kheireddine
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Bismillah ar-Rahman ar-Rahim
Salam Alaykum , chers frères et soeurs,
Comme je l'ai déjà évoqué dans d'autres posts, j'ai eu l'occasion de lire un livre de l'Imam Ghazali, un éminent théologien soufi du XIè siècle après JC.
Je sais que celui-ci était sunnite et que vous êtes en majorité chiites mais dans Kitab at-Tawba il exprime certaines idées de façon très concrète et qui m'ont semblées pertinentes, pour tout musulman, sunnite ou chiite, et même, pour tout croyant monothéiste sincère souhaitant se rapprocher de Dieu et se repentir de ses péchés.
L'imam Ghazali évoque deux métaphores pour exprimer l'effet du péché sur le coeur du croyant d'une part, et de l'autre sur son rapport au Créateur. Je ne pense pas qu'il en soit l'inventeur, mais sa mention en est intéressante.
La première concerne l'effet du péché sur le coeur du croyant, qu'il compare à l'effet d'une salissure sur un miroir. Le miroir, lorsqu'il connaît la salissure, ce qui est inévitable, peut perdre son éclat de manière définitive, et devenir sale à tout jamais, si un nettoyage fréquent de ces salissures inévitables n'est pas entrepris régulièrement. Bien évidemment, cela ne doit pas inciter celui qui détient le miroir à laisser les salissures atteindre le miroir sous prétexte qu'il le nettoiera régulièrement. Au contraire, en minimisant ces attaques de la saleté au strict minimum d'une part, et en maximisant la fréquence de nettoyage d'autre part, il permettra un éclat quasi permanent du miroir.
Il en va de même, pour Ghazali, du coeur du croyant : l'homme ne peut s'empêcher de commettre des péchés. Mais il doit veiller à ne pas atteindre le point de non-retour qui le détournera définitivement, et sauf si Allah soubhana wa ta'ala, en décide autrement, de la foi pure. Pour ce faire, il a deux solutions : minimiser le péché au strict impondérable de façon la plus absolue possible et maximiser la fréquence du nettoyage, c'est à dire, des bonnes actions qui permettent expiation de ce péché.
Son autre métaphore concerne le rapport du croyant à Dieu, et elle est présente dans le Coran, comme Ghazali le rappelle.
En effet, pour Ghazali, le repentir comporte trois étapes (je résume grossièrement) : le savoir (car tout croyant qui pèche a une connaissance trop faible et trop oublieuse des dangers de l'Enfer et des bonheurs du Paradis). Ce savoir est suivi du regret de n'avoir pas agi correctement. Regret suivi du repentir, c'est à dire la volonté ferme de ne plus pécher de nouveau, et même d'expier ses péchés.
En effet, pour éviter l'apparition de ce voile, et éviter de voir son coeur définitivement (sauf si Allah, soubhana wa ta'ala, en décide autrement) noirci par ses péchés trop fréquents, le croyant doit le compenser par des bonnes actions. Ces bonnes actions ne doivent pas inciter le croyant à se dire "je vais pécher mais faire de bonnes actions, en contrepartie". Non, ces bonnes actions doivent justement viser à laver le coeur du croyant pour que son coeur soit plus pur. Ces bonnes actions ne doivent pas être une compensation de péchés prémédités, elles doivent viser la suppression de la volonté de pécher par la purification du coeur. C'est à ce prix seulement que le repentir sera ferme en vertu du hadith suivant :
Ces présentations de la pensée de Ghazali faites, nous pouvons maintenant comprendre l'action concrète qu'il propose pour se repentir et se purifier :
1/ Chaque frère et chaque soeur devrait, en son for intérieur, prendre connaissance de ce qu'est le bien et le mal.
Par exemple, chaque musulman sait qu'il lui faut accomplir la salat. Ce n'est pas de cela dont Ghazali parle. Ce dont il parle c'est de l'intime conviction qu'Allah soubhana wa ta'ala vous regarde quand vous faites la prière et vous regarde quand vous ne la faites pas. Prenez conscience par la lecture assidue du Qur'an, la méditation, les lectures d'ordre théologiques, les rappels des savants, de la gravité des mauvaises actions comme ne pas faire la salât, pratiquer la zina, etc, etc. Ne vous contentez plus d'en avoir une connaissance de surface, soyez-en bouleversés, retournés, sécoués, intimement convaincus et imprégnés.
2/ Prenez bien sûr, ensuite, la ferme résolution de ne pas recommencer. Cette résolution viendra d'elle-même des amers regrets que votre nouveau savoir impliquera.
