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Extraits du testament politico-spirituel de l’Imam Khomeyni

Albatoul

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Salamoun'alaykom


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Au Nom de Dieu,
le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux,

l’Envoyé* de Dieu, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix, a dit : « Je laisse parmi vous les deux Trésors : le Livre de Dieu et ma parenté, les Gens* de ma Demeure ; ils ne se sépareront pas jusqu’à ce qu’ils vien*nent me rejoindre au Bassin [paradisiaque] ».[13]

Louange et gloire à Dieu ! O mon Dieu, répands Tes Prières sur Mohammad et sa famille, eux en qui apparaissent Ta Beauté et Ta Majesté et qui recèlent les secrets de Ton Livre où l’Unité se manifeste avec l’ensemble de Tes Noms, même celui que Tu T’es réservé et que nul autre que Toi ne connaît ! Et malédiction à ceux qui leur ont fait injustice et qui sont la ra*cine de l’arbre du mal.

Il me semble opportun de faire une brève et insuffisante remarque à propos des deux Trésors, non pas sous le rapport de leurs états métaphysiques, spirituels et gnostiques*, car la plume de quelqu’un comme moi est bien incapable de s’aventurer à un niveau dont la connaissance est lourde et insupportable, pour ne pas dire impossible, pour tout le domaine de l’existence, du Royaume [de ce monde] à l’Empire suprême[14] [des plus hauts degrés du monde créé] et de là jusqu’aux [degrés purement métaphysiques de] l’état principiel et de ce qui dépasse ma compréhension et la vôtre ; [je n’évoquerai pas] non plus ce qui est arrivé à l’humanité pour avoir abandonné les su*blimes vérités du Trésor suprême et du grand Trésor, lequel est plus grand que tout à l’exception du Trésor suprême qui est “le plus grand” de manière absolue[15], ni ce qui est arrivé à ces deux Trésors par la faute des ennemis de Dieu et des tâghûtî-s narquois, car il n’est pas possible d’en faire le compte pour quelqu’un comme moi, manquant de connais*sance et de temps ; il me semble néanmoins opportun de faire une brève allusion à ce qui est arrivé à ces deux Trésors.

La phrase « ils ne se sépareront pas jusqu’à ce qu’ils viennent me rejoindre au Bassin [paradisiaque] » peut être une allusion au fait que, après la sainte vie de l’Envoyé* de Dieu, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix, tout ce qui est arrivé à l’un de ces deux est arrivé à l’autre, que l’abandon de l’un est abandon de l’autre, jusqu’au moment où ces deux abandonnés viendront rejoindre l’Envoyé de Dieu au Bassin ‑ ce Bassin est-il [alors] la station de la jonction du multiple avec l’Un[16], là où les gouttes disparaissent dans l’Océan, ou bien autre chose qui échappe à l’intelligence et à la gnose* humaines ? Or, il faut le dire, le tort fait par les tâghûtî-s à ces deux dépôts confiés par le plus noble Envoyé, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix, c’est à la communauté des musulmans, c’est à l’humanité qu’il est fait, et c’est un tort indescriptible !

Il faut mentionner ce fait que le hadith* des deux Trésors est transmis parmi tous les musulmans d’après un grand nombre de témoins sûrs, qu’il se trouve dans les “six livres authentiques” des sun*nites et d’autres de leurs livres, répété en plusieurs occa*sions et rapporté en divers termes par des chaînes de garants ininterrompues depuis le plus noble Envoyé*, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix[17]. Ce noble hadith est un argument catégorique pour tous les humains et plus particulièrement pour les musulmans des di*verses écoles doctrinales et juridiques : l’argument étant pour eux accompli, tous les musulmans doivent en ré*pondre, et s’il y a une excuse pour les ignorants qui ne sont pas informés, il n’y en a aucune pour les savants des [diverses] écoles.

Voyons maintenant ce qui est arrivé au Livre de Dieu, ce dépôt divin laissé en héritage par le Prophète* de l’islam, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix. Après le martyre de l’Imam ‘Alî*, des choses désolantes à en mourir se sont produites : les tyrans et les tâghûtî-s se sont servis du Noble Coran pour gouverner contre le Coran. Alors que les mots « je laisse parmi vous les deux Trésors » résonnaient encore à leurs oreilles, ils ont, sous divers prétextes et par des machinations préméditées, écarté les commentateurs authentiques du Coran, les connaisseurs des vérités qui avaient reçu l’intégralité du Coran du plus noble Prophète, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix. Ils les ont évin*cés, eux et le Coran, ce Coran qui, en vérité, était et reste jusqu’à sa venue au Bassin la plus grande règle de vie maté*rielle et spirituelle pour l’humanité. Ils ont tiré un trait sur le gouvernement de justice divine, qui était et reste l’une des fins de ce Livre Saint, et ont posé les bases de la déviation de la religion de Dieu, du Livre divin et de la Loi divine, les choses en arrivant à un point que l’on a honte à exposer.

Et plus on allait, plus s’accentuaient les déformations et déviations de cette construction difforme, au point que le Noble Coran, descendu de l’état sublime de l’Unité pour devenir le parfait dévoilement de Mohammad en vue du dévelop*pement des habitants du monde et pour être le point de convergence de tous les musulmans, et même du genre humain, afin de conduire l’humanité – ce “fruit de la connaissance des Noms [donnée par Dieu à Adam]”[18] – là où elle doit aller, de la délivrer du mal des démons et des tâghût-s, de conduire le monde à la jus*tice et à l’équité, de remettre le gouvernement aux mains des Awliyâ’ infaillibles – que les Prières de tous, passés et à venir, soient sur eux – afin qu’eux-mêmes recommandent tout ce qui est pour le bien de l’humanité, [ce Noble Coran], ils l’ont tant et si bien évincé qu’on aurait dit qu’il n’a aucun rôle de guidance. Les choses en vinrent au point que le rôle du Coran, aux mains de gouvernements iniques et de mollahs fourbes, pires encore que les tâghûtî-s, devint un moyen pour établir l’iniquité et la corruption et pour justifier les oppresseurs et les adversaires acharnés de la Réalité suprême. Malheureusement, aux mains des ennemis intrigants et des amis ignorants, le Coran, ce livre constructeur d’avenir, n’eut – et n’a encore – plus de rôle en dehors des cimetières et des cérémonies mortuaires. Ce qui devait être le moyen d’unir les musulmans et l’humanité et être leur livre de vie devint un moyen de division et de divergence ou fût totale*ment évincé. Et l’on vit que si quelqu’un parlait de gouver*nement islamique et tenait des propos sur la politique, qui tient tant de place dans le grandiose projet de l’islam, du noble Envoyé*, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix, du Coran et de la Sunna*, c’était comme s’il avait commis le plus grand péché : le terme de “religieux politicien” était devenu synonyme de religieux sans foi, et il en est encore ainsi maintenant.

Dernièrement, les grandes puissances sataniques, par le biais de gouvernements déviés et sortis des enseignements de l’islam, au*quel ils se sont mensongèrement ralliés, impriment de belles édi*tions du Coran qu’ils répandent de par le monde dans le but de faire oublier le Coran et de réaliser les objectifs sataniques des superpuissances, et c’est par ce satanique stratagème qu’ils éliminent le Co*ran. Nous avons tous vu le Coran que [le Shâh*] Moham*mad Rezâ Khân Pahlavi, édita : il en mystifia certains et quelques mollahs ignorants des objectifs de l’islam firent même son éloge. Et nous voyons [maintenant] le roi Fahd [d’Arabie] allouer chaque année une part importante des immenses richesses du peuple pour l’impression du Noble Coran et pour des centres de propagande d’une école contraire au Coran : il répand le Wahhabisme[19], cette école tout à fait absurde et sans fondement, pousse les gens et les peuples inconscients vers les superpuissances, et exploite le précieux islam et le Noble Coran pour détruire l’islam et le Coran.

Nous sommes fiers, et notre cher peuple dévoué corps et âme à l’islam et au Coran est fier de suivre une école qui veut sauver des tombes et des cimetières les vérités d’un Coran qui, d’un bout à l’autre, parle d’unité entre les musulmans et même entre les humains, le sauver en tant que plus grand texte [venu] délivrer l’homme de tous les liens qui enserrent ses pieds, ses mains, son cœur et son intelligence et qui l’entraînent à l’annihilation, au néant, à l’asservissement et à l’assujettissement aux tâghûtî-s.

Nous sommes fiers de suivre une école dont l’Envoyé* de Dieu, que Dieu prie sur lui et sa famille, fut le fondateur sur ordre de Dieu le Très-Haut, tandis que le Commandeur* des Fidèles, ‘Alî* fils d’Abû Tâleb, ce serviteur de Dieu libéré de tous liens, reçut la mission de délivrer l’humanité de toutes les entraves et de tous les esclavages.

Nous sommes fiers que soit de notre Imam* infaillible le livre Nahdj al‑balâgha* qui est, après le Coran, la plus grande règle de vie matérielle et spirituelle, le plus éminent livre libérateur de l’homme, celui dont les préceptes de vie spiri*tuelle et de gouvernement sont la plus éminente voie de sa*lut.

Nous sommes fiers que nos guides exemplaires soient les Imams* infaillibles, qu’ils reçoivent mille saluts ainsi que la Paix, depuis ‘Alî* fils d’Abû Tâleb jusqu’au Sauveur de l’humanité, Sa Seigneurie le Mahdî*, Maître de ce temps, qui est vi*vant par le pouvoir de Dieu le Tout-Puissant et qui veille sur toutes choses.

Nous sommes fiers que soient de nos Imams infaillibles, et soient nôtres, les vivifiantes invocations, que l’on appelle “Coran ascendant”, avec l’oraison intime des Imams* [pour le mois] de sha‘bân[20], l’invocation de Hossayn* fils de ‘Alî, que la Paix soit avec eux, [pour le jour] de ‘arafât[21], le Recueil de l’Imam Sadjdjâd, Psaumes de la famille de Mohammad[22], et le Recueil de Fâtema*[23], livre inspiré par Dieu le Très-Haut à la bienheureuse Zahrâ’. […]

Nous sommes fiers que nos Imams* infaillibles, que les Prières et la Paix divines soient avec eux, aient subi empri*sonnement et relégation pour la cause de la suprématie de l’islam et pour la mise en application du Noble Coran, dont l’une des dimensions est la constitution du gouvernement juste, et qu’ils finirent martyrs dans la voie de l’élimination des gouvernements iniques et des tâghûtî‑s de leur temps. Et nous sommes fiers, aujourd’hui, de vouloir réaliser les objectifs du Coran et de la Sunna* : dans cette grande voie constructrice d’avenir, les diverses couches de notre peuple offrent passionnément à Dieu vie, biens et êtres chers.

Nous sommes fiers que les dames et les femmes, jeunes ou âgées, frêles ou robustes, soient présentes sur les terrains culturels, économiques et militaires, et actives, à pied d’égalité avec les hommes ou mieux qu’eux, pour la cause de la suprématie de l’islam et des objectifs du Noble Coran. Celles qui ont la capacité de combattre reçoivent une formation militaire qui, pour la défense de l’islam et du territoire musulman, fait partie des obligations religieuses importantes : elles se sont libérées avec courage et engagement des privations que leur avaient imposées – ou plutôt qu’avaient imposées à l’islam et aux musulmans – les manigances des ennemis et l’ignorance des amis quant aux prescriptions de l’islam et du Coran. Elles se sont dégagées de l’entrave des chimères que les ennemis avaient suscitées, pour leurs propres intérêts, par l’entremise d’ignorants et de certains religieux inconscients des intérêts des musulmans. Celles qui n’ont pas la capacité de combattre sont occupées à servir précieusement aux arrières d’une ma*nière qui fait naître un frémissement d’ardeur et d’enthousiasme au cœur du peuple et qui fait frémir le cœur des ennemis de colère et de rage. Nous avons maintes fois vu des femmes à la grandeur d’âme de Zaynab[24], que la Paix de Dieu soit avec elle, clamer haut et fort qu’elles avaient donné leurs enfants et qu’elles avaient sacrifié tout ce qu’elles avaient pour la cause de Dieu le Très-Haut et de notre précieux islam, fières de ce fait et sachant que ce qu’elles ont obtenu est supérieur aux délices paradisiaques, sans même parler de l’infime plaisir de ce monde.

