils se rendirent vite compte que les islamistes étaient ingérables. Et ils décidèrent de continuer à miser sur nous.
Ils nous le firent savoir, et nous sommèrent d’arrêter les frais, à n’importe quel prix.
Le Chef de l’Etat, que nous avions consulté, pour connaitre ses intentions, déclara publiquement qu’il était disposé à cohabiter avec le FIS.
Nous étions cernés de toute part, et nous ne savions plus que faire.
Mais le FIS allait nous aider, et nous montrer le chemin. Enivré par sa victoire, il ne se contenait plus.
Les plus modérés parmi ses leaders avaient senti que la situation risquait de se compliquer.
Ils usaient de retenue dans leurs discours, promettant de tourner la page du passé, de n’inquiéter personne, de chercher à obtenir un large consensus. Ces politiciens islamistes avisés et prudents contrarièrent considérablement ceux des nôtres qui voulaient opter pour une aventure, pour l’interruption du processus électoral.
Les Savonarole du FIS allaient nous en donner l’occasion. Ils multipliaient les déclarations outrancières, les menaces ouvertes contre nous. Ils nous sommaient déjà de rembourser les fortunes que nous avions amassées. Ils placardaient sur les murs les listes de dirigeants qu’ils promettaient de juger.
Un groupe restreint de chefs de l’Armée, dont j’étais, avait décidé de mettre un coup d’arrêt à la mésaventure.
Nous avons battu le rappel de nos clientèles respectives, en agitant à tous l’épouvantail des potences qu’on commençait à dresser.
Un large cercle d’officiers supérieurs nous rejoignit, quasiment tous les chefs importants de l’Armée.
L’un des nôtres, un général-major, celui qui exerçait une grande influence sur le Chef de l’Etat, fut dépêché en France, pour confirmer son accord pour un éventuel coup de force.
La France et les USA donnèrent le feu vert, en le mitigeant de recommandations qui se voulaient légalistes, juste pour la forme. Nous comprimes que tout ce qu’ils attendaient de nous est que nous ayons toute l’armée derrière nous.
Nous retournâmes dès lors voir le Président, et nous l’acculâmes. Il devait choisir : annuler les élections ou partir. Il opta pour le départ. Il démissionna.
Nous annonçâmes l’interruption de processus électoral et l’annulation des résultats.
Contrairement à ce qu’ont affirmé de nombreux observateurs, nous avions donc la certitude, au départ, que le FIS ne l’emporterait pas.
Sa victoire nous avait pris au dépourvu, et nous avons dû improviser. Mais nous allions vite nous rattraper.
Pourquoi l'Algérie, dirigée encore par les "généraux" issus de l'armée française, échappe-t-elle au soit-disant "printemps arabe", qui a permis aux USA et à l'Occident du G8-2, de renouveler ses "adjudants de quartier", pour ne pas dire les "califes locaux", et permettre à l'entité sioniste, "Israël", de consolider ses implantations et avoir le soutien des monarchies arabes, et leurs financements, pour mener des "guerres intestines" qui devraient permettre de mettre en place le Grand Moyen Orient, si cher à BUSH, RICE et Kissinger..., en vue de diviser le monde en arabe, et islamique en "petits états", comme au Soudan, et prévus pour la Syrie, facilement manipulables et surtout, tenus à merci, pendant que leurs ressources sont dilapidées ?
Algérie : Confession du Général-major X : « Je ne demande même pas pardon »
KalimaDZ dans ACTUALITE le 2 janvier 2013 17 h 49 min
A mon compatriote algérien, que j’ai trahi, que j’ai volé, et dont j’ai compromis l’avenir, je fais cette confession, sur les crimes innommables que nous avons commis, mes pairs et moi. Ou devrais-je dire mes compères. Je suis appelé à quitter cette vie à très brève échéance. Mon identité sera connue après ma mort.
