Quoi de neuf ?
Forum al-imane.com

This is a sample guest message. Register a free account today to become a member! Once signed in, you'll be able to participate on this site by adding your own topics and posts, as well as connect with other members through your own private inbox!

- L'utilité de la Philosophie et de la Religion -

  • Auteur de la discussion sam
  • Date de début

sam

Well-known member

Salâm salâm
,


L'utilité de la philosophie et de la religion

Nous allons tenter ensemble de réfléchir à la question de l’utilité de la philosophie et de la religion dans notre vie quotidienne. Car ces deux notions sont parfois mal comprises. Si l’une est souvent perçu comme inutile, à savoir la philosophie, l’autre au contraire est réduite à son aspect juridique, tel chose est halal et tel autre haram, ou encore à l’enfer et au paradis. D'ailleurs, je tiens à préciser que mon propos n'est pas affirmatif mais plutôt interrogatif, c'est-à-dire je cherche à susciter le questionnement en chacun de nous et encore moins à faire la morale à qui que ce soit. Bien sur, il est impossible et prétentieux de vouloir traiter cette question dans sa totalité en une quinzaine de minutes. Nous tenterons plutôt de questionner ces deux notions en nous demandant ce qu'elles sont en elles mêmes et ce que la Philosophie peut apporter à la Religion. Je tiens à préciser une chose : toutes les critiques et tous les conseils que je pourrai émettre sont d'abord diriger vers moi-même.

I/ La Philosophie

Qu'est ce que la Philosophie ? Il est coutume de penser que la Philosophie est un luxe, qu’elle ne sert à rien, qu’elle est inutile et que tous les philosophes sont des fous et ainsi de suite. Donc Philosophie égale perte de temps. Pourtant si on fait un effort de réflexion, on se rend très vite compte que la Philosophie est indispensable. En effet, à l’époque où elle est apparue dans le monde Occidental, c'est à dire vers le quatrième siècle avant JC, la Philosophie n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. A notre époque, la Philosophie, c'est produire un discours théorique sur le monde, c'est s'intéresser à des choses auxquelles le commun des mortels ne s'intéresse pas comme par exemple "Comment la connaissance est elle possible ?", "Comment l'acquisition des connaissances est elle rendue possible ?". Bref, la Philosophie c'est discourir, c'est rester dans le monde des idées, pour reprendre une expression de Platon. Alors qu'à l'époque antique, la Philosophie n'était pas qu'un discours. Au contraire, elle était avant tout une manière de vivre, un engagement existentiel, donc la Philosophie est ici rattachée à la pratique. On est donc dans du concret, dans le monde réel.

Voyons maintenant ce que signifie manière de vivre. Vivre philosophiquement c’est vivre selon ses idées ou plutôt selon les idées de l'école à laquelle on s'est attaché car à cette époque il était question d'adhérer à une école. Les plus connues étaient les suivantes : l'école épicurienne, platonicienne, aristotélicienne, stoïcienne, cynique. Chacune de ces écoles avaient une doctrine et il s'agissait à ce moment là, de l'appliquer, de vivre en fonction de cette doctrine. On voit à partir de là que celui qui décidait de vivre philosophiquement prenait la décision de changer radicalement sa manière de vivre mais aussi sa manière de voir et de comprendre le monde.

Que recherchaient toutes ces écoles ?

Elles cherchaient toutes à transformer l'individu, à le rendre meilleur. Le but était de vivre vertueusement, de se détacher de ce monde matériel, de prendre de la distance à l'égard de ses passions, de ses désirs. Il était question de devenir meilleur et l'outil fondamental qui permettait cette transformation était la Raison. Par exemple, pour l'école stoïcienne, il s'agissait de ne pas être affecté par le monde extérieur, c'est à dire le monde extérieur ne peut pas nous faire du mal. Si nous sommes malheureux, ce n'est pas parce que le monde qui nous entoure nous rend triste, ce n'est pas le monde qui est la cause de notre tristesse, c'est le jugement que nous portons sur le monde qui nous rend triste. Donc nous sommes nous même la cause de notre propre malheur car l'école stoïcienne a un principe fondamental qui est parfaitement résumé dans cette formule d'Epictète :

"Il y a des choses qui dépendent de nous et il y a des choses qui ne dépendent pas de nous. Celles qui dépendent de nous sont intérieures à nous, à savoir notre volonté et celles qui ne dépendent pas de nous sont extérieures à nous, à savoir le monde qui nous entoure"

Si un individu applique scrupuleusement cette formule, l'on peut affirmer en toute certitude qu'il ne connaîtra jamais le malheur. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a une distinction fondamental entre le monde intérieur qui est le monde où règne notre volonté donc un monde qui dépend de nous, un monde sur lequel nous avons la capacité d'agir alors que le monde extérieur nous échappe, c’est un monde où nous ne pouvons avoir de maîtrise totale car c'est le règne de la contingence, les choses ne fonctionnent pas selon notre volonté. C'est pourquoi, les stoïciens s'attachent au premier monde, celui où notre volonté a tous les pouvoirs et les stoïciens nous demandent pour cela de fortifier notre volonté, notre "citadelle intérieure" pour reprendre une expression de Pierre Hadot.

