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Avertissement contre la magie noire est demande d'une aide spirituel pour l'amour de Dieu

Paix sur vous

Religion et médecine
La plupart encouragent les malades à rechercher activement la guérison, fût-ce avec l'intercession des saints (wali). Un hadith inlassablement cité proclame qu'il n'y a pas de maladie sans remède, ce qui ouvre grande la voie à l'innovation thérapeutique. ISLAM ET RÉVOLUTIONS MÉDICALES encourageant la quête de la science, « du berceau à la tombe» et « jusqu'en Chine », etc. Les progrès des sciences, grâce à l'intelligence qui est un don fait par Dieu à l'humanité, sont donc parfaitement légitimes. En Orient comme en Occident musulman, l'enseignement dans les mosquéesuniversités a inclus pendant des siècles la lecture et le commentaire des œuvres de maîtres respectés comme Zahrawi (Abulcasis), Ibn Rouchd (Averroès), Ibn Sina (Avicenne). La médecine du Prophète a commencé à être mise par écrit au IX·siècle, à l'époque abbasside, pour trouver une forme véritablement codifiée au xIV" siècle par Ibn al-Qayim35 et plus tard par SuyutP6 • Elle comporte des éléments empruntés à la vie du Prophète, des conseils d'hygiène, des recettes, des listes de plantes. À l'égard de cette médecine, l'historien (et sociologue) Ibn Khaldoun dans ses Prolégomènes écrits au xIV" siècle, s'était montré assez critique dans un paragraphe souvent cité3 ?, où il la réduisait à la reprise d'usages datant des Bédouins d'Arabie au VII·siècle, sans commune mesure ou lien direct avec l'essor formidable des sciences dans les siècles ultérieurs. Mais la médecine du Prophète, loin de repré- senter un reliquaire intouchable, est en fait un corpus hétérogène élaboré dans la longue durée: quand on y regarde de plus près, il se trouve avoir intégré des apports préislamiques et surtout des éléments de la médecine médiévale gréco-arabe, manifestant clairement l'influence des théories humorales du corps. Chez les chiites, il existe une littérature analogue à la Médecine du Prophète, attribuée aux imams qui ont assuré la succession à partir d'Ali, le gendre de Mahomet, jusqu'au douzième imam qui a disparu, on dit qu'il s'est « occulté» (il reviendra un jour instaurer le règne de Dieu). Les conseils de l'imam Reza, assassiné en l'an 203 de l'Hégire, dans une lettre acceptée par les lettrés comme authentique, sonnent familiers aux lecteurs d'Hippocrate38 • Le corps est baigné par des humeurs qui changent selon les saisons. Tout l'art du médecin consiste à rééquilibrer le composé humain, en faisant appel aux qualités contraires des aliments (chaud/froid) et aux émonctoires naturels (purgatifs, laxatifs, vomitifs) et médicaux (saignées, ventouses et vésicatoires). Chez les chiites comme chez les sunnites, la médecine prophétique est donc bien autre chose qu'une collection de recettes des bédouins du Hijaz. 36.

AI Suyuti, La médecine du Prophète, Alger, AI Bouraq, 2004. 37. Ibn Khaldoun, Prolégomènes, édition et traduction par le baron de Slane, Paris, Imprimerie impériale, 1863, t. III, p. 164. 38. Il trattato aureo sulla medicina attributo aU'imâm 'Ali al-Ridâ, édité par Fabrizio Speziale, Palenno. Offici di Studi medievali, 2009. INTRODUCTION 17 arabe et sur les marchés, offrent, à travers le componement canonisé du Prophète, un guide de vie adaptable à chacun, en fonction des ressources locales. Elle ne saurait tout uniment être opposée à une médecine « scientifique» dont elle pone elle-même la trace, pas plus qu'on ne saurait opposer science et religion.


