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La question des réfugiés Palestiniens

Albatoul

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Salamoun'alaykom


La question des réfugiés Palestiniens


L’idée du transfert de population fit son apparition dès 1937, par la commission Peel, envoyée sur le terrain afin de déterminer les possibilités de trouver une solution notamment aux actes de terrorisme émanant de la population juive avec l’aide des milices juives (Haganah, Stern et L’Irgoun) et à la grande révolte palestinienne déclenchée dès 1936, en opposition à l’application de la déclaration Balfour sur sa terre.

I. Ils sont devenus des réfugiés.

1. Du statut d’habitant de la Palestine à celui de réfugié.

Le problème palestinien est né dans l’impossibilité de concilier deux promesses : celle faite aux Arabes pour se soulever contre l’Empire Ottoman, allié de l’Allemagne, et celle faite aux sionistes, par la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 en faveur de l’instauration d’un " foyer national juif " en Palestine. A la veille de la création de l’Etat d’Israël on comptait une population en Palestine d’environ 1 400 000 habitants, la population juive représentant le tiers de la population totale et ne possédant que 6 à 7% des terres . L’idée du transfert de population fit son apparition dès 1937, par la commission Peel, envoyée sur le terrain afin de déterminer les possibilités de trouver une solution notamment aux actes de terrorisme émanant de la population juive avec l’aide des milices juives (Haganah, Stern et L’Irgoun) et à la grande révolte palestinienne déclenchée dès 1936, en opposition à l’application de la déclaration Balfour sur sa terre. Dans son rapport, la Commission Peel recommande dans un premier temps la partition de la Palestine en deux parties : Jérusalem, Bethléem et Nazareth constitueraient une enclave mandataire, les plaines côtières et la Galilée pour les juifs, le reste étant attribué aux Arabes de Palestine. Accompagnant ce premier plan de partage, Peel préconise le transfert de 225 000 Arabes vivant dans la partie attribuée aux juifs vers la partie attribuée aux Arabes, et inversement le transfert de quelques 1250 juifs vers la partie allouée aux juifs.

2. Les conditions d’exécution de l’expulsion

C’est ce que Benny Morris appellera l’opportunité qui sera ensuite saisie dans différentes phases pour accomplir le transfert de la population palestinienne et donc la transformation d’une grande majorité de la population palestinienne d’habitants en réfugiés. En effet, les juifs, et notamment Ben Gourion, qui est à l’époque le président de l’Agence juive, et bien que n’ayant pas programmé au départ ce transfert, va rebondir et jusqu’à l’adoption du plan de partage le 29 novembre 1947 par les Nations Unies, établira des " Lignes d’actions " dans ce sens : " L’Etat juif discutera avec ses voisins des Etats arabes la question du transfert volontaire des fermiers arabes, des ouvriers et des fellahs de l’Etat juif vers les Etats voisins ". En fait la politique générale de l’Agence juive est d’agir sur le plan international pour obtenir le plus de soutien à la création de l’Etat juif tout en multipliant les faits accomplis en Palestine par la création de nouvelles implantations et l’intensification de l’immigration clandestine. Dès le lendemain du vote du plan de partage de 1947, la spirale de la violence prendra le pas, et les combats se propageront entre juifs et Arabes en Palestine. Pendant ce temps, les troupes britanniques en place, se préparent à quitter le territoire de manière progressive. L’escalade de la violence va donner la chance aux juifs, qui craignent un renversement du rapport de forces, de passer à l’étape suivante à savoir le début des expulsions. Celles-ci débuteront dès les mois de février et de mars 1948. Ainsi on retrouve dès le mois de décembre 1947 un appel dans ce sens fait par Yohanan Retner et Fritz Eisenstadt, deux figures de la Haganah, qui le 19 décembre appellent à " une défense agressive " voulant dire : "pour chaque attaque arabe nous devons être prêts à répondre de manière décisive, par la destruction des lieux ou par l’expulsion des habitants et en prenant leur place." Dès février 1948, la Haganah met en place des plans de destructions organisés, selon d’ailleurs un schéma établi dans le plan Dalet, qui prévoit l’encerclement, la destruction et enfin l’occupation des villages arabes. La ville de Césarée sera la première dont l’attaque sera ainsi planifiée et organisée, par la Haganah. La deuxième manière de procéder par les juifs, fut celle des massacres dont le plus connu demeure celui de Deir Yassin, "où l’on massacra toute la population d’un village qui non seulement n’avait pas pris l’initiative du combat, mais dont la chute n’était d’aucun apport stratégique ou tactique militaire au sens strict". En fait, les juifs médiatiseront ces attaques, puisque selon les analyses faites par les nouveaux historiens israéliens sur les archives de l’époque, les expulsions de certaines régions vont augmenter la terreur chez les Palestiniens, dont certains fuiront avant d’être victimes à leur tour de cette violence et de ces expulsions.