Notre peuple ainsi que tous les peuples musulmans et les mostaz‘afîn du monde entier, tous sont fiers du fait que leurs ennemis, qui sont les ennemis de Dieu, du Noble Coran et du précieux islam, sont des bêtes féroces qui ne reculent devant aucun crime ni aucune trahison pour arriver à leurs fins sinistres et criminelles et qui, pour accéder à la domination et réaliser leurs viles ambitions, ne connaissent ni ami ni ennemi. A leur tête : l’Amérique, ce terroriste par nature, un pays qui a mis le monde entier à feu et à sang et dont l’allié est le sionisme international qui, pour réaliser ses ambitions, commet des crimes que l’on n’ose décrire et dont on a honte de parler et qui se laisse aller à toutes sortes de crimes à la poursuite du rêve insensé du “grand Israël”.

Les peuples musulmans et les mostaz‘afîn du monde entier sont fiers que leurs ennemis soient [le roi] Hossayn de Jordanie, ce colporteur du crime, [le roi] Hassan [du Maroc] et [le président égyptien] Hosni Mobârak, lesquels mangent au même râtelier que le criminel Israël et ne reculent devant aucune trahison envers leurs peuples pour servir l’Amérique et Israël.

Nous sommes fiers que notre ennemi soit Saddam, disciple de [Michel] ‘Aflaq[25] et connu des amis comme des ennemis pour son acti*vité criminelle et son non-respect du droit international et des droits de l’homme : tous savent que sa trahison envers le peuple opprimé d’Iraq et les Emirats du Golfe n’est pas moindre que sa trahison envers le peuple d’Iran[26].

Nous et les peuples opprimés du monde, nous sommes fiers que les médias et les appareils de propagande du monde entier, sur ordre des superpuissances criminelles, nous accu*sent, nous et tous les opprimés du monde, de tout crime et trahison.

Quel motif de fierté pourrait être supérieur et l’emporter sur le fait que l’Amérique, avec toutes ses prétentions, tout son attirail de guerre, tous ces Etats qui lui sont dévoués, [cette Amérique] qui a mis la main sur les richesses inépuisables des peuples opprimés et sous-développés et qui tient en main tous les médias s’est retrouvée impuissante et déshonorée face à l’ardent peuple iranien et au pays de Sa Seigneurie la Grâce de Dieu [l’Imam Mahdî*] – que nos vies soient la rançon de sa venue –, à tel point qu’elle ne sait plus à quel saint se vouer : chaque fois qu’elle se tourne vers quelqu’un, elle essuie un refus ; et cela n’est que l’effet des assistances surnaturelles de Sa Seigneurie le Créa*teur Très-Haut et Sublime qui a éveillé les peuples, et par*ticulièrement le peuple musulman d’Iran, et les a guidés des ténèbres du despotisme vers la lumière de l’islam.

Je recommande à présent aux nobles peuples opprimés et au cher peuple iranien de s’attacher avec force, fermeté, en*gagement et constance à cette droite voie divine qui ne relève ni de l’Est athée, ni de l’Ouest oppresseur et infidèle, mais qui est la voie que Dieu leur a assignée, sans négliger un seul instant de rendre grâce pour ce bienfait. Que l’infâme activité des agents des superpuissances, que ce soient les agents étran*gers ou les agents de l’intérieur, pires encore que les étrangers, n’ébranle pas leur pure intention et leur volonté de fer, et qu’ils sachent que tout le tapage que font les médias du monde et les puissances sataniques de l’Est et de l’Ouest est la marque qu’ils sont, eux, une puissance divine : Dieu le Très-Grand les récompensera comme ils le méritent en ce monde et dans l’autre, car Il est le Maître des bienfaits et en Sa main est l’empire de toutes choses. Je conjure et supplie instamment les peuples musulmans de s’attacher comme il se doit, de tout leur coeur et de toute leur âme, en faisant don d’eux-mêmes et des êtres qui leur sont chers, aux Purs Imams* et à la culture politique, sociale, économique et militaire de ces illustres guides de l’humanité.

Entre autres, qu’ils ne dé*vient pas d’un iota du droit traditionnel, lequel est le développement de l’école de la Mission prophé*tique et de l’Imamat* et le garant du progrès et de la grandeur des peuples, et cela tant au niveau des prescriptions primordiales que secondaires, qui toutes deux constituent le droit musulman : qu’ils ne prêtent pas l’oreille aux insinuations des adversaires sournois de la vérité et de la religion, et qu’ils sachent que dévier d’un pas sera le pré*lude à la chute de la religion, des prescriptions islamiques et du gouvernement de justice divine. […]

Entre autres [aussi], qu’ils ne négligent jamais les cérémonies de deuil des Purs Imams*, en particulier du Seigneur des opprimés et Prince des martyrs, Sa Seigneurie Abû ‘Abd Allâh al‑Hossayn* – que Dieu, les Prophètes, les Anges et les hommes vertueux prient abondamment sur son noble et vaillant esprit –. Qu’ils sachent que l’ordre donné par les Imams, que la Paix soit avec eux, de commémorer cette épopée historique de l’islam[27] ainsi que les imprécations et malédictions à l’encontre des oppresseurs des Gens de* la Demeure sont la clameur héroïque des peuples face aux gouvernants iniques tout au long de l’histoire pour l’éternité. Sa*chez que les malédictions, imprécations et clameurs en raison de l’iniquité des Omayyades[28], que la malédiction di*vine soit sur eux, alors qu’ils ont disparu et pris le chemin de l’Enfer, est une clameur à la face des oppresseurs du monde entier, et maintenir cette clameur vivante détruit l’oppression. Et il est indispensable de ponctuer les lamentations et les poèmes de deuil ou de louange des Imams de vérité, que la Paix soit avec eux, en rappelant les calamités et iniquités des oppresseurs de toute époque et de tout lieu : en ce siècle, siècle de l’oppression du monde musulman par l’Amérique, l’Union soviétique et tous ceux qui leur sont liés, dont la fa*mille Saoud, ces traîtres au grand sanctuaire divin, que les malédictions de Dieu, de Ses anges et de Ses envoyés soient sur eux, que [cette situation] soit sans cesse rappelée avec force malédictions et imprécations. Tous, nous devons savoir que le facteur d’unité entre les musulmans, ce sont ces cérémonies [à caractère] politique qui pré*servent l’identité communautaire des musulmans, et en particulier des partisans des douze Imams, que les Prières et la Paix di*vine soient avec eux.

Il me reste à préciser que le testament politico-religieux de votre serviteur n’est pas seulement destiné au grand peuple iranien, mais qu’il est une recommandation faite à tous les peuples musulmans et aux opprimés du monde entier, de toute natio*nalité et de toute religion. […]

¯ ¯ ¯

[…]

1. Nous savons bien que cette grande révolution, qui a écarté de l’Iran les mains des injustes et des dévoreurs du monde, a triomphé grâce à des assistances divines surnaturelles. N’eût été la toute-puissante main de Dieu, il n’aurait pas été possible à une population de trente-six millions [de faire ce qu’elle a fait dans la situation où elle était] : avec ces propagandes anti-islamiques et anticléricales, en particulier dans les cent dernières années ; avec ces discordes innombrables semées par les orateurs et les écrivains, dans la presse, dans les conférences, dans les réunions et les cercles anti-islamiques et antinationaux sous apparence nationaliste ; avec tous ces poèmes et ces railleries ; avec tous ces centres de corruption, de prostitution et de jeux, ces boissons enivrantes et ces drogues… Tout cela pour que notre jeune génération active – qui devrait s’activer pour l’avancement, l’élévation et le progrès de sa chère patrie – soit entraînée dans la corruption et l’indifférence devant les forfaitures du Shâh* corrompu, de son père inculte et des gouvernements et parlements de complaisance imposés au peuple par les ambassades des puissants. Le pire était la situation des universités, des lycées et des centres éducatifs : les destinées du pays étaient confiées entre leurs mains et l’on y employait des enseignants et des professeurs mentalement colonisés par l’Est ou par l’Ouest, cent pour cent opposés à l’islam et à la culture islamique – et même [à la culture] authentiquement nationale – au nom de la nation et du nationalisme ! Bien qu’il y eut parmi eux des hommes engagés et consciencieux, avec leur nombre terriblement petit et les contraintes qui leur étaient imposées, ils ne pouvaient pas faire de travail positif. Ajoutez à tout cela des dizaines d’autres problèmes, dont l’isolement et la mise à l’écart des clercs ainsi que, à force de propagandes, la “déformation” intellectuelle de beaucoup d’entre eux. Il n’était [donc] pas possible que ce peuple, dans cette situation, se soulève d’un bloc, balaye d’un bout à l’autre du pays toutes les puissances intérieures et extérieures, grâce à une idée unique, grâce au cri de « Dieu est plus grand ! », grâce à des sacrifices extraordinaires et miraculeux, et prenne [enfin] lui-même en main les destinées du pays. Il ne faut donc pas douter que la révolution islamique d’Iran se distingue de toutes les révolutions, aussi bien par sa genèse et par la nature de sa lutte que par le mobile de la révolte et du soulèvement. Il ne fait pas de doute que c’était là un cadeau divin et un présent surnaturel providentiellement octroyé par Dieu le Prodigue à ce peuple opprimé et dépouillé.

2. L’islam et le gouvernement islamique sont des phénomènes divins qui, s’ils sont mis en pratique, garantissent de la meilleure manière le bonheur de leurs fils en ce monde et dans l’autre, qui ont le pouvoir de tirer un trait sur les iniquités, les pillages, les corruptions et les agressions et de conduire les humains à cette perfection à laquelle ils aspirent. C’est une école qui, contrairement aux écoles qui ne relèvent pas du tawhîd, intervient pour les contrôler dans toutes les affaires individuelles et sociales, matérielles et spirituelles, culturelles et politiques, militaires et économiques, qui n’a négligé aucun point, aussi minime soit-il, jouant un rôle dans l’éducation de l’homme et de la société et dans leur progrès matériel et spirituel, et qui a évoqué tous les obstacles et problèmes dans la voie du perfectionnement de la société et de l’individu en s’efforçant de les éliminer. Maintenant que, par la grâce et l’aide de Dieu, la République islamique a été instaurée par la puissante main de ce peuple engagé – or, ce dont il est question dans cette République islamique, c’est l’islam et ses sublimes prescriptions –, il incombe au grand peuple iranien de faire effort pour en réaliser le contenu dans toutes ses dimensions et pour la préserver et la sauvegarder, car la préservation de l’islam est la première de toutes les obligations. C’est dans cette voie que les grands Prophètes*, depuis Adam, que la Paix soit avec lui, jusqu’au Sceau* des Prophètes, que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix, ont prodigué leurs efforts et fait des sacrifices accablants, aucun obstacle ne venant les détourner de l’accomplissement de cette grande obligation divine ; et après eux, ce sont les compagnons fidèles à leurs engagements et les Imams* de l’islam, que les Prières divines soient sur eux, qui se sont efforcés de le préserver au prix d’efforts éreintants allant jusqu’à l’offrande de leur sang. Aujourd’hui, c’est une obligation pour le peuple iranien en particulier, et pour tous les musulmans en général, de préserver de toutes leurs forces ce dépôt confié par Dieu, qui a été officiellement proclamé en Iran et qui a, en peu de temps, donné de grands résultats, et de faire effort pour que soient réunies les conditions nécessaires à sa survie et que soient écartées les difficultés qui y font obstacle. Il y a espoir que l’éclat de sa lumière ait commencé à rayonner sur tous les pays musulmans et que tous les Etats et les peuples en viennent à s’entendre les uns les autres sur cette chose vitale et écartent la main des superpuissances dévoreuses du monde et des criminels de l’histoire de la tête des opprimés et des victimes de l’injustice dans le monde entier.

