Salâm salâm,
"Se tenir silencieux lorsque vous pouvez dire quelque chose de sage et d'utile
est aussi mauvais que de persister à propager des pensées stupides et imprudentes"
Nous savons tous que pour travailler, la pensée a besoin de certaines conditions et l'une des conditions essentielles est le silence. Or, ce que la plupart des gens appellent généralement pensée n'est trop souvent qu'une agitation de l'intellect. Et c'est une erreur aussi de croire que c'est dans les discussions, les confrontations et les controverses, que la pensée se développe. La région de la véritable pensée est le plan mental supérieur, plus elle descend et s'éloigne de ces hauteurs, plus elle est entravée, détournée. Et à l'inverse plus elle monte, la pensée se défait, au fur et à mesure, de tout ce qui nous encombre, nous alourdit, jusqu'à trouver le silence et sentir l'ordre divin s'introduire en nous. Quant à descendre, c'est le retour du bruit dans les pensées et les sentiments aussi, le retour à l'agitation, au désordre intérieur. Or, pour faire face à tous les problèmes de la vie quotidienne auxquelles l'homme est confronté, sa pensée est obligée de descendre et de s'habiller de vêtements épais, grossiers, sous ces vêtements elle devient, bien sûr, méconnaissable et elle s'affaiblit. C'est en haut que la pensée est toute-puissante dès qu'elle descend dans les régions de l'intellect et du coeur, elle est altéré et se couvre d'impuretés, et n'étant plus aussi vierge, elle perd presque toute sa force de pénétration. D'ailleurs, en observant bien, nous constaterons que, plus nous nous élevons sur les cimes des hautes montagnes, plus nous nous apaisons et l'ordre divin se rétablit en nous et nous sentons d'un seul coup le silence, comme si toutes nos cellules s'étaient harmonisées. Dans cette paix, cette harmonie, la pensée libérée peut prendre son essor, s'envoler dans l'espace et plonger dans l'océan de la lumière prophétique.
De même que les chimistes étudient la nature et les propriétés des éléments physiques, d'autre étudient la nature et les propriétés des éléments psychiques. Et justement, il est dans la nature des pensées et des sentiments (égoïstes etc.) de provoquer en nous la tension, l'excitation, le désordre. Penser, c'est d'abord être capable de se dégager des préoccupations quotidiennes afin de se concentrer de façon désintéressée sur un sujet de nature philosophique, spirituelle etc. Penser doit nous servir à progresser dans la voie de la compréhension de l'autre, de l'univers, de Dieu Lui-même. Et cette compréhension ne s'obtient pas par la lecture des livres et les discussions. C'est dans le silence que le savoir enfoui au plus profond de nous-même se révèle. Voilà ce qu'une minorité d'instructeurs apprennent de plus utile, c'est-à-dire les bienfaits du silence ainsi que les conditions qu'il nous donne pour l'évolution de l'homme. La pensée ne permet pas seulement de comprendre, elle permet aussi d'agir, elle quelque chose de plus qu'une simple faculté ayant pour but la connaissance, elle est la clé de tout, l'instrument de la toute-puissance
Pour une catégorie de personnes, il suffit qu'ils lisent ou entendent exprimer certaines idées pour qu'ils entrent en contact avec un savant ou un instructeur, pour que ces mots, cette présence éveillent un écho en eux. Quelques mots, une présence leur suffisent. Ils n'ont même plus tellement besoin, d'être instruits ou guidés, ils arrivent à se guider eux-même, ils arrivent même à faire surgir des profondeurs de leur âme des connaissances que leur instructeur ne leur a jamais révélée.Pour les autres, bien sûr, c'est beaucoup plus difficile. Quelques-uns parmi eux, pourtant, en entendant certaines idées, ont le pressentiment qu'il doit y avoir là quelque chose de véridique. Ils ne savent pas qu'ils possédaient déjà ces connaissances, mais ils perçoivent en eux-mêmes comme le chuchotement d'une voix très lointaine qui les persuade de les accepter. Tandis que la majorité, quoi qu'ils entendent, restent indifférents et ne bougent pas. Tout dépend donc du degré d'évolution. Quoi qu'on fasse, quels que soient les arguments ou les systèmes philosophiques qu'on leur présente, on ne peut convaincre les gens s'ils ne sont pas intérieurement prêts.
L'être humain a besoin de voir, d'entendre, de faire des rencontres et même de recevoir des chocs et de souffrir, parce qu'il est tellement inerte, stagnant, que s'il ne reçoit pas des impulsions du monde extérieur, s'il n'est pas réveillé, secoué, il ne fera rien. C'est pourquoi les instructeurs nous sont tellement nécessaires. Grâce à la vie qu'ils mènent, à leurs vibrations, à leur pensées et leurs paroles sages, ces êtres-là arrivent à remuer quelque chose en nous. La parole sage d'un vrai croyant ou d'un instructeur est comme une explosion cosmique, c'est grâce à elle que peu à peu notre sensibilité s'enrichit, notre compréhension s'améliore. Nous ne savons pas comment se fait cette compréhension, mais elle se fait. Mais évidemment, de la même façon que, par notre inconscience, nous pouvons nous fermer aux messages que nous communique une personne sage sortit de son silence.
Enfin, certains instructeurs ne croient pas tellement à la puissance de la parole et préfèrent se tenir silencieux. Car pour eux, dans l'état actuel des choses, la parole est parmi les moyens d'action les plus faibles. Bien que la parole selon l'Imâm est d'une certaine utilité, elle sert à donner des explications, des éclaircissements, à indiquer des orientations etc... Et tout cela, bien entendu, à conditions que les gens aient le désir de se laisser persuader ! En conclusion, bien que le silence est la condition de la pensée, la véritable puissance de l'homme puisque c'est elle qui dirige, qui réalise, qui crée, nous comprenons un peu mieux, après ce bref résumé, l'invitation de l'Imâm de sortir du silence.
Bien à vous, cordialement votre membre sam