Adnane Ibrahim et "L'Islam HERETIQUE" de MOU'AWIYA et des PETRODOLLARS, Nadia YASSINE
Adnane Ibrahim ou la maïeutique de l’œuf qui refuse d’éclore
Par Nadia Yassine | le 17. mai 2012 - 10:50
Dans cet article, je tiens à brosser l’esquisse d’un penseur contemporain qui fait beaucoup de vagues et qui en fera de plus en plus, à mon avis, tout en le démarquant des ‘’nouveaux penseurs’’ de l’Islam, tels que façonnés et propulsés par une volonté sournoise.
A propos de l'Auteur
Nadia Yassine
Intellectuelle musulmane engagée
Ces dernières décennies, certaines figures ont été triées sur le volet par la bien-pensance et présentées comme les ‘’nouveaux penseurs de l’Islam’’. Les médias, notamment français, les encensent régulièrement et les présentent comme les seuls représentants d’un Islam des Lumières. Ces enfants chéris jonglent avec les concepts, avancent des théories, en renient d’autres, déduisent, descendent telle personne et pourfendent telle lecture. Je ne veux point m’attarder sur la profondeur d’un tel parmi eux ou sur l’ignorance basique de tel autre. Ce qui les relie est ‘’ce fameux air de famille’’ souligné par Rachid Benzine, auteur ‘’remarqué’’ d’un essai sur ce phénomène. Cet air de famille consiste essentiellement à être critique voire virulent envers les lectures classiques et ‘’ obscurantistes’’.
Si la virulence et la liberté de ton sont la marque déposée des nouveaux penseurs de l’Islam, Adnane Ibrahim est certainement le premier nouveau penseur de l’Islam. Si l’appropriation d’une sagesse universelle comme la philosophie est l’autre baromètre de cette pensance bcbg, Adnane Ibrahim est alors sans conteste en haut de l’échelle. Au-dessus, c’est le soleil, comme dirait un humoriste célèbre et mis au ban. Il y a cependant tout un monde entre ces soi-disant nouveaux penseurs et cette figure ascendante et méritant d’atteindre un firmament de plus en plus déserté par l’approche exhaustive.
Dans cet article, je tiens à brosser l’esquisse d’un penseur contemporain qui fait beaucoup de vagues et qui en fera de plus en plus, à mon avis, tout en le démarquant des ‘’nouveaux penseurs’’ de l’Islam, tels que façonnés et propulsés par une volonté sournoise. J’essaierai aussi de le situer par rapport à une réalité de la pensée islamique dominante, et dominant, jusqu’ici, les médias de masse. Car autant son discours séduit et apaise une jeunesse en mal de repères, autant il dérange et donne des insomnies aux représentants de L’islam pétrolier, sclérosé et inapte à toute ouverture sur l’avenir.
J’estime que ce remue-méninge provoqué par ce cavalier solitaire est une excellente marque de changement et une affaire à suivre. Si j’ai essayé de garder une certaine objectivité, j’ai cependant choisi de publier en exclusivité cet article sur Oumma .com. Mon souci étant de toucher un public essentiellement musulman et francophone et de le sensibiliser à une pensée qui fait son lit et qui mérite d’être connue dans cette langue aussi (surtout ?). Le site de notre penseur qui, pour l’instant a été descendu par des cyber-gardiens du temple saoudien a une page en Anglais et en Arabe mais pas en Français. Nous essayerons donc au fil de cet article de cerner les raisons de cette nouvelle coqueluche, bénéfique somme toute, du cybermonde musulman.
Adnane Ibrahim et l’appartenance de conviction.