Comme c’est le devoir de votre serviteur, qui vit ses derniers instants, je vais évoquer, pour la génération présente et les générations futures, certaines choses qui jouent dans la préservation et la survie de ce dépôt divin et certains des obstacles et dangers qui le menacent, tout en demandant au Seigneur des mondes la réussite et l’assistance pour tous.

a) Sans le moindre doute, le secret de la survie de la Révolution islamique est le secret même de son triomphe, or le peuple sait bien, et les générations futures le liront dans l’histoire, que les deux fondements principaux du secret de ce triomphe sont [d’une part] la motivation divine et le sublime objectif du gouvernement islamique, et [d’autre part] l’union du peuple, d’un bout à l’autre du pays, avec une parole unique, pour cette motivation et cet objectif.

Je recommande à toutes les générations présente et futures, si elles veulent que l’islam et le gouvernement de Dieu règnent et que les mains des coloniaux et des colonialistes de l’extérieur et de l’intérieur soient écartées, de ne pas perdre cette motivation divine sur laquelle Dieu le Très-Haut a insisté dans le Noble Coran : l’alternative à cette motivation, qui est le secret du triomphe et de sa continuité, c’est l’oubli du but, la discorde et la désunion. Ce n’est pas sans raison que les haut-parleurs de la propagande d’un bout à l’autre du monde ainsi que leurs rejetons dans ce pays consacrent tous leurs moyens à répandre des rumeurs et des mensonges facteurs de discorde et dépensent des milliards de dollars pour cela. […] Ce que je recommande aux musulmans et en particulier aux Iraniens, tout spécialement en ce siècle, c’est de réagir face à ces machinations, de renforcer par tous les moyens possibles leur entente et leur union et de désespérer les infidèles et les hypocrites.

b) Un des complots importants qui saute aux yeux dans le dernier siècle, particulièrement dans les dernières décades et surtout depuis la victoire de la Révolution, est la vaste et multiforme propagande pour désespérer de l’islam les peuples, et en particulier le dévoué peuple iranien. Parfois maladroitement, en disant crûment que les prescriptions de l’islam, établies il y a mille quatre cents ans, ne peuvent administrer un pays en notre époque, ou que l’islam est une religion rétrograde, opposée à toute innovation et à tous les aspects de la civilisation, alors qu’à notre époque des pays ne peuvent se tenir à l’écart de la civilisation et de ses aspects, et autres stupides propagandes de cet ordre. D’autres fois sournoisement et avec malignité, en se faisant partisans de la sainteté de l’islam, comme quoi l’islam et les autres religions révélées s’occupent de choses spirituelles, de formation de l’âme, de mettre en garde contre les honneurs de ce bas monde, appelant à laisser ce monde et à vaquer à des pratiques cultuelles, à des invocations et à des prières qui rapprochent l’homme de Dieu le Très-Haut et l’éloignent de ce monde ; que le gouvernement, la politique et la conduite des affaires sont contraires à ce grand objectif spirituel, parce que toutes ces choses ne sont que pour la marche de ce bas monde et que cela est en contradiction avec la démarche des grands Prophètes. La propagande selon cette deuxième méthode a malheureusement eu un effet sur certains religieux et pratiquants mal informés de l’islam qui ont été, et vont peut-être encore, jusqu’à considérer le fait d’intervenir dans la politique et le gouvernement comme péché et impiété. C’est là un grand fléau qui a touché l’islam.

De ce groupe, il faut dire soit qu’ils ignorent tout de la politique, soit que, mus par de mauvaises intentions, ils font croire qu’ils sont ignorants, parce que mettre en application des lois basées sur la justice et l’équité, faire obstacle aux oppresseurs et à un gouvernement inique, répandre la justice individuelle et sociale et empêcher la corruption des mœurs, la dépravation et toutes sortes de déviances, [établir] une liberté basée sur l’intelligence et la justice, sur l’indépendance et l’autonomie, sur l’opposition à la colonisation, à l’exploitation et à l’asservissement, sur le talion*, les peines* légales et les blâmes* discrétionnaires appliqués selon un critère juste pour faire obstacle à la corruption et à la ruine d’une société, [enfin] la politique et la conduite de la société conformément à l’intelligence, à la justice et au droit, et cent autres [choses] de cet ordre, ne sont pas choses à vieillir avec le temps au cours de l’histoire de l’humanité et de la vie en société. Cette prétention reviendrait à dire que les lois intellectuelles et mathématiques doivent être changées en ce siècle et qu’il faut présenter d’autres lois en leur place. […]

Quant à la prétention selon laquelle l’islam serait opposé aux “nouveautés” […], ce n’est qu’une accusation absurde, car si l’on entend par “nouveautés” et “marques de modernité” les inventions, découvertes et industries développées qui jouent un rôle dans le progrès et la civilisation de l’humanité, ni l’islam, ni aucune religion relevant du tawhîd ne se sont jamais opposés à cela ni ne s’y opposeront : bien au contraire, l’islam et le Noble Coran insistent sur le savoir et l’industrie. Mais si l’on entend “innovation” et “civilisation” dans le sens prôné par certains intellectuels de profession, à savoir la liberté dans tout ce qui est blâmable et dans la dépravation […], toutes les religions révélées, tous les savants et tous les gens raisonnables y sont opposés, même si ceux qui sont mentalement colonisés par l’Est ou par l’Ouest propagent cela en les suivant aveuglément.

Quant au deuxième groupe, dont le projet est néfaste et qui considèrent que l’islam n’a rien à voir avec le gouvernement et la politique, il faut dire à ces ignorants que le Noble Coran et la Sunna* de l’Envoyé* de Dieu, que Dieu prie sur lui et sa famille, ne comportent dans aucun domaine autant de prescriptions qu’à propos du gouvernement et de la politique. Bien plus : nombre des prescriptions cultuelles de l’islam sont politico-cultuelles, et c’est leur négligence qui a causé nos malheurs. […] Ce qu’ils ont dit et diront encore – comme quoi les Prophètes*, que la Paix soit avec eux, s’occupaient de choses spirituelles, que le gouvernement et la conduite des affaires de ce monde sont choses réprouvées, que les Prophètes, les Awliyâ’ et les grands personnages s’en gardaient et que nous devons nous aussi faire de même – c’est là une erreur déplorable dont les conséquences sont de conduire à la ruine les peuples musulmans et d’ouvrir la voie aux colonialistes assoiffés de sang : ce qui est rejeté, ce sont les gouvernements sataniques, dictatoriaux et iniques qui sont mus par l’amour du pouvoir et des mobiles déviés et mondains contre lesquels nous avons été mis en garde – amasser des richesses et des biens, rechercher le pouvoir et se comporter en Tâghût… –, bref une mondanité qui rend l’homme inattentif à la sublime Réalité divine. Quant au gouvernement authentique, dans l’intérêt des mostaz‘afîn, pour faire obstacle à l’injustice et à l’iniquité et pour faire régner la justice sociale, c’est cela même pour quoi des hommes tels que Salomon fils de David et le grand Prophète de l’islam, que Dieu prie sur lui et sa famille, ainsi que ses illustres Remplaçants prodiguaient leurs efforts : c’est l’une des plus grandes obligations et le mettre en place est une des plus hautes œuvres de service divin. […]

c) Dans le même ordre de machinations, et peut-être plus nuisibles encore, il y a les vastes rumeurs, dans tout le pays et plus encore en province, comme quoi la République islamique non plus n’a rien fait pour le peuple : « Ce malheureux peuple s’est sacrifié avec tant d’ardeur et de passion afin de se libérer du régime inique du Tâghût, et il se retrouve aux prises avec un régime encore pire ! Les mostakberîn le sont devenus encore plus et les mostaz‘afîn de même ! Les prisons sont pleines de jeunes qui sont l’espoir de l’avenir du pays, les tortures sont pires et plus inhumaines encore que sous le régime précédent et, chaque jour, on en exécute quelques uns au nom de l’islam ! Ah ! si seulement on n’avait pas donné le nom d’islamique à cette république ! Cette époque est pire que celle de Rezâ Khân* et de son fils ! Les gens sont plongés dans des souffrances, des peines et une cherté inouïes, et les gouvernants sont en train de faire de ce régime un régime communiste ! Les biens des gens sont confisqués et le peuple a été privé de liberté en toutes choses ! », et quantité d’autres [rumeurs] de cet ordre qui sont lancées intentionnellement. Ce qui montre qu’il y a là-dessous un dessein et une machination, c’est que chaque fois, à quelques jours d’intervalle, une [nouvelle] rumeur se retrouve sur toutes les lèvres, dans tous les coins et recoins et dans chaque quartier et ruelle : dans les taxis et dans les autobus, partout le même sujet, et dans les attroupements, encore la même conversation, et dès qu’une [rumeur] se fait vieillotte, une autre se répand. Malheureusement, certains clercs ignorants des stratagèmes sataniques s’imaginent, après avoir été contacté par un ou deux de ces comploteurs, qu’il en est bien ainsi. La raison en est que beaucoup d’entre ceux qui prêtent l’oreille à ces histoires et les croient ignorent tout de la situation du monde, des révolutions du monde, des événements post-révolutionnaires et de leurs immenses et inévitables difficultés, tout comme ils ne sont pas non plus correctement informés de transformations qui sont toutes au profit de l’islam : les yeux fermés et ignorants, ils prêtent l’oreille à de telles rumeurs et en prennent le parti, inconsciemment ou volontairement.