L’annonce de la création de l’Etat d’Israël par Ben Gourion le 14 mai 1948, et l’arrivée le lendemain des armées arabes pour défendre la Palestine, achèvera cette première expulsion massive. La guerre qui durera jusqu’à la signature des accords d’armistice entre Israël et les Etats arabes, en juin 1949, se soldera par un dépeuplement de plus de 800 000 habitants de Palestine, dont "plus de la moitié furent expulsés durant le mandat britannique". C’est ainsi que les habitants de Palestine devinrent pour la majorité des réfugiés avant de le redevenir au lendemain de la guerre de 1967.

3. La troisième phase décisive : la guerre de 1967.

A l’issue de la guerre de 1948, terminée comme nous l’avons vu par la signature des accords d’armistice, Israël "a repoussé ses frontières bien au-delà de ce que prévoyait le plan de partage". En augmentant le nombre d’immigrants juifs dans le territoire israélien, les gouvernements israéliens ont été rapidement confrontés à deux problèmes essentiels : une pénurie de logements, et un besoin d’eau. Ces deux données sont présentes dans les archives israéliennes depuis déjà les années 1930. La question de l’eau est déjà considérée par les sionistes comme un enjeu majeur en 1919, soit deux ans après la déclaration Balfour. Les années cinquante verront des offensives militaires régulières sur la question de l’eau, Israël attaque régulièrement les pays arabes voisins dans leurs travaux de barrages et autres projets, notamment des projets liés au plan Johnson de 1955. Mais Israël refuse d’appliquer le plan Johnson car elle souhaite un contrôle de l’eau presque exclusif. C’est dans ce contexte qu’éclatera la guerre de 1967 qui permettra à Israël d’occuper la Cisjordanie, la Bande de Gaza, le Sinaï en Egypte, le Golan en Syrie. Ces étapes permettront ainsi à Israël de contrôler les ressources en eau ; elle mettra en place une colonisation de ces territoires afin d’y établir une politique de faits accomplis, et de Cisjordanie 300 000 Palestiniens se retrouveront sur les routes de l’exil.