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La thérapeutique de la rouqiya entre Algérie, Egypte et France (Fatima Zohra CHERAK1)
Selon ses protagonistes, les râqis, la rouqiya se définit comme une pratique essentiellement thérapeutique. Le verbe raqâ en arabe littéraire signifie employer la magie contre quelqu'un ou munir d'amulettes2• Le participe présent râqP veut dire enchanteur, magicien, exorciste, sorcier. Les râqis contemporains se réclament de la tradition orthodoxe de l'Islam et se réfèrent aux hadiths et textes des docteurs de l'islam traitant de la rouqiya4 • La rouqiya s'observe aujourd'hui dans plusieurs zones géographiques à présence musulmane comme l'Algérie, l'Égypte et la France. Son expansion à l'échelle internationale témoigne de l'adaptation de représentations et de pratiques islamiques traditionnelles à la modernité et aux réalités socioculturelles locales. Le terme de râqi est réservé en Algérie au thérapeute pratiquant la rouqiya. En Égypte, on lui préfère le terme mou'alig bil Qor'an, thérapeute par le Coran5• Soulignant son caractère organisé et convivial, les acteurs de la rouqiya à Oran parlent à propos du rituel de « faire une rouqiya » ou une «)alsa » (séance). Les râqis égyptiens emploient le terme )alsat 'Ua) (séance de traitement), sous-entendu bU Qor'an, par le Coran.

Mes observations se situent en Algérie, à Oran, Hassi Mafsoukh et Sid al-Bachir, villages à quelques kilomètres d'Oran, en Égypte, au Caire, à Sendoub, village du district de Mansoura, et Abou-Hariz, village dans le département d'Al-Charqiyya, et en France, à Marseille et Paris. 1. Ce chapitre s'inspire de ma thèse «Anthropologie de "l'exorcisme" en islam: repré- sentations et pratiques de la rouqiya en Algérie, en Égypte et en France », soutenue en 2007 à l'université d'Aix-Marseille 1. 2. Abdel-Nour, 1983, p.524. 3. Ibid., p.502. 4. Article« Rukya », Encyclopédie de l'islam, 1995, vol. VIII, p.619-620. 5. Sengers, 2003, p.123. 298 ISLAM ET RÉVOLUTIONS MÉDICALES S'adressant particulièrement aux possédés, aux personnes ensorcelées et frappées par le « mauvais œil », puisant sa légitimité dans des textes de l'islam sunnite, la rouqiya se caractérise avant tout par sa dimension rituelle, où l'usage intensif de la récitation coranique constitue l'essentiel du travail thérapeutique.

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La configuration du rituel
Avant de procéder au rituel proprement dit, les râqis veillent à la réalisation de conditions humaines et matérielles qui impliquent une certaine configuration de l'espace et du temps, et aussi des moyens mis en œuvre. Tout d'abord, le choix d'un mode de rituel individuel ou collectif répond, aux yeux des acteurs de la rouqiya, à divers critères parmi lesquels l'expérience et la réputation du râqi. Certains râqis estiment nécessaire d'entrer dans un rapport individuel avec le malade pour obtenir une prompte guérison. La demande de consultation individuelle peut émaner aussi des malades qui sollicitent la visite du râqi au domicile. Ces demandes sont justifiées par le souci d'une prise en charge personnalisée mais aussi par la préservation du secret. En effet, des personnes malintentionnées mises au courant risquent d'aggraver le mal en jetant un mauvais sort additionnel ou en provoquant la stigmatisation de la personne. Les malades peuvent opter entre rituel individuel et rituel collectif et même alterner s'ils n'obtiennent pas satisfaction complète. Cependant, le rituel individuel peut cacher une dimension collective, soit dans l'organisation de l'espace, soit dans la procédure thérapeutique elle-même. L'exemple du râqi oranais Toufiq est typique: en 1999, cet exorciste recevait les patientes dans une même salle d'attente qui servait aussi au rituel. Les patientes-spectatrices avaient donc l'occasion d'observer chaque malade qui s'allongeait sur le matelas pour une consultation personnelle. En Algérie, la thérapeutique peut s'intégrer aux cérémonies de la confrérie religieuse des Gnaouas et des pèlerinages aux saints. Les râqis qui privilégient des rituels collectifs mettent en avant l'intérêt d'économiser un temps et un effort considérables, dans l'incapacité où ils sont de répondre à toutes les requêtes individuelles. Ainsi à Oran, devant l'accroissement des demandes, le râqi Sliman s'est résolu finalement à recevoir les malades en groupes, alors qu'il avait commencé par des rouqiyas individuelles. En Égypte, comme en Algérie et en France, il existe des formes intermédiaires. Mais tandis que le phénomène de foule autour du rituel se rencontre à Oran au domicile du râqi comme au Caire dans les mosquées, il est absent en France.