Ce que je leur recommande et que je leur demande, c’est de ne pas faire des problèmes, de ne pas lancer des critiques destructrices et de ne pas proférer des insultes avant d’avoir pris connaissance des divers aspects de la question, avant d’avoir étudié la conjoncture mondiale actuelle, d’avoir fait la comparaison entre la Révolution islamique d’Iran et les autres révolutions, avant de s’être familiarisés avec la situation des pays et des peuples dans les périodes révolutionnaires et avec ce qui leur est advenu après leur révolution, avant d’avoir pris en considération les difficultés de ce pays victime des Tâghûts, [difficultés] que les longues années de pillages de Rezâ Khân* et, pire encore, de Mohammad Rezâ, ont laissé en héritage à l’Etat actuel – depuis les considérables et ruineuses dépendances jusqu’à l’état des ministères, des administrations, de l’économie et de l’armée, [en passant] par les centres de plaisirs, les magasins de boissons alcoolisées, le dérèglement sans frein qui a été introduit dans toutes les choses de la vie, l’état de l’enseignement et de l’éducation, l’état des lycées et des universités, l’état des cinémas et des lieux de débauche, l’état de la jeunesse et des femmes, la situation du clergé, des pratiquants, des partisans de la liberté attachés à la religion, des honnêtes femmes bafouées et des mosquées à l’époque du Tâghût… –, avant de s’être intéressés aux dossiers des condamnés à mort et des incarcérés, aux prisons et aux agissements de ceux qui y étaient employés, de s’être intéressés aux biens des capitalistes, des grands propriétaires terriens, des spéculateurs et de ceux qui gonflent les prix, de s’être intéressés à la Justice et aux tribunaux de la Révolution et de les avoir comparés avec l’état antérieur de la Justice et des juges, de s’être intéressés à la condition des députés à l’Assemblée parlementaire islamique, des membres de l’Etat, des gouverneurs de province et des autres fonctionnaires qui sont arrivés aux affaires dans la période actuelle et de les avoir comparés avec la période précédente, de s’être intéressés aux activités de l’Etat et du “Djehâd pour la reconstruction” dans les villages dépourvus de tout, même de l’eau potable et de dispensaire, et d’avoir fait la comparaison avec toute la période de l’ex-régime, cela tout en prenant en compte les difficultés de la guerre imposée [par l’Irak] et de ses conséquences, les millions de déplacés, les familles de martyres, les victimes de guerre et les millions de réfugiés afghans et irakiens…, en considérant aussi le blocus économique et les machinations ininterrompues de l’Amérique et de ses valets à l’extérieur et à l’intérieur, ce à quoi vous ajouterez le manque de prédicateurs au courant des questions dans la mesure du besoin, le manque de juges religieux, les troubles suscités par les opposants à l’islam, par les dévoyés et même par des amis ignorants, et des dizaines d’autres questions… Ayez de la compassion pour la situation de cet islam sans asile qui, après des centaines d’années d’injustice des tyrans et d’ignorance des masses, est aujourd’hui un petit enfant qui fait ses premiers pas entouré d’ennemis à l’extérieur et à l’intérieur. Vous qui faites des problèmes, réfléchissez un peu : ne vaudrait-il pas mieux, plutôt que de détruire, s’efforcer d’aider et d’améliorer ? plutôt que de prendre le parti des hypocrites, des iniques, des capitalistes et des spéculateurs injustes et ignorants de Dieu, prendre celui des victimes de l’injustice, des opprimés et des déshérités ? et plutôt que de prendre indirectement le parti des fauteurs de troubles et des terroristes corrompus, accorder quelque attention aux victimes du terrorisme et aux clercs injustement traités, tant que vous avez encore des serviteurs engagés et injustement traités ?

Je n’ai jamais dit et je ne dis pas qu’aujourd’hui, dans cette république, le vénérable islam est mis en application dans toutes ses dimensions et qu’il n’y a pas des individus qui, par ignorance, par complexe ou par indiscipline, agissent contrairement aux règlements de l’islam. Ce que je dis, c’est que les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif font des efforts éreintants pour islamiser ce pays, que la population qui se compte par dizaines de millions est de leur côté et les soutient, et que si la minorité de faiseurs de problèmes et de saboteurs s’activaient à aider, la réalisation de ces espoirs serait plus facile et plus rapide. Et si, à Dieu ne plaise, ils ne se ressaisissent pas, comme par millions les foules se sont éveillées, ont pris conscience de ce qui est en question et sont présentes sur le théâtre des opérations, si Dieu le Très-Haut le veut, elles se mettront activement à l’ouvrage pour [concrétiser] ces espoirs humains et islamiques, et les égarés et les faiseurs de problèmes ne pourront opposer de résistance à ce flot rugissant.

J’ose prétendre que le peuple d’Iran, qui se compte par millions, est à l’époque actuelle meilleur que celui du Hedjâz[29] à l’époque de l’Envoyé* de Dieu, que Dieu prie sur lui et sa famille, et que celui de Koufa[30] et de l’Irak à l’époque du Commandeur* des fidèles et de Hossayn* fils de ‘Alî, que les Prières et la Paix de Dieu soient sur eux. Le Hedjâz où, à l’époque de l’Envoyé de Dieu, que Dieu prie sur lui et sa famille, les musulmans mêmes ne lui obéissaient pas et, sous divers prétextes, n’allaient pas au front, au point que Dieu le Très-Haut les a fustigés dans plusieurs versets de la sourate “le repentir” et leur a promis châtiment ; et ils lui ont tant menti qu’il est rapporté qu’il les a maudits en chaire ! Et ces gens de l’Irak et de Koufa qui se sont si mal comportés avec le Commandeur des fidèles et se sont tant rebellés à ses ordres que les plaintes de ce seigneur à leur encontre, [rapportées] dans les livres de hadiths* et d’histoire, sont célèbres ! Et ces musulmans de l’Irak et de Koufa qui ont fait ce qu’ils ont fait avec le Seigneur* des martyrs, que la Paix soit avec lui, ceux qui ne se sont pas salis les mains dans son martyre ayant soit fui la bataille, soit attendu que ce crime historique soit perpétré !

Mais aujourd’hui nous voyons le peuple d’Iran, depuis les forces armées, [les forces] de l’ordre, le Corps* [des Gardiens de la Révolution] et la mobilisation des Basîdj, jusqu’aux forces populaires, les tribus et les volontaires, les forces aux fronts et le peuple aux arrières, [nous voyons] quels sacrifices ils font et à quelle épopée ils donnent le jour avec l’ardeur et la passion les plus complètes. Nous voyons quelles précieuses aides cet honorable peuple apporte d’un bout à l’autre du pays. Nous voyons ceux qui ont donné des martyrs, ceux qui ont été victimes de la guerre et leurs proches, qui nous font face, à nous et à vous, avec des visages d’épopée, des mots et des comportements ardents et rassérénants. Tout cela vient de ce qu’ils débordent d’amour passionné, d’attachement et de foi envers Dieu le Très-Haut, envers l’islam et envers la vie éternelle, alors qu’ils ne sont [de manière visible] ni en la présence bénie du plus noble Envoyé* – que Dieu prie sur lui et sa famille et leur donne la Paix – ni en celle de l’Imam* infaillible [de ce temps, l’Imam Mahdî* occulté], que les Prières de Dieu soient sur lui : leur motivation est la foi et la confiance en l’au-delà, et c’est là le secret de la réussite et de la victoire dans les divers domaines. L’islam doit être fier d’avoir élevé de tels enfants et nous sommes tous fiers d’être en une telle époque et en présence d’un tel peuple. […]

Au Parlement, à l’Etat et à ceux qui sont aux affaires, je recommande de bien reconnaître la valeur de ce peuple et qu’ils ne se montrent pas négligents à le servir, tout particulièrement les mostaz‘afîn, les déshérités et les victimes de l’injustice qui sont la lumière de nos yeux et les bienfaiteurs de tous : la République islamique est leur cadeau, c’est par leur sacrifice qu’elle a été réalisée et sa survie dépend de leurs services. […]

Quant aux peuples musulmans, je leur recommande de prendre exemple sur le gouvernement de la République islamique et sur le peuple iranien modjâhed : si vos gouvernements iniques ne s’inclinent pas devant la volonté des peuples, qui est la même que celle du peuple iranien, remettez-les vigoureusement à leur place, car la source de tous les malheurs des musulmans, ce sont les gouvernements liés à l’Est ou à l’Ouest. Et je vous recommande avec insistance de ne pas prêter l’oreille aux haut-parleurs de la propagande des opposants à l’islam et à la République islamique, car tous s’efforcent d’éliminer l’islam de la scène afin que les intérêts des superpuissances soient garantis.

d) Un des plans sataniques des grandes puissances coloniales et des colonialistes […] était de susciter de l’animosité entre les universitaires et les clercs : il y eut de vastes propagandes en ce sens et malheureusement, du fait que ces deux classes ignoraient cette machination satanique des superpuissances, elles eurent de notables résultats. D’un côté, de l’école primaire à l’université, on a fait effort pour que les instituteurs, enseignants, professeurs et directeurs d’universités choisis et nommés soient de ceux qui étaient mentalement colonisés par l’Est ou par l’Ouest et qui s’étaient écartés de l’islam et de toutes les autres religions, et pour que les croyants religieusement engagés se retrouvent en minorité, cela afin que la classe influente qui prendrait à l’avenir le gouvernement en main soit éduquée, de l’enfance à l’adolescence et à la jeunesse, de manière à être dégoûtée des religions en général et de l’islam en particulier, ainsi que de ceux qui sont liés à la religion, particulièrement les clercs et les prédicateurs. […] De l’autre côté, par des propagandes perverses, on a effarouché les clercs, les prédicateurs et les religieux par rapport à l’université et aux universitaires en les accusant d’athéisme, de libertinage et d’opposition à l’islam et aux religions. […] Ce que je recommande, c’est que les générations présente et à venir ne négligent pas [cette question], que les étudiants et notre chère et valeureuse jeunesse confortent et affermissent leurs liens d’amitiés et d’entente avec les clercs et les étudiants en sciences islamiques, et qu’ils ne soient pas inattentifs aux plans et aux machinations de ces fourbes ennemis. […] Les machinations sont d’une envergure particulière dans les universités et toute catégorie sociale qui est la tête pensante de la société doit s’en défier.

e) Au nombre des plans qui ont malheureusement eu un profond impact sur les pays [colonisés] et sur notre cher pays, et dont les effets perdurent encore pour beaucoup, est de rendre les pays colonisés étrangers à eux-mêmes et de les occidentaliser – que ce soit du côté de l’Est ou de l’Ouest –. De la sorte, ils se comptaient eux-mêmes et leur culture pour rien, considéraient les deux puissants pôles de l’Est et de l’Ouest comme une race supérieure dotée d’une culture sublime et constituant la qebla du monde, et proclamaient que le fait de ce lier à l’un de ces deux pôles était un impératif inévitable. C’est là une longue et désolante histoire, et les coups que nous avons reçus et que nous continuons encore de recevoir de ce côté sont rudes et violents, et ce qui est encore plus désolant, c’est qu’en toutes choses ils ont maintenu les peuples opprimés qu’ils dominaient en état d’arriération et en ont fait des pays consommateurs. Ils nous ont tant effrayés avec leurs progrès et leurs puissances sataniques que nous n’avons pas l’audace de nous lancer dans n’importe quelle invention : leur ayant livré tout ce que nous avons, leur ayant confié notre destin et celui de nos pays, nous obéissons à leurs ordres les yeux fermés. Ce vide et cet “écervelage” artificiels a fait qu’en rien nous ne nous rapportons à notre réflexion et à notre savoir et que nous imitons aveuglément l’Est et l’Ouest.

Bien plus, les écrivains et les orateurs incultes et mentalement colonisés par l’Est et par l’Ouest critiquent et se moquent de notre culture, de nos usages, de notre industrie et de nos inventions, dans la mesure où nous en avions ; ils répriment et découragent la réflexion et les capacités du pays, et ils propagent par leurs actes, leurs propos et leurs écrits les us et coutumes étrangers, aussi vulgaires et grossiers soient-ils, et les font avaler aux peuples en chantant leurs louanges et leur apologie. […] Se comporter à l’occidentale est un motif de fierté et d’honneur, une marque de civilisation et de progrès, et à l’opposé, nos us et coutumes font vieux jeu et arriéré ! […] Aller en Angleterre, en France, en Amérique et à Moscou est un honneur insigne, mais aller en pèlerinage à La Mecque et aux autres lieux saints, c’est être vieux jeu et arriéré ! Ne pas faire cas de ce qui à trait à la religion et aux choses spirituelles dénote un esprit éclairé et civilisé, et à l’opposé, être attaché à ces choses montre qu’on est vieux jeu et arriéré !