II. L’Organisation des Nations Unies face aux réfugiés.

1. Des solutions dans l’urgence.

Les Nations Unies doivent gérer l’urgence de l’arrivée massive de réfugiés dans les territoires arabes voisins d’Israël. Avant la création de l’Etat d’Israël, ces personnes sont considérées comme déplacées, par les évènements. Mais au lendemain de la proclamation de l’Etat d’Israël, la notion de déplacement fait place à celle de réfugiés. En réalité ce qui va en faire des réfugiés, c’est la décision de la Haganah notamment, au lendemain des attaques d’avril et mai 1948 d’empêcher ces personnes déplacées de revenir dans leur foyer. On peut dire que c’est aussi à partir de cette époque qu’une réelle politique d’expulsion et de non-retour est mise en place par la Haganah, sans directives claires mais avec un mot d’ordre général et une liberté d’action pour les différentes unités en fonction de la situation qui se présentait à elles. Les Nations Unies sont donc engagées dans le remplacement des Anglais sur le terrain. Le médiateur des Nations Unies, le comte Bernadotte arrive à Jérusalem pour la première fois en juin 1948 . C’est dans ce contexte qu’il écrit un télégramme à son retour à Genève, au siège des Nations Unies à New York : "En qualité de médiateur pour Palestine, je suis convaincu que nos efforts de médiation ne pourront être poursuivis avec succès que si une solution peut être trouvée aux aspects les plus urgents du problème que pose la grande calamité humaine affectant 330 000 réfugiés arabes dénués de tout, provenant régions occupées par les juifs, et 7000 réfugiés juifs. La situation de ces réfugiés est désespérée. Trente pour cent sont des enfants de moins de 5 ans qui vivent presque entièrement sans nourriture, sauf quelques faibles approvisionnements en farine. Etant donné l’étendue et l’importance des échanges commerciaux habituels de la France et de l’Afrique du Nord avec les pays du Moyen Orient y compris la Palestine, le Gouvernement français serait-il disposé, pour contribuer à remédier à cette catastrophe soudaine, comparable à tremblement de terre ou raz de marée, à me donner en les dirigeant sur Beyrouth ou Aqaba 30 tonnes d’huile d’olive ou d’huile de sésame et 150 tonnes de fruits séchés, y compris des figues et des dattes dont 10% immédiatement prélevés sur stocks en cours de transport par mer ou se trouvant dans les ports les plus proches et le solde soit 90% dans les trois mois au plus tard. J’adresse demande au fonds international secours enfance en vue obtenir approvisionnements supplémentaires nécessaires aux bébés et enfants, femmes enceintes et allaitant. L’essentiel est d’aller vite car ces malheureux sont décimés par maladies épidémiques, hiver approche et beaucoup périront. Vous serais profondément reconnaissant vouloir faire publier présent appel dans vos journaux et me télégraphier votre décision dans un délai 10 jours". La veille de son assassinat, le comte Bernadotte écrit un rapport dans lequel il suggère notamment que la question des réfugiés soit gérée par une commission des Nations Unies et que soit créée une commission pour concilier les Arabes et les juifs.

2.La naissance de la Commission de Conciliation pour la Palestine (CCP).

C’est dans ce contexte, et suite aux recommandations du comte Bernadotte, que l’Assemblée Générale des Nations Unies vote le 11 décembre 1948 la résolution 194 (III). A cette commission, trois membres siègent ; la France, la Turquie et les Etats-Unis, avec la présence des britanniques en tant que puissance mandataire. Sa première mission est de " négocier un règlement des litiges entre Israël et les Etats arabes de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte, de l’Irak, du Liban, du Royaume Hachémite de Jordanie, de la Syrie et du Yémen." Cette mission se soldera par un échec, les Etats arabes demandant la réintégration des réfugiés en Palestine, conformément à la résolution, et Israël refusant toute discussion à ce sujet en dehors d’un règlement global avec les Etats arabes. Cette mission sera donc abandonnée en 1952 au profit de deux autres champs d’intervention de la CCP, établis par le paragraphe 11 de la dite résolution : " Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables ;". La première mission dont la CCP sera en charge, en vertu de cette résolution sera notamment le déblocage des avoirs bancaires appartenant aux réfugiés palestiniens, bloqués dans des banques en Israël, essentiellement les banques Barclays (D.C.&O) et la Banque Ottomane. Cette mission amènera une première coopération de travail entre Israël et les pays arabes où se trouvaient les réfugiés par le biais de la CCP. Elle aura aussi un rôle important dans la coordination de la CCP avec l’UNRWA, dont nous verrons la création dans le prochain paragraphe. Cette opération, débutée en 1951, s’étalera sur une dizaine d’années avec un succès mitigé. Ensuite, parmi les dossiers importants du ressort de la Commission, et outre l’aspect politique primordial, "la Commission sera chargée de réunir les informations sur les biens meubles et immeubles des réfugiés palestinien". Ce travail servira de base fondamentale pour les années à venir, y compris les années post-Oslo, puisque les données recueillies par la CCP et donc avalisées par les Nations Unies serviront de base de travail pour la question de la compensation due par Israël aux réfugiés palestiniens, sur le modèle évoqué dès 1951, notamment par la France, de la compensation obtenue par Israël de l’Allemagne, à la suite de la deuxième guerre mondiale. Même si la CCP semble ne plus avoir de rôle aujourd’hui, la base de son action a été transmise aux groupes de travail après 1993 dans le cadre des négociations qui ont suivi la signature des accords d’Oslo signés en 1993.

