Quoi de neuf ?
Forum al-imane.com

This is a sample guest message. Register a free account today to become a member! Once signed in, you'll be able to participate on this site by adding your own topics and posts, as well as connect with other members through your own private inbox!

Diplomatie du chéquier et wahhabisme en poupe

ithviriw

Active member
[FONT=&amp]Document[/FONT][FONT=&amp]Mercredi 10 octobre 2012 - PAGE [/FONT][FONT=&amp]5 Le SOIR d’ALGERIE[/FONT]
[FONT=&amp]QATAR[/FONT]
[FONT=&amp]Diplomatie du chéquier et wahhabisme en poupe[/FONT]
[FONT=&amp]Photos : DR[/FONT]

[FONT=&amp]L’investissement long et silencieux de l’Arabie Saoudite dans la promotion du Wahhabisme international a donné ses fruits, mais il faut se précipiter de les cueillir avant que ce Hamad ne rafle tout pour lui ! Les vieux monarques de Riyadh se réveillent.[/FONT]

Doha et Riyadh sont devenus les piliers de ce qu’on appelle «l’arc sunnite», cette invention moyenâgeuse de l’Arabie Saoudite qui engloberait les pays de la péninsule ainsi que l’Egypte, la Jordanie, le Liban et la Palestine occupée.

[FONT=&amp]Les Frères musulmans autant que les wahhabites, grâce à lui, auront obtenu une honorabilité qui les propulse aux fauteuils de la présidence et des Parlements (Morsi, Ghennouchi, Abdel Jalil) et même à des postes militaires importants, comme ceux[/FONT]
[FONT=&amp]attribués aux terroristes libyens notoires Ismaïl Al-Salabi, Abdelhakim Belhadj et Abu Sofiane Qoumou.[/FONT]
[FONT=&amp]On sait que Doha a commencé à financer le terrorisme en Algérie dès 1994, que plusieurs membres de la famille régnante ont financé les djihadistes, que l’actuel ministre de l’Intérieur a hébergé des talibans à l’aller et au retour d’Afghanistan qu’il a même rencontré Ben Laden, selon un câble officiel sur WikiLeaks.[/FONT]

[FONT=&amp]Des décennies durant, ils ne focalisaient que sur l’Iran ; et voilà que les frasques de l’émir qatari leur offrent une visibilité à l’échelle planétaire. En Libye, en Tunisie, en Égypte, Hamad offre son expertise de putschiste par Al Jazeera interposée.[/FONT]

[FONT=&amp]Et lorsque la destitution pacifique ne fonctionne pas, il envoie des armes aux rebelles libyens qui font de Benghazi et d’autres villes des zones libérées (zones d’exclusion, en langage militaire), ce qui signifie que les plans offerts à son ami Abdel Jalil étaient étudiés bien à l’avance par des experts en matière militaire. C’est aussi ce que veulent faire, désespérément, ses mercenaires en Syrie. [/FONT]

[FONT=&amp]La politique étrangère du Qatar est le résultat de bien d’autres paramètres mais son carburant est ce culot rendu possible, comme un blanc-seing total, par la seule existence de bases américaines dont celle d’Al Oudeïd est la plus grande à l’étranger. Les 10 000 hommes militaires, les navires de guerre, porte-avions, les bombardiers et[/FONT] [FONT=&amp]antimissiles américains déployés au Qatar font de cet émirat un protectorat comme dans les siècles derniers. Quoiqu’articulée sur cette force étatsunienne, la ligne diplomatique du Qatar semble floue mais ses positions apparemment contradictoires trahissent une duplicité notoire. [/FONT]Par exemple, durant la guerre israélo-libanaise de l’été 2006, Qatar a affiché son soutien au gouvernement et au peuple libanais, mais en même temps, il a autorisé les Etats-Unis à utiliser son territoire pour livrer des bombes dites intelligentes à Israël ! La fourberie, c’est là une caractéristique fondamentale de cette «diplomatie» également caractérisée par l’audace, la versatilité et l’absence de principes. Ici, les alliés sont tous conjoncturels, qu’ils soient arabes ou autres, mais avec la constance de la vassalité due aux puissances occidentales. C’est ce que prouvent ses relations avec l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Syrie et même les autres pays du Golfe que Hamad a essayé de déstabiliser.

[FONT=&amp]En octobre 2010, l’émir Khalifa bin Hamad Al-Thani disait qu’il ne s’ingérerait jamais dans les affaires des autres pays et qu’il se concentrait sur l'éducation, la santé et les investissements, en se tenant «à l'écart des conflits et des questions militaires» afin de «jouer les médiateurs dans les crises, sans prendre position en faveur d'un camp ou d'un autre», selon Politique internationale. com[/FONT][FONT=&amp](1)[/FONT][FONT=&amp]. Or, on sait que Doha a commencé à financer le terrorisme en Algérie dès 1994, que plusieurs membres de la famille régnante ont financé les djihadistes, que l’actuel ministre de l’Intérieur a hébergé des talibans à l’aller et au retour d’Afghanistan qu’il a même rencontré Ben Laden, selon un câble officiel sur WikiLeaks.[/FONT]

Le wahhabisme, «idéologie» conquérante

[FONT=&amp]Une politique du chéquier couplée à un entrisme qui abuse du pousse-toi que je m’y mette ont permis à cette diplomatie d’être sous les feux de la rampe, à la place de pays traditionnellement plus représentatifs, notamment sur la question palestinienne. Les «printemps arabes» ont été une occasion pour Doha de se surpasser, de monter sur ses ergots en ajoutant une échelle pour se rendre plus visible, au point où certains y voient réellement[/FONT] [FONT=&amp]un géant. En tout cas, son bellicisme a fait mal en Libye, en Syrie, au Mali et ailleurs. Car ce pays est derrière tous ces troubles et [/FONT]conflits qu’Al Jazeera pare du beau burnous de «printemps arabe», sauf ceux de Bahreïn où Doha a envoyé ses troupes pour mater l’opposition, tout comme l’Arabie Saoudite dont la chaîne qatarie évite de montrer les manifestations et leur répression.