Prenons un exemple afin que ce soit plus clair : Quelqu'un me donne une gifle. La réaction spontanée, je dis bien spontanée est de s'énerver et de vouloir lui rendre la gifle. Le Stoïcisme nous demandera de marquer un temps d'arrêt c'est à dire réfléchissons avant d'agir. N'agissons pas sous le coup de la colère. Quelqu'un me donne une gifle, ce n'est pas un mal car je ne pouvais pas vouloir que celui qui avait pris la décision de me donner une gifle ne le fasse pas car je n'ai aucun pouvoir sur sa volonté donc on est dans le monde des choses qui ne dépendent pas de nous. Par contre ce qui est mal c'est de considérer cette gifle comme un mal car on est dans le monde intérieur, dans celui de la volonté où personne ne peut m'obliger de m'énerver. Le fait de dire que cette gifle n'est rien, c'est garder son calme, c'est rester maître de soi et c'est justement ce que vise le stoïcisme à savoir la totale maîtrise de soi. D'ailleurs tout le monde connait l'expression "être stoïque". Donc, le stoïcisme nous demande de marquer un temps d’arrêt avant d'agir, prenons le temps de réfléchir, usons de notre raison, faisons la part des choses et agissons en conséquence.

Par conséquent, la Philosophie n'est pas si inutile qu'elle n'y paraît au premier abord. Ce qu'elle tente de faire c'est de nous aider à vivre mais avec une différence fondamentale. Tous les hommes veulent vivre, le philosophe aussi. Sauf que dans le cas de ce dernier, celui-ci veut BIEN vivre, c'est à dire vivre selon la raison. Alors que l'Homme commun aussi veut vivre, mais selon ses passions et nous connaissons les conséquences que cela entraîne : tristesse, jalousie, haine, bref, une vie agitée.

SOURCE:
BALAGHAH.NET

 
salam salam


Salâm salâm
,


II/ La Religion

Nous allons procéder de la même manière concernant la religion, c'est à dire ce qu'elle est, ce qu'elle signifie et ce qu'elle vise. La Religion est un ensemble de croyance et de dogmes définissant le rapport de l'Homme avec le sacré, ou la divinité. Autrement dit, elle met en place un certain nombre d'actes d'adoration qui nous permettent de créer un lien entre Dieu et nous. Cela signifie que si l'on pratique ces différents actes, nous devrions normalement, être plus proches de Dieu. Pourtant, si l'on regarde attentivement, il n'en est rien.

Bien au contraire, au lieu de nous rapprocher de Dieu, nous nous en éloignons. C'est pourquoi si l'on se pose la question comme nous l'avions fait concernant la Philosophie de l'utilité de la Religion, l'on est tenté de répondre que la Religion ne sert à rien. Elle serait comme une perte de temps et d'énergie. Je sais que c'est très choquant ce que je suis entrain d'affirmer mais justement je vais tenter d'expliquer pourquoi la Religion ne sert à rien si on ne la comprend pas comme il le faut. Elle ne sert à rien si l'on ne retire pas les bénéfices escomptés.

En effet, nous sommes tous d'accord pour dire que les préceptes religieux sont dans l'intérêt de l'Homme et non dans celui de Dieu. Dieu n'a rien à faire de nos actes d'adoration, que l'on soit pratiquant ou pas, cela ne change rien à Sa toute puissance. Par conséquent, accomplir des actes d'adoration est avantageux pour l'Homme. La question qui se pose est la suivante : Quel est le but recherché par ces différents actes cultuels ? La seule fin recherchée est de rendre l'Homme meilleur afin que ce dernier se rapproche du Créateur. Tous les actes d'adoration quel qu'ils soient, visent à rapprocher l'Homme de Dieu. Comme dans le cas de la Philosophie, il est question dans la Religion de donner la possibilité à l'Homme de se parfaire. C'est comme un mode d'emploi. Si l'Homme l'applique, il atteint la félicité, la béatitude donc en quelque sorte le bonheur. C’est pourquoi, la Religion comme la Philosophie est une manière de vivre.

Pourtant, tout ceux qui sont assis dans cette assemblée, tous sans exception accomplissent les actes d'adoration obligatoires tels que les cinq prières quotidiennes, le jeûne, le pèlerinage, le khoums, etc... Mais soyons honnêtes vis à vis de nous même. Combien se sentent proche de Dieu ? Combien sont prêts à rejoindre le Créateur ? Combien sont prêts à se détacher du monde matériel, de ses désirs, de ses passions. Bref, combien sont prêts à être des musulmans, c'est à dire soumis à Dieu. Là aussi c'est très choquant ce que je suis entrain d'insinuer dans le sens où nous pratiquons la Religion, nous croyons pourtant nous ne sommes pas musulmans car être musulman signifie être soumis à Dieu sans aucune condition, s'abandonner totalement à lui, étouffer ses désirs par plaisir d'Allah. Je ne juge personne, je ne veux choquer personne mais soyons deux minutes honnêtes avec nous même et voyons à quel niveau sommes nous.

C'est pourquoi, comme je le disais précédemment la Religion ne sert à rien si nous ne réalisons pas l’objectif qui est de devenir meilleur. Par exemple, en accomplissant mes prières et une fois ces dernières terminées, je me mets à faire du mal à mon frère, à moi de me demander si j'ai atteint le but fixé par la Religion. Combien sommes nous à jeûner, à accomplir nos prières, à accomplir le pèlerinage et pourtant nous sommes toujours autant remplis de haine, de jalousie, de mauvaises intentions concernant autrui. A quoi sert-il de se donner autant de peines à accomplir tous ces actes d'adoration et de continuer à être mauvais. En définitif, à rien.

