Voici qu'en écrivent Mohammed-Ali Amir-Moezzi et Christian Jambet (Qu'est-ce que le chiisme ?, 2005) :
"citons, parmi les très nombreux enfants de 'Alî Zayn al-'Abidîn, Zayd b. 'Alî, éponyme d'une première grande famille chiite, les zaydites, appelés aussi par commodité les "chiites à cinq imâms". Ce qui caractérise les débuts du zaydisme, vers le milieu du IIe/VIIIe siècle, c'est son activisme violent. Zayd lui-même ainsi que son fils Yahyâ furent tués lors de leurs insurrections armées contre les derniers Omeyyades. Ce fut également le cas, un peu plus tard, sous les premiers Abbassides, de deux chefs zaydites de la lignée du second imâm, al-Hasan, al-Nafs al-Zakiyya et son frère Ibrâhîm. En effet, selon la théorie zaydite de l'imamat, tout au moins dans sa phase ancienne, chaque Alide a le droit de prétendre à la direction de la communauté. Le véritable imâm est celui qui se qualifie, les armes à la main, en s'insurgeant contre le pouvoir injuste.
La répression féroce poussa les zaydites à se réfugier dans des endroits éloignés de l'Irak, le centre de l'empire. Ainsi virent le jour, au cours du IIIe/IXe siècle, deux petits Etats zaydites, l'un au nord de l'Iran, au sud de la mer Caspienne"
Petite parenthèse : les Bûyides, la dynastie sur laquelle j'ai travaillé en master, étaient des Daylamites, une population de la Caspienne effectivement zaydites. Mais les Bûyides se convertirent, dans mes souvenirs, au chiisme duodécimain une fois arrivés au pouvoir à Bagdad.
"et l'autre au sud de l'Arabie, au Yémen. Dès le siècle suivant, la plupart des groupes zaydites commencèrent à perdre nombre de leurs spécificités chiites en adoptant, en droit, des positions proches des écoles juridiques sunnites et, en théologie, des tendances imprégnées du rationalisme de l'école mu'tazilite. La doctrine politique de l'imamat a été, elle aussi, fortement nuancée dans le sens de la modération. Les zaydites iraniens du Nord disparurent progressivement, absorbés par d'autres formes du chiisme, l'ismaélisme d'abord, l'imamisme ensuite. Quant au zaydisme du Sud, il continua, développant une riche production intellectuelle pendant toute la période médiévale. Le dernier chef zaydite du Yémen ne fut renversé qu'en 1962, par une révolution pronassérienne. Aujourd'hui, leur nombre est estimé à cinq millions, soit environ la moitié de la population yéménite."