Chapitre 1 : Que veut dire le mot Islam ?
Allah :azwj: dit dans le Coran :
· « Nous te révélons un Coran en langue arabe » (42 : 7)
· « Nous en avons fait un Coran en langue arabe, afin que vous en saisissiez le sens. » (43 : 3)
· « Nous l’avons révélé en langue arabe, afin que vous puissiez le comprendre. » (12:2)
· « Révélé en langue arabe, ce Coran ne contient aucune équivoque. » (28:39)
· « Nous t’avons révélé en ce Coran un code de sagesse en langue arabe. » (13 : 37)
L’insistance sur la langue arabe provient du fait que l’on ne peut réellement comprendre le Coran dans toute sa profondeur qu’au travers de la langue arabe.
En effet, puisque dans le plan divin, le hasard n’a pas sa place, Allah :azwj: a choisi cette langue car chaque mot renferme plusieurs significations, et permet de donner de nombreux sens, tout en établissant des sens précis. Il attire ainsi notre attention sur le fait que la connaissance de la langue arabe est une obligation pour interpréter correctement le sens des versets coraniques.
L’examen étymologique du mot Islam, qui veut dire « le fait de conserver intact, sain et sauf, de se livrer entièrement pour se préserver », recèle par ailleurs quatre significations donnant un schéma général de l’islam, de la définition du musulman et de ses pratiques. Une personne maîtrisant parfaitement la langue arabe pourra ainsi se faire une bonne idée de l’islam, seulement en étudiant les significations sémantiques de ce mot.
L’Islam comprend donc principalement quatre significations qui ont été utilisées et explicitées par les Imams :as: ; il s’agit de : Al-Istislâm, At-Taslîm, As-Salâmatu, As-Salâm.
1. Al-Istislâm (S’en remettre en toute confiance à Allah, se consacrer exclusivement à quelque chose, chercher à rester sains et saufs, obéir, renoncer, se soumettre)
Par le terme Al-Istislâm, signifiant « S’en remettre exclusivement à Dieu », un musulman qui maîtrise la langue arabe saisit spontanément une dimension fondamentale de sa religion. Ce terme se répartit en deux aspects :
· Le premier est« S’en remettre exclusivement à Allah :azwj: » (Al-Istislâm li-llâh)
· Le deuxième est« S’en remettre exclusivement au Prophète :saws: et aux Imams :as: » ( Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Aymam)
a) S’en remettre entièrement à Allah, se consacrer exclusivement à Allah :azwj:
Les Imams rapportent que Al-Istislâm li-llâh signifie Ikhlâsu l’ibadati li-llâh, c’est-à-dire « Consacrer l’adoration à Allah tout seul. » Cela fait référence aux versets du Coran :
· « C’est Toi seul que nous adorons » (1:5)
· « Je n’ai créé les djinns et les humains que pour M’adorer. » (51:56)
Le terme ‘ibada dans la langue arabe n’a pas d’équivalent en français, mais le terme qui s’en rapproche le plus est « adoration ». L’analyse étymologique de Al-‘ibada comporte quatre significations :
En un seul mot, Al-‘ibada, Allah nous demande donc de réserver notre vie à Le connaître. Cette quête de connaissance développe le sentiment de l’humilité car nous découvrons Sa Grandeur et notre petitesse, puis jaillit naturellement le sentiment de l’amour devant Sa Générosité et les bienfaits dont Il nous a pourvus. Finalement, un authentique sentiment d’humilité et d’amour ne peut mener qu’à l’obéissance.
La Raison de notre existence
Cette première signification du mot Islam, découlant de sa racine Al-Istislâm, nous met donc devant la raison de notre existence et nous rappelle le Message transmis par tous les Prophètes de Allah.
Dans l’esprit de l’enseignement, les prophètes ont en effet tous enseigné le même Message, apportant la réponse à la raison de notre existence, même si des divergences apparaissent dans les aspects pratiques. Ses différences résultent de la nécessité de s’adapter aux circonstances politiques, économiques et sociales de chaque société, afin que les pratiques rituelles répondent aux besoins spécifiques des individus ayant dévié de l’Islam. Les gens n’ont pas tous les mêmes besoins et ne souffrent pas des mêmes problèmes, on ne peut donc pas les traiter tous de la même manière, chacun ayant besoin d’un remède différent. C’est pourquoi les pratiques de l’Islam s’adaptent également aux besoins et aux nouvelles déviances des sociétés auxquelles les prophètes sont envoyés.
En revanche, l’esprit du Message divin, Ad-Dîn ne change jamais, il constitue le socle commun à tous les prophètes. Allah dit dans le Coran : « Nous t’avons prescrit ce que nous avons déjà prescrit », à savoir les principes essentiels liés aux Croyances de l’Islam :
· Dieu est Unique.
· Celui qui fait le bien reçoit le bien et celui qui fait le mal reçoit le mal.
· Le Jour du Jugement aboutira sur le Paradis ou l’Enfer.
· Etablir la Paix sur la Terre, mais se défendre lorsqu’on est attaqué.
Allah nous explique la raison de notre existence dans le Coran : « Et Je n’ai créé les djinns et les humains que pour M’adorer. » (51:56) Les Imams :as: expliquent que : « Ya’budun, ay ya’ifûn », c’est-à-dire : « L’adoration de Allah signifie Le connaître ».
Si nous interrogeons le commun des mortels, les scientifiques ou les philosophes, aucun ne peut apporter une réponse certaine à cette question. Chacun peut donner celle qui lui semble la plus plausible, celle qui lui plaît le plus, mais il n’existe aucune preuve de la véracité de sa réponse. Et si Dieu n’existe pas, on ne peut apporter aucune réponse absolue ou certaine.