3. L’UNRWA : l’Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. (United Nations Relief and Works Agency).

" L’aggravation de la situation des réfugiés, qui constitue un obstacle à la paix en Palestine, a incité l’A.G. des Nations Unies, en novembre 1948, à faire appel aux nations du monde entier pour leur demander de fournir des fonds en vue de nourrir, d’habiller et d’abriter les réfugiés. "Trente-trois pays fourniront une aide financière, dont la France, et l’organisation des Nations Unies créera pour gérer cet argent un organisme, l’UNRPR (Secours des Nations Unies aux réfugiés de la Palestine). Cet organisme également créé à la suite du vote de la résolution 194 (III), le 11 décembre 1948 n’aura qu’une existence éphémère. Face à la persistance du problème des réfugiés, une mission économique d’étude pour le Proche-Orient sera mandatée en 1949 par la CCP afin "d’examiner la situation économique dans le Proche-Orient et de recommander des mesures propres à remédier aux effets des troubles résultant des récentes hostilités" . Toute la logique de cette mission est de montrer que la question des réfugiés est avant tout une question économique, et qu’il faut impérativement occuper les réfugiés en leur permettant de travailler, ce qui aura aussi comme effet non négligeable de permettre aux Etats donateurs de ne plus avoir à financer la survie de ces réfugiés dans les différents pays arabes où ils se trouvent. C’est ainsi que naît l’idée de créer l’Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient par la résolution 302 (IV) adoptée à l’Assemblée Générale des Nations Unies le 8 décembre 1949. Il s’agit de maintenir une protection des réfugiés par le biais de services sociaux, d’aide sanitaire et de services scolaires dans la Bande de Gaza, en Jordanie, en Syrie et au Liban . La définition qui sert de base à la reconnaissance du statut de réfugié par l’UNRWA est celle-ci : "toute personne qui a eu sa résidence normale en Palestine au moins pendant deux ans avant le conflit de 1948 et qui, en raison de ce conflit, a perdu à la fois son foyer et ses moyens d’existence et a trouvé refuge en 1948 dans l’un des pays où l’UNRWA assure des secours".

Parallèlement à cette aide un programme est mis en place pour chacun des pays en vue de développer des projets locaux qui permettraient aux réfugiés de devenir la main-d’ ?uvre de ces projets. Bien évidemment les réfugiés rejetteront dans un premier temps ces projets car ils craignent que cela ne veuille dire leur installation définitive dans les pays d’accueil et donc la fin de leurs revendications conformément à la résolution 194 (III). Au début prévu pour ne durer que peu de temps, l’UNRWA est toujours présente sur place et ses structures demeurent vitales pour des générations de Palestiniens. A ce jour 3,8 millions de Palestiniens sont enregistrés auprès de l’Office. A cette augmentation du nombre de bénéficiaires, l’UNRWA a dû faire face à ses obligations avec un budget en constante régression notamment depuis les années soixante-dix.