Pour mettre en place son nouvel ordre mondial, ou son Grand Moyen-Orient (GMO), ces nouveaux plans Sykes-Picot enrobés d’une publicité humanitaire, libératrice et civilisatrice (comme ce fut le cas en Irak où près de 2 millions d’Irakiens ont perdu la vie et le pays ramené un siècle en arrière), l’Occident s’est trouvé des complices précieux.

[FONT=&amp]Le beau cheval de Troie nommé Qatar ne se contentera pas de hennir, il aura à faire les basses besognes : massacrer les Libyens sous prétexte de leur apporter la démocratie, massacrer les Syriens, en envoyant des milliers de terroristes wahhabites recrutés à travers le monde. [/FONT]Pour l’Occident, le wahhabisme et le terrorisme sont des outils stratégiques pour remodeler la carte du monde chère au GMO ; et pour les monarchies de la péninsule [FONT=&amp]arabique, un moyen de se venger de ces démocraties socialistes, nassériennes ou baâthistes qui les avaient tant empêchées de dormir en paix. A l’époque de Nasser, Boumediène, Hafid El-Assad, Saddam, Kadhafi et même[/FONT]
[FONT=&amp]Bourguiba, ces rois et émirs étaient méprisés autant que leurs «idéologies ». Aujourd’hui, ils ont réussi à renverser les valeurs et imposer le wahhabisme pour faire régresser les autres peuples à leur niveau et remettre en question les acquis de la modernité et du progrès. La volonté de régression — «régression féconde», disent leurs conseillers occidentaux — ce symptôme de démence pure et simple, en tout cas d’une schizophrénie caractérisée, s’est imposée dans nos sociétés grâce à la pénétration de la propagande salafiste et wahhabite. [/FONT]

Le wahhabisme à burka et le salafisme au kamis virent aisément au djihadisme armé qui voit partout des impies à tuer.
Des millions l’ont été, en Afghanistan, en Algérie, en Syrie et dans de nombreux pays, même en Arabie Saoudite car il n’est pas dit que celui qui nourrit un serpent ne se fasse pas mordre.

[FONT=&amp]Lorsque Riyadh s’alignait sur Washington et Tel-Aviv contre le Hamas palestinien, Doha organisait une conférence sur Ghaza en janvier 2009 pendant l'offensive israélienne «Plomb Durci». Tirant la couverture à soi, le Qatar écarte en même temps l’Egypte, et s’apprête à sacrifier l’OLP, pour ne pas dire tout le peuple palestinien. En 2011, il isolera Damas en demandant au Hamas de s’installer à Doha, en contrepartie d’un milliard de dollars : dans son nouveau siège, dans le voisinage d’Abassi Madani, Khaled Mechaâl représentera-t-il peut-être mieux la cause palestinienne…[/FONT]

La crise syrienne actuelle s’inscrit dans cette stratégie qui vise à l’irakisation ou l’afghnanisation de ce pays, à en faire un pays ingouvernable avec un terrorisme pérenne — bombes quotidiennes et kamikazes en sus — comme il vise à la liquidation du problème palestinien, et en même temps à émietter la Jordanie et le Liban en petits Etats confessionnels et ethniques.


[FONT=&amp]Maintenant qu’il tient en laisse cet allié et sa Ligue arabe, l’Occident peut attaquer n’importe quel pays musulman sans être accusé de croisade. Et les frères musulmans autant que les wahhabites, grâce à lui, auront obtenu une honorabilité qui les propulse aux fauteuils de la présidence et des Parlements (Morsi, Ghennouchi, Abdel Jalil) et[/FONT] [FONT=&amp]même à des postes militaires importants, comme ceux attribués aux terroristes libyens notoires Ismaïl Al-Salabi, Abdelhakim Belhadj et Abu Sofiane Qoumou.[/FONT]

[FONT=&amp]A la tête d’une poignée de terroristes soutenus par la Maison-Blanche, Hamad s’en va faire des «révolutions» dans le monde arabe avec comme objectif final de mettre à genoux l’un des derniers raïs arabes modernistes, El-Assad. Après avoir vu couler le sang de dizaines de milliers de Libyens et celui de Kadhafi comme cadeau suprême, l’émir d’une dictature dynastique peut alors clamer, avec cynisme : «Les peuples arabes de la région aspirent à la démocratie et la justice et détestent la corruption et la tyrannie.»[/FONT][FONT=&amp](2)[/FONT]

Une diplomatie excommunicatrice

[FONT=&amp]Une diplomatie offensive et intolérante va bientôt se transformer en diplomatie excommunicatrice, takfiriste : si tu n’es pas avec moi c’est que tu es contre moi, est le principe qatari. En un tour de main, Doha a réussi à dresser tous les Etats arabes et musulmans ou presque contre la Syrie. Le pays des omeyyades sera exclu de la Ligue[/FONT]
[FONT=&amp]arabe. Puis cette même Syrie qui a aidé à créer un Islam tolérant et équilibré, sera exclue de l’Organisation de la coopération islamique ![/FONT]

