:basmallah
azedine a dit:
Salam 'alaykum,
J'aimerais bien que vous développiez votre raisonnement.Est-ce que vous ne pensez pas que la justice divine doit être clairement mis en évidence pour en saisir vraiment l'importance ?
Beaucoup pense en observant des évènements dramatiques qui se déroulent dans notre monde que Dieu est injuste ou même vont jusqu'à nier Son Existence.
Salam.
Wa 'aleykum as-salâm,
Pour répondre à votre question, il est d'abord nécessaire de s'accorder sur le terme de
justice.
Pour qu'un système soit viable, il doit obéir à des lois, principe sans lequel le système sombrerait dans le néant, et principe applicable à la moindre parcelle de vie humaine, animale, végétale, ou à tout autre système de nature matérielle ou idéelle.
Le corps de ces lois représente le droit, dont le nom latin, "jus", a donné "justice" en français, et dont la seule fonction est de faire régner un ordre indispensable à la viabilité du système.
Selon cette définition, la justice est entendue comme un principe qui se situe au-delà des questions du bien et du mal : les choses obéissent à un ordre qui n'est ni bon, ni mauvais, mais qui
est, simplement, par nécessité.
C'est à ce titre qu'il faut se méfier de la confusion qui est souvent faite entre le principe de justice et celui qui tend à la confondre avec la bonté : la justice veille à l'ordre des choses et n'a pas la fonction de traduire des questions d'ordre moral, qui relèvent davantage du
respect ou de l'
irrespect de la justice (dont la responsabilité revient aux hommes, selon le principe du libre-arbitre) et non de la justice elle-même. Si la justice n'est pas respectée, et l'ordre mis en danger, nous basculons effectivement dans la sphère relative des questions du bien et du mal.
Pour revenir à votre question, il faut distinguer deux plans : celui de la justice exercée sur terre, et donc sur un plan relatif, et celui de la justice exercée sur un plan absolu.
Selon plusieurs hadiths de nos Imâms (as), seule la présence d'un Imâm maintient l'ordre sur terre. L'Imâm (as), investi de son autorité par décret divin, est l'unique garant de cet équilibre qui protège le monde du chaos : "c'est grâce à nous les Guides initiés que le ciel ne s'écrase pas sur la terre, que l'ondée bienfaitrice descend du ciel, que la miséricorde se répand... La terre engloutirait ses habitants si l'un de nous ne se trouvait pas sur elle" (Imâm 'Alî Zayn-ul-'Âbidîn, 'alayhi as-salâm), "s'il n'y avait sur terre, comme humanité, que deux hommes, l'un des deux serait l'Imâm" (Imâm Ja'far as-Sâdiq, 'alayhi as-salâm).
En ce sens, Dieu n'interfère pas dans les affaires des hommes (dont le libre-arbitre est garanti), et la Justice Divine - entendue comme l'ordre qui assure la viabilité du monde - n'est assurée que par le biais de Sa Délégation, de la
Walâya qui prend en charge cette fonction en totalité : "certes la justice est avec nous et en nous, et personne d'autre ne le prétend sinon un menteur et un imposteur." (Bihar al-Anwar, ch. 53, p. 191)*, "vraiment, Allah est avec nous et nous n'avons besoin de nul autre que Lui ; la justice est avec nous si bien que nous ne serons jamais affligés par ceux qui renoncent à nous aider ; nous sommes les agents de la volonté de notre Seigneur et les hommes sont les agents de notre volonté. » (Al-Ghayba, Shaykh al-Tûsî, p. 172)*
Sur un plan terrestre et relatif, la croyance en la Justice Divine fait donc partie de la croyance plus générale en l'Imamat que vous citiez dans le message qui précédait ma réponse.
Sur un plan absolu, la Justice Divine n'est pas une croyance à part entière : c'est la Résurrection qui lui donne un sens puisqu'elle témoigne de la nécessité de l'homme à être jugé pour qu'il soit compris (selon l'évaluation de l'exercice de son libre-arbitre) dans un ordre plus vaste qui est celui de l'infini.
Wa Allahu a'lam.
* Des précautions sont à prendre quant à la qualité de la traduction, la source étant la version anglaise de ces hadiths : "Indeed, right is with us and in us, and nobody else say that but a liar and an impostor." (Bihar al-Anwar, ch. 53, p. 191) et "Verily, Allah is with us and we have no need to other than Him; right is with us so we won't be distressed by those who desist from helping us; we are the willing tools of our Lord and people are our willing tools." (Al-Ghayba, Shaykh al-Tûsî, p. 172)
As-salâm.