Commandeur des croyants, et Maître Soufi
Tu as tout à fait raison, c'et la même perversion et déviation qui conduit à la notion actuelle de Maître ou à celle de commandeur des croyants actuelle dont les origines remontent elles bien plus loin (les Omayas)Dans des Pays comme le Maroc, le Roi s'est proclamé commandeur des croyants en tant que Cheriff "hassanide"; Dans ce pays il y a d'ailleurs beaucoup de cheriffs descendant des premiers Imams, ils ont même une carte. Par contre, ils ne doivent rien savoir des premiers Imams qui sont aussi leurs ancêtre, il y a là une contradiction qui ne fait pas peur aux Rois, tout comme cette "khalifat" qu'ils disent tenir de Dieu en vertu de leur origine, mais à ce que je sache, la dynastie actuelle a pris la place d'une autre famille "cherifienne(certainement en la tuant) et si on suit leur raisonnement tous les porteurs de carte pourraient prétendre à leur fonction...
Concernant leur pouvoir héréditaire, ils s'appuient sur des versets du Livres et des Hadiths qui disent qu'ils faut obéir aux détenteurs d'un pouvoir, mais on cite le verset ou le hadith sans préciser comment le pouvoir doit être conféré c'est comme la Sultanika dont la plus grande est celle de Dieu et on sattache au titre et à des prétendus droitset non la fonction et aux devoirs qu'elle implique(voir la première nomination de l'Emir Abdelkhader comme Sultan des Arabes pour diriger la guerre contre les colonisateurs, par un conseil, titre auquel il a préféré celui d'Émir...
Le même émir a écrit que "le maître est la porte vers Dieu" on est loin de la logique où le soufisme s'est enfermé à l'instar des images popularisées sur l'extrême orient
Il faut noter que en Occident des Rois comme le Roi de France prétendaient aussi tenir leur pouvoir de Dieu et c'est la tout le symbole de la décapitation de Louis XVI par les révolutionnaires, couper la tête à cette Alliance entre temporel et spirituel, sans aucune véritable légitimité dans ce cas, pas plus que pour les Rois et Sultans des pays musulmans
بسم الله الرحمن الرحيم
الحمد لله والصلاة والسلام على أشرف الأنبياء والمرسلين سيدنا محمد صلى الله عليه وآله وسلم
و السلام عليكم و رحمة الله و بركاته
En effet tu soulignes très justement cette perversion due à mon sens à l'institutionnalisation du taçawuf, car en réalité c'est le maître qui doit être au service du disciple. Le principe devient très clair lorsqu'on l'observe dans notre vie ordinaire selon un mode analogique; prenons le petit enfant qui vient de naître, dans la relation parents-enfants, qui est au service de qui ? ce sont bien entendu les parents qui sont au service de l'enfant à qui il suffit de crier pour que nous accourions à son service. Je pense qu'il est important de saisir ce qui est attaché à toute fonction, car cela permet de mieux identifier la perversion lorsqu'elle a lieu, et ce, quelle que soit la fonction.
A chaque fonction légitime, correspondent des attributs inhérents à cette fonction, dans le cas des parents c'est la qualité (çifat) de parents que nous devons manifester, et avec elle ce qu'Allah nous délègue de Sa Seigneurie (rububiyya) et vue de l'éducation (tarbiyya) de cet enfant et non comme un titre de propriété, c'est un devoir et non un droit. Celui qui détient une fonction est serviteur de cette fonction, car le Véritable Seigneur et Maître reste toujours le Seigneur et le serviteur reste serviteur. Dans une relation maître-disciple, le maître à un rôle d'éducateur (cheikh murabbi), il devient le "père spirituel" du disciple, jusqu'à ce que ce dernier atteigne la maturité spirituelle (rushd) et devienne "père" à son tour s'il en a les capacités. il n'y a pas de mal à servir son maître dans le sens de lui rendre la tâche plus facile afin de lui permettre de se concentrer sur l'éducation spirituelle du disciple, mais ce n'est en aucun cas pour servir sa personne ou son égo. Le but du maître est d'amener son disciple à la connaissance, il est en cela l'héritier de celui à qui le Prophète (saws) à transmis cette connaissance, à savoir celui qui en est la porte (as).
Tous les attributs (çifâts) appartiennent en propre et de manière absolue à Allah, c'est par l'ordre (al-amr) que l'Essence divine se conditionne volontairement dans un partage de pouvoir et de responsabilités. L'essence divine ainsi conditionnée devient l'Essence relative et tous les attributs de cette essence sont donc relatifs de la même manière, à aucun moment il n'ont réalité propre et autonome, c'est par la prétention de l'égo que les hommes s'attribuent en propre les attributs qu'Allah à mis en l'homme, surtout lorsqu'il s'agit de pouvoir ou de réputation. Tout homme est un pharaon en puissance, seule le don ou l'obtention de la connaissance (ma'rifa), laquelle implique la connaissance de soi-même ou du pharaon qui sommeil en chacun de nous, permet d'être préservé de ce piège diabolique, celui qui connaît son âme (ou ce qu'il y a en lui) connaît son Seigneur"
من عرف نفسه عرف ربه , la connaissance de soi étant la conversion du diable intérieur.
La véritable autorité, qu'elle soit temporelle ou spirituelle, vient d'en haut par délégation divine, c'est la notion de Khalifat dont il est question dans le coran, lorsqu'une personne s'attribue à elle même un pouvoir ou une autorité, cette dernière est forcément usurpée. Il est clair par exemple que ceux qui ont obtenus le khalifat de la part des hommes ou par voie dynastique, ne sont que les représentants (khulafâ) de ceux qui les ont nommés, mais en aucun cas ne sont les représentants (khulafa) d'Allah. Celui qui exerce une fonction doit être ordonné (avoir reçu l'ordre divin al-amr) pour être un véritable "amir ", la fonction n'étant pas donnée à celui qui la réclame, mais à celui qui en est digne.
Un véritable maître éducateur (cheikh murabbi) doit avoir obtenu le degré de connaissance, et avoir été confirmé dans sa qualité de maître ou de guide, par une chaîne initiatique remontant au Prophète (saws). A mon sens peu de chuyukhs peuvent aujourd'hui se prévaloir d'un tel titre, bien souvent c'est un titre dynastique donc invalide, tout comme le sont les titres de commandeur des croyant (Amir al-mu'minîn) que certains se donnent en toute illégalité et en toute ignorance.
Fî amânillah
Muhammad-Hussein[/QUOTE]