Lorsque nous interrompîmes l’arrêt du processus électoral, en 1992, des hommes d’une grande rigueur intellectuelle, même s’ils étaient viscéralement opposés à l’islamisme, ont eu le courage d’aller à contre-courant de la psychose ambiante. Ils nous ont dénoncés sans nuances.
Ils ont été trop rares malheureusement, et leurs voix ont été étouffées par les millions de lâches.
Le complot qui fut la suite logique de l’interruption du processus électoral, en 1992 n’a été possible que parce que trop de consciences se sont tues.
Il est difficile d’en expliquer les ressorts cachés qui l’ont animé, et ce qu’il en a résulté.
Je ne m’approfondirais pas trop sur le sujet, et je me limiterai à en dire les vérités les plus cruciales, parce que le sujet est trop complexe pour être abordé d’une manière aussi superficielle que celle que je m’impose dans cette confession.
Dans les dossiers qui seront bientôt rendus publics, se trouvent des informations très fouillés sur les évènements qui ont découlé de cet évènement, sur les pratiques de ceux qui l’ont piloté.
Mais mes aveux, et tout ce que pourront entreprendre les Algériens pour se libérer n’auront de sens que si ce mouvement parvient à se situer dans un ensemble bien plus vaste que celui de notre seul pays. Sinon cela ne servirait à rien. Parce que le mal est bien plus diffus qu’on ne croit.
Si les Algériens parviennent à se libérer, sans intégrer l’évidence que la cause de leur malheur est bien plus importante que le piètre régime qui les a colonisés, alors ils tomberont de Charybde en Scylla.
Il importe, avant de revenir sur les pénibles circonstances qui ont plongé notre pays dans le malheur, qu’ils soient situés dans leur contexte, que les mécanismes qui les meuvent, et qui sont au cœur même de la nature humaine soient mis en lumière.
On a souvent tendance, lorsqu’on stigmatise un régime prédateur, de faire comme s’il était la conséquence d’abus, et de dysfonctionnements endogènes. Et pour bien accentuer toute sa monstruosité, on s’évertue à le comparer aux démocraties occidentales.
Pour toutes les âmes simples, il n’y a pas photo, comme on dit. D’un côté un régime atroce, une association de malfaiteurs, qui concentre entre ses mains l’ensemble des pouvoirs, qui opprime ses concitoyens et qui les dépouille, qui érige des façades d’Institutions, juste pour faire semblant, et de l’autre, des Etats démocratiques, avec de vraies élections, de vrais élus du peuple, un partage des pouvoirs entre de vraies Institutions, le respect des Droits de l’Homme, une presse libre, et tutti quanti.
Dans la réalité, malheureusement, cette vision des choses procède d’une simplification à l’emporte-pièce, qui enferme les multitudes dans une impasse de l’esprit.
L’Allégorie de la caverne de Platon est très significative à cet égard. Parce que les peuples se sont adaptés à la vie qu’ils subissent, où dont ils rêvent, jusqu’à être convaincus que c’est la seule possible qu’ils ont.
Il ne vient pas à l’idée du plus grand nombre de chercher à comprendre ce qui est au delà du visible.
Et si d’aventure quelqu’un cherchait à les convaincre qu’ils sont enchainés à une logique qui n’est pas la vie, et que leur vision de celle-ci n’est que partielle, il prêcherait dans le désert. On le traiterait de farfelu, ou de théoricien du complot.
En fait, il n’y a pas un seul régime prédateur au monde qui aurait pu exister et prospérer s’il n’avait été aidé par ces mêmes démocraties occidentales à prendre le pouvoir ou à le garder. J’en sais quelque chose moi-même, puisque nous n’aurions jamais pu parvenir à nos fins sans la bénédiction de ces Puissances.