En réalité, si le changement n'apparaît pas en nous, si les promesses de la Religion ne se réalisent pas, c'est tout simplement, parce que nous pratiquons par habitude, par héritage et même mécaniquement donc inconsciemment. Quand nous conduisons une voiture, nous ne réfléchissons plus à la manière de passer les vitesses, nous le faisons mécaniquement, inconsciemment. Il en est de même pour la Religion et c'est à ce niveau que la Philosophie peut être utile à la Religion car la Philosophie nous questionne. Elle nous pousse à poser des questions. En quelque sorte la Philosophie donne sens aux choses. Se poser la question du sens des différents actes d'adoration, du sens de la prière par exemple c'est faire l'effort de comprendre pourquoi cela nous est rendu obligatoire et avec cette connaissance, la pratique religieuse ne peut que devenir meilleur. Nous n'aimons une chose que lorsque nous en comprenons le sens. C'est pourquoi sans un effort de réflexion, la Religion ne nous apportera RIEN. Attention, je ne dis pas de ne plus accomplir les actes d'adoration obligatoire sous prétexte que nous n'en comprenons pas le sens. De toute façon, nous devons les accomplir mais nous n'en retirerons pas tous les bénéfices escomptés. Par conséquent, la Philosophie est un complément nécessaire et utile à la Religion dans la mesure où elle questionne notre pratique et nous pousse à une meilleure compréhension des choses.

Mais ce Dieu dont il est question dans la Religion, Quel est-Il ? L'avons nous compris ? Il est évident qu'aucun être humain, si ce n'est notre Prophète et nos douze Imâms (A.s), ne peut prétendre avoir saisi le sens de l'existence de Dieu. Ce que l'on peut par contre faire ici c'est de souligner les fausses idées que nous avons lui concernant. Il est coutume de percevoir Dieu comme un être faible dans le sens où si nous ne faisons pas ceci, il ne nous donnera pas cela. Si nous n’accomplissons pas tel acte, Dieu ne sera pas content. Comprendre ainsi Dieu c'est le réduire à nos sentiments. Alors que c'est plutôt l'Homme qui agit ainsi c'est-à-dire par vengeance ou par affection. C'est ce qu'on appelle de l'anthropomorphisme c'est à dire projeter sa propre image sur celle de Dieu, transférer notre partie sensible sur Dieu. C'est en sommes l'humaniser.

Pourtant, Dieu est toujours au-delà de ce que l'on peut dire ou penser de Lui. Lorsque nous disons que Dieu est Miséricordieux, il faut se dire qu'Il n'est pas simplement Miséricordieux, Il est encore des millions de fois plus Miséricordieux que ce que nous entendons par cet attribut. Il est impossible d'enfermer Dieu dans un quelconque concept car ce serait le limiter alors qu'il est infini. Bien sur nous sommes prisonniers de notre finitude, de la pauvreté de notre langage et de toute façon nous n'avons pas d'autres outils pour tenter de comprendre Dieu. En fait, une des clés pour tenter de le comprendre c'est de se dire que l'idée que j'ai de Lui actuellement, Il est encore au-dessus de l'idée que je forme Le concernant. Il est toujours au-delà de ce que je peux penser de lui. Ainsi l'on peut espérer se rapprocher d’une compréhension adéquate de Dieu.

En conclusion

Philosophie et Religion sont indissociables. Toutes deux visent la même chose : la perfection de l'Homme, même si ce dernier ne pourra jamais l'atteindre du fait de sa finitude. Il est malgré tout nécessaire de tendre vers cette perfection. De plus, l'une et l'autre ne servent à rien si nous ne faisons pas un effort de compréhension et de réflexion. Prenons la décision de philosopher et je vous assure sans aucune hésitation de la mise en marche d'une révolution existentielle. Pour les frères et sœurs qui seraient intéressés par la problématique de la Philosophie comme manière de vivre, je vous conseil deux livres extraordinaire dont la lecture peut nous pousser au questionnement. Celui de Pierre HADOT, "Qu'est ce que la Philosophie Antique" et le "Manuel d'Epictète", tous deux sont disponibles en livre de poche.

SOURCE:
BALAGHAH.NET

 
Salâm , Salût ,


Pierre Hadot - Qu'est-ce que la Philosophie Antique ? .PDF

Téléchargeable sur le tracker Torrent411 après inscription gratuite :

http://www.t411.me/torrents/pierre-hadot-qu-est-ce-que-la-philosophie-antique


Épictète Pensées et entretiens .epub
Téléchargeable sur le tracker Torrent411 après inscription gratuite :

http://www.t411.me/torrents/epictte-penses-et-entretiens-epub-mobi-pdf



Philosophie (Plus de 200 ebooks en Français
Téléchargeable sur le tracker Torrent411 après inscription gratuite :
http://www.t411.me/torrents/philosophie-plus-de-200-ebooks-fra
 
Dernière édition:
As-salamu 'aleykoum

Je réponds à ces posts dans la foulée qui, j'imagine, ont été publiés en relation avec notre discussion autour des apports de l'école philosophique à la compréhension du Message Divin :)

En vérité, dans les sources de l'Islam authentique, tout est philosophie. Le Message est en lui-même un message philosophique, empreint de sagesse. La question consiste donc à savoir si la philosophie profane est indispensable à la compréhension du Message ?

Personnellement, je ne crois pas qu'elle le soit. La plupart des œuvres philosophiques repose sur des fondements ontologiques/épistémologiques et sur des règles qui leur sont propres. Dans l'épicurisme par exemple, l'importance est donnée à la nature sur l'ordre divin auquel le destin de l'Homme ne serait pas lié... Quant à l'école cynique, elle autorise parfois la transgression d'interdits ou de règles sociales (condamnant par exemple tout entrave à la liberté ou certaines institutions comme la famille ou le mariage...). Dans ces cas précis, philosophie et religion ne font donc pas toujours bon ménage...

Les prescriptions divines que notre prophète et sa famille (paix sur eux) ont laissé en héritage constituent le seul Modèle philosophique susceptible de mener l'Homme à la sagesse, à la vertu et au bonheur. Tout élément allant dans le sens de ce Modèle est donc bon à prendre. A contrario, tout élément s'éloignant ou contredisant ce Modèle est par conséquent à rejeter. Il faut donc faire le tri et ne pas minimiser les risques qu'il y a à construire sa réflexion spirituelle et religieuse sur les préceptes d'une école philosophique qui n'est pas la nôtre.