III. La situation dans le temps.

1. La persistance du statut de réfugiés.

Comme nous l’avons vu, cette situation au départ prévue pour n’être que temporaire, va perdurer jusqu’à ce jour. La guerre de 1967 amènera un supplément de 300 000 réfugiés et surtout une situation qui va s’ancrer dans la durée avec l’expansion territoriale israélienne sur la Cisjordanie, Gaza, mais aussi par la suite le Sud-Liban et le Golan en Syrie. Les camps de réfugiés, montés dans la hâte de la catastrophe, ou la Nakba en arabe, sont faits de tentes en tissus, qui seront petit à petit remplacées par des maisons en tôles puis des maisons en dur, créant de véritables structures de villages au sein de chaque camp. En fait avec un statut juridique à part, et une situation humaine également différente des pays d’accueil, les camps de réfugiés seront la base de développement de la résistance palestinienne. Ils seront le lieu de transmission de la mémoire et des traditions, certains camps ayant permis à des villages de se retrouver. Cette identité traditionnelle va petit à petit se doubler d’un réel développement politique notamment dans les années soixante " pour inclure une dimension nationale dont l’OLP s’est faite le diffuseur et le représentant officiel ".

Au début, cette émancipation politique des camps s’est faite avec l’aval des pays d’accueil, mais avec le temps les Palestiniens le paieront cher puisque, au sein de pays dont les méthodes locales étaient souvent très anti-démocratiques, et où le ressentiment des réfugiés était très fort face à ce qu’ils considéraient comme de la lâcheté de la part des Etat arabes, les autorités locales vont à plusieurs reprises mater la résistance dans le sang. Ce sera le cas en septembre 1970 en Jordanie, avec Septembre Noir, lorsque le roi se déchaînera sur la résistance palestinienne, et où ces derniers finiront par demander à nouveau l’exil au Liban, où ils obtiendront un accord de principe pour mener la résistance à partir du territoire libanais. Mais cela sera de courte durée, le déséquilibre démographique, confessionnel et économique amenant à la guerre civile libanaise de 1975, et où la présence des Palestiniens à eu des conséquences évidentes. En janvier et en août 1976 les milices chrétiennes du Liban attaquent et détruisent le Camp de Tell al Zaatar. En juin 1982 l’armée israélienne envahit le Liban et monte jusqu’à Beyrouth où en septembre elle permet les massacres de Sabra et Chatila. En avril 1996, l’armée israélienne pilonne le Camp de Cana et fait plus de 100 morts. Ces exemples montrent que la résistance palestinienne a dû se faire une place au milieu des attaques des pays ou de groupes dans leurs pays d’accueil, et des attaques de l’armée israélienne qui n’a eu de cesse d’essayer d’éradiquer toute forme de résistance, tout en n’appliquant aucune des résolutions de l’ONU.

2. La dynamique des accords d’Oslo et ses conséquences pour les réfugiés.

La signature en septembre 1993 de la Déclaration de principe, ou accords d’Oslo, va modifier le paysage pour différentes raisons. Tout d’abord, depuis la conférence de Madrid en octobre 1991, les Etats-Unis ont supplanté les Nations Unies dans leur rôle. Les accords d’Oslo ont été en quelque sorte une réinterprétation des résolutions des Nations Unies notamment la résolution votée au Conseil de Sécurité n° 242 le 22 novembre 1967, qui impose le retrait des territoires occupés par Israël, mais aussi la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948 quant au droit au retour des réfugiés et aux compensations dues en cas de non-retour. Yasser Arafat, alors président de l’OLP, et porte-parole des Palestiniens aux différentes négociations, pensait en réalité qu’il signait une étape dans la mise en ?uvre de ces deux résolutions fondamentales pour les Palestiniens. L’échec de l’application des accords d’Oslo a démontré que pour les Israéliens comme pour les Américains il s’agissait d’un accord final dont quelques contours seraient renégociés lors des rencontres entre les négociateurs. De la même manière que, dans les années 1950, les Anglais et les Américains firent le maximum pour faire comprendre aux Palestiniens qu’il n’y aurait jamais de retour aux frontières légales en vertu de la résolution 181 (II) des Nations Unies sur le plan de partage, les Américains essaient de faire accepter aux Palestiniens, 50 ans plus tard, qu’il n’est plus question de revenir aux frontières de 1967, largement incorporées dans les frontières de l’Etat hébreu par la présence massive des colonies depuis 1967.