[FONT=&amp]A La Mecque, le sommet de la trahison et de la lâcheté (14 août 2012) va excommunier tout un peuple pour enterrer à la fois la Syrie et la Palestine. En un tour de passe-passe, Hamad a transformé une Ligue arabe moribonde et inutile en une secte de la compromission au dollar, une simple chambre d’enregistrement de la Maison-Blanche, et l’Organisation de la coopération islamique en une coquille vide, dans l’attente qu’elles[/FONT] [FONT=&amp]n’implosent si elles ne continuent dans la trahison. L’agenda étatsunien et atlantique alloué au Qatar inclut aussi l’Arabie Saoudite mais cette dernière, trop vieille, devait être ménagée pour des tâches en apnée. La parole était donnée au tonitruant Premier ministre qatari dont la force de l’âge lui donne cette assurance que le monde arabe tout entier finirait bientôt à ses pieds. Ici, la diplomatie est assimilée à de la prédation, pas à du partage ou de[/FONT] [FONT=&amp]l’échange, alors que la politique suppose de la solidarité lorsque nécessaire : il n’y a aucune différence entre la vision qatarie et la diplomatie impérialiste du fort avalant le faible.[/FONT]

[FONT=&amp]D’ailleurs, on ne peut pas analyser la politique qatarie suivant les critères des Etat-nations institutionnalisés,[/FONT] [FONT=&amp]rationnels avec des fondements civilisationnels et historiques. [/FONT]

[FONT=&amp]Le Qatar n’a que quatre décennies d’histoire et il se propulse sur la scène mondiale, ce qui ne manque pas d’irriter même ceux qui tirent ses ficelles. Quand il met quelqu’un dans le collimateur, il faut qu’il le déboulonne : cela a marché avec Saddam, Kadhafi, Ben Ali et Moubarak, en fournissant armes, terroristes et un déluge de propagande signé Al Jazeera. Pour affirmer sa présence, il ne se contente pas de profiter du vide laissé par les[/FONT] [FONT=&amp]autres pays arabes mais il le crée par des opérations de déstabilisation qui visent même ses voisins, le Koweït et les EAU ! [/FONT]

[FONT=&amp]Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont aplani leur différend frontalier au profit de leur pré carré et des intérêts américains. L’Iran est dans leur viseur, les Etats-Unis l’ayant désigné comme leur ennemi mortel, sous prétexte d’une «lutte contre la propagation du chiisme», une lutte qui vise à diaboliser Téhéran pour maintenir une tension permanente dans la région. Sans tension, pas de vente d’armes. Doha et Riyadh sont devenus les piliers de ce qu’on appelle «l’arc sunnite», cette invention moyenâgeuse de l’Arabie Saoudite qui engloberait les pays de la péninsule ainsi que l’Egypte, la Jordanie, le Liban et la Palestine occupée. La Syrie et l’Irak sont accusés d’avoir[/FONT] [FONT=&amp]trahi et de faire partie de «l’arc chiite », alors que la Syrie est un Etat moderne où même les chrétiens ont leurs droits, l’Irak est en train de chercher un équilibre politique entre sunnites et chiites, tandis qu’en Iran vivent près de 20 000 juifs, ce qui montre la tolérance de ces pays par rapport au modèle saoudo-qatari.[/FONT]

[FONT=&amp]Le but est donc de ramener Damas au sein de «l’arc sunnite», par la force ! Cet «arc sunnite» sous contrôle saoudo-qatari imposera le diktat wahhabite à tout le monde musulman.[/FONT]

Riyadh et Doha joignent donc leurs forces pour des «révolutions» wahhabite bénies par les pays occidentaux qui font tout pour l’accès des islamistes au pouvoir, à l’image de Abdel Jalil, Ghennouchi, Morsi… Zbigniew Brzezinski disait : «Le véritable intérêt vital pour l’Amérique est d’assurer que le Golfe demeure une source sûre et stable d’approvisionnement en pétrole, vendu à un prix raisonnable à l’Occident industrialisé.» Et peu importe si une dictature éclairée ou une dictature sanguinaire est au pouvoir dans ces pays marionnettes.
[FONT=&amp]A. E. T.[/FONT]
[FONT=&amp](A suivre)[/FONT]
[FONT=&amp]1. Politique internationale.com[/FONT]
[FONT=&amp]2. Discours de Hamad au Conseil économique de Los Angeles le 8 avril 2011.[/FONT]
[FONT=&amp]Par Ali El Hadj Tahar[/FONT]
[FONT=&amp]Le wahhabisme, cheval de Troie dans la conquête du monde arabe.[/FONT]
 
Dernière édition:
[FONT=&amp]Document[/FONT][FONT=&amp]Mercredi 10 octobre 2012 - PAGE [/FONT][FONT=&amp]5 Le SOIR d’ALGERIE[/FONT]
[FONT=&amp]QATAR[/FONT]
[FONT=&amp]Diplomatie du chéquier et wahhabisme en poupe[/FONT]
[FONT=&amp]Photos : DR[/FONT]

[FONT=&amp]L’investissement long et silencieux de l’Arabie Saoudite dans la promotion du Wahhabisme international a donné ses fruits, mais il faut se précipiter de les cueillir avant que ce Hamad ne rafle tout pour lui ! Les vieux monarques de Riyadh se réveillent.[/FONT]

Doha et Riyadh sont devenus les piliers de ce qu’on appelle «l’arc sunnite», cette invention moyenâgeuse de l’Arabie Saoudite qui engloberait les pays de la péninsule ainsi que l’Egypte, la Jordanie, le Liban et la Palestine occupée.