Si beaucoup parmi ceux qui sont catalogués de ‘’nouveaux penseurs’’ de l’Islam restent tristement encastrés dans une éthique de responsabilité et de débat d’idées stériles concernant l’Islam ; Adnane Ibrahim, lui, est profondément ancré dans une appartenance de conviction. Si les premiers restent derrière leur pupitre de conférencier ou leur clavier d’écrivain, notre homme livre ses combats sur un minbar, à la face de Dieu certes, mais aussi devant l’œil d’une caméra et l’oreille d’un micro à effets spéciaux. Il les livre aussi, et bien justement, derrière une barbe orthodoxe mais bien taillée. Ce détail peut sembler anodin voire superflu à un lecteur peu averti. Il est de taille pour le spécialiste qui connaît le monde musulman et ce qu’en a fait la jurisprudence archaïque qui a tout misé sur l’apparence comme marque d’appartenance à la foi.
Sa connaissance par cœur du texte coranique couronne ce cocktail séduisant faisant objet d’argument massue pour une Oumma que l’on a menée à l’épée et à la manipulation du texte sacré. J’ai eu vent d’une conférence locale où la salle est sortie dégoûtée à vie d’un ‘’nouveau penseur de l’Islam’’ qui a allègrement intitulé la sourate ‘’Al Imrane’’ de ‘’ Al Omrane’’. Les arabisants sauront l’ampleur du ‘’blasphème’’ et la fine différence de la ponctuation qui transforme le nom de la famille ‘’Imrane’’ à laquelle appartient Moïse en Omrane ou ‘’urbanisme’’. Autant dire que l’Islam ‘’lumineux’’ de nouveaux penseurs si peu proches du Texte ne peut aller très loin avec ce genre de bavure. Cela ne pardonne pas en ces temps d’exigence et de crispation et tant mieux d’ailleurs. Personne n’a envie de quitter l’Islam séculaire même sclérosé pour un Islam islamophobe…
Cela pour dire qu’une pensée critique ne pourra être reçue comme un Ijtihad (contextualisation) que si le penseur est perçu de l’intérieur d’un champ qui a été balisé dans la théorie mais surtout dans l’inconscient musulman à travers des siècles. Toute pensée critique qui n’a pas l’ambition d’offrir une alternative viable, mais surtout acceptable par une large élite, aujourd’hui plus que jamais dans le monde musulman, est une gesticulation gratuite.
Adnane Ibrahim ou la maïeutique de l’œuf qui refuse d’éclore
Par Nadia Yassine | le 17. mai 2012 - 10:50
Dans cet article, je tiens à brosser l’esquisse d’un penseur contemporain qui fait beaucoup de vagues et qui en fera de plus en plus, à mon avis, tout en le démarquant des ‘’nouveaux penseurs’’ de l’Islam, tels que façonnés et propulsés par une volonté sournoise.
A propos de l'Auteur
Intellectuelle musulmane engagée
Ces dernières décennies, certaines figures ont été triées sur le volet par la bien-pensance et présentées comme les ‘’nouveaux penseurs de l’Islam’’. Les médias, notamment français, les encensent régulièrement et les présentent comme les seuls représentants d’un Islam des Lumières. Ces enfants chéris jonglent avec les concepts, avancent des théories, en renient d’autres, déduisent, descendent telle personne et pourfendent telle lecture. Je ne veux point m’attarder sur la profondeur d’un tel parmi eux ou sur l’ignorance basique de tel autre. Ce qui les relie est ‘’ce fameux air de famille’’ souligné par Rachid Benzine, auteur ‘’remarqué’’ d’un essai sur ce phénomène. Cet air de famille consiste essentiellement à être critique voire virulent envers les lectures classiques et ‘’ obscurantistes’’.
Si la virulence et la liberté de ton sont la marque déposée des nouveaux penseurs de l’Islam, Adnane Ibrahim est certainement le premier nouveau penseur de l’Islam. Si l’appropriation d’une sagesse universelle comme la philosophie est l’autre baromètre de cette pensance bcbg, Adnane Ibrahim est alors sans conteste en haut de l’échelle. Au-dessus, c’est le soleil, comme dirait un humoriste célèbre et mis au ban. Il y a cependant tout un monde entre ces soi-disant nouveaux penseurs et cette figure ascendante et méritant d’atteindre un firmament de plus en plus déserté par l’approche exhaustive.