En revanche, si Dieu existe, c’est Lui qui peut nous dire pourquoi Il nous a créé, car cela fait partie de son « intention », qui fait partie du domaine du caché. Personne ne peut parler à Sa place. Par ailleurs, Il aurait pu nous créé pour plusieurs raisons ; il n’est pas nécessaire qu’Il nous ait créé pour que nous l’adorions. C’est Lui seul qui a décidé qu’Il a créé l’humain pour cette raison : adorer Allah.
b) S’en remettre entièrement au Messager de Allah (saws) et aux Imams, et se consacrer exclusivement à eux (Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Aiman)
La deuxième partie de la signification de Al-Istislâm est liée aux cinquième pilier de l’Islam : Al-Walaya[2]. Ce terme, Al-Walaya, est déjà exprimé dans Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Aiman, puisqu’il signifie le devoir de prendre comme Walî ceux qui sont désignés par le verset suivant :
« Vous n'avez pas de Maître (Walî) en dehors d'Allah et de Son Prophète, et de ceux qui ont accepté la Vérité : ceux qui font la Prière et qui font l'aumône tout en s'inclinant humblement. Ceux qui prennent pour Maîtres Allah, Son Prophète et ceux qui ont accepté la Vérité : voilà ceux qui forment le parti d'Allah, et qui seront les vainqueurs ! » (Sourate al-Mâ'idah, 5 : 55-56)[3]
Walî signifie dans ce contexte un maître possédant le caractère d’infaillibilité, envers qui nous devons amour, obéissance et soutien dans ce qu’il fait et contre ses ennemis.
Que veut dire Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Ayman ?
Les mêmes définitions de connaissance, amour, humilité et obéissance exposées précédemment pour Al-Istislâm li-llâh s’appliquent également au Prophète (saws) et aux Imams (p), toutefois, il existe des spécificités propres à chaque destinataire, car si le mot Al-Istislâm est le même, l’état de la personne devant Allah ou devant une personne ne peut être identique. Ainsi, adorer Allah exige une attitude particulière envers le Prophète et sa famille proche (Ahl ul-bayt), à savoir :
1. Connaître le Prophète (saws) et sa Famille (Ahl ul-Bayt).
2. Être humble face à sa personne et aux Imams, leurs qualités et leur savoir.
3. Aimer le Prophète et sa Famille (Ahl ul-Bayt).
4. Obéir aux commandements du Prophète et à ceux de sa Famille (Ahl ul-Bayt) sans opposition. [4]
Que signifie Al-Istislâm : « Obéir sans opposition » ? [5]
Si Allah avait voulu signifier une obéissance donnant à l’individu le droit de s’opposer, Il n’aurait pas utilisé le terme Al-Istislâm, mais plutôt le terme At-Ta’a, car ce dernier terme signifie également « obéir », mais suppose la possibilité de s’opposer dans certaines conditions.
Plus explicitement, At-Ta’a (obéir avec condition) s’emploie dans des circonstances où l’on obéit à quelqu’un, tout en s’opposant, soit dans les faits (en refusant directement de se soumettre à un ordre), soit par la pensée (en acceptant de répondre à l’ordre, mais avec une résistance intérieure qui nous fait dire que cela aurait été mieux d’agir autrement).
Par exemple, certains musulmans, bien qu’accomplissant la Prière par devoir, peuvent penser qu’il aurait été mieux qu’il n’y ait pas de prières obligatoires. Or, dans ces situations, on ne s’en remet pas entièrement à Allah. Ces personnes ne se montrent pas humbles devant Allah, et se comportent comme si elles prétendaient savoir mieux que Lui ce qui est bien.
Cette obéissance, Al-Istislâm, doit s’appliquer également envers le Prophète (saws) et les Imams (p) ; lorsqu’on est certain que l’enseignement est celui du Prophète (saws) et des Imams (p), il faut donc accepter de leur obéir sans opposition.
Toutefois, « obéir sans opposition » ne signifie pas s’abstenir d’utiliser son intelligence, il s’agit plutôt de mettre notre intelligence et notre raison à leur juste niveau. Si nous acceptons que ce soit Allah qui nous envoie le Prophète (saws), que ce soit Lui qui nous donne Son enseignement par l’intermédiaire du Prophète (saws), du Coran, et des Imams, comment pourrait-on raisonnablement nous opposer à Lui ?
Nous pourrions nous opposer si nous pensions que Allah peut oublier ou commettre des erreurs. Mais dans ce cas-là, on ne peut pas être dans le cadre de l’Islam, car Allah est Parfait. Ainsi, lorsqu’on renonce à l’opposition, c’est sur la base selon laquelle Allah sait tout et c’est à nous d’apprendre de Lui ; ce n’est pas à nous de lui dicter ce qu’Il doit faire.
Donc, le terme Istislâm renvoie à une obéissance sans opposition. Et une opposition peut être une opposition pratique, consistant au refus d’obéir à un commandement, ou une opposition par la conscience, en manifestant des réticences lors de la réalisation d’un acte.
Celui qui agirait de la sorte pourrait penser avoir une sagesse supérieure à Allah, alors que cela reflèterait en fait son ignorance, la méconnaissance de sa vraie valeur ainsi que celle de Allah. Or, connaître sa juste valeur constitue une preuve de sagesse, comme le rappelle l’Imam Ali (p), et quand nous sommes devant Allah, nous ne pouvons nous permettre de nous opposer à Lui. C’est pourquoi le Prophète dit : « Allah est Miséricordieux envers celui qui connaît sa juste valeur. » Il ne faut pas se surestimer, ni se sous-estimer. Connaître sa vraie valeur est une sagesse permettant de prendre les positions sages, tant dans les paroles que dans ses actes, et de ne pas agir sans en avoir les compétences, et ce, afin d’éviter de commettre des erreurs.
Donc, par cette signification « Al-Istislâm lillâh wa lilrassûlullâh wa lil-Ayman », nous comprenons la première composante de l’Islam, à savoir la réalisation du but de notre existence : l’adoration de Allah, Sa connaissance, être humble devant Lui, L’aimer, et Lui obéir. Bien sûr, tout découle de la première composante qui est la Connaissance de Allah. Si nous Le connaissons réellement, nous ne pouvons qu’être humble et L’aimer, et enfin lui obéir, car nous savons qui Il est vraiment.