[FONT=&amp]Les Frères musulmans autant que les wahhabites, grâce à lui, auront obtenu une honorabilité qui les propulse aux fauteuils de la présidence et des Parlements (Morsi, Ghennouchi, Abdel Jalil) et même à des postes militaires importants, comme ceux[/FONT]
[FONT=&amp]attribués aux terroristes libyens notoires Ismaïl Al-Salabi, Abdelhakim Belhadj et Abu Sofiane Qoumou.[/FONT]
[FONT=&amp]On sait que Doha a commencé à financer le terrorisme en Algérie dès 1994, que plusieurs membres de la famille régnante ont financé les djihadistes, que l’actuel ministre de l’Intérieur a hébergé des talibans à l’aller et au retour d’Afghanistan qu’il a même rencontré Ben Laden, selon un câble officiel sur WikiLeaks.[/FONT]

[FONT=&amp]Des décennies durant, ils ne focalisaient que sur l’Iran ; et voilà que les frasques de l’émir qatari leur offrent une visibilité à l’échelle planétaire. En Libye, en Tunisie, en Égypte, Hamad offre son expertise de putschiste par Al Jazeera interposée.[/FONT]

[FONT=&amp]Et lorsque la destitution pacifique ne fonctionne pas, il envoie des armes aux rebelles libyens qui font de Benghazi et d’autres villes des zones libérées (zones d’exclusion, en langage militaire), ce qui signifie que les plans offerts à son ami Abdel Jalil étaient étudiés bien à l’avance par des experts en matière militaire. C’est aussi ce que veulent faire, désespérément, ses mercenaires en Syrie. [/FONT]

[FONT=&amp]La politique étrangère du Qatar est le résultat de bien d’autres paramètres mais son carburant est ce culot rendu possible, comme un blanc-seing total, par la seule existence de bases américaines dont celle d’Al Oudeïd est la plus grande à l’étranger. Les 10 000 hommes militaires, les navires de guerre, porte-avions, les bombardiers et[/FONT] [FONT=&amp]antimissiles américains déployés au Qatar font de cet émirat un protectorat comme dans les siècles derniers. Quoiqu’articulée sur cette force étatsunienne, la ligne diplomatique du Qatar semble floue mais ses positions apparemment contradictoires trahissent une duplicité notoire. [/FONT]Par exemple, durant la guerre israélo-libanaise de l’été 2006, Qatar a affiché son soutien au gouvernement et au peuple libanais, mais en même temps, il a autorisé les Etats-Unis à utiliser son territoire pour livrer des bombes dites intelligentes à Israël ! La fourberie, c’est là une caractéristique fondamentale de cette «diplomatie» également caractérisée par l’audace, la versatilité et l’absence de principes. Ici, les alliés sont tous conjoncturels, qu’ils soient arabes ou autres, mais avec la constance de la vassalité due aux puissances occidentales. C’est ce que prouvent ses relations avec l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Syrie et même les autres pays du Golfe que Hamad a essayé de déstabiliser.

[FONT=&amp]En octobre 2010, l’émir Khalifa bin Hamad Al-Thani disait qu’il ne s’ingérerait jamais dans les affaires des autres pays et qu’il se concentrait sur l'éducation, la santé et les investissements, en se tenant «à l'écart des conflits et des questions militaires» afin de «jouer les médiateurs dans les crises, sans prendre position en faveur d'un camp ou d'un autre», selon Politique internationale. com[/FONT][FONT=&amp](1)[/FONT][FONT=&amp]. Or, on sait que Doha a commencé à financer le terrorisme en Algérie dès 1994, que plusieurs membres de la famille régnante ont financé les djihadistes, que l’actuel ministre de l’Intérieur a hébergé des talibans à l’aller et au retour d’Afghanistan qu’il a même rencontré Ben Laden, selon un câble officiel sur WikiLeaks.[/FONT]

Le wahhabisme, «idéologie» conquérante

[FONT=&amp]Une politique du chéquier couplée à un entrisme qui abuse du pousse-toi que je m’y mette ont permis à cette diplomatie d’être sous les feux de la rampe, à la place de pays traditionnellement plus représentatifs, notamment sur la question palestinienne. Les «printemps arabes» ont été une occasion pour Doha de se surpasser, de monter sur ses ergots en ajoutant une échelle pour se rendre plus visible, au point où certains y voient réellement[/FONT] [FONT=&amp]un géant. En tout cas, son bellicisme a fait mal en Libye, en Syrie, au Mali et ailleurs. Car ce pays est derrière tous ces troubles et [/FONT]conflits qu’Al Jazeera pare du beau burnous de «printemps arabe», sauf ceux de Bahreïn où Doha a envoyé ses troupes pour mater l’opposition, tout comme l’Arabie Saoudite dont la chaîne qatarie évite de montrer les manifestations et leur répression.

Pour mettre en place son nouvel ordre mondial, ou son Grand Moyen-Orient (GMO), ces nouveaux plans Sykes-Picot enrobés d’une publicité humanitaire, libératrice et civilisatrice (comme ce fut le cas en Irak où près de 2 millions d’Irakiens ont perdu la vie et le pays ramené un siècle en arrière), l’Occident s’est trouvé des complices précieux.