Je ne dis pas que nous avons nous-mêmes toutes choses : il est bien connu que tout au long d’une histoire pas si ancienne, en particulier dans les siècles derniers, ils nous ont privé de tout progrès. Les hommes d’Etat félons, particulièrement la famille Pahlavi*, les centres de propagandes contre les productions autochtones, les [complexes d’infériorité] – se considérer comme petit et se considérer comme rien –, [tout cela] nous a privé d’avoir quelque activité pour le progrès. Importer des marchandises en tous genres, divertir femmes et hommes, en particulier la classe jeune, avec toutes sortes de produits d’importation tels que matériel de maquillage, objets d’ornement et de luxe et jeux d’enfants, pousser les familles dans une course à la consommation marquée par de bien tristes histoires, divertir et gâter les jeunes, qui sont la classe active [de la société], en mettant à leur disposition des centres de prostitution et de débauche, et des dizaines de ces calamités préméditées pour maintenir les pays en état d’arriération.

En tant que serviteur compatissant, je ferai une recommandation à ce cher peuple, qui a maintenant échappé dans des limites fort remarquables à bien de ces pièges et dont l’actuelle génération déshéritée s’est relevée, active et inventive : pour bien des usines et des appareils perfectionnés du genre avions, etc., alors que l’on ne pensait pas que les spécialistes iraniens pouvaient faire fonctionner ces usines et ce genre de choses et que nous tendions tous nos mains vers l’Est ou l’Ouest pour que leurs spécialistes les fassent fonctionner, suite au blocus économique et à la guerre imposée, nous avons vu que nos chers jeunes ont eux-mêmes fabriqué les pièces nécessaires, les ont proposées à des prix moins chers, ont comblé notre besoin et ont fait la preuve que, si nous voulons, nous pouvons. Il vous faut être attentifs, conscients et vigilants, afin que les politiciens liés à l’Est et à l’Ouest ne vous entraînent pas, par leurs suggestions sataniques, vers ces pillards internationaux. Avec votre ferme volonté, votre énergie et votre persévérance, ayez à cœur de mettre un terme à la dépendance : sachez que les races iranienne et arabe n’ont rien de moins que celles d’Europe, d’Amérique ou d’Union soviétique, que si elles se retrouvent elles-mêmes, si elles écartent d’elles le désespoir et n’attendent rien d’un autre qu’elles-mêmes, elles ont à long terme la capacité d’accomplir tous les travaux et de construire toutes choses. Ce à quoi des hommes comme eux sont arrivés, vous y arriverez aussi, à la condition de s’en remettre à Dieu le Très-Haut, de s’appuyer sur soi, de rompre la dépendance envers autrui et de supporter les difficultés pour parvenir à une vie honorable et échapper à la domination des étrangers. Les gouvernements et ceux qui sont aux affaires, que ce soit dans cette génération ou dans les générations à venir, ont pour devoir d’être reconnaissants envers leurs spécialistes, de les encourager au travail par des aides matérielles et morales, de faire obstacle à l’importation de marchandises qui poussent à la consommation et ruinent les foyers, et de s’accommoder de ce qu’ils ont jusqu’à ce qu’ils fassent tout eux-mêmes.

Je demande aux jeunes, garçons et filles, de ne pas sacrifier l’indépendance, la liberté et les valeurs humaines, même accompagnées de peines et de souffrances, aux luxes, plaisirs et frivolités et à la fréquentation des lieux de débauches que vous proposent l’Occident et ses agents apatrides, car ce qu’ils veulent par ces moyens et d’autres semblables, c’est vous maintenir en état d’arriération et “à demi sauvages”, comme ils disent : l’expérience a en effet montré que ceux-là ne pensent à rien d’autre qu’à vous dégrader, à vous rendre insouciants du destin de votre pays, à piller vos ressources, à vous entraîner dans les liens de la colonisation et dans la honte de la dépendance, et à transformer votre pays et votre peuple en consommateurs.

e) Comme je l’ai déjà indiqué et rappelé à plusieurs reprises, une de leurs grandes machinations était de mettre la main sur les centres d’éducation et de formation, en particulier les universités, car c’est de là que sortent ceux qui tiendront les destinées du pays en mains. […] Le plan consiste à détourner les jeunes de la culture, des usages et des valeurs qui sont les leurs et de les entraîner vers l’Est ou vers l’Ouest, puis de choisir parmi eux des hommes d’Etat et de leur donner le gouvernement sur les destinées du pays afin de faire tout ce qu’ils veulent par leur entremise. […] C’est là le meilleur moyen pour maintenir en état d’arriération les pays dominés et les piller, car cela ne coûte ni peine ni frais aux superpuissances et tout passe dans leurs poches sans que cela fasse scandale parmi les populations. […]

g) Parmi les choses importantes, il y a le fait que les députés à l’Assemblée parlementaire islamique soient des gens engagés. […] Maintenant que, de par la grâce de Dieu et la volonté de cette grande nation, les destinées du pays sont au mains du peuple et que les députés viennent du peuple […], ce que je recommande au peuple, actuellement et dans l’avenir, c’est que, de par leur ferme volonté et leur engagement envers les prescriptions de l’islam et les intérêts du pays, ils mandatent à chaque législature des députés engagés envers l’islam et la République islamique – qui appartiennent généralement à la classe moyenne et à la classe défavorisée –, qui ne se sont pas écartés de la voie droite du côté de l’Est ou de l’Ouest, qui n’ont pas de penchant pour des écoles de pensée déviées, et qui sont des personnes éduquées et au courant des questions d’actualité et des affaires politiques islamiques. […] Qu’ils sachent que les adversaires de l’islam et des pays islamiques, ces brigands internationaux que sont les superpuissances, s’infiltrant progressivement et subtilement dans notre pays et dans les autres pays islamiques, attirent ces pays dans les filets de la colonisation par l’entremise d’individus de ces peuples mêmes. Il vous faut être circonspects et vigilants, et au premier signe d’infiltration, faire face sans atermoiement. […].

Aux minorités religieuses, je recommande de tirer la leçon de la période du régime pahlavi et d’élire comme députés[31] des personnes engagées envers leur religion et la République islamique, non liées aux puissances dévoreuses du monde, et sans sympathie pour les écoles athées, déviées ou syncrétistes. […]

Ma recommandation au noble peuple est d’être présent à toutes les élections […] : qu’ils fassent attention au fait que s’ils font preuve de négligence […], il peut fort bien en résulter un tort irréparable pour l’islam et pour le pays, et en ce cas, tous seront responsables devant Dieu le Très-Haut. […] Et il se peut fort bien qu’en certaines périodes, l’abstentionnisme et la négligence soient un péché qui vienne en tête des grands péchés. […] Qu’ils soient attentifs à ce que le Président de la république et les députés du Parlement soient d’une classe qui, ayant goûté à la privation et à l’injustice dont sont victimes les mostaz‘afîn et les déshérités de la société, pensent au bien-être de ceux-là, et qu’ils ne soient pas de ces capitalistes, spéculateurs immobiliers et gens de la haute, vivant dans l’aisance et plongés dans les plaisirs et les passions sensuelles, qui ne peuvent comprendre l’amertume de la privation et la peine des affamés et des va-nu-pieds !

Ma recommandation au Guide et au Conseil de guidance, en ce siècle, qui est le siècle de l’agression des superpuissances et de ceux qui leur sont liés, à l’intérieur du pays et à l’étranger, contre la République islamique – mais, en réalité, c’est contre l’islam sous le couvert de la République islamique –, et dans les siècles à venir, c’est qu’ils se considèrent eux-mêmes comme consacrés au service de l’islam, de la République islamique, des déshérités et des mostaz‘afîn et qu’ils ne s’imaginent pas que la fonction de guide est en soi un cadeau et une haute dignité : c’est au contraire un devoir lourd et dangereux dans lequel toute faute – si, à Dieu ne plaise, ce sont les passions qui s’en mêlent – aura pour conséquence une honte éternelle en ce monde et le feu de la colère de Dieu l’Impérieux dans l’autre monde. […] Ce même danger, à un degré quelque peu moindre, existe aussi pour les Présidents de la république actuels et à venir ainsi que pour les gouvernements et ceux qui sont aux affaires, en fonction des degrés de leurs responsabilités : il leur faut bien considérer que Dieu le Très-Haut est présent et voit tout et qu’eux-mêmes sont en Sa sainte présence !

h) Parmi les questions importantes, il y a celle de la justice, qui a affaire avec la vie, les biens et l’honneur des gens. […] Je recommande aux honorables juges, en ce siècle et dans les siècles à venir, de prendre en charge cette fonction d’importance en ayant à l’esprit les hadiths* rapportés des Infaillibles*, que Dieu prie sur eux, sur l’importance du fait de rendre la justice et sur l’immense danger que cela comporte, et en prêtant attention à ce qui a été rapporté à propos des jugements contraires au droit. Qu’ils ne laissent pas cette autorité être confiée à qui en est indigne : que ceux qui sont dignes de prendre cette charge en main ne s’y refusent pas et qu’ils ne laissent pas le champ libre à des personnes qui en sont indignes. Qu’ils sachent que, tout comme le danger de cette charge est grand, sa rétribution, son excellence et sa récompense sont également grandes. Et ils savent bien que prendre en charge la justice est, pour qui en est digne, une obligation collective[32].
 
Suite

i) […] Nous savons que les grandes puissances pillardes ont dans la société des “réserves” d’hommes sous des apparences multiples : nationalistes, pseudo-intellectuels et pseudo-clercs – lesquels sont, de tous, les plus dangereux et les plus nuisibles, s’ils en trouvent l’occasion –. Ils vivent parfois tranquillement et patiemment trente ou quarante ans parmi les gens, avec un comportement islamique et des allures de sainteté ou sous des dehors de paniranisme[33], de patriotisme et autres faux-semblants, et le moment venu accomplissent leur mission. Notre cher peuple, dans la courte période ayant suivie la victoire de la Révolution, en a vu des exemples, tels que les Modjâhedîn* du peuple, les Fedâyîn du peuple[34], les membres du Parti communiste Toudeh* et autres “enseignes”. Il est indispensable que tous neutralisent avec vigilance ce genre de manigances, et le plus indispensable de tout, ce sont les hawza-s, dont l’organisation et le filtrage revient aux vénérables enseignants et aux personnalités éminentes qui ont de l’ancienneté, avec l’appui des marâdje‘ de [chaque] époque. […] Il est indispensable que les savants et les honorables enseignants ne laissent apparaître aucune déviation dans les cours touchant à la compréhension du droit musulman et les classes de droit et de principes du droit selon la méthode des vénérables maîtres, laquelle est la seule manière de préserver le droit musulman. Qu’ils s’efforcent d’accroître chaque jour les examens minutieux, les études et échanges de vues, les nouvelles découvertes et les recherches ! Que soit préservé le droit musulman traditionnel[35], qui est l’héritage des pieux anciens et par rapport auquel tout écart est un affaiblissement des bases de la recherche et de l’examen minutieux, et que les recherches s’ajoutent aux recherches !

Des programmes seront bien entendu mis sur pied dans les autres branches du savoir, en conformité avec les besoins du pays et de l’islam, et des hommes doivent être formés dans ces branches. Parmi les cours les plus élevés et les plus nobles, qui doivent impérativement faire l’objet d’un enseignement généralisé, [il y a] les sciences spirituelles de l’islam, telles l’éthique, la formation de l’âme et le cheminement et pèlerinage vers Dieu, qui est le grand djehâd, que Dieu nous en fasse la grâce, à nous et à vous.

j) L’une des choses qu’il faut réformer, assainir et contrôler est le pouvoir exécutif. Il arrive parfois que des lois progressistes et utiles à la société passent au Parlement, que le Conseil* des Gardiens [de la constitution] les rendent exécutoires, que le ministre concerné les transmette, et lorsqu’elles tombent entre les mains d’exécutants inaptes, ils les déforment et agissent contrairement aux règlements, soit en multipliant la paperasserie et les dédales [administratifs] comme ils en ont pris l’habitude, soit volontairement, pour inquiéter la population : tolérer cela engendrera progressivement des troubles.