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LA THÉRAPEUTHIQUE DE LA ROUQIYA Le temps du rituel
Pour les râqis, le temps du rituel, de l'initiation à la clôture, est un temps sacré puisqu'il s'inscrit dans une liturgie de la psalmodie coranique et des paroles religieuses. Mais l'emploi du temps des râqis s'inscrit dans le temps social local. Alors qu'en Égypte les rituels peuvent se pratiquer jusqu'à minuit dans une mosquée au Caire, en Algérie (Oran) et en France (Marseille), les râqis privilégient plutôt un horaire diurne. Avant le commencement du rituel, le râqi écoute les « plaignants », les « souffrants », afin d'établir un diagnostic préliminaire. En dehors du rituel de la rouqiya proprement dit, certains râqis professionnels consacrent aux « soins» un temps complémentaire du rituel, garantissant son efficacité. Ils prescrivent des traitements jugés indispensables à la gestion du mal, comme le« vidage» de l'estomac (purge), la hijama (pose de ventouses avec sacrifications), et l'administration de sérum physiologique « coranisé ». Le râqi aménage aussi un temps pour discuter des traitements et expliquer aux malades leur mode d'emploi à domicile. L'espace du rituel L'espace du rituel peut être aménagé au domicile du râqi6 , sur son lieu de travaiF, dans son commerce8, une crèche louée9 ou une salle prêtée par un ami 10, dans une «clinique coranique» ou enfin une mosquée. En Égypte, la pratique de la rouqiya dans les mosquées reste un phénomène simplement toléré, c'est le cas de la mosquée al-Nour située dans le quartier populaire al-Wayli dans la périphérie du Caire. L'exorciste cairote Amir qui exerce dans le quartier populaire de Choubra se désole du sort des malades incommodés par l'espace trop étroit offert par son atelier de couture. Il me confirme que les autorités ont désormais interdit la rouqiya dans la mosquée du quartier. Certains râqis dénomment le lieu de réception des malades 'iyada, ce qui veut dire clinique, comme à Oran, ou encore masjid al-tibb al-islami (mosquée de la médecine islamique), nom de la mosquée privée et centre de soins du râqi Anis au Caire. Mis à part le cas de la mosquée, espace cultuel chargé de forces invisibles positives, angéliques et divines, propices à l'exercice thérapeutique, 6.

Cas du râqi oranais Toufiq, rencontré en 1999 et 2003, et du râqi Rachid à Marseille, rencontré en 2004 et 2005. 7. Cas du râqi oranais Miloud, rencontré en 2002, qui praùque la rouqiya dans un centre culturel, durant les heures de repas et de pause, comme du râqi et médecin Brarum praùquant dans son cabinet médical au village de Hassi Mefsoükh, à quelques kilomètres d'Oran. 8. Exemple du râqi oranais Hasni, rencontré en 2002 et 2003, de son frère Farid, et du râqi Saïd, à Marseille en 1996. Ces trois râqis opèrent dans leur librairie. Le râqi cairote Amir, rencontré en 1999, praùque la rouqiya dans son atelier de couture. 9. Le râqi Réda, rencontré en 2001 et 2003, au village de Sid al-Bachir. 10. Le râqi oranais Sliman.