3/ Et enfin, lavez votre coeur à l'eau claire des bonnes actions. Pour cela, Ghazali propose une action concrète. Examinez les 15 derniers jours, les 12 derniers mois, les 10 dernières années pour vous souvenir de chaque moment où vous avez pu commettre tel ou tel péché. En cela, vous devez viser bien sûr le rappel de la totalité de vos péchés. Mais Ghazali a conscience, bien évidemment, de l'aspect faillible de chaque croyant. Aussi, il faut commencer, si besoin, par des périodes plus courtes et un certain nombre de péchés. Cette situation n'est que provisoire et à pour but l'examination ultime de tous les péchés.
Une fois cette examination réalisée méticuleusement (sans pour autant céder à des waswas de découragement quand il est trop compliqué de chiffrer exactement !), décidez des bonnes actions à entreprendre pour vous laver de ces péchés et purifier votre coeur de manière à ce que si Allah soubhana wa ta'ala le veut, cette purification vous donne la sérénité de celui qui n'a plus besoin de se retenir de céder à la tentation, puisqu'il ne connaît plus la tentation.
Par exemple, si votre péché cause du tort à autrui, cherchez à réparer vis à vis d'autrui vos exactions : examinez, toutes les personnes vis à vis desquelles vous n'avez pas été courtois, et demandez leur pardon.
Si votre péché est en rapport non pas avec autrui, mais avec Allah soubhana wa ta'ala, par exemple, si vous avez regardé indécemment une soeur si vous êtes un frère (et vice versa), alors décidez, par exemple, de jours de jeûnes et de prières surérogatoires dans l'intention d'expier la faute, ou d'aumônes surérogatoires.
Incha Allah, en agissant ainsi, vous pourrez alors vous rapprocher d'Allah, soubhana wa ta'ala, et vous entreprendrez d'aller encore plus loin en tentant d'expier tous vos péchés.
Une fois ces choses dites, deux conseils importants :
1/ Le premier, formulé par Ghazali. Ne vous dites pas "j'ai tant péché que l'expiation de la totalité de mes péchés sera impossible avant ma mort". Ceci serait décourageant et c'est l'effet inverse que souhaite Ghazali. Un hadith du Prophète, pbAsl, répertorié par Muslim et Boukhari, dit :
Mais toutes insistent bien sur la notion d'intention sincère du repentir et sur son commencement actif, engagé et sincère comme possibilité d'absoudre ces péchés en cas de mort avant la fin des expiations de tous les péchés.
2/ Une idée que je me suis dite : il peut être bon d'ouvrir son coeur mutuellement avec un frère si vous êtes un frère ou une soeur si vous êtes une soeur, sur l'examination de vos péchés (sans vantardise puisque comme Ghazali le rappelle très justement, la vantardise est un signe d'affection pour son péché !). Ainsi, cela peut motiver de prendre les décisions d'expier ses péchés ensemble plutôt que seule. Comme le Coran l'explique, nous devons nous aider dans la 'Umma.
QUE PENSEZ VOUS DE CES IDEES DE GHAZALI ?
Bonne soirée à vous incha Allah, en espérant n'avoir pas dit/rapporté de bêtises, wa Allahou ahlem !
Salam Alaykum , chers frères et soeurs,
Comme je l'ai déjà évoqué dans d'autres posts, j'ai eu l'occasion de lire un livre de l'Imam Ghazali, un éminent théologien soufi du XIè siècle après JC.
Je sais que celui-ci était sunnite et que vous êtes en majorité chiites mais dans Kitab at-Tawba il exprime certaines idées de façon très concrète et qui m'ont semblées pertinentes, pour tout musulman, sunnite ou chiite, et même, pour tout croyant monothéiste sincère souhaitant se rapprocher de Dieu et se repentir de ses péchés.
L'imam Ghazali évoque deux métaphores pour exprimer l'effet du péché sur le coeur du croyant d'une part, et de l'autre sur son rapport au Créateur. Je ne pense pas qu'il en soit l'inventeur, mais sa mention en est intéressante.
La première concerne l'effet du péché sur le coeur du croyant, qu'il compare à l'effet d'une salissure sur un miroir. Le miroir, lorsqu'il connaît la salissure, ce qui est inévitable, peut perdre son éclat de manière définitive, et devenir sale à tout jamais, si un nettoyage fréquent de ces salissures inévitables n'est pas entrepris régulièrement. Bien évidemment, cela ne doit pas inciter celui qui détient le miroir à laisser les salissures atteindre le miroir sous prétexte qu'il le nettoiera régulièrement. Au contraire, en minimisant ces attaques de la saleté au strict minimum d'une part, et en maximisant la fréquence de nettoyage d'autre part, il permettra un éclat quasi permanent du miroir.