Il existe entre elles et nous des relations très subtiles, souvent destinées à entretenir le change. Où il est de bon ton, pour nous, de ne pas rater une occasion pour les stigmatiser, de les traiter d’impérialistes, de leur demander de faire acte de repentance pour la colonisation, et pour elles, de nous rappeler à l’ordre, de temps à autre, de dénoncer certaines de nos pratiques les plus excessives, et de faire semblant de s’indigner pour des actes que nous avions commis, alors qu’ils savaient ce qui allait se passer avant même qu’il n’ait eu lieu.
Ce fut le cas, par exemple lorsque nous avions interrompu le processus électoral, où lorsque nous fîmes assassiner le Président Boudiaf. Jamais nous ne serions passés à l’action, si nous n’avions eu le feu vert. Tacite ou implicite. C’est comme ça que ça se passe.
Tous les régimes despotiques ne parviennent à prendre le pouvoir et le garder qu’avec la bénédiction active des puissances occidentales qui les contrôlent.
Cette vérité est tellement évidente qu’elle en est devenue improbable.
Ces dirigeants d’Etats qui se disent de Droit ont à notre endroit, et à celui de nos peuples, une attitude purement et exclusivement mercantile. Nous sommes pour eux des clients particulièrement fructueux, puisqu’en plus de leur permettre d’engranger de gros dividendes, nous leur sommes utiles en bien des choses.
Nous alimentons secrètement leurs campagnes électorales, leurs comptes en Banque secrets, nous permettons à leurs clientèles de venir se servir chez nous, nous commandons à leurs cabinets d’experts privés des études de toute sorte, que nous leur payons grassement, et nous leur servons de pions pour leurs grandes parties d’échecs, dont les gains sont nos propres ressources naturelles.
Tout est bon dans le mouton.
Nous servons même à leurs politiques intérieures, à leur donner l’occasion d’agiter l’épouvantail de nos migrants, et nous leur permettons de montrer à leurs peuples qu’ils ne sont pas si mal lotis que ça, comparés aux nôtres.
Les gens, de manière générale, sont convaincus que les oligarchies n’existent que dans nos pays. Rien de plus faux.
Les vraies oligarchies, les vraies ploutocraties, les plus puissantes, puisqu’elles tiennent le monde entier sous leur coupe, et conduisent l’humanité entière à sa perte, sont dans le monde qu’on dit développé.
Les sociétés occidentales sont conditionnées bien plus laborieusement que les nôtres.
Enchaînées par des dynamiques de consommation dévastatrices, elles ne parviennent plus à discerner les évidences de la domination financière.
Elles se croient vraiment libres, démocratiques, vivant dans des Etats de Droit, puissants et fondés sur des valeurs humanitaires. Et sans le savoir, sans même ressentir le besoin de se poser des questions pourtant lancinantes, ces sociétés ignorent qu’elles sont devenues des foules abruties par un besoin effréné de consommer plus, toujours plus, jusqu’à menacer d’épuiser les ressources de toute la planète, jusqu’à compromettre de façon irréversible l’avenir des générations futures.
La notion même de progrès y est totalement dévoyée, puisque celui-ci ne répond plus à des besoins normaux, si je peux dire, mais à des besoins superficiels, artificiels, créés par la classe qui dirige le monde.
C’est une course folle, et totalement imbécile, vers des victoires à la Pyrrhus, comme ce surarmement dont presque personne n’a vraiment idée, comme la massification du luxe inutile, le gaspillage de la nourriture, l’exploitation effrénée des hydrocarbures, des forêts, des mers.
Les premières civilisations humaines sont nées il y a moins de 5000 ans, mais depuis, l’Homme n’a cessé de se fourvoyer dans des voies qui ne pouvaient mener qu’à des guerres, à des carnages, des bouleversements humains.
Toutes ces civilisations se sont distinguées par une constante essentielle. Les hommes ou les groupes d’hommes qui ont pris le contrôle de leurs semblables n’ont trouvé qu’un seul moyen de se maintenir à leur tête : Celui qui leur permet d’exploiter d’autres hommes. Plus la multitude aurait de possibilités de voler, de coloniser, de réduire en esclavage, et de pressurer d’autres peuples, et plus elle aurait le sentiment d’avoir accédé à la grandeur, à la suprématie, à la supériorité.
