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Iran : du sunnisme au chiisme

Hussein.fr

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Iran du sunnisme au chi’isme. Les Séfévides (1501-1732)

A l’heure actuelle le monde entier sait que l’Iran est d’obédience chiite, mais très peu de gens savent que l’Iran fut sunnite pendant des décennies. En effet ce n’est qu’en 1501 que chah Ismail proclama le chi’isme comme religion officielle en Iran.

On voit se succéder sur le trône de Perse diverses dynasties comme les Buwayhides (fondée par les trois fils de Buyeh: 'Ali, Hasan et Ahmad. Vers 935, cette dynastie encouragea le chiisme et notamment sous le règne de Adud ad-Dawlah (949-983)) qui encouragea notamment les pélérinages à Najaf et Karbala.

Il y eu également les Sâmânides, Il s'agit de la première dynastie Perse qui repris le pouvoir après la conquête Arabe. En 819, le Calife al-Mamun (813-833) avait récompensé les quatre petits-fils du perse Saman-Khoda (Nuh, Ahmad, Yahya et Elyas) et pour leurs bons et loyaux services en leur attribuant à chacun une province. Ismail I (892-907), le fils d'Ahmad, prit rapidement le contrôle de la Transoxiane et du Khorassan et s'y installa comme gouverneur semi-indépendant, choisissant Bukhara comme capitale.

Mais les siècles suivants vont être une succession d'invasions et razzias de la part des Turcs, des Mongols. Malgré cela, les populations résistent culturellement et les Turcs comme les Mongols s'iranisent peu à peu.
Il faut attendre 1502 pour voir une dynastie turco-persane régner sur l'Iran de façon brillante, les Séfévides ( 1502-1737). Le plus célèbre monarque de la dynastie, Shah Abbas, fit d'Ispahan sa capitale et y construisit de splendides mosquées aux dômes turquoises. La dynastie suivante d'origine Afghane ne régnera que quelques années (1722-1729) vite remplacée par une nouvelle dynastie iranienne, les Zands (1747-1779).

L'origine des Séfévides n'est pas très bien connue. Eux-mêmes se revendiquaient du côté paternel seyyed-e-Hosseyni (descendants du prophète), via Ali ibn abi talib (as). Du côté maternel, ils se placent dans la continuité de la Perse antique : ils seraient descendants de Yazgard III, dernier roi Sassanide (632-651).

La véritable histoire des Séfévides commence avec Cheikh Safi al-Din Ardabili (1252-1334), qui fut un chef spirituel (Cheikh) très vénéré de la région d'Ardabil, en Azerbaijan. Son arrière petit-fils, Haydar, lui donnera en 1487 un fils Ismail, destiné à devenir le premier roi Sefevide.

Inquiets de la puissance et de la popularité montante de Cheikh Safi al-Dinh, les souverains Akkoyunlu les font déporter. En exil, ils recrutent des partisans, les Kizil Bach (têtes rouges), en fait des guerriers Turcomans. Au printemps 1501, Ismail revient en force à la tête de son armée turcomane, défait les forces du dernier souverain Akkoyunlu, et se fait couronner Shah à Tabriz.

LE REGNE DE ISMAIL I SHAH (1502-1524) : Le chi’isme devient religion d’état.
Son premier acte royal fut de déclarer le chi’isme religion d'Etat. Cette décision marque la séparation définitive de la Perse avec le monde Arabe et l'Empire Ottoman naissant, tous deux sunnites. L’une des conséquences inattendue fut la fuite de milliers d'intellectuels sunnites, ce qui est d’ailleurs à l'origine du rayonnement de la langue persane en Inde. Néanmoins, cet exode, privant le pays de son intelligentsia, a causé une grande crise interne.
Pendant les 10 premières années de son règne, Shah Ismail I conquit l'entièreté de l'antique Perse : l’Iran central en 150, les provinces du sud de la Caspienne en 1504, de 1505 à 1508 il fit la conquête de l'Irak actuel, et en 1510 ce fut la conquête du Khorassan, que les Ouzbeks venaient de reprendre aux derniers Timurides.