Il en va de même, pour Ghazali, du coeur du croyant : l'homme ne peut s'empêcher de commettre des péchés. Mais il doit veiller à ne pas atteindre le point de non-retour qui le détournera définitivement, et sauf si Allah soubhana wa ta'ala, en décide autrement, de la foi pure. Pour ce faire, il a deux solutions : minimiser le péché au strict impondérable de façon la plus absolue possible et maximiser la fréquence du nettoyage, c'est à dire, des bonnes actions qui permettent expiation de ce péché.
Son autre métaphore concerne le rapport du croyant à Dieu, et elle est présente dans le Coran, comme Ghazali le rappelle.
Il s'agit du voile (hijab) qui sépare le serviteur de son Créateur lorsque celui-ci pèche. Ce voile, si le croyant atteint le point de non-retour et perd définitivement la foi, à moins qu'Allah soubhana wa ta'ala n'en décide autrement, est la cause de ses souffrances et de son égarement, car le croyant, perdu dans ses péchés, ne voit les Signes que son Créateur, et perd le savoir du bien et du mal qui est à la base du repentir.10. Malheur, ce jour-là, aux négateurs,
11. qui démentent le jour de la Rétribution.
12. Or, ne le dément que tout transgresseur, pécheur :
13. qui, lorsque Nos versets lui sont récités, dit : "[Ce sont] des contes d'anciens!"
14. Pas du tout, mais ce qu'ils ont accompli couvre leurs coeurs .
15. Qu'ils prennent garde! En vérité ce jour-là un voile les empêchera de voir leur Seigneur
En effet, pour Ghazali, le repentir comporte trois étapes (je résume grossièrement) : le savoir (car tout croyant qui pèche a une connaissance trop faible et trop oublieuse des dangers de l'Enfer et des bonheurs du Paradis). Ce savoir est suivi du regret de n'avoir pas agi correctement. Regret suivi du repentir, c'est à dire la volonté ferme de ne plus pécher de nouveau, et même d'expier ses péchés.
En effet, pour éviter l'apparition de ce voile, et éviter de voir son coeur définitivement (sauf si Allah, soubhana wa ta'ala, en décide autrement) noirci par ses péchés trop fréquents, le croyant doit le compenser par des bonnes actions. Ces bonnes actions ne doivent pas inciter le croyant à se dire "je vais pécher mais faire de bonnes actions, en contrepartie". Non, ces bonnes actions doivent justement viser à laver le coeur du croyant pour que son coeur soit plus pur. Ces bonnes actions ne doivent pas être une compensation de péchés prémédités, elles doivent viser la suppression de la volonté de pécher par la purification du coeur. C'est à ce prix seulement que le repentir sera ferme en vertu du hadith suivant :
"Les bonnes actions expient les mauvaises actions tout comme l'eau élimine la saleté."
Ces présentations de la pensée de Ghazali faites, nous pouvons maintenant comprendre l'action concrète qu'il propose pour se repentir et se purifier :
1/ Chaque frère et chaque soeur devrait, en son for intérieur, prendre connaissance de ce qu'est le bien et le mal.
Par exemple, chaque musulman sait qu'il lui faut accomplir la salat. Ce n'est pas de cela dont Ghazali parle. Ce dont il parle c'est de l'intime conviction qu'Allah soubhana wa ta'ala vous regarde quand vous faites la prière et vous regarde quand vous ne la faites pas. Prenez conscience par la lecture assidue du Qur'an, la méditation, les lectures d'ordre théologiques, les rappels des savants, de la gravité des mauvaises actions comme ne pas faire la salât, pratiquer la zina, etc, etc. Ne vous contentez plus d'en avoir une connaissance de surface, soyez-en bouleversés, retournés, sécoués, intimement convaincus et imprégnés.
2/ Prenez bien sûr, ensuite, la ferme résolution de ne pas recommencer. Cette résolution viendra d'elle-même des amers regrets que votre nouveau savoir impliquera.
3/ Et enfin, lavez votre coeur à l'eau claire des bonnes actions. Pour cela, Ghazali propose une action concrète. Examinez les 15 derniers jours, les 12 derniers mois, les 10 dernières années pour vous souvenir de chaque moment où vous avez pu commettre tel ou tel péché. En cela, vous devez viser bien sûr le rappel de la totalité de vos péchés. Mais Ghazali a conscience, bien évidemment, de l'aspect faillible de chaque croyant. Aussi, il faut commencer, si besoin, par des périodes plus courtes et un certain nombre de péchés. Cette situation n'est que provisoire et à pour but l'examination ultime de tous les péchés.