Tout est question de référentiel :)
 
salam salam


Salâm salâm
,


Raison, intellect et volonté selon l'islam,
le christianisme et la philosophie existentialiste

TVSHIA.COM

 
salam salam


Salâm salâm
,


La différence entre la gnose islamique et la philosophie
existentialiste (selon le point de vue de Seyyed Hossein Nasr)

TVSHIA.COM
 
salam salam


Salâm salâm
,


Peut-on atteindre le spirituel sans passer par la religion ?

QUESTION:

Accéder au spirituel sans passer par la religion est actuellement diffusé dans notre société à travers certains ouvrages. Ces personnes prennent des décisions selon leur entendement et étude des religions sans suivre une religion en particulier. D'abord, je serai heureux si vous apportez des arguments pour réfuter cette méthode. Ensuite je connais quelqu'un qui était chiite (et qui l’est toujours) qui croit en l’islam, le coran et le jugement mais il a recours à cette méthode dans sa vie. Je voudrais également que vous présentez un livre qui peut probablement aider à ramener ce genre de personne sur le droit chemin (la personne en question ne peut pas lire les livres écrits en persan et en arabe. Donc il faut de préférence un livre en anglais ou en français)

REPONSE:

Il importe tout d'abord de définir la spiritualité et en exposant les caractéristiques du néo-spiritualisme, la différence entre la spiritualité religieuse et non religieuse deviendra évidente. La « spiritualité » en latin signifie « souffle » et fait allusion à donner du souffle à la vie.

Cela veut dire que nous devons ouvrir notre cœur et éveiller la capacité d’expérimenter la grandeur, la sainteté, le sens du remerciement en soi ; ressentir les peines, les difficultés et le goût à la vie, se soumettre à une vérité plus élevée par rapport à nous même. Cette conception de la spiritualité est différente avec celle que nous autres musulmans avons dans l’esprit. Selon nous, la spiritualité entretient d’étroits rapports avec la religion. La religion est un ensemble d’enseignements qui traite des réalités métaphysiques, des réalités qui attribuent à l’home un statut particulier dans le système universel. Et pour conserver ce statut, l’homme doit calquer sa vie en adoptant une attitude particulière. Il doit donc accomplir certains actes et abandonner d’autres.

Le néo-spiritualisme a des caractéristiques diamétralement opposées à la spiritualité religieuse:

1 – La spiritualité dans la perspective religieuse n’est pas une simple notion abstraite imaginaire qui viendrait des états d’âmes de l’homme par rapport aux réalités matérielles. C’est la perception de l’ensemble des réalités supra-naturelles auxquelles l’homme accède, des réalités qui existent et agissent sur l’univers. Contrairement, il n’est guerre question de « réalité » dans le néo-spiritualisme où toutes formes d’intenses expériences subjectives ou affectives par rapport à quelque chose qui peut être considérée comme spirituelle. L’essentiel est d’être suscité, élever les sentiments ou ressentir la sensation supérieure. Ainsi un air de musique, une poésie sentimentale ou une représentation peut vous faire planer dans l’espace spirituel.

2 – Il n’y ni devoir, encore moins des obligations dans le spiritualisme ; Vous pouvez vous lancer ouvertement vers n’importe quelle expérience qui peut vous apporter « le déclic ». Mais l’expérience spirituelle s’acquiert en suivant une voie définie dans la spiritualité religieuse. En fait vous ne pouvez accéder à certaines expériences spirituelles que si vous fermez les yeux sur bien d’autres pratiques. L’expérience d’un péché par exemple entache indubitablement la sensation qu’on perçoit à travers « la concentration » dans la prière.

Nous aspirons à la spiritualité religieuse car la religion y joue un rôle fondamental. Pour des raisons que nous allons évoquer, la spiritualité moderne ne peut répondre à tous les besoins de l’âme. Lorsque nous parlons de spiritualité religieuse, nous faisons allusion à la spiritualité de la religion islamique. Nous entendons par religion celle dans laquelle le rationnel et le spirituel sont réunies. Notre rationalité se distingue du rationalisme hérétique occidental. Le rationalisme islamique est sous l’ombre de la révélation, notre justice et rattachée à la législation divine et ne la contredit pas. Les droits de l’homme et l’humanisme chez nous sont basés sur le monothéisme et non sur le matérialisme hérétique. La spiritualité islamique n’a rien à voir avec le bouddhisme ou toute forme de vie manifeste, elle est loin de l’isolation et penchant qu’on dans la gnose américaine semblable à un objet de divertissement qu’on obtient par le « L S D » et le serpent de Johanna.

Par ailleurs, le spiritualisme est une réponse aux besoins que l’homme ressent en lui. C’est alors ici qu’il faut s’intéresser à l’anthrophagie afin de connaître les vrais besoins essentiels de l’homme pour voir si la spiritualité moderne peut satisfaire ses besoins ou non ? En dehors de la religion, l’homme est-il capable de satisfaire ses besoins en se fondant uniquement sur sa raison ?

Islamiquement, l’homme est un être à deux dimensions (l’âme et le corps) créées et installées dans le monde de la matière pour un but saint. Cette noble créature est essentiellement dépendante de Dieu le Riche par excellence. En d’autres termes la vie de l’homme n’a de sens sur terre que s’il évolue dans le giron de la législation divine. La vie de l’homme a des niveaux et des degrés. L’un de ces niveaux se limite à son corps charnel. Mais, d’autres plus étendus avec vérités plus élevées qui font l’identité réelle de l’homme sont au-delà du corps charnel : c’est le « moi », « l’âme » ou « la conscience » c’est ça qui fait l’essence de l’homme et son moyen de perfection, c’est à travers la relation que l’homme entretient avec son corps. Toutes les perceptions et les gestes qui se manifestent en l’homme s’opèrent à travers le « moi ». Le corps n’est qu’un moyen pour la perfection de l’essence humaine injonctive.