Voici la recommandation que je fais aux ministres responsables, en cette époque et dans les autres époques. Outre le fait que le budget dont vous vivez, vous et les employés des ministères, est le bien du peuple, que vous devez tous être au service du peuple, particulièrement des mostaz‘afîn, et que tracasser les gens et agir contrairement à son devoir est religieusement illicite et provoque parfois, à Dieu ne plaise, la colère divine, [outre cela], vous avez besoin du soutien des gens : c’est par le soutien du peuple, en particulier de la classe défavorisée, que la victoire a eu lieu, et si un jour le soutien du peuple devait vous faire défaut, vous serez mis de côté et, tout comme dans l’inique régime monarchique, des injustes viendront occuper les postes à votre place. En conséquence de cette vérité tangible, il faut vous efforcer de gagner la sympathie du peuple et vous garder de tout comportement inhumain et non islamique. […] Et il faut savoir que, même si tous les ministres et ministères ont leur part de responsabilité dans l’islamisation et l’organisation des choses, certains d’entre eux ont une spécificité particulière, comme le ministère des affaires étrangères, qui a la responsabilité des ambassades à l’étranger. Aussitôt après la victoire, j’ai fait des recommandations aux ministres des affaires étrangères à propos du comportement de tâghût qui règne dans les ambassades et du fait de les transformer en ambassades dignes de la République islamique, mais certains d’entre eux, soit n’ont pas voulu, soit n’ont pas pu faire un travail positif […].

Voici ma recommandation aux ministres des affaires étrangères, en cette époque et à l’avenir : votre responsabilité est considérable, aussi bien en ce qui concerne la réforme et la transformation du ministère et des ambassades que pour ce qui touche à la politique extérieure – préservation de l’indépendance et des intérêts du pays et bonnes relations avec les Etats qui n’ont pas l’intention de s’ingérer dans les affaires de notre pays –. Evitez strictement tout ce qui porte la marque de la dépendance sous toutes ses formes : vous devez savoir que, même si elle peut avoir des dehors séduisants ou comporter un profit et un intérêt immédiats, la dépendance dans certaines choses aura pour résultat de saper le pays à la base. Efforcez-vous d’améliorer les relations avec les pays musulmans, d’éveiller les hommes d’Etat et d’appeler à l’unité et à l’union. […]

Ma recommandation aux populations des pays musulmans est qu’elles ne s’attendent pas à ce que quelqu’un vienne de l’extérieur les aider à atteindre le but, qui est l’islam et la mise en œuvre de ses prescriptions : vous devez vous occuper vous-mêmes de cette chose vitale qui vous donnera liberté et indépendance. Que les savants renommés et les respectables prédicateurs des pays musulmans appellent les Etats à sortir de la dépendance à l’égard des grandes puissances étrangères et à s’entendre avec leur peuple : alors la victoire leur ouvrira les bras. Qu’ils appellent aussi les peuples à l’unité, qu’ils s’abstiennent du racisme, qui est en opposition avec ce que l’islam prescrit, et qu’ils tendent une main fraternelle à leurs frères dans la foi dans quelque pays et de quelque race qu’ils soient, car l’islam les a nommés “frères”. Si, de par la volonté des Etats et des peuples et avec l’aide de Dieu le Très-Haut, cette fraternité dans la foi se concrétise, vous verrez que les musulmans constituent la plus grande puissance mondiale. […]

Ma recommandation au ministère de l’orientation en toute époque, et en particulier à l’époque actuelle qui a un spécificité propre, c’est de faire effort pour propager la vérité face à l’erreur et montrer le vrai visage de la République islamique. Actuellement, maintenant que nous avons écarté les mains des superpuissances de notre pays, nous sommes la cible des campagnes de propagande de tous les médias liés aux grandes puissances. Quels mensonges et quelles accusations les orateurs et écrivains liés aux superpuissances n’ont-ils pas lancés contre cette République islamique nouvellement née, et ils continuent de le faire. […] La question de la propagande n’est pas uniquement à la charge du ministère de l’orientation : elle est du devoir de tous les savants, orateurs, écrivains et artistes. Il faut que le ministère des affaires étrangères fasse en sorte que les ambassades aient des publications pour la propagande et qu’elles montrent clairement au monde le lumineux visage de l’islam, car si ce visage, avec cette beauté superbe à laquelle le Coran et la Sunna* dans toutes leurs dimensions nous convient, sort du voile [dont l’ont recouvert] les opposants à l’islam et les malentendus des amis, l’islam s’étendra au monde entier et son glorieux étendard flottera partout. Il est ô combien malheureux et désolant que les musulmans possèdent un bien qui n’a pas son pareil depuis le début du monde jusqu’à sa fin et qu’ils n’ont pas réussi à présenter ce précieux joyau que tout homme recherche de par sa libre nature originelle ; plus encore, ils ne s’en rendent pas compte eux-mêmes, l’ignorent et parfois même le fuient !

k) […]

l) Préférez une vie humaine honorable, même avec des difficultés, à la vie honteuse d’être les esclaves des étrangers, fut-ce avec un bien-être animal, et sachez que, tant que pour les besoins en industries avancées vous tendez la main aux autres et passez votre vie à mendier, votre faculté d’invention et les progrès dans la découverte ne s’épanouiront pas en vous. Objectivement, vous avez bien vu que, dans la courte période faisant suite au blocus économique, ceux-là mêmes qui se croyaient incapables de construire tout ce dont ils avaient besoin et que l’on avait désespéré de mettre en route des usines, ont fait fonctionner leur pensée et ont comblé eux-mêmes bien des besoins de l’armée et des usines. Cette guerre, ce blocus économique et l’expulsion des experts étrangers furent un cadeau divin auquel nous n’avons pas prêté attention. Maintenant, si l’Etat et l’armée interdisent d’eux-mêmes les marchandises des dévoreurs de l’humanité et augmentent encore l’effort et l’application dans la voie de l’invention, il y a espoir que le pays devienne autosuffisant et soit sauvé d’avoir à mendier à l’ennemi.

Je dois ajouter ici que, après avoir été artificiellement maintenus en état d’arriération, notre besoin des grandes industries des pays étrangers est une réalité indéniable, mais cela ne signifie pas que nous devons, pour les sciences avancées, être liés à l’un des deux pôles : l’Etat et l’armée doivent s’efforcer d’envoyer des étudiants religieusement engagés dans des pays qui ont des grandes industries et qui ne sont pas colonialistes et exploiteurs, et se garder de les envoyer en Amérique, en U.R.S.S. et dans les autres pays qui sont dans la ligne d’un de ces deux pôles, à moins que, si Dieu veut, ces deux puissances se rendent compte de leur erreur et rentrent dans la voie de l’humanité, de l’humanisme et du respect des droits des autres, ou que, si Dieu veut, les mostaz‘afîn du monde entier, les peuples éveillés et les musulmans engagés les remettent à leur place. Dans l’espoir d’un tel jour…

m) […] La radio, la télévision, les journaux, les cinémas et les théâtres faisaient partie des instruments efficaces pour détruire et droguer les peuples, en particulier la jeune génération. Dans les cent dernières années et tout particulièrement dans le dernier demi-siècle, que de plans d’envergure ont été tracés par ces instruments, aussi bien pour la propagande contre l’islam et contre le clergé, qui est à son service, que pour la propagande en faveur des colonialistes de l’Est et de l’Ouest !

Ils en ont tiré parti pour constituer un marché pour [leurs] marchandises, en particulier objets de luxe et d’ornement de toutes sortes : imitation de leurs constructions, de leurs décorations et de leurs fastes, imitation de leurs manières alimentaires et vestimentaires… A tel point que c’était grande gloire que d’être “à l’occidentale” dans toutes les choses de la vie, dans la manière d’agir, de parler et de se vêtir, tout particulièrement chez les femmes aisées ou moyennement aisées. Pour les comportements sociaux et la manière de parler et d’employer des mots occidentaux en parlant et en écrivant, c’était au point qu’il était impossible à la plupart des gens de comprendre [ce que ceux-là disaient] et que c’était même difficile pour leurs pairs. Les films à la télévision étaient des productions de l’Est ou de l’Ouest qui détournaient la classe jeune, hommes et femmes, du cours normal de la vie – du travail, de l’industrie, de la production, du savoir… – vers l’aliénation à soi-même et à sa propre personnalité ou vers un regard négatif et une idée négative vis-à-vis de tout ce qui est “sien” : [vis-à-vis] de son pays et même de sa culture, de sa littérature et d’œuvres de valeur dont beaucoup ont été transférées dans les musées de l’Est et de l’Ouest par l’entremise de traîtres à l’affût de gains.

Les revues pleines de photos et d’articles scandaleux et déplorables, et les journaux rivalisant d’articles opposés à notre propre culture et à l’islam conduisaient fièrement les gens – et particulièrement la classe si influente de la jeunesse – vers l’Est ou vers l’Ouest. Ajoutez à cela la vaste propagande pour répandre les centres de corruption, les maisons de plaisir, les tripots et loteries et les magasins de produits de luxes, de produits de beauté, de jeux et de boissons alcoolisées, en particulier importés d’Occident. En contrepartie des exportations de pétrole, de gaz et autres trésors, on importait des poupées, des jeux, des produits de luxe et des centaines de choses dont les gens comme moi ne sont pas au courant. Si, à Dieu ne plaise, les jours du régime inféodé et de la famille déchue des Pahlavi* s’étaient prolongés, il n’aurait pas fallu longtemps – avec les manigances et les plans sataniques de toutes sortes [mis en œuvre] par le truchement de ce régime corrompu, des médias et des intellectuels pro-Est ou pro-Ouest – pour que notre saine jeunesse, enfants de l’islam et de la patrie sur lesquels sont fixés les espoirs du peuple, délaissent le peuple et le giron de l’islam : soit ils ruinaient notre jeunesse dans les centres de corruption, soit, en l’amenant à servir les puissances dévoreuses du monde, ils entraînaient le pays à la ruine. […]

n) Ce que je recommande et conseille aux groupes, groupuscules et personnes qui ont des activités subversives dirigées contre le peuple, la République islamique et l’islam, et d’abord à leurs chefs à l’étranger et à l’intérieur, c’est que votre longue expérience au cours de laquelle vous avez essayé toutes les voies, déclenché toutes sortes de machinations et eu recours à tant de pays et d’autorités, [cette longue expérience] devrait vous avoir appris, à vous qui vous considérez comme intelligents et savants, que l’on ne peut dévier de sa voie un peuple dévoué en ayant recours à l’assassinat, aux explosions, aux bombes et à des mensonges sans queue ni tête et inconsidérés, et que l’on ne peut en aucun cas faire tomber un quelconque Etat ou gouvernement avec ces méthodes inhumaines et irrationnelles, tout particulièrement un peuple tel que le peuple iranien qui, des petits enfants aux vieillards, hommes et femmes, se sacrifient et se dévouent pour réaliser le but de la République islamique, du Coran et de la religion. Vous savez pourtant bien – et si vous ne le savez pas, vous êtes bien naïfs – que le peuple n’est pas avec vous, que l’armée n’est pas avec vous, et même s’ils étaient avec vous et de vos amis, votre comportement inexpérimenté et les crimes qui ont été commis sur votre instigation les ont écartés de vous : vous n’avez réussi qu’à vous faire des ennemis. […] Je vous conseille de laisser ces actes inutiles et déraisonnables, de ne pas vous laisser duper par les dévoreurs du monde et, où que vous soyez, si vous n’avez pas commis de crimes, de revenir dans votre patrie et dans le giron de l’islam, car Dieu est le plus miséricordieux des miséricordieux et la République islamique ainsi que votre peuple passeront l’éponge, si Dieu veut. Et si vous avez commis des crimes pour lesquels la prescription divine a déterminé ce qui doit être fait, revenez encore tant que vous êtes à mi-chemin et repentez-vous : si vous en avez le courage, soumettez-vous au châtiment et, en faisant cela, délivrez-vous du douloureux châtiment de Dieu ; sinon, où que vous soyez, ne gâchez pas plus votre vie et occupez-vous à autre chose, cela vaut mieux.

