
Bataille de Mouta et Martyre de Djafar al-Tayyar en l’an 8 AH
Après son retour du Pèlerinage (‘Omrat al-Qadhâ’) de la Mecque, le Prophète avait passé environ six mois à Médine lorsqu’il reçut la nouvelle de l’assassinat de son messager Hârith Ibn ‘Omayr qu’il avait envoyé porteur d’une missive pour le Gouvemeur de Basrah, l’invitant à embrasser l’Islam. Le messager avait été tué lors de sa halte à Mo’tah, par Charahbil, le Chef de Ma’ab ou Mo’tah. La triste nouvelle chagrina profondément le Prophète qui résolut de punir le chef fautif afin que ses ambassadeurs soient respectés dans l’avenir. Rassemblant, pour ce faire, une armée de trois mille hommes, au mois de Jumâdî-I de l’an 8 de l’Hégire (Sep. 629 ap. J. -C. ), le Prophète fit porter à son ex-serviteur affranchi une bannière blanche pour commander l’expédition, et lui donna l’ordre de presser le pas afin de surprendre le peuple de Mo’tah, de les appeler à l’Islam ou de les combattre au nom du Seigneur s’ils refusaient d’embrasser la Religion.
Si, ordonna-t-il, Zayd venait à être tué dans la bataille, Ja’far (le frère de ‘Alî) devrait prendre le commandement, et si ce dernier venait à être tué à son tour, ‘Abdullâh Ibn Rawaha devrait le remplacer, et au cas où celui-ci tomberait lui aussi, l’armée devrait choisir quelqu’un dans ses rangs pour assumer le commandement. Cet ordre s’avérera être une prophétie.
En effet, arrivé à Ma’an, Zayd fut informé que l’Empereur romain Héraclius campait à Ma’ab, sur le territoire de Belqa, avec une armée forte de cent mille combattants. En fait c’était Théodorus, le frère de Héraclius, qui se trouvait à la tête d’une force formidable renforcée par les hommes que Charahbil avait recrutés chez les tribus voisines pour venir à son aide, après avoir appris la nouvelle de l’expédition musulmane. Zayd fit halte à Ma’an où les chefs de l’armée musulmane discutèrent, pendant deux jours entiers, des difficultés de leur position.
Beaucoup d’entre eux suggérèrent d’informer le Prophète de la situation et d’attendre ses instructions. Toutefois, ‘Abdullâh Ibn Rawahah s’opposa à cette solution et recommanda une avance immédiate. Il dit: «Est-ce que nous devons compter sur notre nombre ou sur l’aide du Seigneur, le Tout-Puissant? Nous combattons pour le Seigneur et dès lors nous ne pourrons jamais être des perdants. Victoire ou Martyre! Nous devrons avoir l’un ou l’autre. Aussi il n’y a pas à hésiter, il faut foncer». Encouragés par ce discours ardent, ils crièrent tous d’une seule voix: «Par Dieu! Le fils de Rawahah a dit la vérité. Avançons!». L’armée se mit donc en marche.