Et la voie vers cette adoration de Allah :azwj:, c’est aussi connaître le Prophète :saws: et Ahl ul-Bayt :as:, être humble devant le Prophète et Ahl-ul-Bayt, les aimer et leur obéir. Ahl-ul-Bayt sont constitués de Fatima Zahra (p), Ali (p), Al-Hassan (p) et Al-Hussain (p) et les neufs descendants de Al-Hussein (p), qui apparaissent même dans les sources sunnites, avec le nom des douze Imams[6].
C’est cette attitude qui nous permet d’avoir la position la plus juste possible envers eux, car il appartient au Prophète :saws: et aux Imams :as: de nous transmettre le contenu de la Religion, puisque c’est Allah :azwj: qui leur a donné la capacité de transmettre clairement la religion.
[1] Le Verset coranique de Mawaddah : « Dis : "Je ne vous demande aucune rétribution pour cela, si ce n'est votre amour et l’obéissance (Mawaddah) envers les Proches (Al-Qurbâ). "» (Sourate al-Chûrâ, 42 : 23)
Le Messager d'Allah a bien spécifié qui est désigné par ce Verset béni, et qui sont ceux envers qui l'amour, l'obéissance et l'imitation sont obligatoires. Selon les exégètes, les rapporteurs de hadith et les biographes, les ''proches'' visés dans ce Verset sont 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn.
Ainsi, selon al-Zamakh-charî, dans son "Tafsîr al-Kach-châf": «... On raconte qu'une fois, les polythéistes s'étaient réunis et s'étaient dit les uns aux autres : "croyez-vous que Muhammad soit interrogé sur le salaire qu'il touche...?" Et alors fut révélé le Verset: «Dis : "Je ne vous demande aucun rétribution pour cela, si ce n'est votre amour et votre obéissance envers les proches."» (Al-Fakhr al-Râzî, "Al-Tafsîr al-Kabîr" : tafsîr Sourate al-Chûrâ, Verset 23.) Et al-Zamakh-charî d'ajouter: «Et on relate que lorsque ce Verset a été révélé, on demanda au Prophète: O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons l'obligation d'aimer? - 'Alî, Fâtimah, et leurs fils, répondit le Prophète.»
Selon Al-'Allâmah al-Bahrânî, éminent savant, citant "Al-Musnad" d'Ahmad ibn Hanbal, citant Sa'îd ibn Jubayr, Ibn 'Abbâs a dit : «Lorsque cette Parole : "Dis : "Je ne vous demande aucune rétribution pour cela, si ce n'est votre amour et votre obéissance envers les proches" a été révélée, on demanda : O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons l'obligation d'aimer? - 'Alî, Fâtimah, et leurs fils, répondit le Prophète.» ("Ghâyat al-Marâm", le tafsîr de ce Verset.)
[2]Cette question sera traitée en détails dans le chapitre 2 : Quels sont les cinq piliers de l’Islam ?
[3]Selon Al-Zamakh-Charî, dans "Al-Kach-châf": « Il [ce Verset] a été révélé à propos de 'Alî (qu'Allah ennoblisse son visage) lorsqu'un mendiant l'a sollicité pendant qu'il était en position d'Inclination dans sa Prière, et qu'il a laissé tomber pour lui sa bague -qui flottait à son petit doigt- sans interrompre sa Prière. Si vous vous demandez comment il [ce Verset] peut être relatif à 'Alî (qu'Allah ennoblisse son visage), alors que le terme désigne un pluriel, je vous répondrai : si le terme désigne un pluriel, bien qu'il s'agisse d'un seul homme, c'est pour inciter les gens à faire comme lui -dans le but d'obtenir la récompense qu'il a obtenue - et pour rappeler que la nature des Croyants devrait être tellement soucieuse de la piété, de la bienfaisance et du secours envers les pauvres, que même quand ils sont en train de faire la Prière, ils ne devraient pas ajourner l'accomplissement d'une action de bienfaisance - qui ne supporte aucun retard- jusqu'à la fin de leur Prière.» (A-Zamakh-charî, "Al-Kach-châf", tafsîr Sourate al-Mâ'idah, V.55.)
Citant Al-Kalbî, et parlant des circonstances de la Révélation de ce Verset : «Vous n'avez pas de Maître en dehors d'Allah et de Son Prophète, et de ceux qui ont accepté la Vérité : ceux qui font la Prière et qui font l'aumône pendant qu’ils s'inclinent humblement. », Al-Wâhidî a écrit: « La fin de ce Verset concerne 'Alî (que la Satisfaction d'Allah lui soit acquise), car il a donné sa bague à un mendiant pendant qu'il se trouvait dans la phase d'Inclination de sa Prière.» Al-Wâhidî, "Les Circonstances de la Révélation", Sourate al-Mâ'idah, Verset 55. Un grand nombre d'ouvrages de tafsîr et de hadith ont affirmé que ce Verset a été révélé à propos de 'Alî.
[4]Cela en toute conformité avec les ahadith prophétiques suivants : 1) Selon al-Tabarânî, dans "Al-Awsat", Ibn Hajar a dit : «La dernière chose que le Prophète a dite est ceci : "Trouvez, dans les Gens de ma Famille (Ahl ul-Bayti), ma Succession."» 2) Selon Zayd ibn al-Arqam, cité par Muslim, al-Tirmithî et al-Nasâ'î, le Prophète a dit : «Je vous rappelle Allah par les Gens de ma Famille (Ahl ul-Bayti).» 3) Selon l'Imam 'Ali, cité par al-Khatîb dans son "Ta'rîkh", le Prophète dit : «Mon intercession en faveur de ma Ummah dépend de l'amour [qu'elle éprouve] envers les Gens de ma Maison (Ahl ul-Bayti).»