Voici ensuite ma recommandation à leurs partisans, à l’intérieur et à l’étranger : pour quel motif gâchez-vous votre jeunesse pour ceux-là, alors qu’il est maintenant établi qu’ils servent les puissants dévoreurs du monde, qu’ils suivent leurs plans et qu’ils sont sans le savoir tombés dans leurs filets ? Pour le compte de qui tourmentez-vous votre peuple ? Vous avez été dupés par eux et, si vous êtes en Iran, vous voyez de vos propres yeux que des millions d’Iraniens sont dévoués à la République islamique et se sacrifient pour elle, et vous voyez de vos propres yeux que le gouvernement et le régime actuels sont de tout leur cœur et de toute leur âme au service du peuple et des nécessiteux. Quant à ceux qui prétendent mensongèrement être “populaires”, “se sacrifier” et “faire le djehâd pour le peuple”, ils se sont fait les ennemis de la création de Dieu : occupés à faire la noce ou vivant luxueusement à l’intérieur [du pays] dans de somptueuses maisons communautaires qui ressemblent aux demeures des misérables criminels [de l’ancien régime], ils perpétuent leurs crimes et vous envoient à la mort, vous jeunes gens et jeunes filles naïfs, pour leurs propres objectifs et ceux de l’un des deux pôles criminels.

Mon conseil compatissant à vous, jeunes et adolescents à l’intérieur et à l’extérieur du pays, c’est de revenir de cette voie fausse et de vous unir aux déshérités de la société qui servent de tout leur cœur et de toute leur âme la République islamique. Œuvrez pour un Iran libre et indépendant afin que le peuple et le pays échappent au mal des opposants, et vivez tous ensemble une vie digne. Jusqu’à quand et pourquoi restez-vous aux ordres de personnes qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts, qui, dans les bras et à l’abri des superpuissances, sont en conflit avec leur propre peuple et qui vous sacrifient à leurs sinistres objectifs et à leur soif de pouvoir ? Dans ces années de la victoire de la Révolution, vous avez vu que leurs prétentions étaient en contradiction avec leur comportement et leurs actes : les prétentions ne sont là que pour tromper des jeunes pleins de candeur. Vous savez bien que vous n’avez pas la force de résister au flot rugissant du peuple et vos actes n’ont d’autre résultat que de ruiner votre jeunesse et de gâcher votre vie. J’ai [ici] rempli mon devoir, qui est de guider, et j’ai l’espoir que vous écouterez ce conseil, qui vous parviendra après ma mort et ne sera pas entaché de la moindre “volonté de pouvoir”, et que vous vous sauverez du douloureux châtiment divin. Que Dieu plein de grâces vous guide et vous montre la voie droite.

Ma recommandation aux gens de gauche – communistes, milices de “ceux qui se sacrifient pour le peuple”[36] et autres groupes de cette tendance… – est la suivante : pour quel motif, sans avoir vraiment étudié les diverses écoles de pensée et l’école islamique auprès de ceux qui ont une authentique connaissance de ces écoles et en particulier de l’islam, pour quel motif vous êtes-vous satisfaits de vous tourner vers une école qui est aujourd’hui en déroute dans le monde entier ? Qu’est-ce qui a fait que vous vous êtes réjouis de quelques “-ismes” qui, pour ceux qui approfondissent les choses, sont vides de sens ? Quel mobile vous a amené à vouloir entraîner votre pays dans le giron de l’Union soviétique ou de la Chine et à vous dresser contre votre propre peuple au nom de “l’amour des masses” ou à vous lancer dans des machinations au profit des étrangers contre votre propre pays et ses masses opprimées ? Vous voyez bien que, depuis l’apparition du communisme, ceux qui y prétendent furent et sont les gouvernements les plus dictatoriaux et les plus assoiffés d’un pouvoir qu’ils veulent monopoliser. Que de peuples ont été brisés et anéantis sous le joug de l’Union soviétique qui prétend être “du côté des masses” ! Jusqu’à maintenant, le peuple russe, musulmans et non musulmans, se débat sous la pression dictatoriale du parti communiste et vit, privé de toute liberté, dans une oppression pire que celle des dictatures du monde entier. […] Que de crimes n’avez-vous pas commis ! Vous, partisans du peuple déshérité, vous voulez livrer le peuple déshérité et opprimé d’Iran aux mains de la dictature soviétique, et quelles trahisons vous êtes en train de perpétrer sous le couvert du “sacrifice pour le peuple” et du “parti pris pour les déshérités” ! La seule différence, c’est que le parti Toudeh* et ses amis le font par des manigances et sous le masque du dévouement à la République islamique tandis que d’autres groupes le font par les armes, les assassinats et les bombes.

A tous les groupes et partis, que ce soit ceux qui sont connus comme étant de gauche – bien que certaines preuves et indices montrent que ce sont des “communistes de l’Amérique” – ou ceux qui sont à la solde de l’Occident d’où ils reçoivent leur inspiration, ou encore ceux qui ont pris les armes au nom de l’autonomie pour les Kurdes[37] et les Baloutchi[38], qui ont ruiné la population déshéritée du Kurdistan et d’autres endroits et qui font obstacle aux services culturels, sanitaires, économiques et de réaménagement de la République islamique dans ces provinces […], à tous je recommande de se joindre au peuple : jusqu’à présent, ils ont fait l’expérience qu’ils n’ont fait que le malheur des habitants de ces régions et qu’ils ne peuvent rien faire d’autre. Leur intérêt propre et celui de leurs peuples et de leurs régions est donc qu’ils s’associent aux efforts de l’Etat, qu’ils mettent un terme à l’insurrection, aux services qu’ils rendent aux étrangers et à la trahison envers leur propre patrie et qu’ils s’occupent de construire le pays. Qu’ils soient assurés que l’islam vaut mieux pour eux que le criminel pôle de l’Ouest et le dictatorial pôle de l’Est et qu’il satisfait mieux les aspirations humaines du peuple. […]

Je suis désolé pour vous, mes frères, car je connais dans une certaine mesure vos antécédents et j’ai de l’affection pour certains d’entre vous, non pas pour ceux qui étaient des méchants sous l’habit de gens bien intentionnés et des loups sous une houppelande de berger, des comédiens qui se sont joués et moqués de tout le monde et qui s’employaient à ruiner le pays et le peuple et à servir l’un des deux pôles prédateurs. Ceux qui, de leurs mains noires, ont fait tomber en martyrs des jeunes et des hommes de valeur et des savants religieux éducateurs de la société et qui n’ont pas eu pitié de malheureux enfants musulmans, ceux-là se sont discrédités aux yeux de la société et se sont fait abandonner par Dieu l’Impérieux : il n’y a pas de voie de retour pour eux, car le démon de leur âme passionnelle les domine. Mais vous, frères croyants, pourquoi n’aidez-vous pas cet Etat et ce Parlement qui s’efforcent de servir les déshérités et les victimes de l’injustice, ces frères qui vont pieds nus et tête nue et qui sont privés de toutes les faveurs de la vie, et pourquoi vous en plaignez-vous ? Avez-vous comparé les services rendus par l’Etat et les fondations de la République, malgré les difficultés et les désordres inhérents à toute révolution, la guerre imposée [par l’Irak] avec tous ses dégâts, les millions de déplacés à l’intérieur et de réfugiés de l’étranger, et les innombrables sabotages en une si courte période, [avez-vous fait la comparaison] avec l’activité d’aménagement du régime précédent ? Ne savez-vous pas que l’activité d’aménagement de cette période-là se confinait pratiquement aux villes, et encore : à leur beaux quartiers ? que les pauvres et les populations déshéritées n’en profitaient que de manière infime ou même pas du tout ? L’Etat actuel et les fondations islamiques rendent de tout leur cœur et de toute leur âme service à cette catégorie déshéritée : croyants ! soutenez vous aussi cet Etat, afin que les choses se fassent vite et afin de vous rendre en présence du Seigneur – car vous vous y rendrez, que vous le vouliez ou non – avec la médaille du service rendu à Ses serviteurs.

o) Une chose qu’il faut rappeler et souligner, c’est que l’islam n’est pas d’accord avec ce capitalisme injuste et non fondé qui déshérite la population soumise à l’iniquité et à l’injustice. Il le condamne même sévèrement dans le Livre [de Dieu] et la Sunna* [du Prophète* et des Imams*], le considérant comme contraire à la justice sociale, même si certains, qui comprennent de travers et qui ne connaissent pas le régime islamique et les questions politiques qui régissent l’islam, ont laissé entendre dans leurs propos et dans leurs écrits – et n’ont toujours pas cessé de le faire – que l’islam est un partisan inconditionnel du capitalisme et de la propriété privée. En comprenant – avec leur intelligence déformée – l’islam de cette manière, ils ont voilé le visage lumineux de l’islam et ouvert la voie pour que les gens malintentionnés et les ennemis de l’islam partent à l’assaut de l’islam en mettant à son compte un régime semblable aux régimes capitalistes occidentaux, comme celui de l’Amérique, de l’Angleterre et autres pillards occidentaux. En se fondant intentionnellement ou naïvement sur les propos et les actes de ces ignorants, et sans en référer aux réels connaisseurs de l’islam, ils se sont dressés contre l’islam.

Il n’y a pas non plus [en islam] un régime semblable au régime communiste et marxiste-léniniste, qui s’oppose à la propriété individuelle, qui professe le collectivisme sous des formes très diverses […] – [certains] étant allés, dans les périodes anciennes et jusqu’à présent, jusqu’à la communauté des femmes et à l’homosexualité – et qui recèle en lui une dictature et une tyrannie écrasante.

L’islam a au contraire un régime équilibré, reconnaissant et respectant la propriété [tout en] en restreignant la formation et l’usage, de sorte que, si on le mettait en œuvre comme il se doit, les mécanismes d’une économie saine entreraient en action et que la justice sociale, qui est concomitante d’un régime sain, serait réalisée. […]

A ce propos aussi, un [autre] groupe, du fait d’incompréhensions et de leur ignorance de l’islam et de sa saine économie, occupent une position diamétralement opposée à celle du premier groupe : en recourant à certains versets coraniques ou phrases du Nahdj al-balâgha, ils ont parfois présenté l’islam comme étant d’accord avec les écoles déviées de Marx et de ses semblables. Sans prêter attention aux autres versets et paragraphes du Nahdj al-balâgha, ils se sont lancés tête baissée, avec leur intelligence déficiente, derrière l’idéologie socialiste et défendent la mécréance, la dictature et l’oppression écrasante et faisant fi des valeurs humaines d’un parti minoritaire qui traite les masses comme des bêtes !