Et plus elle consommerait de biens, plus elle se satisferait de ses dirigeants.
Avec le temps, et le peu de vrai développement qui se trouvait dans le faux progrès humain, les oligarchies ont conduit elles-mêmes des mouvements de société qui les ont habillées d’oripeaux démocratiques, et de professions de foi humanistes, sans en changer la véritable essence prédatrice.
Des succédanés de démocraties sont nés, des monarchies se sont mises au goût du jour, des dictatures du prolétariat se sont substituées, juste un moment, aux aristocraties, avant de faire régner la terreur.
Mais le substrat est resté le même.
Tous ces systèmes sont restés des bidules entre les mains de profiteurs, et de manipulateurs. Avec le temps, elles se sont complexifiées à un tel point qu’elles en sont devenues presque automatiques.
Elles en sont arrivées à fonctionner par elles-mêmes, quels que soient les individus qui les constituent. Mais un seul pouvoir, le seul vrai, celui de l’argent, les distinguera toutes.
L’être humain a besoin de consommer quelques kilos de viande par an. Je me rappelle moi-même, quand j’étais enfant, que nous ne mangions de viande qu’une fois par semaine, en petite quantité. Mon père était pourtant dans une situation financière relativement aisée, dans notre petite dechra. Mais tout le monde trouvait indécent de consommer de la viande tous les jours. Les bêtes nous faisaient vivre parce qu’elles produisaient pour nous, leur lait, leurs œufs, leur laine, et même leurs excréments qui nous servaient de combustible.
Aujourd’hui, dans les pays développés, la consommation de viande est d’environ 90 kg par individu et par an.
Pour répondre à cette demande, désormais intransigeante, il existe, dans le seul domaine du bovin, un cheptel de près d’un milliard et demi de têtes, élevés dans des conditions qui feraient dégoûter de la viande ceux qui pourraient les voir. Un chiffre qui va sans doute doubler au cours des vingt prochaines années, avec la croissance des pays émergent. Plus de 60% des cultures céréalières sont destinées à leur alimentation. De quoi nourrir largement le milliard d’être humains qui souffre de la malnutrition.
La production de cette alimentation du bétail bovin nécessite l’occupation de 80% des terres agricoles de la planète. En plus d’un volume effarant de la pêche qui finit en farine animale pour nourrir ce même bétail.
Tout ce gâchis ne sert qu’à nourrir moins de 10% de la population mondiale.
J’ai voulu te donner ces exemple, combien significatifs, pour te dire que ces occidentaux, tellement férus de beaux principes, et qui baignent dans leurs confortables convictions, ne savent pas, ou refusent de savoir, que pour ne pas se passer de leur Mac Do ou de leur rôti de veau, il faut sacrifier la vie d’un milliard de leurs semblables, qui ne connaissent même pas le goût de la viande, ni même celui de l’eau pure.
Ils ne savent pas qu’au moment où ils dégustent leur viande quotidienne c’est leur frère humain qu’ils privent de sa pitance de blé, de maïs ou de soja.
Et ce qui est encore plus stupide est qu’ils ne savent pas qu’ils n’ont pas besoin de toute cette viande, mais qu’ils ont été formatés pour l’acheter.
Parce que c’est dans l’intérêt des oligarchies qui les manipulent.
Parce que plus ils mangent de viande, et plus leurs oligarchies sont riches, et plus elles sont riches, plus elles sont puissantes.
Et ce n’est là qu’un seul parmi les nombreux autres supports de ces oligarchies qui tiennent le monde. Eradication des grandes forêts, agriculture intensive, pêche intensive, industrie du médicament, de la semence, des ressources hydrocarbures, des minerais, de l’automobile, de l’armement, et la liste est encore très longue.