[5]At-Ta’a biduna sir.. « Obéir sans opposition ». Pourquoi doit-on obéir sans opposition ? On s’oppose quand on connaît. Mais l’Islam n’est pas notre affaire. C’est Allah qui nous enseigne l’Islam en nous envoyant le Prophète (pslf), puis Il désigne ses successeurs qui ont cette autorité de transmettre et d’expliquer. Donc, l’opposition est impossible, non parce que l’Islam est contre la liberté mais parce que tout simplement cela ne nous appartient pas. Et les Imams ne font pas quelque chose d’eux-mêmes, ils ne font que transmettre. Mais Allah leur a donné la capacité de donner le message clair, d’expliquer, pour que les musulmans ne se perdent pas ensuite avec mille interprétations, comme c’est le cas chez les musulmans.
L’Imam Sadiq (p) dit sur le point de At-Taslim, qui revient après au sens de Al-‘Ibada : « Al-‘ûbadi thalath » : «Les serviteurs (d'Allah) sont répartis en trois catégories : une catégorie de serviteurs qui adorent Allah par crainte (de Lui); leur adoration est celle des esclaves, une deuxième catégorie qui adorent Allah par l'appât de récompense spirituelle (thawâb), leur adoration est celle des commerçants, et une troisième catégorie qui adorent Allah par amour, leur adoration est celle des hommes libres, et elle est la meilleure des adorations»."Uçûl al-Kâfî", Tom. 3, p. 131.
Par Miséricorde, Allah a accepte les deux premières formes d’adoration bien qu’elles ne soient pas une adoration pure, car rares sont ceux qui ont la capacité d’adorer Allah de façon purement désintéressée. C’est pourquoi Allah a créé l’Enfer et le Paradis pour nous inciter à Lui obéir.
Quelle est la voie vers la dernière forme d’adoration ? C’est le dhikr. Al-Imam Baqir (P) dit de son père que quand il marchait il avait toujours la langue en action, récitant « Lâ ilâha illa llâh », sauf pendant qu’il parlait avec quelqu’un, qu’il mangeait ou buvait. Il s’agit bien sûr du dikr apparent nécessaire pour montrer la voie aux musulmans et les inciter à le pratiquer, mais les Imams (p) sont toujours dans le dhikr du cœur.
[6]Selon un hadith, le Prophète (pslf) montra du doigt al-Hussayn Ibn Ali (P) et dit: «C'est un Imam, fils d'un Imam, frère d'un Imam et père de neuf Imams». ("Al-Minhâj", d'Ibn Taymyyah, vol. IV, p. 210).L'Imam al-Hussain (p) (cité dans "Yanâbî' al-Mawaddah", citant "Al-Manâqib" d'al-Khawârizmî, témoigne: «Un jour lorsque je suis entré chez mon grand-père, le Messager d'Allah (P), il m'a fait asseoir sur sa jambe et m'a dit: «Allah a choisi de ton épine dorsale, ô Hussain!, neuf Imams dont le neuvième sera leur Résurrecteur (Qâ'im). Ils seront tous égaux dans la préséance et la position auprès d'Allah». "Yanâbi' al-Mawaddah", 3/168, Section 94.
Salmân al-Fârecî (cité dans "Yanâbî` al-Mawaddah" qui cite "Al-Manâqib" d'Al-Khawârizmî) témoigne : «Un jour je suis entré chez le Messager d'Allah (P) et je l'ai vu en train d'embrasser les yeux d'al-Hussain, qui était assis sur sa jambe, et le baiser sur la bouche, en lui disant: «Tu es Maître (Sayyed), fils de Maître et frère de Maître! Tu es Imam, fils d'Imam et frère d'Imam! Tu es Hujjah (Preuve d'Allah) et père de Hujjah et tu es le père de neuf Hujjah dont le neuvième sera leur Résurrecteur». "Yanâbî' al-Mawaddah", 3/167, Section 94.
Les Hadîthsdu Prophète sur les «Douze Califes-Successeurs» :
Al-Bukhârî a rapporté le témoignage suivant de Jâbir Ibn Samrah: «J'ai entendu le Prophète (P) dire: "Il y aura douze Amîrs ..." et d'autres mots que je n'ai pas pu entendre. Mon père m'a informé alors qu'il avait dit "ils seront tous issus de Quraych" » "Çahîh al-Bukhârî", 4/164, "Kitâb al-Ahkâm", Bâb al-Istikhlâf. Le même témoignage est cité également par al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", 1/272/19 et dans "Al-Khiçâl", 2/469 et 475.
Selon "Çahîh Muslim", le Prophète (P) a dit: «La Religion se maintiendra jusqu'à l'arrivée de l'Heure ou jusqu'à ce que Douze Califes, issus tous de Quraych, vous eussent dirigés». "Çahîh Muslim", 2/19; "Kitâb al-Imârah", Bâb al-Nâs Tabi' Quraych (rapporté selon 9 chaînes de transmetteurs).
"Musnad Ahmad", cite le témoignage suivant de Masrûq: «Nous étions assis chez 'Abdullâh Ibn Mas'ûd qui récitait le Coran. Un homme demanda alors à ce dernier: «Ô Abû 'Abdul-Rahmân! N'avez-vous jamais demandé au Messager d'Allah (P) combien de Califes vont régner sur cette Umma?» 'Abdullâh Ibn Mas'ûd a répondu: «Personne, avant toi, ne m'a posé cette question depuis que je suis venu en Irak». Et d'ajouter: «Si! nous l'avons posée au Messager d'Allah (P) et il y a répondu: "Douze, comme le nombre des Chefs (noqabâ') de Banî Isrâ'îl"» "Musnad AHMAD", 5/90, 93, 97, 100, 106, 107. Il est cité également par Al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", 1/270/16.