[FONT=&amp]Le beau cheval de Troie nommé Qatar ne se contentera pas de hennir, il aura à faire les basses besognes : massacrer les Libyens sous prétexte de leur apporter la démocratie, massacrer les Syriens, en envoyant des milliers de terroristes wahhabites recrutés à travers le monde. [/FONT]Pour l’Occident, le wahhabisme et le terrorisme sont des outils stratégiques pour remodeler la carte du monde chère au GMO ; et pour les monarchies de la péninsule [FONT=&amp]arabique, un moyen de se venger de ces démocraties socialistes, nassériennes ou baâthistes qui les avaient tant empêchées de dormir en paix. A l’époque de Nasser, Boumediène, Hafid El-Assad, Saddam, Kadhafi et même[/FONT]
[FONT=&amp]Bourguiba, ces rois et émirs étaient méprisés autant que leurs «idéologies ». Aujourd’hui, ils ont réussi à renverser les valeurs et imposer le wahhabisme pour faire régresser les autres peuples à leur niveau et remettre en question les acquis de la modernité et du progrès. La volonté de régression — «régression féconde», disent leurs conseillers occidentaux — ce symptôme de démence pure et simple, en tout cas d’une schizophrénie caractérisée, s’est imposée dans nos sociétés grâce à la pénétration de la propagande salafiste et wahhabite. [/FONT]

Le wahhabisme à burka et le salafisme au kamis virent aisément au djihadisme armé qui voit partout des impies à tuer.
Des millions l’ont été, en Afghanistan, en Algérie, en Syrie et dans de nombreux pays, même en Arabie Saoudite car il n’est pas dit que celui qui nourrit un serpent ne se fasse pas mordre.

[FONT=&amp]Lorsque Riyadh s’alignait sur Washington et Tel-Aviv contre le Hamas palestinien, Doha organisait une conférence sur Ghaza en janvier 2009 pendant l'offensive israélienne «Plomb Durci». Tirant la couverture à soi, le Qatar écarte en même temps l’Egypte, et s’apprête à sacrifier l’OLP, pour ne pas dire tout le peuple palestinien. En 2011, il isolera Damas en demandant au Hamas de s’installer à Doha, en contrepartie d’un milliard de dollars : dans son nouveau siège, dans le voisinage d’Abassi Madani, Khaled Mechaâl représentera-t-il peut-être mieux la cause palestinienne…[/FONT]

La crise syrienne actuelle s’inscrit dans cette stratégie qui vise à l’irakisation ou l’afghnanisation de ce pays, à en faire un pays ingouvernable avec un terrorisme pérenne — bombes quotidiennes et kamikazes en sus — comme il vise à la liquidation du problème palestinien, et en même temps à émietter la Jordanie et le Liban en petits Etats confessionnels et ethniques.


[FONT=&amp]Maintenant qu’il tient en laisse cet allié et sa Ligue arabe, l’Occident peut attaquer n’importe quel pays musulman sans être accusé de croisade. Et les frères musulmans autant que les wahhabites, grâce à lui, auront obtenu une honorabilité qui les propulse aux fauteuils de la présidence et des Parlements (Morsi, Ghennouchi, Abdel Jalil) et[/FONT] [FONT=&amp]même à des postes militaires importants, comme ceux attribués aux terroristes libyens notoires Ismaïl Al-Salabi, Abdelhakim Belhadj et Abu Sofiane Qoumou.[/FONT]

[FONT=&amp]A la tête d’une poignée de terroristes soutenus par la Maison-Blanche, Hamad s’en va faire des «révolutions» dans le monde arabe avec comme objectif final de mettre à genoux l’un des derniers raïs arabes modernistes, El-Assad. Après avoir vu couler le sang de dizaines de milliers de Libyens et celui de Kadhafi comme cadeau suprême, l’émir d’une dictature dynastique peut alors clamer, avec cynisme : «Les peuples arabes de la région aspirent à la démocratie et la justice et détestent la corruption et la tyrannie.»[/FONT][FONT=&amp](2)[/FONT]

Une diplomatie excommunicatrice

[FONT=&amp]Une diplomatie offensive et intolérante va bientôt se transformer en diplomatie excommunicatrice, takfiriste : si tu n’es pas avec moi c’est que tu es contre moi, est le principe qatari. En un tour de main, Doha a réussi à dresser tous les Etats arabes et musulmans ou presque contre la Syrie. Le pays des omeyyades sera exclu de la Ligue[/FONT]
[FONT=&amp]arabe. Puis cette même Syrie qui a aidé à créer un Islam tolérant et équilibré, sera exclue de l’Organisation de la coopération islamique ![/FONT]

[FONT=&amp]A La Mecque, le sommet de la trahison et de la lâcheté (14 août 2012) va excommunier tout un peuple pour enterrer à la fois la Syrie et la Palestine. En un tour de passe-passe, Hamad a transformé une Ligue arabe moribonde et inutile en une secte de la compromission au dollar, une simple chambre d’enregistrement de la Maison-Blanche, et l’Organisation de la coopération islamique en une coquille vide, dans l’attente qu’elles[/FONT] [FONT=&amp]n’implosent si elles ne continuent dans la trahison. L’agenda étatsunien et atlantique alloué au Qatar inclut aussi l’Arabie Saoudite mais cette dernière, trop vieille, devait être ménagée pour des tâches en apnée. La parole était donnée au tonitruant Premier ministre qatari dont la force de l’âge lui donne cette assurance que le monde arabe tout entier finirait bientôt à ses pieds. Ici, la diplomatie est assimilée à de la prédation, pas à du partage ou de[/FONT] [FONT=&amp]l’échange, alors que la politique suppose de la solidarité lorsque nécessaire : il n’y a aucune différence entre la vision qatarie et la diplomatie impérialiste du fort avalant le faible.[/FONT]

