sam
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Salâm salâm,
L'utilité de la philosophie et de la religion
Nous allons tenter ensemble de réfléchir à la question de l’utilité de la philosophie et de la religion dans notre vie quotidienne. Car ces deux notions sont parfois mal comprises. Si l’une est souvent perçu comme inutile, à savoir la philosophie, l’autre au contraire est réduite à son aspect juridique, tel chose est halal et tel autre haram, ou encore à l’enfer et au paradis. D'ailleurs, je tiens à préciser que mon propos n'est pas affirmatif mais plutôt interrogatif, c'est-à-dire je cherche à susciter le questionnement en chacun de nous et encore moins à faire la morale à qui que ce soit. Bien sur, il est impossible et prétentieux de vouloir traiter cette question dans sa totalité en une quinzaine de minutes. Nous tenterons plutôt de questionner ces deux notions en nous demandant ce qu'elles sont en elles mêmes et ce que la Philosophie peut apporter à la Religion. Je tiens à préciser une chose : toutes les critiques et tous les conseils que je pourrai émettre sont d'abord diriger vers moi-même.
I/ La Philosophie
Qu'est ce que la Philosophie ? Il est coutume de penser que la Philosophie est un luxe, qu’elle ne sert à rien, qu’elle est inutile et que tous les philosophes sont des fous et ainsi de suite. Donc Philosophie égale perte de temps. Pourtant si on fait un effort de réflexion, on se rend très vite compte que la Philosophie est indispensable. En effet, à l’époque où elle est apparue dans le monde Occidental, c'est à dire vers le quatrième siècle avant JC, la Philosophie n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. A notre époque, la Philosophie, c'est produire un discours théorique sur le monde, c'est s'intéresser à des choses auxquelles le commun des mortels ne s'intéresse pas comme par exemple "Comment la connaissance est elle possible ?", "Comment l'acquisition des connaissances est elle rendue possible ?". Bref, la Philosophie c'est discourir, c'est rester dans le monde des idées, pour reprendre une expression de Platon. Alors qu'à l'époque antique, la Philosophie n'était pas qu'un discours. Au contraire, elle était avant tout une manière de vivre, un engagement existentiel, donc la Philosophie est ici rattachée à la pratique. On est donc dans du concret, dans le monde réel.
Voyons maintenant ce que signifie manière de vivre. Vivre philosophiquement c’est vivre selon ses idées ou plutôt selon les idées de l'école à laquelle on s'est attaché car à cette époque il était question d'adhérer à une école. Les plus connues étaient les suivantes : l'école épicurienne, platonicienne, aristotélicienne, stoïcienne, cynique. Chacune de ces écoles avaient une doctrine et il s'agissait à ce moment là, de l'appliquer, de vivre en fonction de cette doctrine. On voit à partir de là que celui qui décidait de vivre philosophiquement prenait la décision de changer radicalement sa manière de vivre mais aussi sa manière de voir et de comprendre le monde.
Que recherchaient toutes ces écoles ?
Elles cherchaient toutes à transformer l'individu, à le rendre meilleur. Le but était de vivre vertueusement, de se détacher de ce monde matériel, de prendre de la distance à l'égard de ses passions, de ses désirs. Il était question de devenir meilleur et l'outil fondamental qui permettait cette transformation était la Raison. Par exemple, pour l'école stoïcienne, il s'agissait de ne pas être affecté par le monde extérieur, c'est à dire le monde extérieur ne peut pas nous faire du mal. Si nous sommes malheureux, ce n'est pas parce que le monde qui nous entoure nous rend triste, ce n'est pas le monde qui est la cause de notre tristesse, c'est le jugement que nous portons sur le monde qui nous rend triste. Donc nous sommes nous même la cause de notre propre malheur car l'école stoïcienne a un principe fondamental qui est parfaitement résumé dans cette formule d'Epictète :
"Il y a des choses qui dépendent de nous et il y a des choses qui ne dépendent pas de nous. Celles qui dépendent de nous sont intérieures à nous, à savoir notre volonté et celles qui ne dépendent pas de nous sont extérieures à nous, à savoir le monde qui nous entoure"
Si un individu applique scrupuleusement cette formule, l'on peut affirmer en toute certitude qu'il ne connaîtra jamais le malheur. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a une distinction fondamental entre le monde intérieur qui est le monde où règne notre volonté donc un monde qui dépend de nous, un monde sur lequel nous avons la capacité d'agir alors que le monde extérieur nous échappe, c’est un monde où nous ne pouvons avoir de maîtrise totale car c'est le règne de la contingence, les choses ne fonctionnent pas selon notre volonté. C'est pourquoi, les stoïciens s'attachent au premier monde, celui où notre volonté a tous les pouvoirs et les stoïciens nous demandent pour cela de fortifier notre volonté, notre "citadelle intérieure" pour reprendre une expression de Pierre Hadot.
Prenons un exemple afin que ce soit plus clair : Quelqu'un me donne une gifle. La réaction spontanée, je dis bien spontanée est de s'énerver et de vouloir lui rendre la gifle. Le Stoïcisme nous demandera de marquer un temps d'arrêt c'est à dire réfléchissons avant d'agir. N'agissons pas sous le coup de la colère. Quelqu'un me donne une gifle, ce n'est pas un mal car je ne pouvais pas vouloir que celui qui avait pris la décision de me donner une gifle ne le fasse pas car je n'ai aucun pouvoir sur sa volonté donc on est dans le monde des choses qui ne dépendent pas de nous. Par contre ce qui est mal c'est de considérer cette gifle comme un mal car on est dans le monde intérieur, dans celui de la volonté où personne ne peut m'obliger de m'énerver. Le fait de dire que cette gifle n'est rien, c'est garder son calme, c'est rester maître de soi et c'est justement ce que vise le stoïcisme à savoir la totale maîtrise de soi. D'ailleurs tout le monde connait l'expression "être stoïque". Donc, le stoïcisme nous demande de marquer un temps d’arrêt avant d'agir, prenons le temps de réfléchir, usons de notre raison, faisons la part des choses et agissons en conséquence.
Par conséquent, la Philosophie n'est pas si inutile qu'elle n'y paraît au premier abord. Ce qu'elle tente de faire c'est de nous aider à vivre mais avec une différence fondamentale. Tous les hommes veulent vivre, le philosophe aussi. Sauf que dans le cas de ce dernier, celui-ci veut BIEN vivre, c'est à dire vivre selon la raison. Alors que l'Homme commun aussi veut vivre, mais selon ses passions et nous connaissons les conséquences que cela entraîne : tristesse, jalousie, haine, bref, une vie agitée.
SOURCE: BALAGHAH.NET