L’Homme est resté un primitif qui s’ignore, au milieu d’une technologie de guerre des étoiles. Un homme préhistorique qui dispose des moyens technologiques pour éradiquer la vie sur terre, et qui ne sait même pas pourquoi il déploie des stratégies d’une infinie complexité pour avoir plus d’argent, et plus de pouvoir.
Juste un besoin irrépressible.
Un besoin inséminé.
Connaître cet aspect des choses est impérieux pour les peuples qui luttent pour leur libération, parce qu’ils ne changeront rien à leurs situations s’ils ne s’impliquent pas dans un mouvement plus vaste, plus radical, qui nécessite l’engagement de l’humanité toute entière.
Il est devenu urgent d’évacuer le prêt-à-penser, et de changer de mode de vie, si les hommes veulent conquérir le droit à la vraie vie. Sinon, dans l’absolu, leurs révolutions ne seraient qu’une incantation de circonstance, et même de la perte de temps, puisque le contexte qui a permis à leurs régimes de prendre le pouvoir restera le même, et que les mêmes fruits vénéneux continueront de pousser sur les mêmes buissons épineux.
Seules une prise de conscience planétaire, et une union sacrée de tous les humains, où qu’ils se trouvent, et quel que soit leur niveau de vie, pourront sauver l’Homme de lui-même.
J’en ai la profonde conviction.
Ce ne sera pas facile. Parce que les hommes n’ont plus la capacité de penser par eux-mêmes, encore moins de penser aux générations futures.
Seule une véritable révolution culturelle, et un nouveau socialisme, à visage humain cette fois-ci, pourraient ouvrir une nouvelle perspective à l’Homme.
Un socialisme qui hâterait l’avènement d’un âge d’or pour toute l’humanité.
Les adeptes de la bienpensance, lorsqu’ils te parlent des valeurs de la démocratie, insistent particulièrement sur certains mécanismes dont ils croient aux vertus absolues. Ils évoquent la séparation des pouvoirs, et oublient que celle-ci n’est que formelle.
Le pouvoir législatif est composé de gens qui ont été désignés par les forces de l’argent, bien souvent.
Le pouvoir exécutif, désigné dans les mêmes conditions, et redevable aux mêmes forces, prend garde à ne jamais sortir du cadre général qui lui a été imparti par celles-ci. Il influe fortement sur le Législatif et le Judiciaire, par des mécanismes savants qui lui permettent de mener la barque démocratie à sa convenance, ou plutôt à celle des vrais maîtres du jeu.
Dans cette vaste mise en scène, où ne manquent ni les professions de foi démocratiques ni la musique qui va avec, tout le monde oublie de relever que le plus important des pouvoirs, le seul vrai et tout-puissant, celui de l’argent, n’est mentionné nulle part.
Dans le savant échafaudage du mythe démocratique, on dit avoir consacré la séparation entre les pouvoirs législatifs, judiciaire et exécutif, mais personne n’a pensé, et pour cause, que le pouvoir financier n’est pas un serpent de mer.
C’est cette entité, ô combien réelle, et ô combien englobante, qui décide des règles du jeu, et de la conduite à tenir dans la gestion des affaires publiques, des relations entre Etats, et des stratégies internationales qui sont mises en place en fonction des intérêts bien compris de la caste qui veille au grain. A une dimension planétaire.
C’est précisément ce pouvoir là, qui est entre les mains d’une poignée d’hommes, que la révolution culturelle devra désigner aux peuples en ennemi qu’il faudra réduire.
C’est pourquoi je crois que seul un vrai socialisme, embrassé par l’humanité entière, pourra s’approprier ce pouvoir immense, le neutraliser, le contrôler, et le mettre au service des peuples.
Le jour où les peuples saisiront l’importance du pouvoir financier, et qu’ils en prendront totalement le contrôle, dans une vision non plus étriquée, de peuples qui se bouffent les uns les autres, mais de justice et d’équité, alors ils pourront s’atteler à construire un monde plus juste, débarrassé de ses vampires.