[FONT=&amp]D’ailleurs, on ne peut pas analyser la politique qatarie suivant les critères des Etat-nations institutionnalisés,[/FONT] [FONT=&amp]rationnels avec des fondements civilisationnels et historiques. [/FONT]

[FONT=&amp]Le Qatar n’a que quatre décennies d’histoire et il se propulse sur la scène mondiale, ce qui ne manque pas d’irriter même ceux qui tirent ses ficelles. Quand il met quelqu’un dans le collimateur, il faut qu’il le déboulonne : cela a marché avec Saddam, Kadhafi, Ben Ali et Moubarak, en fournissant armes, terroristes et un déluge de propagande signé Al Jazeera. Pour affirmer sa présence, il ne se contente pas de profiter du vide laissé par les[/FONT] [FONT=&amp]autres pays arabes mais il le crée par des opérations de déstabilisation qui visent même ses voisins, le Koweït et les EAU ! [/FONT]

[FONT=&amp]Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont aplani leur différend frontalier au profit de leur pré carré et des intérêts américains. L’Iran est dans leur viseur, les Etats-Unis l’ayant désigné comme leur ennemi mortel, sous prétexte d’une «lutte contre la propagation du chiisme», une lutte qui vise à diaboliser Téhéran pour maintenir une tension permanente dans la région. Sans tension, pas de vente d’armes. Doha et Riyadh sont devenus les piliers de ce qu’on appelle «l’arc sunnite», cette invention moyenâgeuse de l’Arabie Saoudite qui engloberait les pays de la péninsule ainsi que l’Egypte, la Jordanie, le Liban et la Palestine occupée. La Syrie et l’Irak sont accusés d’avoir[/FONT] [FONT=&amp]trahi et de faire partie de «l’arc chiite », alors que la Syrie est un Etat moderne où même les chrétiens ont leurs droits, l’Irak est en train de chercher un équilibre politique entre sunnites et chiites, tandis qu’en Iran vivent près de 20 000 juifs, ce qui montre la tolérance de ces pays par rapport au modèle saoudo-qatari.[/FONT]

[FONT=&amp]Le but est donc de ramener Damas au sein de «l’arc sunnite», par la force ! Cet «arc sunnite» sous contrôle saoudo-qatari imposera le diktat wahhabite à tout le monde musulman.[/FONT]

Riyadh et Doha joignent donc leurs forces pour des «révolutions» wahhabite bénies par les pays occidentaux qui font tout pour l’accès des islamistes au pouvoir, à l’image de Abdel Jalil, Ghennouchi, Morsi… Zbigniew Brzezinski disait : «Le véritable intérêt vital pour l’Amérique est d’assurer que le Golfe demeure une source sûre et stable d’approvisionnement en pétrole, vendu à un prix raisonnable à l’Occident industrialisé.» Et peu importe si une dictature éclairée ou une dictature sanguinaire est au pouvoir dans ces pays marionnettes.
[FONT=&amp]A. E. T.[/FONT]
[FONT=&amp](A suivre)[/FONT]
[FONT=&amp]1. Politique internationale.com[/FONT]
[FONT=&amp]2. Discours de Hamad au Conseil économique de Los Angeles le 8 avril 2011.[/FONT]
[FONT=&amp]Par Ali El Hadj Tahar[/FONT]
[FONT=&amp]Le wahhabisme, cheval de Troie dans la conquête du monde arabe.[/FONT]


Salam,

Sa fait plaisir de vous re-lire Akhi.
 
Contribution : QATAR
Une diplomatie au service des autres (11e partie)