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ISLAM ET RÉVOLUTIONS MÉDICALES
l'espace où se déroule le rituel de la rouqiya doit donc passer d'un lieu profane à un lieu sacralisé, à travers la transition d'un temps ordinaire à un temps rituel. La dimension sacrée implique la séparation dans l'espace entre le pur et l'impur, le licite et l'illicite, et entre l'angélique/divin et le diabolique. De l'espace sacré sont exclus les animaux réputés impurs comme le chien, la musique et les instruments musicaux. Une lecture textuelle des hadiths fonde ce que les râqis appellent les conditions (chouroût) de leur pratique: parmi celles-ci figure l'interdiction de la présence dans l'espace d'une cloche, d'un crucifix, de statues, et d'images d'êtres vivants. Les râqis considèrent que l'imitation iconographique non seulement est sacrilège, mais attire les démons. Ils insistent, conformément à l'interdit des pratiques magiques en islam, sur l'importance de détruire tout talisman ou amulette portés par les malades ou se trouvant à leur domicile. En lieu et place de ces objets perturbateurs de l'ordre rituel, des râqis comme Khaled n'hésitent pas à décorer leurs murs avec des sourates, des noms de Dieu ou comme Réda à afficher des textes en langue arabe dans la salle d'attente, pour informer les patients sur les effets néfastes du mauvais œil ou sur les bienfaits de la saignée. L'aménagement de l'espace vise à distinguer l'espace sacralisé actif et l'espace profane en attente. Chez certains râqis, le découpage spatial est calqué sur le modèle moderne de la consultation médicale. Cette tendance s'observe de plus en plus chez les râqis professionnalisés. Tandis que certains comme Khaled à Oran, séparent les patients soumis au rituel de ceux qui attendent leur tour, d'autres font de l'espace rituel un espace commun à tous les patients. En 2003, le râqi oranais Toufiq adopte dans son nouveau logement une forme intermédiaire de découpage: tout en réservant une salle d'attente, il permet à une foule de patientes accompagnées par leurs parentes d'attendre dans la salle du rituel proprement dit. L'aménagement en fonction du sexe est fondamental. Il s'observe dans l'évitement de la promiscuité physique dans un même lieu: l'espace rituel collectif est divisé de façon à recevoir les malades séparés selon le sexe par un rideau, au cas où le râqi est contraint de pratiquer le rituel dans un même espace-temps comme l'oranais Hasni et le cairote Anis. Ces aménagements, conformes à l'orthodoxie de l'islam prohibant la mixité, garantissent à leurs yeux la validité et l'efficacité du rituel. Cependant, à Oran, . en 1999, après avoir déménagé du logement de sa sœur mariée pour louer un appartement seul, le râqi Khaled fit preuve d'un certain modernisme calqué sur le modèle hospitalier et accepta que les deux sexes patientent dans une même salle d'attente. L'espace rituel est marqué par l'empreinte personnelle du râqi. Dans le cas d'un domicile ou d'un lieu de commerce comme une librairie ou un atelier de couture, le mobilier est adapté au rituel: chaises et bancs, pré- férés par les râqis qui choisissent le style «clinique », tapis, matelas, oreillers, et draps. Le choix du mobilier dépend du style des thérapeuti- LA THÉRAPEUTHIQUE DE LA ROUQ/YA 301 ques mises en œuvre: alors que certains