J’entrevois donc la crise de notre pays depuis un angle qui dépasse largement ses frontières, mais je t’ai promis des explications, et je ne m’y dérobe pas.
Avant même que le FIS ne soit officiellement reconnu, nous l’avions abondamment infiltré. Nous n’avions pas pu lui refuser l’accès à la scène politique, mais nous avons cherché à le contrôler avant même qu’il soit né, et nous y avons pleinement réussi.
Lors des élections communales, en 1990, il avait réussi à prendre les deux tiers des communes, dans tout le pays. C’est ce que nous voulions. Nous l’y avions même aidé.
Nous savions l’incompétence qui distingue ses élus, et l’inanité de leurs discours. Nous avons donc mis en place des mécanismes pour qu’ils se discréditent davantage aux yeux de la population.
Nous avons réduit à leur plus simple expression les budgets alloués à leurs communes, nous pervertissions systématiquement toutes leurs entreprises, et nous faisions tout pour les inciter à recourir à la corruption, au clientélisme et au favoritisme.
Les walis avaient reçu l’instruction de pousser les élus et leurs protégés à se servir, de fermer les yeux sur tous les privilèges indus qu’ils s’octroieraient.
Nous n’eûmes pas à faire trop d’efforts. Les nouveaux élus, malgré leurs professions de foi, se montrèrent particulièrement gourmands.
Les communes FIS étaient devenues, en l’espace de quelques mois seulement, des entités totalement ingérables.
L’incompétence et l’opportunisme des élus islamistes y a été pour beaucoup. Ils ont montré que derrière les discours moralistes se trouvaient des gens comme tout le monde, qui faisaient passer leurs intérêts personnels avant la chose publique.
Les populations commençaient réellement à regretter leur choix.
Au même moment, nous dotions les communes FLN de bien plus de moyens qu’ils n’en demandaient. Nous préparions ainsi un climat qui nous soit favorable pour les élections législatives qui devaient avoir lieu en décembre 1991.
En plus des bâtons que nous avions mis dans les roues des communes FIS, nous avions chargé le gouvernement de mettre en place un mode de scrutin, et un découpage électoral qui devait assurer la défaite du FIS. Dans le même temps, au même moment où nous mettions une sourdine aux discours des leaders du FIS les plus raisonnables, nous amplifions ceux des Savonarole de tout poil, c’est le cas de le dire, qui annonçaient l’avènement d’une République théocratique, avec tout ce que cela suppose de châtiments corporels, de contraintes vestimentaires et autres épouvantails susceptibles de faire peur à ceux de nos compatriotes qui craignaient de perdre le peu de libertés qui leur restaient.
Un leader du FIS avait déclaré que les Algériens devaient se préparer à changer leurs habitudes alimentaires et vestimentaires. Nous relayâmes cette opportune sortie, et nous l’amplifiâmes, jusqu’à créer une clameur publique.
Le premier leader du FIS, porté par l’enthousiasme de ses fidèles, et questionné par un journaliste qui lui demandait s’il ne craignait pas, en cas de victoire du FIS, une fuite massive des élites algériennes, lui répondit que s’il le fallait, l’Algérie importerait des bateaux entiers de cadres et d’enseignants de tout le monde musulman, et que les cadres algériens qui menaçaient de partir n’avaient qu’à plier bagages, que ce serait un bon débarras. Nos médias, et particulièrement la presse que nous avions créée de toute pièce, mit beaucoup de zèle à relayer ce genre de déclarations, et même d’en rajouter.
Nous pensions donc que la situation était mûre. Nous étions convaincus que les Algériens ne voteraient pas FIS. Parce que nous avions mesuré combien il s‘était déprécié à leurs yeux, et combien nous l’y avions aidé.