Allah :azwj: dit dans le Coran :
· « Nous te révélons un Coran en langue arabe » (42 : 7)
· « Nous en avons fait un Coran en langue arabe, afin que vous en saisissiez le sens. » (43 : 3)
· « Nous l’avons révélé en langue arabe, afin que vous puissiez le comprendre. » (12:2)
· « Révélé en langue arabe, ce Coran ne contient aucune équivoque. » (28:39)
· « Nous t’avons révélé en ce Coran un code de sagesse en langue arabe. » (13 : 37)
L’insistance sur la langue arabe provient du fait que l’on ne peut réellement comprendre le Coran dans toute sa profondeur qu’au travers de la langue arabe.
En effet, puisque dans le plan divin, le hasard n’a pas sa place, Allah :azwj: a choisi cette langue car chaque mot renferme plusieurs significations, et permet de donner de nombreux sens, tout en établissant des sens précis. Il attire ainsi notre attention sur le fait que la connaissance de la langue arabe est une obligation pour interpréter correctement le sens des versets coraniques.
L’examen étymologique du mot Islam, qui veut dire « le fait de conserver intact, sain et sauf, de se livrer entièrement pour se préserver », recèle par ailleurs quatre significations donnant un schéma général de l’islam, de la définition du musulman et de ses pratiques. Une personne maîtrisant parfaitement la langue arabe pourra ainsi se faire une bonne idée de l’islam, seulement en étudiant les significations sémantiques de ce mot.
L’Islam comprend donc principalement quatre significations qui ont été utilisées et explicitées par les Imams :as: ; il s’agit de : Al-Istislâm, At-Taslîm, As-Salâmatu, As-Salâm.
1. Al-Istislâm (S’en remettre en toute confiance à Allah, se consacrer exclusivement à quelque chose, chercher à rester sains et saufs, obéir, renoncer, se soumettre)
Par le terme Al-Istislâm, signifiant « S’en remettre exclusivement à Dieu », un musulman qui maîtrise la langue arabe saisit spontanément une dimension fondamentale de sa religion. Ce terme se répartit en deux aspects :
· Le premier est« S’en remettre exclusivement à Allah :azwj: » (Al-Istislâm li-llâh)
· Le deuxième est« S’en remettre exclusivement au Prophète :saws: et aux Imams :as: » ( Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Aymam)
a) S’en remettre entièrement à Allah, se consacrer exclusivement à Allah :azwj:
Les Imams rapportent que Al-Istislâm li-llâh signifie Ikhlâsu l’ibadati li-llâh, c’est-à-dire « Consacrer l’adoration à Allah tout seul. » Cela fait référence aux versets du Coran :
· « C’est Toi seul que nous adorons » (1:5)
· « Je n’ai créé les djinns et les humains que pour M’adorer. » (51:56)
Le terme ‘ibada dans la langue arabe n’a pas d’équivalent en français, mais le terme qui s’en rapproche le plus est « adoration ». L’analyse étymologique de Al-‘ibada comporte quatre significations :
- La Connaissance (Al-Ma’rifa). Allah nous prescrit donc de Le connaître, comme l’expliquent les Imams : « Lorsque Allah dit dans le Coran : « Illâ li ya’budun », celasignifie « illâ li ya’rufûn ». » (Lorsque Allah dit dans le Coran : « Seulement pour L’adorer », cela signifie « Seulement pour Le connaître. »)
- L’humilité (At-Thadhallûn). Allah nous prescrit d’être humble devant Lui.
- L’Amour (Al-Mahabba). Allah nous prescrit de L’aimer.
- L’obéissance (At-Ta’a). Allah nous prescrit de Lui obéir.
En un seul mot, Al-‘ibada, Allah nous demande donc de réserver notre vie à Le connaître. Cette quête de connaissance développe le sentiment de l’humilité car nous découvrons Sa Grandeur et notre petitesse, puis jaillit naturellement le sentiment de l’amour devant Sa Générosité et les bienfaits dont Il nous a pourvus. Finalement, un authentique sentiment d’humilité et d’amour ne peut mener qu’à l’obéissance.
La Raison de notre existence
Cette première signification du mot Islam, découlant de sa racine Al-Istislâm, nous met donc devant la raison de notre existence et nous rappelle le Message transmis par tous les Prophètes de Allah.
Dans l’esprit de l’enseignement, les prophètes ont en effet tous enseigné le même Message, apportant la réponse à la raison de notre existence, même si des divergences apparaissent dans les aspects pratiques. Ses différences résultent de la nécessité de s’adapter aux circonstances politiques, économiques et sociales de chaque société, afin que les pratiques rituelles répondent aux besoins spécifiques des individus ayant dévié de l’Islam. Les gens n’ont pas tous les mêmes besoins et ne souffrent pas des mêmes problèmes, on ne peut donc pas les traiter tous de la même manière, chacun ayant besoin d’un remède différent. C’est pourquoi les pratiques de l’Islam s’adaptent également aux besoins et aux nouvelles déviances des sociétés auxquelles les prophètes sont envoyés.
En revanche, l’esprit du Message divin, Ad-Dîn ne change jamais, il constitue le socle commun à tous les prophètes. Allah dit dans le Coran : « Nous t’avons prescrit ce que nous avons déjà prescrit », à savoir les principes essentiels liés aux Croyances de l’Islam :
· Dieu est Unique.
· Celui qui fait le bien reçoit le bien et celui qui fait le mal reçoit le mal.
· Le Jour du Jugement aboutira sur le Paradis ou l’Enfer.
· Etablir la Paix sur la Terre, mais se défendre lorsqu’on est attaqué.
Allah nous explique la raison de notre existence dans le Coran : « Et Je n’ai créé les djinns et les humains que pour M’adorer. » (51:56) Les Imams :as: expliquent que : « Ya’budun, ay ya’ifûn », c’est-à-dire : « L’adoration de Allah signifie Le connaître ».
Si nous interrogeons le commun des mortels, les scientifiques ou les philosophes, aucun ne peut apporter une réponse certaine à cette question. Chacun peut donner celle qui lui semble la plus plausible, celle qui lui plaît le plus, mais il n’existe aucune preuve de la véracité de sa réponse. Et si Dieu n’existe pas, on ne peut apporter aucune réponse absolue ou certaine.