râqis font allonger la patiente sur un matelas, d'autres préfèrent la position assise ou la position debout, qui ne nécessite pas d'ôter les chaussures. Une seule configuration de l'espace peut cependant correspondre à une diversité de positions corporelles. Dans un rituel collectif, le râqi adopte tour à tour la posture debout et assise, les malades sont assis. Debout, dominant une foule de patients assis sur des tapis et des divans, le râqi oranais Sliman estime intervenir efficacement pour provoquer ou apaiser les djinns des possédés durant la récitation coranique. La position assise, préférée par d'autres râqis comme l'oranais Toufiq, permet d'intervenir auprès d'une malade allongée sur le matelas ou du petit groupe de patientes assises au même niveau que le thérapeute. Les râqis accordent une importance primordiale à la récitation coranique, susceptible de provoquer la manifestation du mal des patients. L'emplacement des malades dans l'espace par rapport au râqi, conducteur du rituel et pôle de la psalmodie coranique, n'est donc pas déterminant: dès que la psalmodie du Coran arrive à ses oreilles, l'un d'eux peut se livrer, à tout moment, à des réactions interprétables par l'exorciste. Cependant, certains râqis, comme Saïd à Marseille, préfèrent garder à proximité les malades connus comme possédés ou supposés tels, pour pouvoir intervenir rapidement. Le rapport au genre est codifié au sein du rituel lui-même. La relation thérapeutique râqi/patiente est encadrée par le respect d'interdits religieux prohibant le péché de zina ou relation sexuelle interdite en Islam. Pour cette raison, la présence d'une femme ou d'une jeune fille seule dans un espace rituel individuel n'est pas tolérée par les râqis. Ils justifient leur refus en se référant à des textes de l'Islam interdisant toute réunion d'un homme avec une femme «étrangère» dans un lieu privé ou public clos. La notion de femme étrangère (mar'a ajnabiyya) renvoie à la jurisprudence islamique relative à la femme ou la jeune fille étrangère à la cellule familiale. Pour la loi coranique marquée par le tabou de l'inceste, les maharim, parents masculins d'une femme, sont ceux qu'elle peut fré- quenter sans se voiler car non épousables, à savoir son grand-père, son père, ses frères, les hommes du lignage de ses parents, ses oncles paternels ou maternels. Les râqis qui se réclament de la pratique orthodoxe de l'exorcisme, rouqiya char'iyya, respectent l'interdit religieux de toucher toute femme «étrangère », même s'il s'agit d'un rituel thérapeutique. Cette stratégie qui se justifie par le respect des normes islamiques de la gestion de l'espace entre les sexes contribue au prestige du râqi. Tout en le protégeant de possibles plaintes de viol ou d'atteinte à la morale, elle l'aide aussi à filtrer le nombre élevé de patientes demandant un rituel. Cependant, l'exigence du mahrem durant le rituel a des inconvénients pratiques. En effet, les femmes ne peuvent pas toutes solliciter l'accompagnement de leur mahrem souvent occupé ou refusant tout simplement de leur rendre ce service, de plus, devant la pression des malades, 302
ISLAM ET RÉVOLUTIONS MÉDICALES
plusieurs râqis ont choisi d'organiser des rituels collectifs pour les femmes où les mahrem d'autrui ne peuvent trouver leur place au sein du groupe féminin.