Dans cet article, je tiens à brosser l’esquisse d’un penseur contemporain qui fait beaucoup de vagues et qui en fera de plus en plus, à mon avis, tout en le démarquant des ‘’nouveaux penseurs’’ de l’Islam, tels que façonnés et propulsés par une volonté sournoise. J’essaierai aussi de le situer par rapport à une réalité de la pensée islamique dominante, et dominant, jusqu’ici, les médias de masse. Car autant son discours séduit et apaise une jeunesse en mal de repères, autant il dérange et donne des insomnies aux représentants de L’islam pétrolier, sclérosé et inapte à toute ouverture sur l’avenir.
J’estime que ce remue-méninge provoqué par ce cavalier solitaire est une excellente marque de changement et une affaire à suivre. Si j’ai essayé de garder une certaine objectivité, j’ai cependant choisi de publier en exclusivité cet article sur Oumma .com. Mon souci étant de toucher un public essentiellement musulman et francophone et de le sensibiliser à une pensée qui fait son lit et qui mérite d’être connue dans cette langue aussi (surtout ?). Le site de notre penseur qui, pour l’instant a été descendu par des cyber-gardiens du temple saoudien a une page en Anglais et en Arabe mais pas en Français. Nous essayerons donc au fil de cet article de cerner les raisons de cette nouvelle coqueluche, bénéfique somme toute, du cybermonde musulman.
Adnane Ibrahim et l’appartenance de conviction.
Si beaucoup parmi ceux qui sont catalogués de ‘’nouveaux penseurs’’ de l’Islam restent tristement encastrés dans une éthique de responsabilité et de débat d’idées stériles concernant l’Islam ; Adnane Ibrahim, lui, est profondément ancré dans une appartenance de conviction. Si les premiers restent derrière leur pupitre de conférencier ou leur clavier d’écrivain, notre homme livre ses combats sur un minbar, à la face de Dieu certes, mais aussi devant l’œil d’une caméra et l’oreille d’un micro à effets spéciaux. Il les livre aussi, et bien justement, derrière une barbe orthodoxe mais bien taillée. Ce détail peut sembler anodin voire superflu à un lecteur peu averti. Il est de taille pour le spécialiste qui connaît le monde musulman et ce qu’en a fait la jurisprudence archaïque qui a tout misé sur l’apparence comme marque d’appartenance à la foi.
Sa connaissance par cœur du texte coranique couronne ce cocktail séduisant faisant objet d’argument massue pour une Oumma que l’on a menée à l’épée et à la manipulation du texte sacré. J’ai eu vent d’une conférence locale où la salle est sortie dégoûtée à vie d’un ‘’nouveau penseur de l’Islam’’ qui a allègrement intitulé la sourate ‘’Al Imrane’’ de ‘’ Al Omrane’’. Les arabisants sauront l’ampleur du ‘’blasphème’’ et la fine différence de la ponctuation qui transforme le nom de la famille ‘’Imrane’’ à laquelle appartient Moïse en Omrane ou ‘’urbanisme’’. Autant dire que l’Islam ‘’lumineux’’ de nouveaux penseurs si peu proches du Texte ne peut aller très loin avec ce genre de bavure. Cela ne pardonne pas en ces temps d’exigence et de crispation et tant mieux d’ailleurs. Personne n’a envie de quitter l’Islam séculaire même sclérosé pour un Islam islamophobe…
Cela pour dire qu’une pensée critique ne pourra être reçue comme un Ijtihad (contextualisation) que si le penseur est perçu de l’intérieur d’un champ qui a été balisé dans la théorie mais surtout dans l’inconscient musulman à travers des siècles. Toute pensée critique qui n’a pas l’ambition d’offrir une alternative viable, mais surtout acceptable par une large élite, aujourd’hui plus que jamais dans le monde musulman, est une gesticulation gratuite.