3 La création du Groupe de travail sur les réfugiés.

La suite des accords d’Oslo fut la création de différents groupes de travail chargés de préciser les contours des accords et de régler les questions de fond. En ce qui concerne les réfugiés, un Groupe de Travail sur les réfugiés fut créé " comme une contrepartie accordée aux Palestiniens pour leur participation au processus de paix élargi et pour leur consentement à se plier à plusieurs conditions" . Le Canada a été choisi comme " parrain " de ce groupe de travail, car accepté de tous comme un terrain neutre. Mais en fait, la sensibilité des sujets abordés va amener la Syrie et le Liban à boycotter les travaux, car notamment Israël refusait de négocier avec les réfugiés qui n’étaient pas issus de la Cisjordanie ou de la Bande de Gaza. Mais suite à la signature des accords d’Oslo les réunions se poursuivront par thèmes jusqu’à l’établissement des accords de Taba en juillet 2001, avec tout le chapitre sur les réfugiés. Mais si les négociateurs étaient d’accord sur ces principes, le gouvernement israélien de Sharon refusa de les entériner.

Depuis la deuxième Intifada débutée en 2000, conséquence d’une dégradation dramatique de la situation non seulement pour les réfugiés des camps mais aussi pour les résidents des villes et villages palestiniens encerclés par les militaires israéliens, la situation est devenue plus que dramatique, la politique actuelle du gouvernement israélien mettant à jour sa véritable volonté de ne pas faire la paix dans le cadre international des résolutions des Nations Unies.

IV. Les documents de voyage des réfugiés

A la suite de l’expulsion de Palestine en 1948, les Palestiniens ont perdu leur nationalité palestinienne. Du jour au lendemain cette nationalité a disparu. Suite à la création de L’UNRWA en 1949, les réfugiés palestiniens ont été enregistrés et ce registre a été mis à jour régulièrement jusqu’à ce jour. Au départ il permettait d’obtenir des rations alimentaires, et de permettre à la Commission de Conciliation pour la Palestine de recouper les inventaires dont elle s’occupait pour retrouver les propriétaires des biens meubles et immeubles restés en Israël, et permettre d’avoir des fichiers à jour pour le droit au retour ou la compensation le moment venu. En fait, cet enregistrement est essentiel puisqu’il permet de garder une référence du nombre d’une grande partie des Palestiniens, cette partie étant estimée à 3,8 millions à ce jour.

En Israël : Dans le territoire israélien les habitants se sont vus, à partir du 14 mai 1948, conférer la nationalité israélienne, y compris pour les quelques Palestiniens restés sur place. Cette nationalité sera, et ce jusqu’à ce jour, une nationalité de deuxième zone, puisqu’elle ne confère pas les mêmes droits qu’aux juifs, mais elle permet tout de même une représentation politique au sein de la Knesset, et au niveau municipal. Lors de la signature des accords d’Oslo, Y. Rabin avait promis qu’un travail dans le sens d’une meilleure égalité serait accompli au sein de la société israélienne. Depuis la deuxième Intifada c’est tout le contraire qui s’est produit.

En Jordanie : En plus du statut de réfugié et de l’inscription à L’UNRWA, la Jordanie a conféré le statut de résident et de citoyen jordanien à tous les ressortissants palestiniens vivant sur son territoire mais aussi à une partie de ceux qui vivaient en Cisjordanie. Ceux qui résident en Jordanie ont tous les droits des jordaniens, avec un passeport, mais demeurent inscrits pour beaucoup à l’UNRWA, en cas de mise en place du système de droit au retour ou à la compensation. Ceux qui résident en Cisjordanie ne bénéficient en fait que d’un titre de voyage, leur séjour en Jordanie étant conditionné par les décisions gouvernementales jordaniennes.