Par Ali El Hadj Tahar
La proximité des bases américaines n’interdit pas au Qatar d’être le fief des chefs terroristes, et cela ne peut pas se faire sans un accord étasunien. Mais pour quelle fin ? Selon les théoriciens occidentaux, ou occidentalisés comme Mehdi Lazar, l’émirat leur permet de «mieux contrôler les mouvements islamistes régionaux et d’impulser, voire de maîtriser un processus de réformes dans les pays arabes»(1) .
La vérité est toute autre, surtout au vu des évènements de Libye et ce qui se passe en Syrie et au Mali, cas qui ont prouvé que les djihadistes sont à la solde de l’impérialisme, car le complexe militaro- industriel risque de s’effondrer s’il n’y a pas de conflits, engendrés essentiellement par le terrorisme islamiste. Pas de terrorisme, pas de ventes d’armes. L’après-guerre froide nécessitait l’invention d’un nouvel ennemi pour également justifier les dépenses du Pentagone (500 milliards de dollars/an sur un budget total de 1000 mds environ). Bénis soient l’Arabie Saoudite et ce Qatar qui achète des armes pour attiser le feu et même doter les groupes terroristes de leurs quotas respectifs. C’est quoi la mort de 500 soldats américains par rapport aux 1 295 milliards de dollars(2) gagnés (entre 2001 et 2011) par les marchands d’armes qui ont approvisionné le Pentagone durant la guerre en Irak et en Afghanistan ? Le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, estime ces dépenses à 3 000 milliards de dollars pas à 1 295 mds. C’est avec l’accord américain qu’en janvier 2012, les talibans afghans ont ouvert à Doha une représentation officieusement chargée d’éventuelles négociations de paix entre eux et les Américains mais on ne sait pour quelles missions. Les «printemps arabes» ont révélé la collusion des Etats occidentaux avec le terrorisme islamiste. En Tunisie et en Libye, plusieurs terroristes ont pu occuper des postes importants au sein des nouveaux pouvoirs : le Tunisien Ghennouchi, le Libyen Abdelhakim Belhadj, responsable de nombreux crimes en Irak, au sujet duquel l’ancien Premier ministre espagnol, José Maria Aznar, a dit le 9 décembre 2011 qu’il était suspecté pour implication dans les attentats du 11 mars 2004 à Madrid mais qui est devenu par la grâce de l’OTAN gouverneur militaire de Tripoli ! Actuellement, il est en Syrie où il dirige l’Armée syrienne libre, qui n’a donc aucun vrai officier de haut rang, car son chef attitré, le colonel Riyad Al-Asaad, n’était qu’un ingénieur d’avions dans l’armée de l’air syrienne pendant 31 ans et sait à peine manier un fusil. Cela prouve aussi qu’aucun officier syrien n’a accepté de trahir son pays pour le million de dollar offert aux déserteurs par le Qatar ! Le terroriste libyen Ismaïl Al-Salabi a été désigné comme commandant militaire de Benghazi : cela n’a pas empêché l’OTAN de collaborer avec eux et avec les nombreux autres terroristes libyens pourtant fichés par leurs services de renseignement, comme ils collaborent actuellement avec des djihadistes pour déstabiliser la Syrie et les dotent même d’armes capables d’abattre des avions civils.


Diplomatie ostentatoire et arrogante
La stratégie du Qatar se base sur la açabiya, au sens khaldounien du terme. Elle est fondée sur les cordes claniques et ethniques. C’est une seule famille qui tient les rênes du pays, et comme celle de l’Arabie Saoudite, cette dictature jouit de l’infaillible protection américaine. La diplomatie de cet «Etat» quasi tribal et ethnique n’est fondée ni sur une vision islamique ni sur une vision arabe. L’émir Hamad n’agit pas comme quelqu’un de conscient de la force de la nation arabe ni de son histoire ou sa civilisation, voire il les méprise. Tous les mensonges bâtis par Al Jazeera sont tombés à l’eau avec les images de Kadhafi ensanglanté et humilié puis avec les massacres flagrants attribués au pouvoir syrien mais dont n’importe quel homme de la rue connaît la signature islamiste. La politique extérieure du Qatar affiche un mépris total pour l’héritage politique de l’histoire arabe et musulmane, de la gouvernance telle que pratiquée par Omar Ibn Khatab, Ali, Othmane ou Mouawiyya, par les Omeyyades, les Abbassides, les Hammadides ou les Andalous... Cheikh Hamad oublie ou ignore que Nasser n’appartient pas uniquement à l’Égypte, et Boumediene ou Bourguiba pas seulement à l’Algérie ou à la Tunisie mais à toute la nation arabe. Dommage que tant d’argent et d’audace politique ne soient doublés ne serait-ce que d’une once d’humanité et d’humilité. L’acharnement qui caractérise la politique extérieure qatarie montre qu’elle vise à détruire ce qui reste de la nation arabe et musulmane. Le but déclaré des wahhabites est de créer la oumma mais le but réel est d’émietter les pays musulmans en mini-Etats ingouvernables et archaïques. Insatiable, Doha amasse goulûment de nouvelles richesses, parfois par le pillage comme il l’a fait en Libye en se faisant payer en pétrole pour l’aide octroyée au CNT. Un émir du XXIe siècle agit comme un chef de tribu qui croit son peuple menacé par la famine, d’où cette manière outrancière, sur le plan diplomatique comme sur celui des affaires. Brandir son chéquier comme au Far-West l’ont brandissait le revolver attriste aussi bien en Orient qu’en Occident. Même les Occidentaux sont irrités par cette diplomatie ostentatoire mais certains acceptent son arrogance et son entrisme. Le Qatar est en train de construire une économie, peut-être une diplomatie mais pas du tout un Etat-nation, ce dernier ne se résumant pas à une somme d’infrastructures modernes ou même à des institutions : dans un Etat-nation, les institutions sont fondées sur des valeurs élaborées par toute une communauté, pas sur la seule volonté d’un clan. Un proverbe algérien dit : «N’aies pas peur du riche si un jour il a faim mais du pauvre quand il est rassasié.» Ce Qatar aurait pu se contenter de devenir une puissance régionale sans nuire aux autres, et se consacrer à son économie pour sortir de la dépendance et du sous-développement. Sa stratégie géniale d’investissement à l’étranger, de formation d’une élite nationale, de la promotion de la recherche et du développement ainsi que le bénéfice de transferts technologiques via une stratégie très lucide auraient pu faire de Doha un nouveau Damas, un nouveau Bagdad ou une nouvelle Cordoue et lui octroyer une aura que les Arabes cherchent depuis des siècles. Mais Hamad a préféré jouer seul contre la nation, en essayant de la ramener vers le passé, au lieu d’essayer d’unir tout en bénéficiant des immenses acquis de la nation : l’Égypte, l’Irak, la Syrie, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie et même la Libye auraient donné beaucoup à ce pays qui, il faut le dire clairement, s’est détourné de la culture et de la civilisation arabes et de son héritage pour courir derrière les mirages du wahhabisme et les gadgets de l’Occident. Le ventre est plein, la tête également, mais de valeurs qataries sont importées, ce qui se traduit par un consumérisme effréné et un gaspillage qui n’ont rien à voir avec l’Islam ou la raison. Ce qui vaut le mépris des peuples arabes à l’endroit de ces émirs en carton qui se gonflent en inspirant une culture qui ne leur appartient pas. Aucun autre peuple arabe ne se laisse acculturer avec autant d’inconscience. Le Qatar accourt lorsque Sarkozy appelle pour payer les indemnités de libération des infirmières bulgares jugées pour crimes de contamination de citoyens libyens par le virus du sida. Il vole lorsque l’ouragan Katrina frappe les Etats-Unis, mais il ne voit ni n’entend lorsque la famine frappe au Yémen, en Éthiopie, en Somalie, en Ouganda, au Kenya, à Djibouti ou au Soudan, pour ne citer que des pays musulmans. La pauvreté touche un milliard de personnes mais aucune des régions qui en pâtissent n’a bénéficié de l’aide qatarie, ni de celle des autres pays du Golfe et de la péninsule arabique. Les Palestiniens, c’est l’Iran qui leur versait 300 ou 400 millions d’euros par an. Puis, en 2011, pour nuire à Damas et faire de l’ombre à Téhéran, Hamad demande au chef du chef du bureau politique du Hamas de quitter la Syrie et de venir s’installer à Doha : Khaled Mechaal accepte de trahir Damas qui l’a accueilli des années durant ainsi que 500 000 autres Palestiniens en contrepartie de près d’un milliard de dollars offerts par Doha ! Par le chéquier, Hamad réussit toujours avec ceux qui n’ont pas de principes.