La raison peut-elle établir un programme pour les besoins
spirituels de l’homme sans s’appuyer sur la vraie religion qui est unique ?

Pour répondre à cette question il faut dire ceci : Vue la définition de l’homme et bien que l’islam ait laissé à la raison et à l’expérience le soin de satisfaire certaines aspirations de l’homme, celles-ci ne sont pas à mesure de déterminer tous les besoins essentiels combien de fois distinguer les plus importants par rapport aux secondaires. La raison a donc son domaine d’action. L’homme a donc besoin de la religion. Les moyens dont disposent l’homme ne suffisent pas pour combler ses aspirations, d’où la nécessité de la religion. Les enseignements divins constituent des lois que le Créateur a institué et présenté sous le nom de religion pour répondre aux besoins et aux aspirations de l’homme. En d’autres termes, une grande partie de la religion est composée de devoirs et interdits destinés à garantir les droits humains. Les devoirs sont les moyens de garantir les droits et les besoins essentiels ; les interdits se présentent comme les obstacles qui empêchent de garantir les droits. Ces devoirs et interdits sont ceux qui peuvent propulser vers la vraie spiritualité et répondre aux aspirations spirituelles de l’homme.

Quelqu'un demandera à l’Imâm al-Baqer (paix sur lui) pourquoi les choses comme, les boissons alcooliques, le cadavre, le sang et la viande de porc sont interdites ? L’Imâm répondit: « Le licite et l’illicite, l’obligatoire et l’interdit ne sont pas fondés sur le fait qu'on apprécie les licites et déteste les illicites. Dieu qui a créé l’homme a décrété des choses licites parce qu’elles sont utiles pour son corps, tout comme il a rendu d’autres illicites parce qu’il sait qu’elles sont nuisibles et toxiques pour l'homme ».

Les obligations religieuses ne constituent pas une charge imposée à l’homme. Elles sont là pour permettre à l’homme d’accéder à la vérité en écartant tous les obstacles sur cette voie. Cela ne veut pas dire que la raison ou le discernement n’a aucun rôle dans l’appréhension des lois et obligations divines. En effet confrontées au discernement , les devoirs religieux se répartissent en trois catégories :

1 – Les obligations que la raison et le discernement admettent sans avoir besoin de l’intervention de la religion qui se contente de l’approuver lui donnant un aspect divin. Comme la nécessité de l’honnêteté et la justice s’admet rationnellement sans l’intervention de la religion.

2 – les obligations dont la raison et le discernement sont capables d’analyser, comme la nécessité de l’existence d’un Créateur, l’importance de la justice et les points généraux des branches pratiques de la religion. Il faut rappeler qu’en ce qui concerne les obligations rationnellement perceptibles avoir des connaissances et une maîtrise des choses sont requis. Car sans ces informations et cette maîtrise, on n’arrivera nulle part. Par contre en ce qui concerne les sujets au dessus de la raison ou du discernement, l’homme a besoin d’une force supérieure à la sienne.

3 – Les obligations au dessus de la raison comme certaines pratiques et rites (Hajj et les dispositions relatives aux prières obligatoires). A partir de ce qui a été dit, nous concluons que la spiritualité moderne n’est pas fondée sur une véritable connaissance de l’homme et ne constitue pas une solution appropriée pour combler les aspirations spirituelles de l’homme. Tout simplement parce que la raison est impuissante et n’offre aucun programme complet pour mener l’homme au bonheur et à la félicité. Elle a besoin d’une autre force qui couvre tous les aspects de la vie de l’homme et détermine les directives à suivre pour parvenir au bonheur et percevoir l’étape après la mort, que ce soit dans le monde intermédiaire ou au jour du jugement. Dieu a donc envoyé la révélation et les prophètes pour assister la raison. L’homme doit donc observer attentivement les dispositions religieuses pratiques ou se référer à un spécialiste pour bien accomplir ses obligations religieuses. Le coran recommande de demander à ceux qui connaissent.

SOURCE:
ISLAMQUEST.NET

Egalement un autre article intéressant "La différence fondamentale
entre la spiritualité dans l’Islam et la spiritualité dans le Christianisme":

SOURCE:
TVSHIA.COM

Bien à vous, cordialement votre ami sam


 
Salam

Cher frere Sam voila la une magnifique réflexion ,oui vraiment magnifique.
 
  • Like
Les réactions: sam
salam salam


Salâm salâm
,


Guerre et Religion

Après l'utilité de la philosophie et de la
spiritualité voici l'utilité de la guerre et de la religion:

QURAN.AL-SHIA.ORG

Bien à vous, cordialement votre ami sam
 
salam salam


Salâm salâm,


II/ La Religion

Nous allons procéder de la même manière concernant la religion, c'est à dire ce qu'elle est, ce qu'elle signifie et ce qu'elle vise. La Religion est un ensemble de croyance et de dogmes définissant le rapport de l'Homme avec le sacré, ou la divinité. Autrement dit, elle met en place un certain nombre d'actes d'adoration qui nous permettent de créer un lien entre Dieu et nous. Cela signifie que si l'on pratique ces différents actes, nous devrions normalement, être plus proches de Dieu. Pourtant, si l'on regarde attentivement, il n'en est rien.

Bien au contraire, au lieu de nous rapprocher de Dieu, nous nous en éloignons. C'est pourquoi si l'on se pose la question comme nous l'avions fait concernant la Philosophie de l'utilité de la Religion, l'on est tenté de répondre que la Religion ne sert à rien. Elle serait comme une perte de temps et d'énergie. Je sais que c'est très choquant ce que je suis entrain d'affirmer mais justement je vais tenter d'expliquer pourquoi la Religion ne sert à rien si on ne la comprend pas comme il le faut. Elle ne sert à rien si l'on ne retire pas les bénéfices escomptés.