En Syrie : La Syrie octroie des droits assez semblables à ceux des nationaux, mais les Palestiniens n’ont pas de passeport, mais un laisser-passer qui donne des difficultés pour l’obtention des visas.

Au Liban : Les Palestiniens au Liban sont dans les conditions les plus difficiles puisqu’ils ne disposent pas du droit au travail, ni de passeport, et leur laisser-passer est difficilement renouvelé par les autorités libanaises. Ils se trouvent donc très tributaires de l’aide de l’UNRWA, et leurs conditions de vie sont extrêmement difficiles. Depuis la guerre du Liban en 1975 leurs conditions de séjour n’ont cessé de se dégrader.

En Egypte : Ils y disposent d’un laisser-passer, mais toute sortie de l’Egypte ne leur garantit pas qu’ils pourront y retourner. Les habitants de la Bande de Gaza ont, jusqu’aux accords d’Oslo, bénéficié de ce laisser-passer. Mais là aussi leurs droits, pour ceux résidant en Egypte sont très limités. Il y a d’ailleurs peu de Palestiniens en Egypte par rapport aux autres pays.

En Cisjordanie : Une partie a un passeport jordanien, bien que vivant en Cisjordanie. D’autres ont un laisser-passer israélien avec la mention de nationalité : indéterminée. Aussi sujet à un renouvellement difficile. Certains ont obtenu un passeport israélien mais renouvelable aussi dans les mêmes conditions. Depuis les accords d’Oslo, les sujets résidant dans les zones A délimitées par les dits accords ont obtenu un passeport palestinien.

Bande de Gaza : La majorité a obtenu un passeport palestinien mais certains possèdent encore des laisser-passer égyptiens, l’Autorité palestinienne n’ayant pas encore eu le temps d’accomplir les transferts administratifs.

Dans le reste du monde : Comme vous le voyez, une des recherches actives des Palestiniens fut celle d’un passeport permettant d’une part de pouvoir voyager, mais aussi de pouvoir aller visiter leurs familles en Palestine et en Israël, puisque jusqu’aux accords d’Oslo en 1993, un passeport arabe ne pouvait permettre l’entrée dans ces territoires. Donc une partie des Palestiniens a bénéficié par différents moyens de passeports étrangers, véritables cartes de liberté (par des années de résidence, des mariages etc.).

CONCLUSION

Considérés comme un problème économique dès le début, la suite des évènements va montrer que la clé du problème des réfugiés réside bien dans une solution politique, conforme aux résolutions internationales des Nations Unies. Tant que ces données ne seront pas appliquées par Israël, tout arrangement économique sera voué à l’échec. La résistance des camps de réfugiés, devenu programme politique puis Etat palestinien en exil, continuera de s’exercer en vertu du droit à l’autodétermination et du droit de chaque peuple à disposer d’une terre. C’est en substance la demande des Palestiniens aujourd’hui : l’application notamment des résolutions 194 (III) et 242 de 1967. En réalité les accords d’Oslo ont montré le décalage énorme entre ce que les Palestiniens pensaient obtenir par phases vers l’application des résolutions ; pour les Israéliens il s’agit de ne donner que le minimum, et donc d’écarter les Nations Unies tout en ne concédant que le strict nécessaire pour calmer la résistance palestinienne, notamment celle incarnée par l’Intifada et qui fut un désastre économique pour l’Etat d’Israël.

Mais, la situation catastrophique qui prévaut à l’heure actuelle démontre bien que la seule solution réside dans les résolutions des Nations Unies pour que les réfugiés puissent voir leur avenir dans un Etat aux frontières reconnues et munis d’un passeport qui mentionne qu’ils sont des citoyens à part entière de Palestine.

Source: Association France Palestine solidarité
 

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