Toutes ces conquêtes inquiète l'Empire Ottoman, déjà menacé à l'est par les forces chrétiennes. Le Sultan Selim I décida donc de marcher sur la Perse. Le 23 août 1514 a lieu la Bataille de Tchaldiran : les turcs écrasent - grâce à leur artillerie lourde - l'armée Séfévide. Mais les Ottomans dûrent s'arrêter là : le froid de l'Azerbaijan les força à retourner en des lieux plus cléments, et ils abandonnèrent d'ailleurs leur artillerie à Tabriz.

LES SUCCESSEURS DE SHAH ISMAIL I (1524-1588)
Les successeurs d'Ismail I : Tahmasp I (1524-1576) (la production de manuscrits est particulièrement florissante sous son règne pour qui a été réalisée une copie somptueusement illustrée du Chah-Nameh de Firdousi.), Ismail II (1576-1578), et Muhammad Khodadanba (1578-1588), se montrèrent moins compétents. La position du gouvernement en Perse, et de la Perse en générale, sortit affaiblie de leurs règnes. De fait, la perse était plus dirigée par les émirs (généraux) turcmènes, divisés en factions rivales, que par le Shah. De la sorte, l'intégrité territoriale de la Perse avait été fortement mise à mal, à l'ouest par les Ottomans et au nord-est par les Ouzbeks.

LE REGNE DE SHAH ABBAS I LE GRAND (1588-1629) : Restauration du pouvoir central et de l'intégrité territoriale (1588-1602)

Lorsqu'il monta sur le trône, Shah Abbas I réalisa que la situation n'était plus tenable. Dans l'immédiat, il fallait d'une part restaurer le pouvoir de la monarchie et d'autre part chasser Turcs et Ouzbeks du territoire de la Perse. Réalisant que ses moyens militaires n'étaient pas à la hauteur de ses ambitions, il commença par signer un traité de paix, défavorable pour lui, avec les Ottomans. Ceci afin de rassembler l'entièreté de ses forces pour combattre les Ouzbeks (il faudra encore 10 ans avant qu'une campagne n'aie lieu). A ce moment les Moghols (dynastie au pouvoir dans le nord de l'Inde), se mirent aussi à faire des incursions en territoire Perse...

Shah Abbas I eut alors l'idée - géniale pour l'époque - de bâtir une armée régulière: auparavant, il fallait lever des troupes dans les différentes tribus et rétribuer en conséquence les chefs de tribus (afin de s'assurer leur pleine et entière collaboration). Pour financer ce projet, il ramena les provinces qui étaient aux mains des Quizilbash sous son contrôle direct et y préleva des taxes. Cette solution de court terme entraîna cependant un affaiblissement global de la puissance militaire de la Perse, vu la diminution du nombre de guerriers Quizilbash.

A la tête de sa nouvelle armée, il infligea une sévère défaite aux Ouzbeks en 1598, et il reprit ainsi le Khorassan. A partir de 1602, il se lanca dans une série de campagnes contre les Ottomans, qui lui permit de récupérer l'entièreté du territoire perdu lors de la signature du traité de paix, en 1588.
On peut signaler que les Séfévides excellèrent dans l'art de la miniature, suivant la tradition du peintre Behzad. Vers la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, émerge un nouvel art de la miniature, plus populaire, illustré par le peintre de cour Reza Abbassi. L'art du tapis est un autre domaine florissant sous la dynastie séfévide. De couleurs vives et à décor floral, on ajoutera par la suite des personnages et des animaux.

La dynastie séfévide s'effondre dans la première moitié du XVIIIe siècle, et le pays est envahi par les Afghans. Certaines parties du territoire sont alors gouvernées par des chefs militaires locaux. Les Qadjars (1797-1924) réussissent finalement à imposer leur domination. Fath Ali Chah (qui règne de 1797 à 1834) est l'un des plus importants souverains qadjars.
 