A tous, dans l’effort pour le bien-être des classes déshéritées, je fais la recommandation [suivante] : votre bien en ce monde et dans l’autre réside dans le fait de s’occuper de la condition des déshérités de la société qui, tout au long de l’histoire de la monarchie inique et de la féodalité, furent dans la peine et la souffrance. Comme il serait bon que la classe aisée procure bénévolement logement et bien-être aux habitants des bidonvilles et des cahutes. Qu’ils soient assurés que le bien de ce monde et de l’autre réside en cela. Il est loin d’être équitable qu’une personne soit sans foyer quand une autre possède des appartements.

p) Ma recommandation à ce groupe de clercs et de tartuffes qui, pour des motifs divers, s’opposent à la République islamique et à ses organes […], c’est qu’ils réfléchissent entre quatre murs, avec une intention sincère, et qu’ils fassent une juste comparaison avec le gouvernement et le régime précédent. Qu’ils prêtent aussi attention au fait que, dans les révolutions du monde entier, les troubles et désordres, les erreurs de parcours et les comportements opportunistes sont inévitables. Si vous faites attention et que vous prenez en compte les difficultés de cette République, telles que les machinations, les propagandes mensongères, les attaques armées aux frontières et à l’intérieur, l’inévitable infiltration de groupes de pervers et d’opposants à l’islam à l’intérieur de tous les organes de l’Etat dans l’intention de rendre le peuple mécontent de l’islam et du gouvernement islamique, le fait que la plupart ou beaucoup des personnes en fonction sont des débutants, les rumeurs mensongères que répandent ceux qui ne peuvent plus faire d’énormes profits ou qui en font moins, le manque considérable de juges remplissant les conditions exigées par la Loi révélée, les harassantes difficultés économiques, les immenses problèmes pour assainir et former moralement un ensemble de plusieurs millions de fonctionnaires, le manque de gens biens compétents et spécialisés, et des dizaines d’autres difficultés dont on ignore tout tant que l’on n’est pas descendu dans l’arène…

D’un autre côté, des personnes malintentionnées, avides de pouvoir et possédant des fortunes colossales, [des personnes] qui, en pratiquant l’usure et le prêt à intérêt, en faisant sortir des devises, en vendant à des prix exorbitants, en trafiquant et en spéculant, soumettent les nécessiteux et les déshérités de la société à une pression intolérable et entraînent la corruption de la société, [ceux-là] viennent vous trouver, Messieurs, en se plaignant et en vous trompant, donnant parfois, pour se rendre crédibles et se montrer bons musulmans, une certaine somme au titre du khoms et versant des larmes de crocodile, et après vous avoir exaspérés, ils vous incitent à entrer dans l’opposition : or, beaucoup de ces personnes s’abreuvent du sang du peuple par des profits illicites et mènent l’économie du pays à la faillite.

Modestement et fraternellement, je recommande à ces respectables messieurs de ne pas se laisser influencer par ce genre de rumeurs artificielles et, pour Dieu et pour préserver l’islam, de renforcer cette République. Ils doivent savoir que, si cette République islamique s’effondre, ce ne sera pas un régime islamique agréé par la Grâce de Dieu [l’Imam Mahdî*], que ma vie soit donnée pour lui, et soumis à vos ordres, Messieurs, qui viendra la remplacer. Au contraire, c’est un régime agréé par l’un des deux pôles de puissance qui viendra au pouvoir : les déshérités du monde qui se sont tournés avec ferveur vers l’islam et le gouvernement islamique perdront tout espoir, l’islam sera à jamais retiré du monde et le jour où vous regretterez ce que vous avez fait, il sera trop tard et les regrets ne serviront plus à rien. Messieurs, si vous vous attendez à ce que tout devienne du jour au lendemain conforme à l’islam et aux prescriptions de Dieu le Très-Haut, vous vous trompez : dans toute l’histoire de l’humanité, jamais un tel miracle ne s’est produit ni ne se produira. Le jour où, si Dieu le Très-Haut le veut, le pacificateur universel [l’Imam Mahdî*] se montrera, ne vous imaginez pas qu’il y aura un miracle et qu’en un jour le monde sera réformé. C’est au contraire par des efforts et des sacrifices que les iniques seront écrasés et mis hors d’état de nuire. […]

q) Ce que je recommande à tous les musulmans et à tous les mostaz‘afîn du monde, c’est de ne pas rester assis à attendre que les gouvernants et ceux qui sont aux affaires dans vos pays, ou les puissances étrangères, viennent vous offrir l’indépendance et la liberté. Vous avez aussi bien que nous pu voir, ou l’histoire authentique nous l’a rapporté, qu’à tout le moins dans les cent dernières années – au cours desquelles les grandes puissances dévoreuses du monde ont progressivement mis le pied dans tous les pays musulmans et les autres petits pays –, aucun des Etats qui gouvernaient ces pays ne se préoccupait ni ne se préoccupe de la liberté, de l’indépendance et du bien-être de son peuple. Au contraire, la majorité quasi-absolue d’entre eux, soit se montraient eux-mêmes iniques et oppresseurs envers leurs peuples, faisant tout ce qu’ils faisaient au profit d’individus ou de groupes, ou pour le bien-être d’une classe aisée et haut placée, tandis que les classes subissant l’injustice, les habitants des taudis et masures, étaient privés de toutes les faveurs de la vie, étaient même privés d’eau, de pain et du minimum indispensable pour survivre, et étaient exploitées au profit de la classe aisée et noceuse ; ou alors [ces Etats] étaient les valets des grandes puissances, faisant tout ce qui était en leur pouvoir pour rendre les pays et les peuples dépendants, transformant par des expédients divers leurs pays en marché pour l’Est et l’Ouest, garantissant les intérêts de ces derniers et faisant des peuples des consommateurs sous-développés, et aujourd’hui encore ils agissent avec ce dessein.

Mostaz‘afîn du monde entier, et vous, musulmans et pays musulmans du monde, levez-vous ! Prenez votre droit bec et ongles sans avoir peur des propagandes tapageuses des superpuissances et de leurs valets dévoués ! Chassez de votre pays les dirigeants criminels qui remettent le fruit de votre peine à vos ennemis et aux ennemis de l’islam ! Vous-mêmes et les classes de gens prêts à servir et religieusement engagés, prenez en main la conduite des affaires ! Tous unis sous le glorieux étendard de l’islam, allez vous défendre contre les ennemis de l’islam et des déshérités du monde ! Dirigez-vous vers [la formation] d’un Etat islamique constitué de républiques libres et indépendantes, car en réalisant cela vous remettrez à leur place tous les mostakberîn de la terre et vous ferez des opprimés les imams et les héritiers de la terre ! Dans l’espoir de ce jour que Dieu le Très-Haut nous a promis…

r) Une fois de plus, en conclusion de ce testament, je fais une recommandation au noble peuple iranien. Dans le monde, l’ampleur des peines et tourments à supporter et [l’ampleur] des dévouements, des sacrifices et des privations, est proportionnelle à la grandeur, à la valeur et à l’élévation de l’objectif. L’objectif pour lequel vous, peuple iranien noble et modjâhed, vous vous êtes soulevés, que vous poursuivez et pour lequel vous avez sacrifié vies et biens et continuez de le faire, est l’objectif le plus grand, le plus haut et le plus précieux. C’est un objectif qui fut proposé dans l’éternité, à l’aube du monde, et qui le sera éternellement après ce monde : c’est l’école de la divinité dans toute son ampleur, l’idée du tawhîd avec ses sublimes dimensions, [idée] qui est le fondement et la finalité de la création dans toute l’étendue de l’existence avec ses degrés et états sensibles et suprasensibles, [idée] qui s’est manifestée dans toute son ampleur et avec tous ses degrés et dimensions dans l’école de Mohammad, que Dieu prie sur lui et sur sa famille et leur donne la Paix, [idée] pour la réalisation de laquelle tous les grands Prophètes*, que la Paix divine soit avec eux, et tous les vénérables Awliyâ’, que la Paix divine soit avec eux, ont prodigué leurs efforts… Il n’est pas de voie vers la Perfection absolue et la Beauté et la Majesté infinies autre que celle-ci : c’est elle qui a conféré aux humains terrestres une dignité supérieure à celle des créatures de l’Empire [des cieux] et au-delà, et ce que les humains terrestres peuvent atteindre en la parcourant n’est accessible à aucun autre existant dans toute la création, cachée ou manifeste.

O peuple modjâhed, vous marchez sous un étendard qui flotte sur l’ensemble des mondes matériel et spirituel. Que vous le compreniez ou non, vous marchez sur une voie qui est la voie unique de tous les Prophètes, que la Paix divine soit avec eux, et qui est l’unique voie du bonheur absolu. C’est pour ce mobile que tous les awliyâ’ étreignent dans leur bras le martyre et considèrent cette mort sanglante comme plus douce que le miel : aux fronts, vos jeunes en ont bu une gorgée et ont été ravis d’une extase qui a rayonné sur leurs mères, leurs sœurs, leurs pères et leurs frères. En vérité, nous ne pouvons que dire : « Ah ! si seulement nous avions été avec vous et avions connu ce sublime triomphe ! »[39] Que cette brise qui réjouit le cœur et cette splendeur qui suscite l’enthousiasme leur fassent grand bien ! Et nous devons savoir que quelque chose de cette splendeur brille dans les champs brûlants, dans les usines éreintantes, dans les ateliers et les centres où l’on fabrique, où l’on invente et où l’on crée, et plus généralement dans le peuple, dans les bâzâr-s, dans les rues, dans les villages et en tous ceux qui sont en charge de ces choses et sont occupés à servir pour l’islam, pour la République islamique et pour le progrès et l’autonomie du pays. Tant que cet esprit d’engagement et d’entraide régnera dans la société, notre cher pays sera, si Dieu veut, à l’abri des vicissitudes du temps. Dieu le Très-Haut en soit loué, les hawza-s, les universités et nos chers jeunes dans les centres de savoir et d’éducation jouissent aussi de ce présent divin venu du Ciel : ces centres sont tout entiers entre leurs mains et, avec l’aide de Dieu, les mains des saboteurs et des dévoyés ne pourront y porter atteinte.

A tous, je recommande d’aller de l’avant, en pensant à Dieu le Très-Haut, vers la connaissance de soi, l’autonomie et l’indépendance dans toutes ses dimensions. Sans le moindre doute, la main de Dieu sera avec vous si vous êtes à Son service et que vous maintenez cet esprit d’entraide pour le développement et l’élévation de ce pays musulman. Avec ce que je vois en ce peuple d’éveil, de vigilance, d’engagement, de dévouement et d’esprit d’endurance et de fermeté dans la voie de la Réalité divine, j’ai l’espoir que, par la grâce de Dieu le Très-Haut, toutes ces vertus humaines passeront à leur postérité et ne feront que croître de génération en génération.

Le cœur tranquille et apaisé, l’esprit serein et la conscience pleine d’espoir en la grâce de Dieu, je prends congé du service de mes frères et sœurs et me mets en route vers le séjour éternel. J’ai grand besoin de vos prières et je demande à Dieu, le Tout-Miséricordieux et Très-Miséricordieux, de m’excuser pour mes manquements à Son service, mes insuffisances et mes fautes, et j’espère que le peuple m’excusera pour mes manquements, mes insuffisances et mes fautes. Qu’ils aillent de l’avant avec force et fermeté et qu’ils sachent que le départ d’un serviteur n’occasionnera aucune brèche dans le barrage d’acier de ce peuple, car des serviteurs plus nobles et plus grands sont là. Que Dieu garde ce peuple et les victimes de l’injustice dans le monde entier et que la Paix, la miséricorde et les bénédictions divines soient avec vous et avec les bons serviteurs de Dieu. [40]

26 bahman 1361 / 1 djomâdâ l-ûlâ 1403

Rûhollâh al-Mûsawî al-Khomaynî
 

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