En revanche, si Dieu existe, c’est Lui qui peut nous dire pourquoi Il nous a créé, car cela fait partie de son « intention », qui fait partie du domaine du caché. Personne ne peut parler à Sa place. Par ailleurs, Il aurait pu nous créé pour plusieurs raisons ; il n’est pas nécessaire qu’Il nous ait créé pour que nous l’adorions. C’est Lui seul qui a décidé qu’Il a créé l’humain pour cette raison : adorer Allah.
b) S’en remettre entièrement au Messager de Allah (saws) et aux Imams, et se consacrer exclusivement à eux (Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Aiman)
La deuxième partie de la signification de Al-Istislâm est liée aux cinquième pilier de l’Islam : Al-Walaya[2]. Ce terme, Al-Walaya, est déjà exprimé dans Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Aiman, puisqu’il signifie le devoir de prendre comme Walî ceux qui sont désignés par le verset suivant :
« Vous n'avez pas de Maître (Walî) en dehors d'Allah et de Son Prophète, et de ceux qui ont accepté la Vérité : ceux qui font la Prière et qui font l'aumône tout en s'inclinant humblement. Ceux qui prennent pour Maîtres Allah, Son Prophète et ceux qui ont accepté la Vérité : voilà ceux qui forment le parti d'Allah, et qui seront les vainqueurs ! » (Sourate al-Mâ'idah, 5 : 55-56)[3]
Walî signifie dans ce contexte un maître possédant le caractère d’infaillibilité, envers qui nous devons amour, obéissance et soutien dans ce qu’il fait et contre ses ennemis.
Que veut dire Al-Istislâm lil-Rassûlullâh wa lil-Ayman ?
Les mêmes définitions de connaissance, amour, humilité et obéissance exposées précédemment pour Al-Istislâm li-llâh s’appliquent également au Prophète (saws) et aux Imams (p), toutefois, il existe des spécificités propres à chaque destinataire, car si le mot Al-Istislâm est le même, l’état de la personne devant Allah ou devant une personne ne peut être identique. Ainsi, adorer Allah exige une attitude particulière envers le Prophète et sa famille proche (Ahl ul-bayt), à savoir :
1. Connaître le Prophète (saws) et sa Famille (Ahl ul-Bayt).
2. Être humble face à sa personne et aux Imams, leurs qualités et leur savoir.
3. Aimer le Prophète et sa Famille (Ahl ul-Bayt).
4. Obéir aux commandements du Prophète et à ceux de sa Famille (Ahl ul-Bayt) sans opposition. [4]
Que signifie Al-Istislâm : « Obéir sans opposition » ? [5]
Si Allah avait voulu signifier une obéissance donnant à l’individu le droit de s’opposer, Il n’aurait pas utilisé le terme Al-Istislâm, mais plutôt le terme At-Ta’a, car ce dernier terme signifie également « obéir », mais suppose la possibilité de s’opposer dans certaines conditions.
Plus explicitement, At-Ta’a (obéir avec condition) s’emploie dans des circonstances où l’on obéit à quelqu’un, tout en s’opposant, soit dans les faits (en refusant directement de se soumettre à un ordre), soit par la pensée (en acceptant de répondre à l’ordre, mais avec une résistance intérieure qui nous fait dire que cela aurait été mieux d’agir autrement).
Par exemple, certains musulmans, bien qu’accomplissant la Prière par devoir, peuvent penser qu’il aurait été mieux qu’il n’y ait pas de prières obligatoires. Or, dans ces situations, on ne s’en remet pas entièrement à Allah. Ces personnes ne se montrent pas humbles devant Allah, et se comportent comme si elles prétendaient savoir mieux que Lui ce qui est bien.
Cette obéissance, Al-Istislâm, doit s’appliquer également envers le Prophète (saws) et les Imams (p) ; lorsqu’on est certain que l’enseignement est celui du Prophète (saws) et des Imams (p), il faut donc accepter de leur obéir sans opposition.
Toutefois, « obéir sans opposition » ne signifie pas s’abstenir d’utiliser son intelligence, il s’agit plutôt de mettre notre intelligence et notre raison à leur juste niveau. Si nous acceptons que ce soit Allah qui nous envoie le Prophète (saws), que ce soit Lui qui nous donne Son enseignement par l’intermédiaire du Prophète (saws), du Coran, et des Imams, comment pourrait-on raisonnablement nous opposer à Lui ?
Nous pourrions nous opposer si nous pensions que Allah peut oublier ou commettre des erreurs. Mais dans ce cas-là, on ne peut pas être dans le cadre de l’Islam, car Allah est Parfait. Ainsi, lorsqu’on renonce à l’opposition, c’est sur la base selon laquelle Allah sait tout et c’est à nous d’apprendre de Lui ; ce n’est pas à nous de lui dicter ce qu’Il doit faire.
Donc, le terme Istislâm renvoie à une obéissance sans opposition. Et une opposition peut être une opposition pratique, consistant au refus d’obéir à un commandement, ou une opposition par la conscience, en manifestant des réticences lors de la réalisation d’un acte.
Celui qui agirait de la sorte pourrait penser avoir une sagesse supérieure à Allah, alors que cela reflèterait en fait son ignorance, la méconnaissance de sa vraie valeur ainsi que celle de Allah. Or, connaître sa juste valeur constitue une preuve de sagesse, comme le rappelle l’Imam Ali (p), et quand nous sommes devant Allah, nous ne pouvons nous permettre de nous opposer à Lui. C’est pourquoi le Prophète dit : « Allah est Miséricordieux envers celui qui connaît sa juste valeur. » Il ne faut pas se surestimer, ni se sous-estimer. Connaître sa vraie valeur est une sagesse permettant de prendre les positions sages, tant dans les paroles que dans ses actes, et de ne pas agir sans en avoir les compétences, et ce, afin d’éviter de commettre des erreurs.