En effet, nous sommes tous d'accord pour dire que les préceptes religieux sont dans l'intérêt de l'Homme et non dans celui de Dieu. Dieu n'a rien à faire de nos actes d'adoration, que l'on soit pratiquant ou pas, cela ne change rien à Sa toute puissance. Par conséquent, accomplir des actes d'adoration est avantageux pour l'Homme. La question qui se pose est la suivante : Quel est le but recherché par ces différents actes cultuels ? La seule fin recherchée est de rendre l'Homme meilleur afin que ce dernier se rapproche du Créateur. Tous les actes d'adoration quel qu'ils soient, visent à rapprocher l'Homme de Dieu. Comme dans le cas de la Philosophie, il est question dans la Religion de donner la possibilité à l'Homme de se parfaire. C'est comme un mode d'emploi. Si l'Homme l'applique, il atteint la félicité, la béatitude donc en quelque sorte le bonheur. C’est pourquoi, la Religion comme la Philosophie est une manière de vivre.


Pourtant, tout ceux qui sont assis dans cette assemblée, tous sans exception accomplissent les actes d'adoration obligatoires tels que les cinq prières quotidiennes, le jeûne, le pèlerinage, le khoums, etc... Mais soyons honnêtes vis à vis de nous même. Combien se sentent proche de Dieu ? Combien sont prêts à rejoindre le Créateur ? Combien sont prêts à se détacher du monde matériel, de ses désirs, de ses passions. Bref, combien sont prêts à être des musulmans, c'est à dire soumis à Dieu. Là aussi c'est très choquant ce que je suis entrain d'insinuer dans le sens où nous pratiquons la Religion, nous croyons pourtant nous ne sommes pas musulmans car être musulman signifie être soumis à Dieu sans aucune condition, s'abandonner totalement à lui, étouffer ses désirs par plaisir d'Allah. Je ne juge personne, je ne veux choquer personne mais soyons deux minutes honnêtes avec nous même et voyons à quel niveau sommes nous.

C'est pourquoi, comme je le disais précédemment la Religion ne sert à rien si nous ne réalisons pas l’objectif qui est de devenir meilleur. Par exemple, en accomplissant mes prières et une fois ces dernières terminées, je me mets à faire du mal à mon frère, à moi de me demander si j'ai atteint le but fixé par la Religion. Combien sommes nous à jeûner, à accomplir nos prières, à accomplir le pèlerinage et pourtant nous sommes toujours autant remplis de haine, de jalousie, de mauvaises intentions concernant autrui. A quoi sert-il de se donner autant de peines à accomplir tous ces actes d'adoration et de continuer à être mauvais. En définitif, à rien.

En réalité, si le changement n'apparaît pas en nous, si les promesses de la Religion ne se réalisent pas, c'est tout simplement, parce que nous pratiquons par habitude, par héritage et même mécaniquement donc inconsciemment. Quand nous conduisons une voiture, nous ne réfléchissons plus à la manière de passer les vitesses, nous le faisons mécaniquement, inconsciemment. Il en est de même pour la Religion et c'est à ce niveau que la Philosophie peut être utile à la Religion car la Philosophie nous questionne. Elle nous pousse à poser des questions. En quelque sorte la Philosophie donne sens aux choses. Se poser la question du sens des différents actes d'adoration, du sens de la prière par exemple c'est faire l'effort de comprendre pourquoi cela nous est rendu obligatoire et avec cette connaissance, la pratique religieuse ne peut que devenir meilleur. Nous n'aimons une chose que lorsque nous en comprenons le sens. C'est pourquoi sans un effort de réflexion, la Religion ne nous apportera RIEN. Attention, je ne dis pas de ne plus accomplir les actes d'adoration obligatoire sous prétexte que nous n'en comprenons pas le sens. De toute façon, nous devons les accomplir mais nous n'en retirerons pas tous les bénéfices escomptés. Par conséquent, la Philosophie est un complément nécessaire et utile à la Religion dans la mesure où elle questionne notre pratique et nous pousse à une meilleure compréhension des choses.

Mais ce Dieu dont il est question dans la Religion, Quel est-Il ? L'avons nous compris ? Il est évident qu'aucun être humain, si ce n'est notre Prophète et nos douze Imâms (A.s), ne peut prétendre avoir saisi le sens de l'existence de Dieu. Ce que l'on peut par contre faire ici c'est de souligner les fausses idées que nous avons lui concernant. Il est coutume de percevoir Dieu comme un être faible dans le sens où si nous ne faisons pas ceci, il ne nous donnera pas cela. Si nous n’accomplissons pas tel acte, Dieu ne sera pas content. Comprendre ainsi Dieu c'est le réduire à nos sentiments. Alors que c'est plutôt l'Homme qui agit ainsi c'est-à-dire par vengeance ou par affection. C'est ce qu'on appelle de l'anthropomorphisme c'est à dire projeter sa propre image sur celle de Dieu, transférer notre partie sensible sur Dieu. C'est en sommes l'humaniser.

Pourtant, Dieu est toujours au-delà de ce que l'on peut dire ou penser de Lui. Lorsque nous disons que Dieu est Miséricordieux, il faut se dire qu'Il n'est pas simplement Miséricordieux, Il est encore des millions de fois plus Miséricordieux que ce que nous entendons par cet attribut. Il est impossible d'enfermer Dieu dans un quelconque concept car ce serait le limiter alors qu'il est infini. Bien sur nous sommes prisonniers de notre finitude, de la pauvreté de notre langage et de toute façon nous n'avons pas d'autres outils pour tenter de comprendre Dieu. En fait, une des clés pour tenter de le comprendre c'est de se dire que l'idée que j'ai de Lui actuellement, Il est encore au-dessus de l'idée que je forme Le concernant. Il est toujours au-delà de ce que je peux penser de lui. Ainsi l'on peut espérer se rapprocher d’une compréhension adéquate de Dieu.