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Parmi les conditions du rituel, la pureté corporelle tient une place importante. Elle implique d'abord la purification qui est de règle pour les prières canoniques. Observée par les râqis, et souhaitée pour les malades, al-wodo', l'ablution mineure, est pratiquée avant de commencer le rituel. Des râqis comme Saïd l'accomplissent, non pas seulement par respect dû aux versets coraniques récités mais pour se protéger contre les djinns et les ensorcellements. Cette « immunisation» est censée durer tant que le wodo' est valide. L'eau pure est l'élément indispensable pour les petites ablutions avant la prière quotidienne cinq fois par jour. La validité des ablutions en Islam est garantie sauf survenue d'incidents majeurs (ahdath) tels que, sommeil profond, miction et défécation, flatulences et relations sexuelles. Pour certains théologiens, le fait pour un homme de toucher une femme, ne serait-ce qu'en lui serrant la main pour la saluer, peut annuler ses ablutions. Acquiesçant à cette condition de la sacralisation qu'est la pureté du corps, les femmes n'estiment pas souhaitable de se présenter à la rouqiya dans un état d'impureté majeure, allusion aux menstrues et au commerce charnel. Le respect de l'état de pureté rituel rejoint le respect du monde invisible. L'appareil vestimentaire Afin de garantir la conformité de l'espace rituel avec l'orthodoxie de l'islam, les râqis adoptent la tunique longue, uniforme porté habituellement pour la prière à la mosquée. La couleur blanche du vêtement est exigée par certains râqis comme Khaled. D'autres se démarquent encore plus par le port de la barbe et de la calotte sur la tête comme les oranais Hasni, Khaled, Toufiq, les cairotes Amir, Anis, Sobhi et Ousama, et le marseillais Rachid. L'usage de parfums réputés « islamiques» comme le musc, est de règle chez plusieurs d'entre eux. Le maquillage des yeux avec du kohl est moins fréquent. L'apparence physique constitue pour ces râqis un code d'identification sociale qui les inscrit dans la mouvance des fervents de l'islam. Pour les hommes venant les consulter, les râqis ne prescrivent aucune tenue vestimentaire particulière ni le port de la barbe. Les hommes sont seulement tenus d'éviter de porter des bijoux en or. En revanche, les râqis s'efforcent d'amener les femmes à porter le hijab (voile islamique). Le niqâb, voile couvrant le visage, n'est pas exigé. Mais plusieurs femmes, plus attachées aux interprétations rigoristes des textes religieux, se présentent aux rituels le visage caché par le niqâb. Bien que la majorité des râqis considère le port du hijab comme condition essentielle au déroulement du rituel pour les femmes, certains tolèrent parfois la présence de patientes sans foulard. Cette tolérance s'explique par le fait qu'une patiente peut LA THÉRAPEUTHIQUE DE LA ROUQ/YA 303 assister à la rouqiya pour la première fois en ignorant le protocole ou bien parce que son djinn « kafir» (infidèle) est responsable de son refus de se couvrir la tête. Sachant que des patientes non voilées viennent au rituel parfois directement à la sortie de leur travail ou de leurs études, nouant au cou hâtivement le foulard enfoui dans le sac, certains râqis comme l'oranais Toufiq n'hésitent pas à dénoncer la «fraude» devant l'ensemble du public féminin. Le râqi marseillais Saïd met à la disposition des patientes des djellabas noires et des foulards. Mais comme ils sont en nombre insuffisant, les patientes sont invitées à se présenter au rituel avec des vêtements longs et des foulards. Parfois ce sont les femmes voilées qui reprennent le discours du râqi pour inciter les non voilées à se vêtir« convenablement», au moins durant le rituel. Qualifiées de « moutabarrijat » (fardées) par les râqis, les jeunes filles et femmes qui ne portent pas le voile en dehors du rituel sont reconnues à leur réticence à se mettre en djellaba, au relâchement de leur foulard qui se dénoue facilement, aux mèches et au cou découverts, au maquillage non dissimulé et au vernis à ongles. Ce dernier est le témoin, aux yeux des râqis, que la patiente ne pratique même pas la prière canonique précédée nécessairement par des ablutions.