Donc, par cette signification « Al-Istislâm lillâh wa lilrassûlullâh wa lil-Ayman », nous comprenons la première composante de l’Islam, à savoir la réalisation du but de notre existence : l’adoration de Allah, Sa connaissance, être humble devant Lui, L’aimer, et Lui obéir. Bien sûr, tout découle de la première composante qui est la Connaissance de Allah. Si nous Le connaissons réellement, nous ne pouvons qu’être humble et L’aimer, et enfin lui obéir, car nous savons qui Il est vraiment.
Et la voie vers cette adoration de Allah :azwj:, c’est aussi connaître le Prophète :saws: et Ahl ul-Bayt :as:, être humble devant le Prophète et Ahl-ul-Bayt, les aimer et leur obéir. Ahl-ul-Bayt sont constitués de Fatima Zahra (p), Ali (p), Al-Hassan (p) et Al-Hussain (p) et les neufs descendants de Al-Hussein (p), qui apparaissent même dans les sources sunnites, avec le nom des douze Imams[6].
C’est cette attitude qui nous permet d’avoir la position la plus juste possible envers eux, car il appartient au Prophète :saws: et aux Imams :as: de nous transmettre le contenu de la Religion, puisque c’est Allah :azwj: qui leur a donné la capacité de transmettre clairement la religion.
[1] Le Verset coranique de Mawaddah : « Dis : "Je ne vous demande aucune rétribution pour cela, si ce n'est votre amour et l’obéissance (Mawaddah) envers les Proches (Al-Qurbâ). "» (Sourate al-Chûrâ, 42 : 23)
Le Messager d'Allah a bien spécifié qui est désigné par ce Verset béni, et qui sont ceux envers qui l'amour, l'obéissance et l'imitation sont obligatoires. Selon les exégètes, les rapporteurs de hadith et les biographes, les ''proches'' visés dans ce Verset sont 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn.
Ainsi, selon al-Zamakh-charî, dans son "Tafsîr al-Kach-châf": «... On raconte qu'une fois, les polythéistes s'étaient réunis et s'étaient dit les uns aux autres : "croyez-vous que Muhammad soit interrogé sur le salaire qu'il touche...?" Et alors fut révélé le Verset: «Dis : "Je ne vous demande aucun rétribution pour cela, si ce n'est votre amour et votre obéissance envers les proches."» (Al-Fakhr al-Râzî, "Al-Tafsîr al-Kabîr" : tafsîr Sourate al-Chûrâ, Verset 23.) Et al-Zamakh-charî d'ajouter: «Et on relate que lorsque ce Verset a été révélé, on demanda au Prophète: O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons l'obligation d'aimer? - 'Alî, Fâtimah, et leurs fils, répondit le Prophète.»
Selon Al-'Allâmah al-Bahrânî, éminent savant, citant "Al-Musnad" d'Ahmad ibn Hanbal, citant Sa'îd ibn Jubayr, Ibn 'Abbâs a dit : «Lorsque cette Parole : "Dis : "Je ne vous demande aucune rétribution pour cela, si ce n'est votre amour et votre obéissance envers les proches" a été révélée, on demanda : O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons l'obligation d'aimer? - 'Alî, Fâtimah, et leurs fils, répondit le Prophète.» ("Ghâyat al-Marâm", le tafsîr de ce Verset.)
[2]Cette question sera traitée en détails dans le chapitre 2 : Quels sont les cinq piliers de l’Islam ?
[3]Selon Al-Zamakh-Charî, dans "Al-Kach-châf": « Il [ce Verset] a été révélé à propos de 'Alî (qu'Allah ennoblisse son visage) lorsqu'un mendiant l'a sollicité pendant qu'il était en position d'Inclination dans sa Prière, et qu'il a laissé tomber pour lui sa bague -qui flottait à son petit doigt- sans interrompre sa Prière. Si vous vous demandez comment il [ce Verset] peut être relatif à 'Alî (qu'Allah ennoblisse son visage), alors que le terme désigne un pluriel, je vous répondrai : si le terme désigne un pluriel, bien qu'il s'agisse d'un seul homme, c'est pour inciter les gens à faire comme lui -dans le but d'obtenir la récompense qu'il a obtenue - et pour rappeler que la nature des Croyants devrait être tellement soucieuse de la piété, de la bienfaisance et du secours envers les pauvres, que même quand ils sont en train de faire la Prière, ils ne devraient pas ajourner l'accomplissement d'une action de bienfaisance - qui ne supporte aucun retard- jusqu'à la fin de leur Prière.» (A-Zamakh-charî, "Al-Kach-châf", tafsîr Sourate al-Mâ'idah, V.55.)
Citant Al-Kalbî, et parlant des circonstances de la Révélation de ce Verset : «Vous n'avez pas de Maître en dehors d'Allah et de Son Prophète, et de ceux qui ont accepté la Vérité : ceux qui font la Prière et qui font l'aumône pendant qu’ils s'inclinent humblement. », Al-Wâhidî a écrit: « La fin de ce Verset concerne 'Alî (que la Satisfaction d'Allah lui soit acquise), car il a donné sa bague à un mendiant pendant qu'il se trouvait dans la phase d'Inclination de sa Prière.» Al-Wâhidî, "Les Circonstances de la Révélation", Sourate al-Mâ'idah, Verset 55. Un grand nombre d'ouvrages de tafsîr et de hadith ont affirmé que ce Verset a été révélé à propos de 'Alî.
[4]Cela en toute conformité avec les ahadith prophétiques suivants : 1) Selon al-Tabarânî, dans "Al-Awsat", Ibn Hajar a dit : «La dernière chose que le Prophète a dite est ceci : "Trouvez, dans les Gens de ma Famille (Ahl ul-Bayti), ma Succession."» 2) Selon Zayd ibn al-Arqam, cité par Muslim, al-Tirmithî et al-Nasâ'î, le Prophète a dit : «Je vous rappelle Allah par les Gens de ma Famille (Ahl ul-Bayti).» 3) Selon l'Imam 'Ali, cité par al-Khatîb dans son "Ta'rîkh", le Prophète dit : «Mon intercession en faveur de ma Ummah dépend de l'amour [qu'elle éprouve] envers les Gens de ma Maison (Ahl ul-Bayti).»