En conclusion

Philosophie et Religion sont indissociables. Toutes deux visent la même chose : la perfection de l'Homme, même si ce dernier ne pourra jamais l'atteindre du fait de sa finitude. Il est malgré tout nécessaire de tendre vers cette perfection. De plus, l'une et l'autre ne servent à rien si nous ne faisons pas un effort de compréhension et de réflexion. Prenons la décision de philosopher et je vous assure sans aucune hésitation de la mise en marche d'une révolution existentielle. Pour les frères et sœurs qui seraient intéressés par la problématique de la Philosophie comme manière de vivre, je vous conseil deux livres extraordinaire dont la lecture peut nous pousser au questionnement. Celui de Pierre HADOT, "Qu'est ce que la Philosophie Antique" et le "Manuel d'Epictète", tous deux sont disponibles en livre de poche.

SOURCE:
BALAGHAH.NET


Salam alékoum,

Très cher frère Sam,je vous remercie pour ce sujet.Beaucoup de gens ont tendance à rejeter tout ce qui ne rentre pas dans un périmètre islamique.A travers la rubrique citation sur le forum,je me suis rendu compte que les grandes figures de la littérature occidentales ont mis en avant l'élévation de l'homme par la réforme de la nature humaine.

Moi-même je m'interroge parfois lorsque mon âme est "agitée" sans raison apparente.J'essaie de faire ma propre introspection et cherche tous les moyens possibles qui permettent l'élévation l'âme humaine.Que ce moyen soit d'origine musulmane ou pas.

En somme,on peut dire que la religion est la garantie de la liberté individuelle et du bien commun.

Barak Allahou fik.
 
Salam alékoum,

"29. Mais la connaissance des vérités nécessaires et éternelles est ce qui nous distingue des simples animaux et nous fait avoir la Raison et les sciences, en nous élevant à la connaissance de nous-mêmes et de Dieu. Et c’est ce qu’on appelle en nous âme raisonnable ou esprit.

30. C’est aussi par la connaissance des vérités nécessaires et par leurs abstractions que nous sommes élevés aux actes réflexifs, qui nous font penser à ce qui s’appelle moi, et à considérer que ceci ou cela est en nous, et c’est ainsi qu’en pensant à nous, nous pensons à l’être, à la substance, au simple ou au composé, à l’immatériel et à Dieu même, en concevant que ce qui est borné en nous, est en lui sans bornes. Et ces actes réflexifs fournissent les objets principaux de nos raisonnements.

31. Nos raisonnements sont fondés sur deux grands principes,celui de la contradiction, en vertu duquel nous jugeons faux ce qui en enveloppe, et vrai ce qui est oppose ou contradictoire au faux.

32. Et celui de la raison suffisante, en vertu duquel nous considérons qu’aucun fait ne saurait se trouver vrai ou existant, aucune énonciation véritable, sans qu’il y ait une raison suffisante pourquoi il en soit ainsi et non pas autrement, quoique ces raisons le plus souvent ne puissent point nous être connues.

33. II y a aussi deux sortes de vérités, celles de raisonnement et celles de fait. Les vérités de raisonnement sont nécessaires et leur opposé impossible, et celles de fait sont contingentes et leur opposé est possible. Quand une vérité est nécessaire, on en peut trouver la raison par l’analyse, la résolvant en idées et en vérités plus simples, jusqu’à ce qu’on vienne aux primitives.

34. C’est ainsi que chez les mathématiciens les théorèmes de spéculation et les canons de pratique sont réduits par l’analyse aux définitions, axiomes et demandes.

35. Et il y a enfin des idées simples dont on ne saurait donner la définition ; il y a aussi des axiomes et demandes ou en un mot des principes primitifs, qui ne sauraient être prouvés et n’en ont point besoin aussi, et ce sont les énonciations identiques, dont l’opposé contient une contradiction expresse.

36. Mais la raison suffisante se doit aussi trouver dans lesvérités contingentes ou de fait, c’est-à-dire dans la suite des choses répandues par l’univers des créatures, où la résolution en raisons particulières pourrait aller à un détail sans bornes, à cause de la variété immense des choses de la nature et de la division des corps à l’infini. Il y a une infinité de figures et de mouvements présents et passés qui entrent dans la cause efficiente de mon écriture présente, et il y a une infinité de petites inclinations et dispositions de mon âme présentes et passées qui entrent dans la cause finale.

37. Et comme tout ce détail n’enveloppe que d’autres contingents antérieurs ou plus détaillés, dont chacun a encore besoin d’une analyse semblable pour en rendre raison, on n’en est pas plus avancé, et il faut que la raison suffisante ou dernière soit hors de la suite ou séries de ce détail des contingences, quelque infini qu’il pourrait être.

38. Et c’est ainsi que la dernière raison des choses doit être dans une substance nécessaire, dans laquelle le détail des changements ne soit qu’éminemment, comme dans la source, et c’est ce que nous appelons Dieu.

39. Or, cette substance étant une raison suffisante de tout ce détail lequel aussi est lié partout, il n’y a qu’un Dieu, et ce Dieu suffit.

40. On peut juger aussi que cette substance suprême, qui est unique, universelle et nécessaire, n’ayant rien hors d’elle qui en soit indépendant, et étant une suite simple de l’être possible, doit être incapable de limites et contenir tout autant de réalités qu’il est possible.