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Les instruments du rituel
L'instrument le plus important aux yeux des râqis est la psalmodie coranique, moteur du rituel de la rouqiya. Certains râqis ont introduit l'usage du poste cassette émetteur du Coran comme l'oranais Khaled, des micros pour amplifier leur voix comme le râqi Reda au village de Sid al-Bachir près d'Oran, ou enfin des enceintes acoustiques pour couvrir un espace plus étendu comme les râqis de la mosquée al-Nour au Caire. Nombreux sont les râqis qui se munissent d'instruments complémentaires assumant différentes fonctions au moment du rituel. Un tuyau, un bâton, une baguette en bois sont les instruments utilisés pour contraindre les djinns possesseurs à s'identifier, à quitter le possédé, à répondre aux questions du râqi et à respecter l'ordre dans le cadre d'un rituel collectif. Le râqi Toufiq utilise le 'oud qmâri, bois d'agalloche brûlé, pour contraindre le djinn à parler: à cet effet, il cautérise la malade au menton, au bout du nez, et aux mains. D'autres instruments ont une fonction d'apaisement. Les râqis oranais Toufiq et Hasni font usage d'une cuillère métallique pour calmer une douleur, une paresthésie ou un spasme musculaire en passant et repassant doucement la cuillère sur l'endroit concerné du corps du souffrant. Le chapelet fait partie des instruments. Égrené en récitant un dikr, invocation divine, à la veille du rituel, il se charge, selon Khaled, de baraka (béné- diction) et peut être déposé, lors du rituel, autour du cou et de la tête du malade. Le râqi Khaled utilise aussi un de ses burnous blancs en le faisant traîner sur le corps du souffrant pour le recouvrir quelques instants.
Pour détourner l'interdit de toucher une femme « étrangère », le râqi Miloud utilise sa montre qu'il pose sur le front de la malade tout en la tenant par l'autre bout durant la psalmodie. Cette montre métallique, considérée comme conductrice, a aussi pour fonction de transmettre l'effet du Coran au djinn résidant dans le corps de la possédée. Cette propriété imaginaire s'appuie sur l'analogie entre le passage de l'électricité dans les corps grâce à la conductivité des objets métalliques, et la transmission de « l'énergie coranique» au corps malade à travers le même objet. Servant de manuel pour la récitation, le Codex coranique a une place primordiale chez les râqis qui ne mémorisent pas l'intégralité des sourates à réciter, en dehors des passages courts et des versets « standards» à répéter pour tous les malades. Tout en évitant de commettre des erreurs de récitation, les râqis Saïd, Réda, Toufiq et Hasni choisissent parfois de réciter des sourates longues, en vue de convertir des djinns à l'islam. L'eau coranisée est très utilisée durant les rituels pour asperger les malades, le plus souvent sur le visage et/ou leur donner à boire, au début ou à la fin du rituel. Les râqis oranais Sliman et Toufiq s'équipent de pulvérisateurs. L'effet attendu de cette eau est de brûler les djinns ou les inciter à parler et à répondre aux questions, mais cette eau est préparée aussi pour d'autres buts. Ainsi le râqi oranais Hasni dispose de bidons d'eau coranisée, qu'il propose aux patientes assoiffées, sujettes à des malaises ou des crises de pleurs, il en donne aussi parfois aux patientes après expulsion de leurs djinns. Sliman utilise l'eau coranisée afin de calmer les patientes perturbatrices. Le râqi coranise l'eau en approchant sa bouche du récipient d'eau ou en y introduisant l'index droit tout en récitant à voix basse des versets réputés avoir un pouvoir thérapeutique contre la sorcellerie, les djinns et le mauvais œil: la sourate l, le verset du Trône (verset 255 de la sourate Il), les versets 81 et 82 de la sourate X, le verset 69 de la sourate XX, la sourate CXIl, et les sourates CXIll et CXIV appelées al-mou'awidatayn, les deux protectrices. L'huile d'olive coranisée est réservée pour des programmes thérapeutiques à domicile, mais peut être utilisée, avec le râqi marseillais Rachid, pour masser les bras, les jambes, et les pieds de la possédée afin de faciliter l'expulsion de ses djinns. Dans le but d'annuler une sorcellerie installée dans la tête d'une malade ou pour contraindre un djinn à s'en aller, le râqi Toufiq instille quelques goûtes de al-qust al-hindi, costus indien1l, dans les narines de la souffrante en lui faisant pencher la tête en arrière. Faire sentir du musc à la malade vise, selon Toufiq, à contraindre le djinn à parler, alors qu'il est utilisé par le râqi Hasni pour soulager les malades. Brûler un papier ou un morceau de tissu roulés en cigarette sur lequel sont écrits le nom de Dieu ou le verset du Trône, en forçant le malade à respirer la fumée comme observé occasionnellement au Caire, a pour but de brûler ou de menacer le djinn.


Il . Suyiltî reconnaît des effets thérapeutiques au costus indien pour soigner des cas de paralysies, de morsures de serpents venimeux et le coryza (AI-SuyOû, 1997, p.134).

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