[5]At-Ta’a biduna sir.. « Obéir sans opposition ». Pourquoi doit-on obéir sans opposition ? On s’oppose quand on connaît. Mais l’Islam n’est pas notre affaire. C’est Allah qui nous enseigne l’Islam en nous envoyant le Prophète (pslf), puis Il désigne ses successeurs qui ont cette autorité de transmettre et d’expliquer. Donc, l’opposition est impossible, non parce que l’Islam est contre la liberté mais parce que tout simplement cela ne nous appartient pas. Et les Imams ne font pas quelque chose d’eux-mêmes, ils ne font que transmettre. Mais Allah leur a donné la capacité de donner le message clair, d’expliquer, pour que les musulmans ne se perdent pas ensuite avec mille interprétations, comme c’est le cas chez les musulmans.
L’Imam Sadiq (p) dit sur le point de At-Taslim, qui revient après au sens de Al-‘Ibada : « Al-‘ûbadi thalath » : «Les serviteurs (d'Allah) sont répartis en trois catégories : une catégorie de serviteurs qui adorent Allah par crainte (de Lui); leur adoration est celle des esclaves, une deuxième catégorie qui adorent Allah par l'appât de récompense spirituelle (thawâb), leur adoration est celle des commerçants, et une troisième catégorie qui adorent Allah par amour, leur adoration est celle des hommes libres, et elle est la meilleure des adorations»."Uçûl al-Kâfî", Tom. 3, p. 131.
Par Miséricorde, Allah a accepte les deux premières formes d’adoration bien qu’elles ne soient pas une adoration pure, car rares sont ceux qui ont la capacité d’adorer Allah de façon purement désintéressée. C’est pourquoi Allah a créé l’Enfer et le Paradis pour nous inciter à Lui obéir.
Quelle est la voie vers la dernière forme d’adoration ? C’est le dhikr. Al-Imam Baqir (P) dit de son père que quand il marchait il avait toujours la langue en action, récitant « Lâ ilâha illa llâh », sauf pendant qu’il parlait avec quelqu’un, qu’il mangeait ou buvait. Il s’agit bien sûr du dikr apparent nécessaire pour montrer la voie aux musulmans et les inciter à le pratiquer, mais les Imams (p) sont toujours dans le dhikr du cœur.
[6]Selon un hadith, le Prophète (pslf) montra du doigt al-Hussayn Ibn Ali (P) et dit: «C'est un Imam, fils d'un Imam, frère d'un Imam et père de neuf Imams». ("Al-Minhâj", d'Ibn Taymyyah, vol. IV, p. 210).L'Imam al-Hussain (p) (cité dans "Yanâbî' al-Mawaddah", citant "Al-Manâqib" d'al-Khawârizmî, témoigne: «Un jour lorsque je suis entré chez mon grand-père, le Messager d'Allah (P), il m'a fait asseoir sur sa jambe et m'a dit: «Allah a choisi de ton épine dorsale, ô Hussain!, neuf Imams dont le neuvième sera leur Résurrecteur (Qâ'im). Ils seront tous égaux dans la préséance et la position auprès d'Allah». "Yanâbi' al-Mawaddah", 3/168, Section 94.
Salmân al-Fârecî (cité dans "Yanâbî` al-Mawaddah" qui cite "Al-Manâqib" d'Al-Khawârizmî) témoigne : «Un jour je suis entré chez le Messager d'Allah (P) et je l'ai vu en train d'embrasser les yeux d'al-Hussain, qui était assis sur sa jambe, et le baiser sur la bouche, en lui disant: «Tu es Maître (Sayyed), fils de Maître et frère de Maître! Tu es Imam, fils d'Imam et frère d'Imam! Tu es Hujjah (Preuve d'Allah) et père de Hujjah et tu es le père de neuf Hujjah dont le neuvième sera leur Résurrecteur». "Yanâbî' al-Mawaddah", 3/167, Section 94.
Les Hadîthsdu Prophète sur les «Douze Califes-Successeurs» :
Al-Bukhârî a rapporté le témoignage suivant de Jâbir Ibn Samrah: «J'ai entendu le Prophète (P) dire: "Il y aura douze Amîrs ..." et d'autres mots que je n'ai pas pu entendre. Mon père m'a informé alors qu'il avait dit "ils seront tous issus de Quraych" » "Çahîh al-Bukhârî", 4/164, "Kitâb al-Ahkâm", Bâb al-Istikhlâf. Le même témoignage est cité également par al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", 1/272/19 et dans "Al-Khiçâl", 2/469 et 475.
Selon "Çahîh Muslim", le Prophète (P) a dit: «La Religion se maintiendra jusqu'à l'arrivée de l'Heure ou jusqu'à ce que Douze Califes, issus tous de Quraych, vous eussent dirigés». "Çahîh Muslim", 2/19; "Kitâb al-Imârah", Bâb al-Nâs Tabi' Quraych (rapporté selon 9 chaînes de transmetteurs).
"Musnad Ahmad", cite le témoignage suivant de Masrûq: «Nous étions assis chez 'Abdullâh Ibn Mas'ûd qui récitait le Coran. Un homme demanda alors à ce dernier: «Ô Abû 'Abdul-Rahmân! N'avez-vous jamais demandé au Messager d'Allah (P) combien de Califes vont régner sur cette Umma?» 'Abdullâh Ibn Mas'ûd a répondu: «Personne, avant toi, ne m'a posé cette question depuis que je suis venu en Irak». Et d'ajouter: «Si! nous l'avons posée au Messager d'Allah (P) et il y a répondu: "Douze, comme le nombre des Chefs (noqabâ') de Banî Isrâ'îl"» "Musnad AHMAD", 5/90, 93, 97, 100, 106, 107. Il est cité également par Al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", 1/270/16.