41. D’où il s’ensuit que Dieu est absolument parfait ; laperfection n’étant autre chose que la grandeur de la réalité positive prise précisément, en mettant à part les limites ou bornes dans les choses qui en ont. Et là où il n’y a point de bornes, c’est-à-dire en Dieu, la perfection est absolument infinie.

42. Il s’ensuit aussi que les créatures ont leurs perfections de l’influence de Dieu, mais qu’elles ont leurs imperfections de leur nature propre, incapable d’être sans bornes, car c’est en cela qu’elles sont distinguées de Dieu. Cette imperfection originaledes créatures se remarque dans l’inertie naturelle des corps.

43. Il est vrai aussi qu’en Dieu est non seulement la source des existences, mais encore celle des essences, en tant que réelles ou de ce qu’il y a de réel dans la possibilité : c’est parce que l’entendement de Dieu est la région des vérités éternelles ou des idées dont elles dépendent, et que sans lui il n’y aurait rien de réel dans les possibilités, et non seulement rien d’existant, mais encore rien de possible.

44. Car il faut bien que s’il y a une réalité dans les essences ou possibilités, ou bien dans les vérités éternelles, cette réalité soit fondée en quelque chose d’existant et d’actuel, et par conséquent dans l’existence de l’Être nécessaire, dans lequel l’essence renferme l’existence ou dans lequel il suffit d’être possible pour être actuel.

45. Ainsi Dieu seul (ou l’Être nécessaire) a ce privilège qu’il faut qu’il existe, s’il est possible. Et comme rien ne peut empêcher la possibilité de ce qui n’enferme aucune borne, aucune négation, et par conséquent aucune contradiction, cela seul suffit pour connaître l’existence de Dieu a priori. Nous l’avons prouvé aussi par la réalité des vérités éternelles. Mais nous venons de la prouver aussi a posteriori, puisque des êtres contingents existent, lesquels ne sauraient avoir leur raison dernière ou suffisante que dans l’être nécessaire, qui a la raison de son existence en lui-même.

46. Cependant il ne faut point s’imaginer, avec quelques-uns, que les vérités éternelles, étant dépendantes de Dieu, sont arbitraires et dépendent de sa volonté, comme Descartes paraît l’avoir pris, et puis M. Poiret. Cela n’est véritable que des vérités contingentes dont le principe est la convenance ou le choix du meilleur, au lieu que les vérités nécessaires dépendent uniquement de son entendement et en sont l’objet interne.

47. Ainsi, Dieu seul est l’unité primitive ou la substance simple originaire, dont toutes les Monades créées ou dérivatives sont des productions, et naissent, pour ainsi dire, par des fulgurations continuelles de la Divinité de moment à moment, bornées par la réceptivité de la créature à laquelle il est essentiel d’être limitée.

48. II y a en Dieu la Puissance, qui est la source de tout, puis la Connaissance, qui contient le détail des idées, et enfin la Volonté, qui fait les changements ou productions selon le principe du meilleur. Et c’est ce qui répond à ce qui, dans les Monades créées, fait le sujet ou la base, la faculté perceptive et la faculté appétitive. Mais en Dieu ces attributs sont absolument infinis ou parfaits, et dans les Monades créées ou dans les Entéléchies (ou perfectihabies, comme Hermolaüs Barbarus traduisait ce mot) ce n’en sont que des imitations à mesure qu’il y a de la perfection.

49. La créature est dite agir au dehors en tant qu’elle a de la perfection, et pâtir d’une autre en tant qu’elle est imparfaite. Ainsi l’on attribue l’action à la Monade en tant qu’elle a des perceptions distinctes et la passion en tant qu’elle en a de confuses.

50. Et une créature est plus parfaite qu’une autre en ce qu’on trouve en elle ce qui sert à rendre raison a priori de ce qui se passe dans l’autre, et c’est par là qu’on dit qu’elle agit sur l’autre.

51. Mais dans les substances simples, ce n’est qu’une influence idéale d’une monade sur l’autre, qui ne peut avoir son effet que par l’intervention de Dieu, en tant que dans les idées de Dieu une monade demande avec raison que Dieu en réglant les autres dès le commencement des choses, ait regard à elle. Car puisqu’une monade créée ne saurait avoir une influence physique sur l’intérieur de l’autre, ce n’est que par ce moyen que l’une peut avoir de la dépendance de l’autre.

52. Et c’est par là qu’entre les créatures les actions et passions sont mutuelles. Car Dieu, comparant deux substances simples, trouve en chacune des raisons qui l’obligent à y accommoder l’autre, et par conséquent ce qui est actif à certains égards, estpassif suivant un autre point de considération : actif en tant que ce qu’on connaît distinctement en lui sert à rendre raison de ce qui se passe dans un autre, et passif en tant que la raison de ce qui se passe en lui se trouve dans ce qui se connaît distinctement dans un autre.

53. Or, comme il y a une infinité d’univers possibles dans les idées de Dieu, et qu’il n’en peut exister qu’un seul, il faut qu’il y ait une raison suffisante du choix de Dieu qui le détermine à l’un plutôt qu’à l’autre.

54. Et cette raison ne peut se trouver que dans la convenance, dans les degrés de perfection que ces mondes contiennent, chaque possible ayant droit de prétendre à l’existence à mesure de la perfection qu’il enveloppe.

55. Et c’est ce qui est la cause de l’existence du meilleur que la sagesse fait connaître à Dieu, que sa bonté le fait choisir, et que sa puissance le fait produire."

Gottfried Wilhelm Leibniz dans Monadologie (1714)

Barak Allahou fikoum.
 
Dernière édition:

Sidebar Liste Messages

Discussions
14 240
Messages
91 718
Membres
4 642
Dernier membre
Giovanni de retour
Retour
Haut