As Salâm Aleykom,

Merci pour cette page d'histoire très instructive. Je tiens cependant à préciser que le chiisme était déjà fortement ancré en Iran cela bien avant les Safavides. Les villes d'Azerbaïdjan, Ray, Qom et certaines villes du khorâssan étaient peuplées de chiites. Plusieurs des premiers traditionnistes chiites étaient iraniens (la famille Babaveyh par exemple). Sous l'empire abbasside, les dynasties chiites des bouyides et des hamdanides permirent à l'imâmisme d'apparaître au grand jour. Plus tard c'est grâce au Il Khan mongol Hulagu qui appréciait grandement le philosophe, mathématicien et astronome imâmite Nasîroddîn Tûsî que le chiisme commença vraiment à se développer. D'ailleurs la majorité des philosophes iraniens qui ont vécu entre l'époque ilkhanide et les Safavides étaient chiites (Qotboddin Râzi, Qotboddîn Shîrâzî, Dawwânî, Dashtakî etc.). Bien sûr il n'y a aucun doute que l'avènement des Safavides fut décisif et grâce à Ismail Shah, le chiisme devint pour la première fois la religion officielle d'un état. Que Dieu l'en récompense.

Salam
 
Bismil-Lâhir-Rahmânir-Rahîm
Salam Alaykoum.

Bien sûr il n'y a aucun doute que l'avènement des Safavides fut décisif et grâce à Ismail Shah, le chiisme devint pour la première fois la religion officielle d'un état. Que Dieu l'en récompense.

C'est ce que je voulais souligner, mais vous avez bien fait de préciser ce point important : que certaines régions de l'Iran étaient déjà chiites. :icon_eek:

As salamou alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatouh
Allâhomma salli 'alâ Mohammad waâlî Mohammad
 
Chiites d'Iran au 14e siècle

As-Salam Aleykom

J'ai trouvé aujourd'hui dans le récit de voyage d'Ibn Battûta (1304 – entre1368 et 1377) un passage très intéressant où il énumère les villes chiites d'Iran. Ces villes sont entre autres Qom, Qazvin, Kâshân, Sâveh, Âveh, Tûs. Effectivement les grandes agglomérations comme Chiraz, Ispahan et Hamadân, étaient à dominance sunnite. Toutefois, les philosophes mentionnés dans le post précédent étaient en majorité originaires de Chiraz et Ispahan, ce qui montre une forte présence imâmite. Quant aux petites agglomérations, disons qu'elles suivent la capitale comme un peu partout au monde.
Merci encore pour cet intéressant sujet d'histoire.
In sha Allah, je posterai dans l'avenir la traduction du séjour d'Ibn Battuta à Najaf.

Ma'a Salam
 
Assalamou Alaykoum Wa Rahmatou Allahi Wa Barakatouh Ajma'ine.

Peut-tu mon chèr frère Dirâyat, nous donner un peu plus de détail au sujet
d'Ibn Battûta , c'est la 1ère fois que j'en entends parler, je t'en remercie d'avance. Qu'Allah(swt) VOus Garde InchaAllah.

Wa Salamou Alaykoum Wa Rahmatou Allahi Wa Barakatouh.

Wasalatou Wassalam Ala Achrafi Al Anbiya Wal Moursaline Sayyidina Wa Nabiyyina Abil Qasem Mohammed Wa Ala Alihi At-Tahirine.
 
Ibn Battuta

As-Salam Aleykom

Ibn Battûta est un célèbre voyageur du monde musulman. Il était originaire de Tanger où il naquit en 1304. Il partit en pèlerinage vers Makka alors qu'il était encore jeune et pris des notes de tous les évènements qui marquèrent son trajet. Sa soif de découverte l'embarqua dans de nombreux voyages qui l'emmenèrent jusqu'en Chine!!! Il dicta probablement une grande partie de ses mémoires de retour au Maroc. Ses récits sont de fidèles descriptions des m½urs de l'époque dans différents pays d'Afrique et d'Asie. Je pense que sa "Rihla" a été traduite en français, du moins des passages et je vous conseille de vous la procurer (si vous lisez l'arabe c'est encore mieux, il est accessible dans certaines librairies de Paris). Notre voyageur était doté d'humour et de sagacité et la lecture de son récit est un vrai plaisir. Toutefois il se montre assez naïf au sujet des chiites.
Bon voyage avec Ibn Battûta.
Ma'a Salam
 

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