Une fois cette examination réalisée méticuleusement (sans pour autant céder à des waswas de découragement quand il est trop compliqué de chiffrer exactement !), décidez des bonnes actions à entreprendre pour vous laver de ces péchés et purifier votre coeur de manière à ce que si Allah soubhana wa ta'ala le veut, cette purification vous donne la sérénité de celui qui n'a plus besoin de se retenir de céder à la tentation, puisqu'il ne connaît plus la tentation.
Par exemple, si votre péché cause du tort à autrui, cherchez à réparer vis à vis d'autrui vos exactions : examinez, toutes les personnes vis à vis desquelles vous n'avez pas été courtois, et demandez leur pardon.
Si votre péché est en rapport non pas avec autrui, mais avec Allah soubhana wa ta'ala, par exemple, si vous avez regardé indécemment une soeur si vous êtes un frère (et vice versa), alors décidez, par exemple, de jours de jeûnes et de prières surérogatoires dans l'intention d'expier la faute, ou d'aumônes surérogatoires.
Incha Allah, en agissant ainsi, vous pourrez alors vous rapprocher d'Allah, soubhana wa ta'ala, et vous entreprendrez d'aller encore plus loin en tentant d'expier tous vos péchés.
Une fois ces choses dites, deux conseils importants :
1/ Le premier, formulé par Ghazali. Ne vous dites pas "j'ai tant péché que l'expiation de la totalité de mes péchés sera impossible avant ma mort". Ceci serait décourageant et c'est l'effet inverse que souhaite Ghazali. Un hadith du Prophète, pbAsl, répertorié par Muslim et Boukhari, dit :
D'autres versions existent, dont par exemple celle-ci. "Dieu le Très-Haut inspire à la terre du mal de s'éloigner et à la terre du bien de se rapprocher ; puis Il dit : "mesurez la distance qui les sépare". Ils trouvèrent qu'il était plus proche, d'une palme, de la terre du bien. Ainsi fut-il absout de ses péchés"."Parmis ceux qui vivaient avant vous, se trouvait un homme qui avait tué 99 personnes. Il demanda quel était le plus grand savant de la terre. On lui désigna un moine. Il alla le trouver et lui dit qu'il avait tué 99 personnes et il lui demanda s'il lui lui restait quelque possibilité de se repentir. Le moine dit aussitôt "non". Il le tua sur le coup et compléta ainsi à 100 le nombre de ses victimes. Puis il demanda quel était l'homme le plus savant de la terre. On lui en désigna un. Il lui dit : "j'ai tué 100 personnes. Ai-je encore quelque possibilité de me repentir ?". Il lui rétorqua "oui et qu'est-ce qui s'oppose à ton retour à Dieu ? rends-toi à telle contrée. Là, vivent des gens qui n'adorent que Dieu Exalté. Adore Dieu avec eux et ne retourne plus dans ton pays car c'est une terre de mal". Il se remit en route et lorsqu'il fut à la moitié du parcours, la mort l'atteignit. Les anges de la miséricorde se disputèrent à son sujet avec les anges du tourment. Les anges de la miséricorde dirent : "il est venu plein de repentir désirant de tout coeur retourner à Dieu". Les anges du tourment dirent : "il n'a jamais fait de bien dans sa vie". C'est alors qu'un ange vint à eux sous une apparence humaine. Ils le prirent comme arbitre. Il leur dit "mesurez la distance qui le sépare de la terre du mal et celle qui le sépare de la terre du bien. Destinez-le ensuite à celle dont il est le plus proche". Ils mesurèrent et trouvèrent qu'il était plus près de la terre du bien qu'il voulait rejoindre, et ce furent les anges de la miséricorde qui lui ôtèrent son âme".
Mais toutes insistent bien sur la notion d'intention sincère du repentir et sur son commencement actif, engagé et sincère comme possibilité d'absoudre ces péchés en cas de mort avant la fin des expiations de tous les péchés.
2/ Une idée que je me suis dite : il peut être bon d'ouvrir son coeur mutuellement avec un frère si vous êtes un frère ou une soeur si vous êtes une soeur, sur l'examination de vos péchés (sans vantardise puisque comme Ghazali le rappelle très justement, la vantardise est un signe d'affection pour son péché !). Ainsi, cela peut motiver de prendre les décisions d'expier ses péchés ensemble plutôt que seule. Comme le Coran l'explique, nous devons nous aider dans la 'Umma.
QUE PENSEZ VOUS DE CES IDEES DE GHAZALI ?
Bonne soirée à vous incha Allah, en espérant n'avoir pas dit/rapporté de bêtises, wa Allahou ahlem !