Mais nous n’avions pas tenu compte du plus important. Que si les Algériens étaient déçus, voire effrayés par le FIS, ils l’étaient bien plus par nous.
Ils nous exécraient tellement qu’ils auraient voté pour quiconque leur promettait de nous chasser, de nous juger, de nous dresser des gibets.
Ils auraient voté pour le diable en personne, s’il pouvait les aider à se débarrasser de nous.
Et c’est ce que le FIS leur promit.
Ce fut donc un vote sanction.
Mais le FIS tomba dans le même aveuglement que nous. Lui non plus ne comprit pas que la majorité des électeurs n’avait pas voté pour lui, mais contre nous.
Et donc, malgré notre mode de scrutin, notre découpage électoral, notre action psychologique, le résultat des élections fut un coup de massue pour nous. Dès le premier tour, sur 231 sièges, le FIS en remporta 188, obtenant ainsi la majorité absolue à lui seul. Le FLN ne remporta que 15 sièges. C’est dire dans quelle considération on nous tenait.
Ce fut le branle-bas de combat au sein du régime. Nos amis occidentaux qui nous avaient fait confiance, et que nous avions assuré que le FIS ne passerait pas ont même commencé à prendre langue avec certains leaders islamistes. Ils voulaient rattraper leur erreur de jugement, et ne pas insulter l’avenir.
Fort heureusement pour nous, ils se rendirent vite compte que les islamistes étaient ingérables. Et ils décidèrent de continuer à miser sur nous.
Ils nous le firent savoir, et nous sommèrent d’arrêter les frais, à n’importe quel prix.
Le Chef de l’Etat, que nous avions consulté, pour connaitre ses intentions, déclara publiquement qu’il était disposé à cohabiter avec le FIS.
Nous étions cernés de toute part, et nous ne savions plus que faire.
Mais le FIS allait nous aider, et nous montrer le chemin. Enivré par sa victoire, il ne se contenait plus.
Les plus modérés parmi ses leaders avaient senti que la situation risquait de se compliquer.
Ils usaient de retenue dans leurs discours, promettant de tourner la page du passé, de n’inquiéter personne, de chercher à obtenir un large consensus. Ces politiciens islamistes avisés et prudents contrarièrent considérablement ceux des nôtres qui voulaient opter pour une aventure, pour l’interruption du processus électoral.
Les Savonarole du FIS allaient nous en donner l’occasion. Ils multipliaient les déclarations outrancières, les menaces ouvertes contre nous. Ils nous sommaient déjà de rembourser les fortunes que nous avions amassées. Ils placardaient sur les murs les listes de dirigeants qu’ils promettaient de juger.
Un groupe restreint de chefs de l’Armée, dont j’étais, avait décidé de mettre un coup d’arrêt à la mésaventure.
Nous avons battu le rappel de nos clientèles respectives, en agitant à tous l’épouvantail des potences qu’on commençait à dresser.
Un large cercle d’officiers supérieurs nous rejoignit, quasiment tous les chefs importants de l’Armée.
L’un des nôtres, un général-major, celui qui exerçait une grande influence sur le Chef de l’Etat, fut dépêché en France, pour confirmer son accord pour un éventuel coup de force.
La France et les USA donnèrent le feu vert, en le mitigeant de recommandations qui se voulaient légalistes, juste pour la forme. Nous comprimes que tout ce qu’ils attendaient de nous est que nous ayons toute l’armée derrière nous.
Nous retournâmes dès lors voir le Président, et nous l’acculâmes. Il devait choisir : annuler les élections ou partir. Il opta pour le départ. Il démissionna.
Nous annonçâmes l’interruption de processus électoral et l’annulation des résultats.
Contrairement à ce qu’ont affirmé de nombreux observateurs, nous avions donc la certitude, au départ, que le FIS ne l’emporterait pas.
Sa victoire nous avait pris au dépourvu, et nous avons dû improviser. Mais nous allions vite nous rattraper.