Amis occidentaux et ennemis arabes

Le Qatar importe 95% de sa nourriture mais ce ne sont pas les pays arabes qui la lui fournissent : son principal fournisseur est l’Europe. En mai 2007, Hamad commande à Sarkozy 80 avions Airbus A 350, pour la somme de 16 milliards de dollars qui capitalisera l’entreprise. Il accorde d’autres contrats juteux à la France qui, dans le domaine de la défense, devient son premier fournisseur avec 80% des achats qataris. Donnant-donnant, la tactique apparemment déroutante de Doha lui permet de placer progressivement ses pions, dans le cadre d’une stratégie dont il a le secret ! Avec les Arabes, c’est une autre tactique, celle de la duplicité : en 2007, il plaide la cause du président Bachar El-Assad, qu'il aide à sortir de l'isolement suite à l’accusation d’assassinat de Rafik Hariri. El-Assad sera alors présent à Paris à côté de 40 chefs d'Etat et de gouvernement des deux rives de la Méditerranée. En 2011, Hamad se retournera contre lui, pour un autre pari. En novembre 2007, il arrive à réunir Sarkozy et Omar El-Bechir, à propos du Darfour, mais il ne dénonce pas le mensonge disant que le pouvoir a tué deux millions de Soudanais, ce qui a causé la partition du pays. Comme son prédécesseur, François Hollande gardera le cap sur le Qatar, cette dictature familiale devenue essentielle pour les Occidentaux, pas seulement pour l’immense marché qu’ils offrent. Faut-il aller jusqu’à dire que, n’ayant pas d’odeur, l’argent qatari a fini par influencer la politique étrangère de l’Occident ? Non, car le Qatar ne gagne que du prestige en Occident et perd ses amis en Orient. Il continue à pomper du gaz pour satisfaire les besoins occidentaux. Les Arabes et les musulmans ne gagnent rien avec Doha, bien au contraire. Les échanges commerciaux dérisoires du Maghreb avec le Qatar ne justifient pas les courbettes devant son émir, dirait le pragmatique feu Kasdi Merbah. Tous les secteurs servent la diplomatie, l’économie et la politique qataries, dont la ligne semble concoctée par un ordinateur d’une efficacité froide et inouïe : le sport, l’humanitaire, l’écologie, le social ou les sciences sont investis avec un opportuniste qui peut faire croire à un syndrome du gaspillage mais qui, en réalité, ne cherche que l’intérêt. Ce n’est pas pour leurs beaux yeux que le Qatar ramènera de nombreux sportifs mais pour exploiter leur image, ces Eddy Merckx, Tom Boonen, Pelé, Zidane, Maradona, Lionel Messi ou Beckenbauer, réquisitionnés «comme d'autres convoquent la belle famille pour le repas du dimanche», pour reprendre l’image d’Henri Haget dans L’Express du 6 mars 2008. Pour la Coupe du monde de football 2022, il fabrique des stades futuristes par des ouvriers en semi-esclavage. Les gens de la Fifa ne savaient-ils pas que près de deux millions de travailleurs étrangers sont touchés par ses mesures injustes du code du travail qatari ? La Confédération syndicale internationale promet de boycotter cette manifestation sous le slogan de «Pas de Coupe du monde sans respect des droits des travailleurs» si le Qatar n’améliore pas leurs conditions et n’autorise pas la création d’un syndicat libre !
A. E. T.
(A suivre)
 

Sidebar Liste Messages

Discussions
14 239
Messages
91 717
Membres
4 641
Dernier membre
Saleh
Retour
Haut